mardi 19 avril 2022 - par Theothea.com

« Le Montespan » L’Irrémédiable ombrageux du Roi Soleil à La Huchette

En étant nominée aux Molières 2022 en révélation comédienne, Salomé Villiers attire l’attention artistique au moins de triple manières.

 

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LE MONTESPAN
© Philippe Escalier

  

Tout d’abord en étant appréciée à l’aune de trois consœurs interprètes à l’affiche de pièces également fort remarquées durant la saison en cours, ensuite en suscitant une notoriété que même son rôle en alternance dans « Adieu Monsieur Haffman » n’avait pas été suffisant à déclencher précédemment, enfin en distinguant implicitement son talent d’adaptatrice qu’elle aura su mettre au service d’un best seller d’écrivain à la mode bien que celui-ci soit plutôt en marge du sérail littéraire.

En effet « Le Montespan » de Jean Teulé est en soi une œuvre romanesque à part entière tellement originale qu’il fallait une intuition de magicienne pour déceler le profit scénographique que ces 26 personnages sur 21 lieux et 44 années de 1663 à 1707 allaient pouvoir conjuguer dans un imaginaire poétique au travers de trois comédiens sur la scène miniature du Théâtre de La Huchette. 

  

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LE MONTESPAN
© Fabienne Rappeneau

  

C’est tout d’abord Etienne Launay qui, d’emblée, à la première lecture du script, comprit le parti que sa mise en scène pourrait valoriser dans la distanciation des personnages guidés selon une narration en temps réel régissant leurs confrontations entrecroisées.

Tel un théâtre de marionnettes ayant installé ses tréteaux face au public, les protagonistes seraient tout à la fois acteurs et conteurs des mésaventures auto-provoquées ne cessant de survenir à l’antihéros que Jean Teulé aura si bien su dénicher dans les coulisses de la Grande Histoire.

En effet, si tout un chacun a entendu parler des frasques de La Montespan au sein de la Cour de Louis XIV, peu savaient que Françoise de Rochechouart de Mortemart avait auparavant contracté un mariage d’Amour, si rare à l’époque, sur un véritable coup de foudre dont l’heureux prétendant, Louis-Henri de Pardaillan de Gondrin, Marquis de Montespan, ne s’en remettrait pourtant jamais. 

  

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LE MONTESPAN
© LOT

  

Si donc les tourtereaux vécurent une première période nuptiale passionnée tout en étant désargentée, vint le temps où le marquis crut bon de s’engager dans le régiment royal armé, à la fois pour se faire bien voir du monarque mais également afin de renflouer le budget conjugal.

Mais voilà qu’au retour de ses finalement piètres exploits militaires, il découvre que son épouse est devenue, en moins de temps qu’il n’aurait fallu pour le dire « Athénaïs » la favorite du Roi.

D’abord très flatté de cette distinction maritale quasiment honorifique, il déchanta assez rapidement en s’apercevant que, non seulement, il serait exclu de toute reconnaissance du souverain mais surtout que son épouse désormais se détournerait de lui. 

  

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LE MONTESPAN
© Fabienne Rappeneau

  

A partir de cette prise de conscience psychodramatique, il n’aura de cesse de se manifester publiquement ainsi qu’auprès de la Cour en cherchant à créer le scandale tout en ne récoltant, en retour, que la risée générale sans cesse croissante.

C’est donc en cocu exaspéré et néanmoins amoureux transi qu’il traversa une bonne partie du règne de Louis XIV jusqu’à ce que tardivement, alors que son épouse fut à son tour bannie, il finit par renoncer, diminué par sa propre vieillerie, à la revoir de crainte de la décevoir.

C’est donc bien d’une fabuleuse histoire d’amour à laquelle sont conviés les lecteurs de Jean Teulé et, aujourd’hui, les spectateurs de Salomé Villiers qui, de facto, trouve un statut à hauteur de « révélation » alors que, de surcroît, elle y joue des rôles multiples à l’instar de son autre partenaire, le jovial Michaël Hirsch.

 

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LE MONTESPAN
© Theothea.com

  

Délibérément seul dans cette histoire exemplaire, Simon Larvaron endossant en exclusivité celui de « Le Montespan » effectue, superbe, son chemin de croix jusqu’à la lie du sublime autant que du ridicule.

Les spectateurs rient beaucoup, étant sensibles au comique de situation, aux bons mots, à la subtilité d’interprétation de cette farce si romantique et tellement burlesque autour de « Louis-Henri de Pardaillan, marquis de Montespan, époux séparé quoique inséparable. »

  

photo 1 © Philippe Escalier
photos 2 & 4 © Fabienne Rappeneau
photo 3 © LOT
photos 5 & 6 © Theothea.com
  
  
LE MONTESPAN - ***. Theothea.com - de Jean Teulé / adaptation Salomé Villiers - mise en scène Etienne Launay - avec Salomé Villiers, Michaël Hirsch & Simon Larvaron - Théâtre de La Huchette 
  

  

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LE MONTESPAN
© Theothea.com

 



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