jeudi 14 juin 2007 - par Argoul

Le livre va-t-il disparaître ?

livre.1181811254.jpgEntre la télé qui accapare et la vidéo-mobile qui permet à chacun de se faire médiateur, l’image semble l’emporter sur l’écrit. Et pour les mots qui restent, les encyclopédies wiki et les articles « citoyens » diffusés sur la Toile l’emportent de plus en plus sur les journaux et sur les livres. La presse nationale voit son lectorat se réduire d’année en année, les magazines naissent et disparaissent, effets de mode. Les étudiants lisent de moins en moins, y compris en grandes écoles. Ils ont le sentiment du relatif et de l’usure de tous les contenus et lorsque, d’aventure, ils achètent un livre pour le cours, ils le revendent en fin d’année. Ils exigent des bibliothèques d’investir dans plusieurs manuels car nul ne veut « s’encombrer » d’un savoir qui sera vite obsolète.

Deux attitudes coexistent sur l’avenir du livre : l’anglo-saxonne et la française - comme d’habitude.

ado-magazine.1181811273.jpgLa première est optimiste, innovatrice. Le roi est mort ? Vive le roi ! Le livre décline ? Vive le Net. Le numérique est plus efficace à stocker et plus rapide à diffuser. Il démocratise, via les réseaux informels gratuits, plutôt que de se couler dans le moule social et hiérarchique cher aux pays catholiques, France en tête. Tout le monde est auteur, vidéaste, opineur - sans passer par les intermédiaires et autres intellos, prescripteurs d’opinion. Tout le monde échange et les idées se forment des mille courants qui sinuent et se rencontrent. Tout le monde est médiateur en direct, le support est réduit au minimum : un clavier, un numérique, une liaison Net.internet-danger.1181811280.jpg

La seconde est pessimiste, conservatrice. L’écran roi va tout détruire, comme Attila. Avec la brutalité de l’ignorance et l’énergie de la barbarie. Promoteur du « moi je », il sera médiatique plus que médiateur. N’existant que dans l’instant, il sera émotionnel et sans distance. Exit la réflexion de la réflexion pensée et du mot écrit, objectivés par un livre qui dure. Tout dans le scoop et les paillettes. Le livre est mort, de profundis.

Nul besoin de dire que des deux, aucune ne me semble satisfaisante. La caricature est trop « à la française », poussant aux extrêmes des tendances qui se contrastent et se contredisent dans chaque courant. Les Français lisent encore, les femmes surtout, et la classe moyenne plébiscite les bibliothèques ; les éditeurs font la course à qui publiera le plus, près de 50 000 livres chaque année en France. La question est de savoir quels sont ces livres publiés, demandés, lus. A produire très vite, on produit n’importe quoi et mal écrit, les tirages baissent et seulement 2 500 auteurs peuvent vivre de leur stylo, tous domaines confondus. L’astrologie et la psycho de bazar se vendent mieux que l’essai philosophique ou la littérature - mesurez les rayons relatifs des « grandes librairies ». Mais il reste quelques exceptions, tel cet étrange succès d’un premier roman écrit en français par un étranger et au titre peu vendeur : « Les Bienveillantes » de Jonathan Littell.

livre-les-bienveillantes-j-littell.1181811288.jpgUn livre, c’est aujourd’hui moins un monument qu’on révère, honoré dans sa bibliothèque comme dans une châsse et sorti une fois l’an avec des précautions de Saint-Sacrement - qu’un ami qu’on emporte avec soi dans le métro ou le train, qu’on annote et qu’on corne, qu’on relit et sur lequel, parfois, il nous arrive de réfléchir. Symbole social ? Certes, il le reste en France, pays dévot où la révérence pour le savoir passe souvent par l’étalage des catalogues de musée ou des classiques reliés peau dans le salon de réception. Mais le plaisir de lire demeure car il se fait en silence, par l’imagination intérieure. La pensée écrite stimule la réflexion personnelle. livre-scrapbooking.1181811298.jpg

Toute autre est la lecture par devoir, celle de textes utilitaires, de la seule actualité, ou de manuels techniques. On s’y réfère, mais on court vers l’édition la plus récente. Là, le numérique remplacera le livre utilement. A condition d’oublier cette religion hippie du tout gratuit pour tous qui a deux inconvénients : 1/ la fiction de croire qu’un bon auteur va passer plusieurs années de sa vie à composer un manuel exhaustif pour la beauté du geste, au lieu de se vautrer comme les autres dans le divertissement, 2/ la fiction de croire que le gratuit est réellement gratuit, alors que tant de bandeaux publicitaires et de captations d’adresses passent par l’interrogation des moteurs.

