samedi 11 décembre 2021 - par CHALOT

Le parfum des cendres

« Le parfum des cendres »

Roman de Marie Mangez

Editions Finiture

237 pages

Mai 2021

L’auteure nous emmène voir Sylvain, embaumeur de son état, c’est comme cela que le commun des mortels appelle le thanatopracteur qui intervient sur le corps d’un défunt pour le rendre présentable.

Sylvain Bragonard est un artiste dans son genre, il agit minutieusement, avec respect.

 Il semble maîtriser les senteurs, ce qui lui permet d’avoir une idée sur la personnalité des personnes, jeunes ou vieux qu’il prend en charge avec doigté.

C’est un taciturne, un taiseux qui a du mal accepter la présence de Sylvie une jeune femme qui fait une thèse sur ce métier et cet art bien particulier, prisé par une famille sur quatre en France.

Elle essaye à son tour, elle aussi de cerner la personnalité- pas des morts, elle- mais de Sylvain qui semble être un curieux vivant.

Que cache-t-il ?

Il ne sourit pas, ne sort pas, sa vie sociale et même familiale s’est terminée mystérieusement il y a 15 ans.

Après des études de chimie, il s’apprêtait à utiliser son appétence et ses connaissances chez un grand parfumeur, lui qui possédait un odorat et un talent exceptionnels.

Pourquoi a-t-il bifurqué vers cette profession bien particulière ?

Avec finesse et précision, l’auteure nous montre Sylvain qui agit sur les cadavres …

C’est une exploration sociologique passionnante de ce milieu bien particulier et des relations avec le mort- si on peut dire cela- et avec les familles :

« Il s’agissait de créer l’apparence de la vie. L’enjeu principal consistait à trouver la bonne formule-celle qui permettrait de composer un masque plus réel que la réalité, ce masque de vie auquel les gens allaient pouvoir faire leur deuil. »

Avec patience, Sylvie va essayer de « dérider » Sylvain, avec doigté parfois mais aussi en le bousculant.

Elle a le temps car son « stage » dure quelques mois.

Elle a rencontré d’autres thanatopracteurs, mais celui-ci est mystérieux et touchant.

Ce premier roman est passionnant.

Jean-François Chalot



2 réactions


  • Danièle Dugelay Danièle Dugelay 11 décembre 2021 21:33

    C’est un bien curieux choix de profession, mais c’est une chance qu’elle existe. En lisant le texte de Jean-François Chalot, si délicat, j’ai pensé que ce métier avait moins de rapport avec la mort qu’avec la vie car c’est un art de retrouver dans une personne décédée ce qu’elle était lorsqu’elle était vivante.

    J’ai donné mon corps à une école de chirurgie, mais je ne pense pas que j’aurais droit à tant d’attention. De toutes façons, ce n’est pas le but de ma décision.


  • Orélien Péréol Orélien Péréol 11 décembre 2021 22:36

    Joli article qui donne envie de lire le roman.

    Mais il est inutile d’écrire « auteure ». Comme dit ma sœur : la valeur n’attend pas...

    Une auteur va très bien, une autrice encore mieux (comme acteur-actrice).

    Le « e » n’est pas la marque du féminin :

    https://www.agoravox.fr/actualites/citoyennete/article/le-e-n-est-pas-la-marque-du-225062


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