lundi 11 mars 2019 - par Theothea.com

« Le Lien » Joute ombilicale Pierre Palmade & Catherine Hiegel au Montparnasse

Réunir Pierre Palmade et Catherine Hiegel sur un même plateau constitue en soi une perspective séduisante que l’ex-doyenne de La Comédie-Française a décidé de cautionner et que l’humoriste a su apprécier à sa juste valeur.

Voilà donc la sociétaire honoraire embarquée dans un lien filial, voire ombilical, la réunissant à l’ex-amuseur narcissique, alors que tous deux, metteurs en scène et formateurs de comédiens, savent par expérience le poids du « Connais-toi toi-même ». 

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LE LIEN
© J.STEY

  

Ainsi, d’emblée dans l’attente du tiers qui interviendra à point nommé pour venir apaiser, arbitrer et réinitialiser le jeu de rôles, le clap liminaire peut lancer le décompte de leur joute conflictuelle prête à s’auto-générer.

En effet, « pour un oui, pour un non », la conversation ou plus exactement son absence va inéluctablement sortir des rails du « généalogiquement correct » pour s’abîmer dans les affres du reproche respectif.

Il faut dire que c’est François Bégaudeau, auteur d’« Entre les murs » dont l’adaptation reçut la Palme d’Or 2008, qui est aux manettes de ce conflit existentiel sans doute quelque peu autobiographique où la reconnaissance de l’autre est en déficit d’image valorisante, sinon de parole encourageante.

Parler à jet continu pour ne rien dire est effectivement insupportable à celui qui attend du verbe partenaire de la compassion, de l’intérêt, de la préoccupation, du souci partagé dans ce qui le fait grandir pour accéder à son ambition et obtenir de la valeur ajoutée à sa destinée.

Cependant qu’en sens inverse, il sera également difficile de discerner l’attention que Stéphane porte à Christiane, c’est-à-dire que le fils porte à sa mère, tant l’ego de celui-ci apparaît contrarié face à si peu de considération maternelle pour sa personne.

Alors qu’importe l’argumentaire de part et d’autre, c’est l’incompréhension réciproque qui décidera du tour de la dialectique s’envenimant avec, d’un côté, la mauvaise foi en conseillère fallacieuse et, de l’autre, la rétorsion au premier degré feignant d’être pleinement candide. 

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LE LIEN
© J.STEY

Il faudra donc l’apparition de Françoise (Marie-Christine Danède), la voisine, avec son gâteau si appétissant pour que, mine de rien, les propos s’ajustent peu à peu vers plus de convivialité décente jusqu’à aboutir à une sérénité recouvrée autant qu’inattendue au-delà de son « au-revoir » sur la pointe des pieds.

En définitive, le psychodrame tellement théâtral, orchestré par Panchika Velez, aura été bénéfique puisque, désormais, les deux protagonistes seront en mesure d’échanger des points de vue universels sur le concept de famille en tant que lieu du combat originel permettant à l’être humain de se faire reconnaître dans sa spécificité.

Fort de ce point d’accord enfin atteint, il sera alors grand temps de donner la part belle au fromage de chèvre ayant déclenché par inadvertance ces hostilités formelles dissimulant, de toute évidence, tant d’amour refoulé.

  


photos 1 & 2 © J.STEY
photo 3 © Theothea.com
   
LE LIEN - ***. Theothea.com - de François Bégaudeau - mise en scène Panchika Velez - avec Pierre Palmade, Catherine Hiegel & Marie-Christine Danède - Théâtre Montparnasse
  

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