lundi 21 octobre 2019 - par Fergus

Le label national pour l’Orchestre symphonique de Bretagne

C’est fait ! Après des années d’un travail de grande qualité, la détermination des dirigeants de l’OSB et l’implication des musiciens viennent d’être récompensées par Franck Riester. Le label « Orchestre national en région » a en effet été décerné le mercredi 16 octobre à l’Orchestre symphonique de Bretagne par le ministre de la Culture. Une promotion attendue et méritée…

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Orchestre symphonique de Bretagne le 10 janvier 2018 (photo Laurent Guizard)

Après l’Orchestre d’Auvergne en février 2019, l’Orchestre symphonique de Bretagne est la 13e formation française à obtenir le prestigieux label national, synonyme de reconnaissance pour le travail accompli, mais également porteur de nouvelles obligations pour les 44 musiciens permanents. « C’est comme si on montait en 1e division », a souligné l’administrateur général Marc Feldman, ravi d’apprendre la nouvelle. Le parallèle footballistique prête à sourire, mais il est très juste : l’OSB joue désormais dans la cour des grands au niveau national où il retrouve les orchestres de Paris, Amiens, Lille, Nancy, Strasbourg, Lyon, Montpellier, Toulouse, Bordeaux et Nantes. Autrement dit l’élite de la profession dans notre pays.

En cette année du 30e anniversaire de l’OSB, l’octroi par le ministre de la Culture du label « Orchestre national en région » à la formation bretonne a bien évidemment été salué, non seulement par l’ensemble des mélomanes rennais, mais aussi par tous les amateurs de musique classique d’Ille-et-Vilaine et des départements voisins, au premier rang desquels les abonnés de l’orchestre. Une promotion qui, n’en doutons pas, a également réjoui tous ceux qui, hors de la région Bretagne, ont suivi le parcours de l’OSB depuis sa création.

Fondé en 1989 à l’initiative du Conseil régional, l’Orchestre de Bretagne trouve progressivement sa place dans le panorama musical français. D’abord sous la direction artistique de Claude Schnitzler, puis en 1996 de Stefan Sanderling*. En 2006, c’est le chef d’orchestre estonien Olari Elts qui prend les commandes artistiques de la formation tandis que le compositeur Thierry Escaich est associé au projet. Au fil de ces années, de gros progrès sont d’ores et déjà réalisés, mais ce n’est pas suffisant pour prétendre au Graal que constitue un label national.

Le tournant date de 2012. Cette année-là, le Singapourien Darrell Ang est nommé à la direction artistique de l’orchestre tandis que l’Américain Marc Feldman devient administrateur général de l’OSB. Tous les deux ont de grandes ambitions pour cette formation. Et de fait, l’on ressent rapidement un changement dans les prestations des musiciens : le jeu devient plus net, les attaques plus précises, les équilibres entre les couleurs mieux assurés. Incontestablement, l’Orchestre symphonique de Bretagne accomplit sous la direction du rigoureux Darrell Ang des progrès spectaculaires.

Sous l’impulsion du duo, le champ musical s’élargit : des partitions contemporaines plus nombreuses – dont des créations – sont notamment inscrites au répertoire de l’Orchestre symphonique de Bretagne. En 2014, c’est désormais sous son propre label (OSB Productions) que les musiciens enregistrent leurs CD. Parmi eux, un enregistrement consacré, dès cette année-là, à deux des plus beaux concertos pour piano de Mozart – le 9e et le 20e – ouvre une collaboration avec le pianiste François Dumont dans le cadre d’un ambitieux projet d’intégrale des opus concertants pour piano du génial Autrichien.

Le chef singapourien parti en 2015, c’est le Gallois Grant Llewellyn qui lui succède à la direction musicale de l’OSB pour le plus grand bien de l’orchestre tant est évidente sa complicité avec Marc Feldman. Une complicité au service d’un objectif : intégrer le top-niveau des formations françaises. Pour y parvenir, les musiciens travaillent avec une grande opiniâtreté sur des projets novateurs. C’est ainsi que sont donnés des concerts où sont jouées des partitions alliant le classique au jazz, aux musiques du monde et même à la musique celtique. « Modernité » et « innovation » deviennent, comme l’a souligné le ministre de la Culture dans son communiqué, les maître-mots d’un OSB dont les musiciens, en parallèle à la programmation saisonnière, participent de surcroît à des ateliers pédagogiques, notamment sous la forme de « concerts piccolo » plus particulièrement destinés aux enfants.