bibliotheque.1181811266.jpg

Alors, le livre va-t-il disparaître ? L’actualité, la mode, le mal écrit et le people, probablement - soit 95 % de la production annuelle peut-être. Mais la qualité restera - comme toujours, comme partout. Des lecteurs continueront à s’intéresser à Louis XVI dont la biographie de l’historien Petitfils rencontre un grand succès cette année, ou même à la littérature dont le Dictionnaire égoïste de Charles Dantzig plaît beaucoup. Malgré le trollisme ambiant, ce qui est bien pensé, bien bâti et bien présenté demeurera la référence. Et on lira encore des livres.



19 réactions


  • L'enfoiré L’enfoiré 14 juin 2007 14:21

    Bonjour Argoul,

    Je répondrai simplement : non. Le livre est beaucoup trop léger, trop pratique à utiliser. Pas de mise en route, facile à garer dans une poche...

    Entre l’écrit électronique et le livre, le choix est dépendant de ce que l’on en fait. Chacun a son avantage.

    L’électronique permet de sauter d’un livre à l’autre. Il permet des recherches efficaces avec moteur de recherche. Il permet des comparaisons. Prend moins de place pour le stockage.

    Le livre est plus agréable à lire qu’un écran. Celui qui lit beaucoup le confirmera. Mettre en regard deux pages pour comparaison avec l’aide de signets est beaucoup plus rapide. J’aime le toucher d’un beau livre et les images papier glacé rien de tel. Pour la biliothèque, c’est un plus. smiley

    En fait, les deux sont utiles. Quand un bouquin est un peu difficile à assimiler, j’ai mon PC à proximité


  • Marie Pierre 14 juin 2007 14:29

    Bonjour Argoul,

    Nous revenons toujours à Mc Luhan...

    Etre « en position » de lecture est, pour moi, incompatible avec un écran : selon le genre de lecture, assise plutôt ferme, ou alors glissant lentement du canapé, et, bien entendu, couchée. Cela exclut donc le Net, mais c’est une position personnelle.

    Vous abordez, avec raison, la publication des livres. Au-delà de l’abondance, nous avons plusieurs types de distribution. Et c’est, à mon avis, le plus gros problème de diffusion de la lecture.

    Des librairies qui n’ont aucune politique du livre, qui reçoivent, parce qu’ils sont liés aux éditeurs, des colis à mettre en rayon, en vitrine. Des ouvrages qu’ils paient souvent avant de les vendre. Et les invendus ne sont pas toujours bien repris. Donc, ce libraire là, fera de la promotion de livres qu’il n’a pas choisis, souvent médiocres.

    Parallèlement, il existe encore un très bon réseau de libraires, qui aiment leur métier, mais qui, pour survivre, sont installés dans les grandes villes.

    Enfin, dans la diffusion de la lecture, il y a les bibliothèques. Et, d’après mon expérience de bibliothécaire, c’est le seul endroit, parce qu’il n’est pas lié au commerce, à la valeur marchande du livre, qui lèverait tout obstacle à la lecture.

    Le rôle des bilbliothèques (et des centres de documentation dans les établissements scolaires) est primordial si on veut partager et développer le goût de la lecture.

    Et tout ce que je viens d’écrire pour le livre, je le pense aussi pour le disque.


  • miaou miaou 14 juin 2007 14:44

    En ne parlant que d’« écran », on fait l’impasse sur le papier électronique. Mais il est vrai que les solutions grand public tardent...

    A propos des « méfaits » de la culture du tout-gratuit, je serais content d’avoir la possibilité de lire gratuitement tous les auteurs « hors droits » (voir les projets Gutenberg, Gallica...).


  • Bouli Bouli 14 juin 2007 18:36

    Non le livre ne va pas disparaître... Je pense que nous sommes encore de nombreux amoureux des livres. J’ai essayé de lire une BD page par page après l’avoir téléchargée... mouais franchement je préfère de très très loin le contact du livre, tourner les pages, plutôt que de m’user les yeux sur un écran que je trouve trop « insensible ».


