« Les Derniers jours du monde » : on connaît la chanson !
La fin du monde est annoncée, une seule priorité pour Robinson Laborde (Mathieu Amalric) : surmonter l’échec d’un grand amour avec une belle androgyne (Lae / Omahyra Mota ) qui lui avait fait quitter femme et enfant. Face au désastre du monde, il se lance alors à corps perdu dans une escapade l’entraînant sur les routes de France et d’Espagne, jusqu’à une cabane au Canada.
Le dernier film des Larrieu ? Je dirai entre Léo Ferré et Léo Foiré, il a un côté bancal intéressant. Alors, je vais écrire un truc facile, cet aspect « bancal », c’est peut-être parce qu’ils sont deux, c’est le film de l’entre-deux, comme s’ils avaient le cul entre deux chaises et que c’était constamment assumé. Et comme ces Derniers jours du monde est aussi une histoire de cul... te, je me dis que tout s’explique !
A dire vrai, je n’ai pas tout aimé dans Les Derniers jours du monde, du 3 sur 5 pour moi. Je l’ai trouvé trop long (2h10), trop poseur (Larrieu’s Brothers en épicuriens autoproclamés) et trop bavard - trop de lieux disparates (Biarritz, Toulouse, Paris, le Japon, Pampelune et on en passe et on s’y perd). Dommage, car dans
Au niveau chanson encore, il y a une scène que j’aime beaucoup dans ce film : Robinson (Amalric) part à la recherche de son objet de culte au Japon (l’androgyne Lae), il arrive dans un bar à putes. Un Japonais, entouré de prostituées, fait un karaoké. Un grand classique au Pays du soleil levant. Robinson le regarde. Les frères Larrieu et nous aussi. Il fait « employé de bureau » lambda, coincé dans ses obligations de vie sociale et professionnelle, mais il se lâche sur cette chanson. Il y met toute son âme. Elle semble vouloir dire beaucoup de choses pour lui, peut-être l’enfance, la jouissance de l’instant, l’insouciance de l’adolescence, l’esprit libertaire, c’est visiblement sa soupape, son échappatoire. Les Larrieu ont l’intelligence de laisser filer le morceau, et ce « temps réel » fait qu’on glisse subrepticement du pathétique de la situation (style « tiens, encore un karaoké pourrave ») au poignant - toujours cette idée de l’entre-deux. Tout compte fait, ce mec-là ne se débrouille pas si mal, il vit cette musique, c’est son moment à lui, respect. Ce Japonais y met ses tripes, c’est son trip à lui, et cette bulle de temps renvoie, à l’occasion, à la façon dont les frères Larrieu savent laisser entrer dans leur film des plages musicales (le fameux Ton style de Léo Ferré, entre autres) pour laisser filer la métaphore et la poésie. Entre jouissance de l’instant et « voyage en utopie » (ou rêverie mélancolique), les Larrieu font, me semble-t-il, un bel usage de la musique.
En ce qui concerne l’art d’amener la musique sur des images, on parle souvent de