S’il salue le travail accompli et la volonté de maillage territorial de plus en plus marquée, le label « Orchestre national en région » crée également des obligations, notamment en matière de diversification et de création contemporaine. Un processus dans lequel – on l’a vu ci-dessus – l’OSB est déjà résolument engagé depuis des années. À cet égard, la reconduction, jusqu’en 2021 au moins, de Grant Llewellyn au côté de Marc Feldman est un gage de continuité. Une collaboration qui ne manquera pas de déboucher sur de nouveaux partenariats artistiques dans une optique de renouvellement du répertoire et de soutien à de jeunes créateurs, y compris dans des domaines d’expression multimodaux.

Pour mener à bien ses projets à venir, l’Orchestre symphonique de Bretagne peut continuer à disposer du soutien financier – désormais sécurisé par le label national –, des partenaires institutionnels que sont le Conseil régional, la DRAC de Bretagne, la ville et la métropole de Rennes ainsi que les départements d’Ille-et-Vilaine et du Morbihan. L’OSB peut en outre envisager d’élargir sa base de partenaires financiers privés, actuellement regroupés dans un espace collectif de mécénat joliment baptisé Symphonia.

En préambule d’un concert donné le vendredi 18 octobre à Rennes – superbes interprétations du concerto pour violon de Beethoven et de la Symphonie inachevée de Schubert –, Marc Feldman a informé le public que la promotion de l’orchestre au rang national entrainerait un changement de son nom dont le principe est d’ores et déjà acté. Ce nouveau nom sera annoncé lors d’un prochain concert rennais, le 6 novembre. Mais une chose est certaine, quel que soit ce nom, le cap poursuivi par les administrateurs et les musiciens restera le même : tendre vers l’excellence au service de la musique et d’un public toujours plus nombreux.

Stefan est l’un des trois fils du très réputé chef d’orchestre Kurt Sanderling qui a notamment dirigé les prestigieux Orchestre philharmonique de Saint-Pétersbourg et de la Staatskapelle de Dresde. Son frère Thomas est également chef d’orchestre.



23 réactions


  • Rantanplan Columbo 21 octobre 2019 09:13

    Beethoven, Schubert, Feldman, Sanderling... heureusement que les Allemands nous ont apporté la musique, sinon nous en serions toujours au didgeridoo.


    • Fergus Fergus 21 octobre 2019 09:29

      Bonjour, Columbo

      Feldman n’est pas allemand, mais californien. Et lors du concert auquel j’ai fait allusion, l’orchestre a créé une nouvelle oeuvre du compositeur français BenoÎt Menut. Ajoutez à cela que outre une programmation très diversifiée  le pianiste Alexandre Tharaud et la flûtiste française d’origine syrienne Naïssam Jalal sont en résidence à l’OSB, et vous constaterez qu’il n’y a pas de tropisme allemand. 

      Pour ce qui est du didgeridoo, il est laissé au talent de mon groupe australien préféré : Yothu Yindi !  smiley


    • Fergus Fergus 21 octobre 2019 13:16

      Bonjour, exol

      Rien à voir : Marc Feldman est plutôt adepte des points de vue convergents !  smiley


  • Odin Odin 21 octobre 2019 11:45

    Bonjour,

    Ce label est une bonne chose, en espérant qu’il puisse

    amener d’avantage de jeunes vers la musique classique.


    • Fergus Fergus 21 octobre 2019 11:58

      Bonjour, Odin 

      Cette préoccupation est au coeur du projet de l’OSB. Et ce n’est pas un hasard si les musiciens de cet orchestre sont engagés depuis des années dans des actions pédagogiques en direction des plus jeunes. 

      D’autres actions en direction des « personnes empêchées » ont dores et déjà été réalisées et seront reconduites ; par exemple par des concerts de musique de chambre dans les milieux carcéraux ou hospitaliers.


  • marmor 21 octobre 2019 13:27

    Comparer un orchestre régional avec les poids lourds nationaux comme l’orchestre NATIONAL du capitole de Toulouse ou l’orchestre National de Bordeaux, il faut oser…….la cour des grands, avec 44 musicos,.... les grands de Paimpol !!!