  • Poil à Gratter Poil à Gratter 14 juin 2007 18:57

    Et nous n’avons pas abordé le livre audio...J’ai fait un essai recemment et il a fallu que je m’accroche pour suivre le rythme du récit.

    Lire un livre, confortablement installé, la tête légèrement penché en avant, plus décontracté que devant l’écran du pc, avancer à son rythme dans l’histoire restera pour moi le meilleur des loisirs.

    En fait sur pc on a trop tendance au « zapping », en tout cas c’est ce que j’ai tendance à faire, c’est bien pour parcourir les infos, faire des recherches.

    Et il y a la matière, le papier cartonné de la couverture, la bibliothèque, l’odeur des bouquins quand on les ouvre...difficile à remplacer tout ça non ?


  • Goldy Goldy 14 juin 2007 19:25

    J’avais entendu dire que la baisse des ventes de disques s’était répercuté par une hausse de la vente de livres. Je ne pense pas que le livre disparaitra non plus, mais peut-être une nouvelle forme de littérature apparaitra progressivement (au japon, le livre électronique fait un véritable carton marketing), tout dépendra de la volonté des éditeurs à aborder l’air du numérique. Personnellement, je travaille sur un projet qui va dans ce sens, et j’espère aller loin.


  • Benoit Adam adam0509 14 juin 2007 19:33

    Bien sur que non

    Tous les gens qui passent des heures sur un PC aiment bien regarder de temps en temps un livre...


  • NPM 14 juin 2007 20:17

    « Des lecteurs continueront à s’intéresser à Louis XVI dont la biographie de l’historien Petitfils rencontre un grand succès cette année »

    Trés bonne, d’ailleur.

    A lire aussi, celle sur Thatcher.

    Sinon, rien ne remplace le confort du livre au dela de 2 ou 3 pages à lire.. Donc, non, il ne va pas disparaitre. en tous cas pas à cause du net.

    Par contre il parait que les jeunes générations ne lisent plus rien, sauf des conneries. Alors je ne sais pas.


  • Internaute Internaute 14 juin 2007 20:56

    Le livre disparaît tout seul depuis les années 1850, époque à laquelle on a commencé à utiliser le papier de bois en remplacement du papier de chiffon (chanvre, lin etc).

    Le résultat est qu’un livre ne dure pas plus de 50 ans, les pages devenant marron et cassantes avec l’âge. J’ai toujours plaisir à relire mes vieux grimoires en parfait état, imprimés en 1640 (une leçon d’équitation).

    Avec le temps, les CD sont rongés par les champigons et l’humidité. Le meilleur support de l’information reste encore le papier tel qu’on le faisait sous Louis XIV.


  • chris 14 juin 2007 21:43

    La Francaise/l anglosaxonne : pour info, sondage sur CNN : impact d internet sur le niveau de l information. Majorite des americains considerent que ca a un effet negatif...

    Le long tail d Amazon ou autres sites est une strategie qui va nous permettre d avoir tjs acces a des livres ou autres produits qui ne seraint pas rentables pour les librairies.

    Le livre a une epoque etait le seul moyen de transmission de la culture...apres la radio , puis le cinema et la tele (qui devait tuer le cinema) et.... Le livre a pu s adapter pourtant tous les 20 ans on n annonce sa disparition...

    Concurrence du support : personnellement j adore le contact avec le livre , le bruit des feuilles, l’ odeur...Le net pour lire un pave c est pas ma tasse de the et on reparlera dans 10ans des petits (5-6ans) qui zappait sur le net (ou regardait trop la tele) et de leur probleme de vue (le moins grave) et autres. Sur ce dernier point , plus d infos ici

    http://www.sciencedaily.com/releases/2005/11/051108085539.htm

    Le seul point negatif est la part de plus en plus faible d oeuvres etrangeres traduites en anglais ...un refermement assez (in)explicable. Un peu comme au cinema 2% de film etrangers sur les ecrans americains mais dans le monde la part du cinema americain est enorme. Pour les livres ca devient la meme chose 40% des livres traduits sont d o rigines anglosaxonne, 90% sont d origines anlosaxons francais allemand et russes : laisse tres peu de place aux autres. Par contre, la place des livres traduits en anglais aux USA devient critique.


