lundi 7 juin 2021 - par C’est Nabum

Le mètre-mot

 

La mesure essentielle de Vincent Pensuet

D'Orléans à Brest

 

Il s'appelle Vincent Pensuet et vous risquez de croiser sa route si vous êtes en bord de Loire ou riverain du canal de Nantes à Brest. Surtout, ne ratez absolument pas l'occasion d'aller à sa rencontre, de découvrir ce curieux personnage qui vous invite à son spectacle itinérant, au rythme de ses bâtons de marche en tirant sa remorque.

Après avoir occupé le théâtre d'Orléans, l'homme met sa colère en application pour faire œuvre subversive : proposer de la culture chez les particuliers, dans les guinguettes ou les terrains de camping. Empressez-vous de venir découvrir ce curieux bonhomme, d'assister à son merveilleux spectacle avant que les tenants de l'ordre nouveau lui coupent l'herbe sous le pied.

Il est vrai que ce diable de personnage mérite que le pouvoir prenne des mesures contre celui qui se joue des mots et des situations, bafoue la logique et le bon sens, triture la phrase et le lexique, s'offre une cavalcade chevaleresque et une balade clownesque. Du rire à l'émotion, de la farce à la poésie, du burlesque au sensible, son numéro mené de main de mètre, déroule le ruban de la démesure.

C'est un spectacle à couper le souffle, surtout celui de l'artiste qui ne mesure ni sa peine ni son engagement scénique. Il s'agite, virevolte, saute, trépigne, chevauche, marche à quatre pattes, une agitation qui semble vouloir dissimuler l'émotion qui se cache derrière les facéties, les calembours ou les jeux de mots. Pudeur de l'artiste qui a pour seule ambition de réjouir un public qui tout comme lui a été privé de spectacle depuis une année.

Je me garderai bien de vous raconter son numéro. Rien n'est plus détestable que cette tendance contemporaine de ne se déplacer que pour aller voir ce qu'on connaît ou que l'on peut voir au préalable sur YouTube. Si vous avez subi l’ablation de la curiosité à force de trop regarder la télévision, surtout ne vous déplacez pas, vous êtes du nombre des zombis du monde nouveau. Quant aux survivants, aux curieux, aux rebelles, aux êtres libres, Vincent Pensuet vous attend pour un moment délectable.

 

Ouvrez grand vos yeux, déployez vos antennes, surveillez les messages sur la toile, soyez à l'affût de la rumeur pour saisir l'occasion de passer un formidable moment. L'homme durant deux mois, de saut de puce en saut de puce va remonter la Loire puis le canal faisant spectacle à chaque étape. Il suffira de mettre un billet dans son chapeau pour le remercier du bonheur fou qu'il vous aura dispensé.

Quant aux rabats joie de la légalité, sachez que l'homme mettant ses convictions en adéquation avec ses actes, déclarera au fisc le montant de ce curieux cachet, une manière de dire ce qu'il pense vraiment d'une culture officielle qui le plus souvent ne met en avant que des exilés fiscaux. Il convenait de le dire au cas très probable où un joyeux délateur le signale aux autorités compétentes.

Je m'efface devant la présentation de ce spectacle. On n'est jamais mieux servi que par soi-même. Rien n'est plus logique que de laisser le dernier mot à Vincent Pensuet :

 

Vincent Pensuet jongle avec son mètre et nous emmène dans un pur déluge verbal, le jeu des mots est jubilatoire, un délire de mots de poète à la « Raymond Devos » !
« Au commencement étaient les verbes ! » alors j’ai choisi un mot à ma taille… Un mot comme intelligent… et je me suis donné l’air !

Sur scène le personnage « cherche un cadre idéal » et déballe ses paniers remplis de questions existentielles, de jeux de mots, de mètres-mots, de verbes hauts où chacun
trouve sa rime.
Il cherche la juste distance, franchit les limites et déborde… de vitalité. Il virevolte, danse, et galope « à la quête du Râle », et voudrait « ce mètre » à la place de l’autre.
Un spectacle « sur mesure », où tout est affaire de langage, de corps, d’objets, de maîtrise et démesure, pour tenter de rencontrer les autres.
Dans le grand cirque du monde, il poursuit son inlassable quête du cadre, se fait sourcier devant le silence des mots.

De et par : Vincent Pensuet


Mis en scène : Nolwenn Jézéquel
Regard chorégraphique : Karine Vayssettes
Costume : Fabienne Desflèches
Conception d’accessoires : Yanosh Hrdy
Musique originale : David Georgelin
Lumières : Florian Jourdon
Tout public
Durée : 1 h 10

 

Démesurement sien.

Pour suivre son itinéraire :

https://www.facebook.com/vincent.pensuet



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