mardi 22 janvier 2013 - par la Singette

Le Concombre masqué dévoile enfin « La vérité Ultime » !

Plus hilarant que jamais, issu de l’esprit débridé de Nikita Mandryka qui n’a pas pris une ride depuis son premier tome paru dans les années 1970, le Concombre masqué inclassable personnage, frère jumeau de son incroyable créateur, me réjouit toujours autant l’esprit et les zygomatiques. Hors norme, usant de toutes les libertés textuelles et graphiques, je dis souvent au Bartos que j’aimerais l’avoir pour ami. Non pas sur Face de Bouc, mais dans la vraie vie, histoire de philosopher avec lui et sabrer la réalité puis sonder « La Vérité Ultime », son nouvel opus.

Depuis plus de quatre décennies, le Concombre masqué est maqué comme son ombre avec Chourave. Ils crèchent dans un cactus-blockhaus tout au bout très loin dans le désert de la Folie douce. Le ratio du ciel, le rationnel et son sempiternel galurin qui vous masturbe le ciboulot du matin au soir, le Concombre s’en épluche le rabe.

Univers absurde et déjanté avec des ingrédients surréalistes, ce non-sens absolu dézingue à chaque page. C’est cohérent mon cher Mandryka puisque « le Concombre masqué c’est moi », dixit son concepteur et père éternel. Oh l’autre, comme si le Bartos crachait le morceau : la Singette c’est moi. J’entends déjà les sirènes palmer dans le fourgon capitonné pour l’assaisonner et le fiche à l’ombre. Emoi, émoi et moi pour expliquer l’œuvre légumineuse et bas les masques. « Pour écrire, il suffit que je me demande ce que le Concombre masqué aurait à dire d’un sujet ou l’autre et ça démarre tout seul. Si j’endosse mon identité de Nikita Mandryka… Tout se bloque. Donc le Concombre c’est moi. Le moi social que j’ai mis dans la vie est un moi surajouté  ». (Mandryka) Divan le terrible n’a qu’à se réveiller de son éternel rêve éveillé.

« Bretzel liquide  », « va au bugle », « faut toujours que tu schniaques tout !  »… Vous pigez sa prose ou il faut que Mandryka en personne vous fasse un dessin ? En plus, béééééééééééééé oui les mots détonnent dans ses bulles des sonorités afro-disiaques, hihihihi… « Dans la bandes dessinée, c’est pareil. Je cherche à me faire rire. Si je ris, c’est que je suis surpris. Si je suis surpris ça veut dire que ça a du sens. Alors, je garde. J’aime me laisser emporter par l’image qui me vient par le son d’une phrase, sans savoir où ça mène, sans comprendre ce que ça veut dire, surtout pour comprendre. Laisser venir les choses comme elles viennent et souvent c’est basé sur des associations, sur des sons. Et quand ça te fait rire, c’est que tu entends la vérité, mais tu ne sais pas laquelle  ». (Mandryka)

La vérité si je mens, j’adore les sonorités de ses BD. Ça me chie à l’oreille toutes ces bestioles à face de légumes, qui hument avec esprit leur vérité intérieure et ça bouille, bouille et ça crache très haut et très fort des délires annexes. Mais gaffe à la gaffe, le Concombre masqué n’a pas d’hache avec ce nouvel opus, toujours aussi bio des racines du « 100% végétal, donc 100% sain  » de corps et d’esprit répond désormais au blaze de « Lovelace Cucurbite  » pour « La vérité Ultime  » et autre digressions de bon thon.

Il est né en 1965 et sa face blette fut publié chez Vaillant et vlan dans le Pif et finalement en gadget chez Pilote, l’Echo des Savanes et même courroux, courroux chez Spirou. Mandryka connait tous les chaînons de la BD, lui qui fit ses études de cinoche, le dessinateur érudit, fin psy, le philosophe lumière torche éclair zazen dans le tromé, et même qu’en 1972, il s’est senti pousser des ailes à créer l’Echo des Savanes avec Brétécher et Gotlib. Au point de le digérer et le recracher tout cru quelques années plus tard, lorsque parut la mention « pour adultes ». Rédacteur et jamais dictateur de Charlie mensuel en 1982 et lmême de Pilote en 1983, il n’eut jamais le temps de s’ennuyer. Il végéta ensuite et prit ses racines dans la pub, jusqu’au jour heureux de sa renaissance où en 2003, nos cousins helvètes à Genève organisèrent une rétrospective Mandryka. Après une trop longue absence, le Concombre encombre à nouveau le landerneau de la BD de ses frasques géniales. Il revient sur le devant de la bulle au point de recevoir le Prix du Patrimoine à Angoulême en 2005, consécutif à la sortie de « l’intégrale des années Pilote  » chez Dargaud toujours fidèle à son auteur fétiche.