  • Lampion (Alesani) Lampion (Alesani) 14 juin 2007 22:00

    Disparition du livre ? Que nenni, pas tant qu’il y aura des « résistants »... connaissez vous le BookCrossing ?

    il s’agit d’un mouvement mondial et gratuit, qui permet avec l’aide d’internet de « libérer » des livres que vous avez apprécié, anonymement dans des endroits publics afin que quelqun puisse en profiter.

    j’aime assez l’idée que des livres balladeurs vont peut être redonner le goût et le plaisir de la lecture à quelqun ,« just for fun »....


  • rod 14 juin 2007 23:04

    N’importe nawak ce sujet,

    - Livre et internet ne sont pas incompatibles, la preuve combien d’entre nous impriment sur papier des documents téléchargés sur le web (manuels, articles,...) pour les lire en version papier, mais les stockeront en version électronique (car plus pratique).

    - Le livre ne vas disparaître, mais évoluer...« achetez un livre au format pdf et imprimez le vous même... »(bon c’est encore un peu cher mais pourquoi pas...).

    - La question du support papier en tant que tel versus « support électronique » est une formulation peut-être plus pertinante du problème que vous soulevez... Oui le support papier disparaîtra, au profit d’écrans plats portatifs (futurs PDA) compacts mais à la taille modulable (voyez les téléphones portables mini-ordinateurs contenant écran+clavier).

    - Pourquoi toujours s’accrocher à un passé révolu qui ne nous apporte rien...


    • rod 14 juin 2007 23:32

      PS : Je ne vois pas bien le fil conducteur de l’auteur de cet article, dans votre introduction vous opposez les supports électroniques et papiers...chose que je peux comprendre (c’est une affaire de gout).

      Puis vous nous embarquez sur la « mal-lecture », en opposant tjs en filigrane ces deux supports alors que de voici, gala, et autres torchons ont toujours existé en version papier...

      Les étudiants lisent de moins en moins, y compris en grandes écoles. Ils ont le sentiment du relatif et de l’usure de tous les contenus et lorsque, d’aventure, ils achètent un livre pour le cours, ils le revendent en fin d’année. Ils exigent des bibliothèques d’investir dans plusieurs manuels car nul ne veut « s’encombrer » d’un savoir qui sera vite obsolète.

      J’ai été à la fac et...bien que les faits que vous avanciez soient exacts, les motivations que vous prêtez à leur auteurs me semblent être « approximatifs ».

      Les étudiants revendent les bouquins parce qu’en filière de biologie on m’a fait étudier de la physique (optique,...), des maths (équations paramétriques,...). La raison, le nombre de profs par filière, trop de prof en math/physique, donc on leur donne des cours en biologie pour justifier les postes... PS : J’ai oublié la chimie organique, chimie physique, thermodynamique (ok ca sert en biologie mais, j’ai eu ce cours 3 ans de suite).

      Alors OUI, j’ai revendu ces bouquins et non je ne le regrette pas.

      OUI je veux que la bibliothèque me prête des livres de cours car chaque prof a son(es) préféré(s).

      et NON je ne peux pas acheter TOUS les manuels...un prof pouvant facilement recommander 2,3,4...10 bouquins différents.

      Car contrairement à la religion, la science ne repose par sur UN livre fondateur...

      la fiction de croire que le gratuit est réellement gratuit, alors que tant de bandeaux publicitaires et de captations d’adresses passent par l’interrogation des moteurs.

      Est considéré comme gratuit, un chose qui ne coûte rien...alors moi un panneau pub sur mon explorateur (Firefox...gratuit) ca ne me coûte pas...donc c’est gratuit !

      Des lecteurs continueront à s’intéresser à Louis XVI dont la biographie de l’historien Petitfils rencontre un grand succès cette année, ou même à la littérature dont le Dictionnaire égoïste de Charles Dantzig plaît beaucoup.

      Oui forcément si c’est vieux, ca permet de se la péter grave avec ses potes du cercle de lecture...

      R I D I C U L E


    • rod 14 juin 2007 23:53

      ps :

      Malgré le trollisme ambiant, ce qui est bien pensé, bien bâti et bien présenté demeurera la référence. Et on lira encore des livres.

      Ok la je suis d accord avec vous, la preuve j ai deja oublie votre article...


  • Bigre Bigre 14 juin 2007 23:21

    Bonjour.

    La dernière image, une bibliothèque personnelle, me hérisse le poil.

