jeudi 18 avril 2019 - par rosemar

Le printemps est un barbare qui déchire les robes...

"Le printemps est un barbare qui déchire les robes, s'engouffre dans les villes, saccage les citadelles de la raison. Le printemps est une cathédrale de feuillage et de désir qui surgit dans les ruines de l'hiver."

C'est ainsi que René Frégni décrit l'irruption du printemps, dans un tableau à la fois brutal et poétique... Le printemps assimilé à un barbare semble tout emporter sur son passage...

 "Un barbare" ! Quelle violence, quelle cruauté, quelle sauvagerie surgissent, à la seule évocation de ce mot ! Les sonorités nous révèlent un être primitif et fruste.

 

La répétition redondante de la même syllabe restitue une sorte d'aspect primaire, d'autant que la gutturale "r" , consonne assez dure correspond bien à cette notion d'âpreté et de férocité...

La labiale "b" réitérée semble, aussi, nous montrer un être dont le langage est hésitant, rudimentaire, peu développé.

Ce mot très ancien nous vient directement du grec, "barbaros" : il désigne, à l'origine, l'étranger, celui qui parle un autre langage peu compréhensible, celui qui ne maîtrise pas la langue grecque...

Le "barbarisme" s'applique, ainsi, à des incorrections, des fautes de langue...

Terme particulièment expressif, le mot "barbare", formation d'onomatopée, évoque des bruits incompréhensibles... Il qualifie, à l'origine, tous les peuples qui ne sont pas gréco-latins...

Il en vient à désigner, ensuite, des êtres sauvages, grossiers, inhumains, cruels...

Quel mot éloquent ! Ce mot nous parle de langues différentes, jugées vulgaires, inintéressantes, il nous dit aussi toute la cruauté du monde : les guerres, les meurtres, les destructions, les exactions, la violence...

Il nous raconte des siècles de férocité, d'inhumanité, il nous dit également une forme d'intolérance puisque le barbare est, dans l'antiquité, celui qui parle une langue différente...

Il nous raconte notre monde fait de fureur, de fanatisme, de haines, il nous dit la brutalité, le mépris, l'arrogance des êtres humains.

L'homme n'a-t-il pas été le plus barbare des animaux, au cours des siècles et ne l'est-il pas encore, maintenant ?

Des guerres inhumaines se perpétuent, irrémédiablement, elles révèlent toutes les formes de barbarie qui traversent le monde.

Ce terme peut être utilisé aussi, dans un sens imagé, comme le montre la description du printemps, dans l'extrait de René Frégni. On y voit le printemps s'emparer du monde, dans une personnification pleine de violence et d'expressivité...

On apprécie ce type de barbarie qui s'abat sur la nature, la transforme, lorsque des feuillages et des désirs nouveaux apparaissent.

Le mot restitue, alors, toute cette force de la nature qui balaie les rigueurs de l'hiver.

On le voit : le mot "barbare", venu directement du passé, a connu une belle continuité, dans notre langue, avec une évolution de sens notable.

Ce terme à connotations péjoratives peut être employé dans un sens figuré, pour traduire une forme d'impétuosité et d'emportement. Venu du grec, il nous fait remonter aux sources de notre langue... plein de résonances, il évoque tout un passé et toute une histoire.

Comment ne pas apprécier toutes les nuances de ce mot, si riche de sens ?

Comment ne pas en voir tous les éclats et toute la force ?

 

Le blog :

http://rosemar.over-blog.com/2015/04/le-printemps-est-un-barbare-qui-dechire-les-robes.html

 

Vidéo :



12 réactions


  • JC_Lavau JC_Lavau 18 avril 2019 18:44

    Réveillez-vous picards,

    Picards et bourguignons !

    Apprenez la manière d’avoir de bons bâtons,

    Car voici le printemps, et aussi la saison

    Pour aller à la guerre, donner des horions

    hon honhonhononhonhon, hon !

    Tel parle de la guerre,

    qui ne sait pas que c’est :

    Je vous jure mon âme, que c’est un piteux fait !

    Et maint homme d’arme et gentil compagnon,

    Y ont perdu la vie, et robe et chaperon !

    Hon...

    ...


  • Clocel Clocel 18 avril 2019 19:44

    «   »Un barbare" ! Quelle violence, quelle cruauté, quelle sauvagerie surgissent, à la seule évocation de ce mot ! Les sonorités nous révèlent un être primitif et fruste."

     Hou... ! Quelle force d’évocation Rosemar, je vois d’ici la turgescence !

    Polissonne va... ! smiley

    Ah... Le printemps...


  • Fergus Fergus 19 avril 2019 09:22

    Bonjour, Clocel et Aita Pea Pea

    Le printemps, c’est aussi le retour des mini-jupes. Mais quid de cet accessoire ?

    « La mini-jupe a une double fonction thermique : elle rafraîchit les filles et échauffe les garçons. » André-Paul Roussilhe (À l’ombre des platanes)

    Vraie fausse citation tirée des 200 qui ont été publiées sur ce site, réparties dans 5 articles destinés à « piéger les pédants ».


  • dixit la vévéritude 19 avril 2019 14:17

    Bonjour,

    Je ne voudrais pas être désobligeant,mais vous n’avez que cela à foutre dans la vie ? Peu importe le mot barbare qui aurait pu être remplacé par un autre mot.C’est le sens du texte dans son ensemble qui compte,non ? et je suis certain que pendant ce temps de bons et utiles articles passent à la trappe ! Est-ce volontaire ? Mais pour me répondre honnêtement disséqueriez vous toutes les consonnes et voyelles ? 


    • rosemar rosemar 19 avril 2019 22:54

      @dixit la vévéritude

      Vous n’aimez pas la phonétique ?


    • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 19 avril 2019 23:07

      @rosemar

      Certainement est-ce intéressant mais moins que la plus en plus disparition des mini-jupes printanières .


    • JC_Lavau JC_Lavau 19 avril 2019 23:07

      @rosemar. Schultz avait mis le truc en cartoon :
      You don’t like cats.
      ...
      You don’t like girls.

      Réplique l’abuseuse, qui avait donné son chat à porter à Linus, qui traitreusement l’a donné à Charlie Brown.


    • JC_Lavau JC_Lavau 20 avril 2019 20:58

      @rosemar. La phonétique a certes des usages, mais ça ne vaut vraiment pas l’amour, quand c’est bien fait.


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