    • Fergus Fergus 21 octobre 2019 13:46

      Bonjour, marmor

      Ce n’est pas le nombre des musiciens qui fait la qualité d’un orchestre ! D’autant plus que la presque totalité du répertoire symphonique d’avant l’Héroïque de Beethoven ne nécessite pas plus d’une quarantaine de musiciens !!! Pas plus que de nombreuses oeuvres postérieures, du romantisme à la période contemporaine.

      Je vous signale en outre qu’avant de devenir des « poids lourds » comptant plus de 100 musiciens permanents, les orchestres de Bordeaux, Lille ou Toulouse ont eux aussi fonctionné avec des effectifs plus réduits  !

      Il y a d’ailleurs des orchestres disposant du label national qui sont plus petits que l’OSB.

      Pourquoi ce mépris ? Si encore il était basé sur des expériences d’écoute peu satisfaisantes, on pourrait le comprendre. Mais fonder cette critique agressive sur le nombre des musiciens n’a strictement aucun sens et laisse totalement pantois !!!


  • marmor 21 octobre 2019 15:23

    C’est vous qui comparez l’OSB avec les plus grands comme le Capitole. Quand votre OSB aura effectué les tournées mondiales de ONCT avec Plasson, vous pourrez alors comparer et l’inclure dans votre liste. Je ne méprise pas, vous surestimez, c’est different ! Mais si Fergus le dit, ne jamais contredire. Au fait j’ai lu vos interventions, plus que hautaines, sur l’article de Clojac… Vous êtes pathétique !


    • Fergus Fergus 21 octobre 2019 16:49

      @ marmor

      Je n’ai pas « comparé l’OSB avec (...) le Capitole », j’ai écrit ceci en complément de la comparaison footballistique de Marc Feldman : « l’OSB joue désormais dans la cour des grands au niveau national où il retrouve les orchestres... »

      Si vous aviez lu sans a priori négatif, vous auriez compris que cela ne veut pas dire que l’OSB est au niveau de l’orchestre de Toulouse, mais qu’il dispose désormais du même label de reconnaissance. Exactement comme, en Ligue 1 de football, Rennes est dans la même compétition que Bordeaux, Toulouse et le PSG !!!

      Quant à dire que je « surestime », c’est une extrapolation complètement fausse. Cela dit, si l’attribution de ce label à l’OSB vous défrise  sans avoir entendu cet orchestre, soit dit en passant —, qu’à cela ne tienne : écrivez donc pour vous en plaindre au Ministre de la Culture et à ses conseillers qui ont décidé d’attribuer ce label !!!

      Pour ce qui est de mes interventions sur l’article de Clojac, elles n’ont rien de « hautain » mais expriment un désaccord dont la mention n’a de toute manière rien à faire ici !


    • Fergus Fergus 21 octobre 2019 20:55

      @ exol

      Il est des sujets qui attirent les commentaires et d’autres pas. Si par exemple je consacrais un article aux trolls, nul doute qu’il y aurait de très nombreux intervenants, à commencer par les trolls eux-mêmes. Et cela, vous êtes bien placé pour le savoir !  smiley


    • Fergus Fergus 21 octobre 2019 23:26

      @ exol

      J’ai suffisamment de pôles d’intérêt pour ne pas gaspiller mon temps à des puérilités.

      Je vous souhaite une excellente nuit. Et sachez que je compatis très sincèrement à vos problèmes de santé !


  • Stupeur Stupeur 21 octobre 2019 22:25

    Bravo à eux ! smiley

    Une touche de musique joyeuse pour fêter ça :

    Schubert, Trio op. 100 - Andante con moto
    https://www.youtube.com/watch?v=e52IMaE-3As

    Erik Satie - Gnossiennes 1,2,3 [HQ]
    https://www.youtube.com/watch?v=aTi9czvLa-4

    Mahler Symphony No. 5 - Adagietto
    https://www.youtube.com/watch?v=75YmlDR92UQ

    Rachmaninoff - Piano Concerto #2 in C Minor, Op. 18 - HD
    https://www.youtube.com/watch?v=yJpJ8REjvqo

     smiley smiley


  • Fergus Fergus 7 novembre 2019 09:36

    Bonjour à tous !

    C’est officiel depuis hier mercredi 6 novembre : Marc Feldman et Grant Llewellyn ont annoncé que l’Orchestre Symphonique de Bretagne devient l’Orchestre National de Bretagne.


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