    Je suis lecteur, entre 10 et 20 livres par an, tous domaines, mais je n’en garde aucun. Si je suis en voyage, j’en fait cadeau là où je suis. Chez moi, je donne tout à la bibliothèque du village.

    Qui relit les ouvrages déjà lus ?

    Qui a lu la bibliothèque de ses parents ?


    • thirqual 15 juin 2007 09:57

      Je suis étudiant, branché net avec l’ordi faisant outil de travail, télé, chaine hifi, téléphone, console de jeu et bibliothèque. Pourtant je mange parfois des pâtes pour me payer du Vance, du Doyle ou du Hegel (en vrac). Mes étagères plient sous le poids des piles de bouquins, souvent achetés par paquets de 20 chez les bouquinistes. Un moyenne je lis 400 pages par semaine (hors publications scientifiques et journaux), je relis régulièrement mes bouquins préférés. Et j’aime les avoir sous la main, relire un passage marquant. Me débarasser des Fleurs du Mal ? ou de mes exemplaires poches annotés ?

      La biblio de mes parents j’y ai eu un accès libre à 11 ans, à 15 ans je commençais la mienne avec l’argent du lavage des voitures du quartier. Jamais mes étagères ne pourront contenir la masse de connaissances stockée sur mon disque dur (le projet gutenberg m’a permis de me goinfrer de lectures originales), bien sûr...


  • Droopy 15 juin 2007 10:43

    La presse n’est pas un baromètre fiable pour l’état de la lecture : goinfrée de subventions, achetée par deux grands groupes financiers qui fricotent avec l’Etat, elle ne fait plus que des copier coller des nouvelles de l’agence France Presse (elle même subventionnée). Aucune investigation, du crapoteux à souhait. Surtout ne pas prendre le lecteur pour quelqu’un d’intelligent. Inutile de s’étonner dans ces conditions du désastre de cette presse.

    Les livres d’étudiant ? Un ramassis de bourrage de crane inutile qui finit par déclencher plus d’allergies à la lecture que de motivation. Et ça commence tôt : je vois les livres de mon fils en école primaire ! Surtout ne pas les lire et les laisser choisir ce qu’ils veulent en librairie. Sinon c’est le meilleur moyen de le dégouter : textes insipides, sans imagination, trop littéraires.

    Mais que constate t’on ? Que ce sont les sites culturels qui marchent le mieux sur Internet. Et pas que pour vendre des jeux vidéo. Les galeries culturelles ou les moyennes surface culturelles se développent. Et à regarder le nombre de personne qui en sortent avec des livres sous le bras, j’ai confiance en l’avenir du Livre.

    Bien sur c’est au détriment des libraires classiques. Mais combien ne se sont contentés pendant des années de se contenter d’ouvrir des cartons le matin, poser les livres en rayon et attendre la carte de crédit ou le chèque du client. Sans s’intéresser le moins du monde à ce qu’ils vendent. Subsistent les vrais libraires.

    Dans ma ville (50 000 habitants), une surface culturelle a ouvert il y 4 ans. Une autre est prévue. Toutes les librairies ont fermé sauf une.

    Et ce n’est pas la mort du livre : les rayons livres y sont bondés. par contre les libraires qui ont fermé sont ceux qui n’avaient aucun sens de la clientèle. Seule reste la seule librairie à offrir autre chose : des livres d’histoire, de réflexion, des thèmes particuliers,... et dont le libraire est à même de conseiller intelligemment.

    Non le livre n’est pas mort. Il change de moyen de diffusion. Il s’achète autrement.

    Mais il restera toujours le petit bloc de papier qu’on peut emmener dans un sac, ouvrir n’importe où sans électricité. Qui est confortable, a une odeur (même si certaines encres actuelles puent). Qu’on peut lire au lit. Qui ne nous fait pas dépendre d’un logiciel ou autre dépendance matérielle.

    C’est le moyen parfait de transmission de la connaissance, inventé dans sa forme actuelle imprimée, il y a plus de 500 ans. Et qui restera encore pendant des siècles.


