jeudi 9 juillet 2009 - par Theothea.com

« Le jour de l’Italienne » par la Compagnie Eulalie au Théâtre de l’Oeuvre

En dédicace à « La nuit américaine » de François Truffaut, Sophie Lecarpentier répond mot pour mot, non sans humour, par « Le jour de l’Italienne », célébrant ainsi la mise en scène du spectacle vivant, au-delà de celle du septième art.

Si le film évoquait le procédé technique permettant de simuler la pénombre nocturne en plein jour, la pièce, elle, fait référence à la lecture rapide du texte sans le jouer.

Au travers de cette symétrie symbolique réunissant Cinéma et Théâtre dans leurs ressources du simulacre, c’est la maïeutique du spectacle qui se révèle, ainsi, durant cette période des répétitions, habituellement tenue secrète, où réalisateurs, comédiens et techniciens s’accordent à donner le meilleur de leurs rôles respectifs pour un objectif de création en commun.

En choisissant Marivaux comme auteur de cette « épreuve » éponyme depuis le premier instant du « Travail à la table » jusqu’à la veille de la « Générale », la compagnie Eulalie s’est donné l’ambition de rendre compte du processus d’accouchement d’un spectacle où, en coulisses, les rôles sont confrontés à l’ambivalence des sentiments et ressentiments éprouvés à la fois par les comédiens et leurs personnages.

Cette mise en abyme au deuxième et troisième degré renvoie chacun à sa perception subjective de la pièce pour laquelle il sera enclin à faire des « propositions » valorisant son interprétation et sa fonction, « nécessairement primordiale », dans la distribution.

Le metteur en scène devra, donc, veiller à ce que cette dynamique de groupe ne dérape pas vers une tentation de complaisance, mais constitue, au contraire, un effet de levier pour la créativité collective façonnée par une composition talentueuse au prorata d’un empirisme des émotions personnelles.

Se relayant partiellement dans l’alternance, les sept rôles se conjuguent entre langue châtiée du XVIIIème et prosaïque du XXIème siècle, en faisant jouer les avantages du charme et de la distanciation, de préférence au piège de la désuétude et de la pédagogie, tout en donnant à l’apparition progressive des éléments disparates du décor et des costumes, le soin d’en tisser la vraisemblance joyeusement factice.

A la suite des deux mois d’été en reprise au Théâtre de l’Oeuvre, la représentation du « making off » sera, en plusieurs dates de la tournée, complétée par « L’Epreuve », la pièce originelle de Marivaux interprétée également par la compagnie Eulalie.

Photo © Serge Perichon
 
LE JOUR DE L’ITALIENNE -*** Theothea.com - de Marivaux - mise en scène : Sophie Lecarpentier - avec Xavier Clion, Vanessa Koutseff ou Lucie Chabaudie, Sophie Lecarpentier, Solveig Maupu, Emmanuel Noblet ou Stéphane Brel, Alix Poisson, Julien Saada ou Benoît Marchand - Théâtre de l’Oeuvre -


 




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