jeudi 9 mai 2019 - par CHALOT

Les crues de la Seine

« Les crues de la Seine »

livre de Bernard Corbel

éditions Abordables

175 pages et des annexes

février 2019

 

IL FAUT SAVOIR, PREVENIR ET AGIR

 

Bernard Corbel, ingénieur hydraulicien à la retraite a écrit plusieurs ouvrages différents, celui-ci étant directement lié à son champ de compétences et à une problématique qui nous concerne toutes et tous :

la question des crues de la Seine

Ces crues se sont rappelé à notre souvenir en 2016 puis au début 2018, montrant qu'il ne s'agit pas de catastrophes espacées dans le temps.

Une crue historique catastrophique comme celle de 1910 peut survenir dans les années qui viennent ou dans plusieurs décennies.

Elle aurait un coût social, humain et financier considérable....

 

Non ! Et il faut le dire, le redire et l'expliquer ; nous ne sommes pas inondés pour protéger Paris !

Il faut mettre fin aux rumeurs infondées !

Bernard Corbel nous rappelle ce qu'est une crue, d'où elle vient :

« L'inondation est un phénomène dynamique. Elle est provoquée par une onde de crue qui se déplace vers l'aval. Entre les apports de deux affluents successifs, l'onde de crue est amortie par l'effet des zones inondées, appelées aussi zones d'expansion des crues. »

 

Non content d'être un scientifique qui maîtrise son sujet, l'auteur est un pédagogue efficace et passionnant.

Aucune question n'est éludée et l'étude est accessible à tout public.

Le lecteur comprend mieux comment les catastrophes surviennent et ne peut qu'acquiescer aux différentes propositions faites par l'auteur qui s'appuie sur le passé, les études faites, les erreurs commises et les quelques avancées.

Il existe aujourd'hui de nombreux dispositifs permettant de canaliser une partie de l'eau comme les quatre lacs-réservoirs qui ont un impact réel pour les petites et moyennes crues, mais peu ou pas sur les très grandes.

Il faudrait mettre fin au mille-feuilles des dispositifs et avoir une réflexion approfondie et des actions concertées entre les différents niveaux.

L'urbanisation s'est faite n'importe comment dans de nombreuses villes où des industries, des commerces et surtout de nombreuses habitations se situent dans une zone inondable.

J'ai beaucoup appris à la lecture de cet ouvrage et pris conscience d'une des contradictions des lois en vigueur :

Au moment de la crue de janvier 2018, le maire de Gournay en Seine-Saint-Denis, interrogé par un journaliste de la télévision a expliqué que sa commune disposant d'une surface limitée à 1,68 km2, a été contraint par la loi SRU de construire de nombreux logements sociaux.

Qui est opposé à la construction de logements sociaux ? certainement pas moi, mais faut-il contraindre cette Municipalité à construire coûte que coûte, alors que 80% de son petit territoire se trouve en zone inondable !?

L'auteur termine son ouvrage par un appel pressant : si des actions conséquentes ne sont pas menées dans les années qui viennent dans le cadre d'un plan, nous risquons de subir de plein fouet les effets d'une inondation historique dévastatrice.

Jean-François Chalot



1 réactions


  • baldis30 10 mai 2019 18:15

    bonjour, 
    d’un colloque d’hydrotechnique tenu les 17 et 18 septembre 1997 à Paris et consacré au risque de crue en région parisienne, dans le cadre des activités de la S.H.F., on peut noter avant tout que la quarantaine de communications venant des organismes les plus concernés par l’aléa n’apportèrent pas tellement de solutions mais seulement des comportements car les solutions hélas, hélas, hélas, hélas,  règlent un point précis au risque de renvoyer le risque chez le voisin ... !

    Y ayant assisté j’ai quelques souvenirs et quelques notes outre le C.R. ... et discussions en aparté ...

    Sur le plan de l’histoire Madame N. RIOM fit un exposé brillant et court de son mémoire de 1996 sous la direction de J.P. BRAVARD, et le complément que donna A. GOUBET pose bien la crue de 1910 dans le cadre historique : c’est connu, c’est déjà arrivé... 

    Lorsqu’on arrive aux solutions le tableau est nettement moins réjouissant surtout de la part de ceux qui auront à subir ... évidemment mais cela on l’a vu hélas, hélas, hélas, hélas, dans d’autres cas d’inondations de toute nature, il y a l’opportuniste qui voit une façon de se faire connaître ...

    Que fut-il dit de très positif ? qu’après 1910 on aménagea comme il se doit l’aval de Paris en permettant l’effacement des écluses lors des crues exceptionnelles ... en application du principe bien simple qu’en l’absence d’évacuateurs de crues il faut tout de même agir ... Evidemment faut-il que la consigne soit respectée et lors de la dernière grande crue je ne suis pas sûr qu’elle le fût avec arrêt de la navigation à moins que les images de la télévision aient été trompeuses ... l’aval d’accord mais intra-muros et à l’amont notamment Villeneuve St-Georges et environs ?

    Intra-muros, et sans porter de jugement personnel sur le coût ou la capacité technique de la réaliser une proposition, verbale de mémoire, vint de la RATP d’un tunnel amont-aval susceptible d’absorber 5 à 600 m3/sec de débit ... outre d’autres propositions écrites sur les comportements d’exploitation ...

    Paris avec ses ponts anciens et historiques autant d’obstacles à l’écoulement des eaux .... répercute en amont une part de ses problèmes outre ceux propres à la zone. Quant à l’amont ... élucubrons ... élucubrons .... yaka... yaka ....

    Un petit rappel : l’onde d’inondation en 1910 dépasse très largement le milliard de m3 l’onde de crue y étant supérieure de 5 à 600 millions ....

     Là comme en d’autres lieux pour régler, autant que faire se peut, un problème de crue il y a des principes fondamentaux à respecter ..

    1. favoriser le libre écoulement des eaux ( ça peut faire hurler vert !)
    2. abaisser les lignes d’eaux, ce qui suppose un maintien du bon état du lit par dragage, ou exceptionnellement par chasse sur crue. (ça fait hurler vert !)
    3. réaliser, sauf impératifs d’autres ordres, les aménagements d’aval en amont et pas l’inverse, ceci quasiment en accord avec le point 1.
    4. dans le cas de Paris penser que le problème posé par la Bièvre n’est pas à ignorer sur plusieurs plans ....

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