En 2006, après 15 ans d’absence effective, le Concombre plongea la tête la première avec frénésie dans « Le bain de minuit  ». En plus cette fois n’est pas costume de se tailler un costard, on entendait battre son palpitant pour la belle Zaza. Celle qui a tous les avantages féminins pour que la mayonnaise légumineuse prenne.


 

 

« La Vérité Ultime  » (2012) si je ne mens pas…. On retrouve les tourtereaux en voyage qui s’envoient dans les airs en charter pour échapper à leur ennemi mortel : La Pieuvre. Seulement le commandant de bord, un canard agent de la CIA se pète un ciel avec un paradis fiscal et pique du tarin son zinc, esquivant de justesse un exocet par la grâce de ses voyageurs pachydermes débosselés à la gîte. Dans ce concept existentiel en trompes, Zaza et Concombre ne sont pas de poids. Ils se font éjecter en trompe l’œil. Cas, ce que cela tienne, l’amitié c’est sacré. Ils aident Chourave en prise de bec dans son usine à gaz. On n’est pas ici au château de Sans-souci. Puisque un Glabouquet bloque le processus de sortie de crise. Seule la charmante Zaza parvient à fendre ses défenses. Résultat des courses, elle se case et se casse avec lui le monstre en forme de casque intégral. Les deux héros comme sur la couverture d’une célèbre BD de Hergé descendent le fleuve Congo à la recherche de la belle pour recoller les morceaux du cœur brisé du Concombre.

En bref comme toujours chez Mandryka, cette histoire est irracontable. Ça part dans tous les sens à toute bringue zingue, dans des digressions, des jeux de mots betteraves, du non-sens caractérisé. Un cours d’économie les doigts dans le nez, revisitez vos notions à propos du « caca-rente » qui se tire la chasse. Mandryka éternel jeune homme inspiré m’a volé des éclats de rire, (mais que fait la peau lisse ?) avec cette BD hilarante de liberté. C’est de vin, digne des meilleurs cépages du Médoc !

A vous de vous en convaincre, lisez donc le dernier opus du Concombre, je vous garantis un choc fractal, de vos amygdales aux esgourdes et les quinquets amadoués, pour peu seulement que le sens de l’absurde et que votre humour soient assez aiguisés pour vous dépasser le mur du sens.

Le Concombre Maqué : La Vérité Ultime de Nikita Mandryka, novembre 2012, Dargaud éditions, 48 pages, 13, 99 euros



3 réactions


  • ARMINIUS ARMINIUS 22 janvier 2013 09:52

    L’apparition de ce cucurbitacé dans un monde peuplé de petits mickeys avait semé le doute et la confusion dans l’esprit des lecteurs de Polite et de l’Echo pourtant habitués au pire du meilleur, Mandryka avait à l’époque levé le voile : le concombre basqué( excusez, c’est le rhume !) n’était que la version soft d’une bande qui devait s’intituler « la bite masquée »... mais à cette époque la censure régnait...tagada tagada voilà les Dalton...


  • Yohan Yohan 22 janvier 2013 10:45

    Le concombre masqué, c’est un must de la BD, du délire rigolo. Je suis fan depuis les années 70. 


  • Pelletier Jean Pelletier Jean 22 janvier 2013 10:45

    l’Auteur,

    J’ai voté des deux mains pour votre article, mon admiration pour Mandrika est immense et le « concombre masqué » est l’une de mes idoles.
    Dans cet univers déjanté, Mandrika assène quelques bonnes vérités sur nortre société et l’espèce humaine.

    http://jmpelletier52.over-blog.com/ 


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