  • Argoul Argoul 15 juin 2007 14:57

    Lire ou ne pas lire : that is the question. Sollicités que nous sommes par les autres tentations (images, sons, interactions) l’acte de lecture voit son temps réduit. Surtout dans la jeunesse actuelle. Lire un objet-livre ou sur écran : that is another question. Pour ma part, la lecture écran est utilitaire, informationnelle, interactive - elle ne sollicite pourtant pas autant la pensée qu’un objet-livre qu’on emporte, qu’on annote et qu’on prend sans fil quand on veut. Mais n’est-ce pas question d’habitude ? Notre génération, formée à ça, ne pourra pas se passer du livre, mais les suivantes ? Il n’y a pas que les étudiants scientifiques qui revendent leurs livres en fin d’année, les littéraires aussi : vendues les Pensées de Pascal une fois l’examen passé ! Vendues les Fleurs du Mal une fois le mémoire rédigé ! Je n’invente rien, l’enquête était dans la revue « L’Histoire » n°312, septembre 2006, p.71 Les étudiants possèdent de moins en moins de livres, ils boudent les sciences humaines, essais et philo n’ont plus la cote, les sciences passent à la trappe, les romans sont en baisse (6% des élèves de prépas littéraires déclarent ne jamais lire de romans !), seule la BD reste en grâce. En fait, ce n’est pas le support qui est en cause pour la lecture - mais probablement le mimétisme de génération qui fait qu’on « doit » avoir écouté telle musique ou avoir vu tel film ou chatter avec le groupe à telle heure - qui fait que l’acte de lire devient pesant et peu valorisé. Avec pour conséquences une curieuse incapacité à utiliser les mots, à organiser les phrases et à se sortir de l’émotion immédiate de la « réaction » pour prendre de la distance, penser et argumenter avec les autres. Donc un désintérêt pour la lecture qui « prend la tête »... C’est cela qui me paraît faire question plus que papier ou écran. Moi-même, j’écris depuis des années au clavier. Ce n’est pas plus mal ni mieux qu’au stylo-plume (longtemps pratiqué), c’est un autre outil, dont on est aussi « libéré » quand on en a l’habitude que le stylo. Le livre audio est praticable en voiture, seul, pour les trajets ennuyeux (autoroute ou domicile-travail) - même chose pour les podcast radio. Mais l’usage d’un condensé argumenté de pensée qu’est un essai, une oeuvre de recherche universitaire qu’on démontre pas à pas, une imagination qui fait rêver comme les romans classiques, le frisson délicieux issu des mots et des images véhiculées par les mots que sont thrillers et policiers - tout cela peut être amené à disparaître, faute de public qui saisisse cette forme de pensée et préfère le confort guidé des images ou la submersion amniotique des sons. Quand « ça prend la tête », quel que soit le support, c’est mal parti ! Voilà pourquoi « l’irraison ambiante » fait disparaître la faculté de penser et conduit à « l’idiot logique »... Une précision pour le troll : la photo de bibliothèque qui illustre l’article n’est pas une bibliothèque personnelle, mais celle de la bibliothèque publique de Grainville, retraitée pour éviter le plagiat http://images.google.fr/imgres?imgurl=http://perso.orange.fr/assobethencourt/bibliotheque.jpg&imgrefurl=http://perso.orange.fr/assobethencourt/bibliotheque.html&h=1378&w=1732&sz=335&hl=fr&start=5&tbnid=th4RXVgIj4BzyM :&tbnh=119&tbnw=150&prev=/images%3Fq%3Dbibliotheque%26gbv%3D2%26svnum%3D10%26hl%3Dfr%26client%3Dfirefox-a%26channel%3Ds%26rls%3Dorg.mozilla:fr:official%26sa%3DG


  • Lorenzo Soccavo Lorenzo Soccavo 18 juin 2007 10:37

    Non le livre ne va pas disparaître, il va muter smiley Je me demande ce que vous pensez de l’e-paper (papier électronique) Connaissez-vous cette technologie ? Rien à voir avec l’électronique ni avec les e-books du début des années 2000 : l’encre électronique apporte le même confort de lecture, la même lisibilité que le papier traditionnel et ce sans aucun rétroéclairage. Des tablettes de lecture commencent à être commercialisées qui, aux avantages du livre papier vont allier ceux du Web 2.0...

    Toutes les infos dans le livre « Gutenberg 2.0 : le futur du livre » http://www.mm2editions.com/fr/gutenberg.shtml qui vient de sortir chez M21 éditions et l’actu quotidienne sur ces sujets sur le blog de veille et d’information NouvoLivrActu http://nouvolivractu.cluster21.com smiley


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