Les fantômes du roi Léopold
« Les Fantômes du roi Léopold »
La terreur coloniale dans l'Etat du Congo, 1884-1908
par Adam Hochschild
avril 2017
530 pages et 70 de notes
Une monstruosité dénoncée avec force
L'auteur rompt le silence qui existe encore de nos jours sur l'horreur de la politique coloniale du roi des belges.
Le lecteur apprend que le roi a acquis par rapines et grâce à des interventions colonialistes par ruse et par force cet immense territoire.
Le Congo, en dehors du Congo « français » de Brazza, sera sa propriété personnelle ;
Le Congo n'« appartiendra » à la couronne qu'en 1908 à la veille de la mort de Léopold II qui vendra ce pays à l'état belge .
Plus de 10 millions de congolais de tous les âges auront péri sous le joug du colonialisme porté et dirigé par un monarque qui jamais ne mettra les pieds dans ce vaste pays.
La création du pneu en caoutchouc va permettre au roi d'acquérir une fortune importante en exploitant les forêts.
Ce sera pour les uns une source d'enrichissement et pour les africains le développement d'un esclavage sans pitié.
Les adultes et les enfants étaient contraints de tout laisser pour « extraire » le précieux caoutchouc.
Le caoutchouc est de « la sève coagulée. Il provient d'un mot indien d'Amérique du Sud qui signifie « le bois qui pleure »...... »
La photographie qui illustre la couverture de ce livre montre des êtres humains mutilés …..
C'est par milliers que des mains ont été coupées....
Pour prouver que les cartouches distribuées servaient à tuer les personnes refusant d'aller à la récolte du caoutchouc, les soldats devaient ramener une preuve.
« La preuve habituelle était la main droite d'un cadavre. Ou dans certains cas, pas d'un cadavre » « Parfois, confia un officier à un missionnaire, les soldats tirent une cartouche sur un animal à la chasse ; ils coupent ainsi la main d'un homme vivant. »
Pendant que Léopold poursuit sa politique d'atrocités, il se fait passer dans l'Europe et jusqu'en Amérique comme un philanthrope luttant contre l'esclavage !? De fait il dénonce l'esclavage arabe pour y substituer le sien !
Un mouvement très minoritaire, sans moyens financiers va commencer à s'élever contre cette politique inhumaine, ce sont surtout Edmund Dene Morel et Roger Casement, membre du service consulaire britannique....
Ils vont recueillir des témoignages, les rassembler,les éditer, animer des conférences.
C'est l'émergence du premier mouvement de défense des droits de l'homme.
Ils finiront pas réussir à convaincre du bien fondé de leurs dires, de nombreux intellectuels mais, comme le précise l'auteur de ce monumental ouvrage, c'est l'oubli aujourd'hui, représenté par le musée royal de l'Afrique centrale qui possède à Bruxelles d'importantes collections venant d'Afrique.
Rien n'informe ni ne rappelle les massacres massifs qui ont eu lieu sous ce souverain qui est ici, dans ce musée, célébré.
Jean-François Chalot