jeudi 14 février 2019 - par CHALOT

Les fantômes du roi Léopold

« Les Fantômes du roi Léopold »

La terreur coloniale dans l'Etat du Congo, 1884-1908

par Adam Hochschild

avril 2017

530 pages et 70 de notes

 

Une monstruosité dénoncée avec force

 

L'auteur rompt le silence qui existe encore de nos jours sur l'horreur de la politique coloniale du roi des belges.

Le lecteur apprend que le roi a acquis par rapines et grâce à des interventions colonialistes par ruse et par force cet immense territoire.

Le Congo, en dehors du Congo « français » de Brazza, sera sa propriété personnelle ;

Le Congo n'« appartiendra » à la couronne qu'en 1908 à la veille de la mort de Léopold II qui vendra ce pays à l'état belge .

Plus de 10 millions de congolais de tous les âges auront péri sous le joug du colonialisme porté et dirigé par un monarque qui jamais ne mettra les pieds dans ce vaste pays.

La création du pneu en caoutchouc va permettre au roi d'acquérir une fortune importante en exploitant les forêts.

Ce sera pour les uns une source d'enrichissement et pour les africains le développement d'un esclavage sans pitié.

Les adultes et les enfants étaient contraints de tout laisser pour « extraire » le précieux caoutchouc.

Le caoutchouc est de « la sève coagulée. Il provient d'un mot indien d'Amérique du Sud qui signifie « le bois qui pleure  »...... »

La photographie qui illustre la couverture de ce livre montre des êtres humains mutilés …..

C'est par milliers que des mains ont été coupées....

 

Pour prouver que les cartouches distribuées servaient à tuer les personnes refusant d'aller à la récolte du caoutchouc, les soldats devaient ramener une preuve.

«  La preuve habituelle était la main droite d'un cadavre. Ou dans certains cas, pas d'un cadavre » « Parfois, confia un officier à un missionnaire, les soldats tirent une cartouche sur un animal à la chasse ; ils coupent ainsi la main d'un homme vivant. »

 

Pendant que Léopold poursuit sa politique d'atrocités, il se fait passer dans l'Europe et jusqu'en Amérique comme un philanthrope luttant contre l'esclavage !? De fait il dénonce l'esclavage arabe pour y substituer le sien !

 

Un mouvement très minoritaire, sans moyens financiers va commencer à s'élever contre cette politique inhumaine, ce sont surtout Edmund Dene Morel et Roger Casement, membre du service consulaire britannique....

Ils vont recueillir des témoignages, les rassembler,les éditer, animer des conférences.

C'est l'émergence du premier mouvement de défense des droits de l'homme.

 

Ils finiront pas réussir à convaincre du bien fondé de leurs dires, de nombreux intellectuels mais, comme le précise l'auteur de ce monumental ouvrage, c'est l'oubli aujourd'hui, représenté par le musée royal de l'Afrique centrale qui possède à Bruxelles d'importantes collections venant d'Afrique.

Rien n'informe ni ne rappelle les massacres massifs qui ont eu lieu sous ce souverain qui est ici, dans ce musée, célébré.

 

Jean-François Chalot



6 réactions


  • gaijin gaijin 14 février 2019 13:39

    et oui ....mais bon on leur a apporté la civilisation ..et la coutume des manches courtes ....


  • Decouz 14 février 2019 18:04

    Il y a aussi l’excellent et inclassable « Congo » de David Van Reybrouck.

    "On pourrait comparer la création de l’Etat du Congo à l’histoire d’un particulier ou d’une société qui, en Europe, aurait fondé un certain nombre d’établissements sur le Rhin, de Rotterdam jusqu’à Bâle, ce qui lui aurait valu de se voir attribuer la souveraineté sur toute l’Europe occidentale« 

     »Les écoles missionnaires devinrent des petites usines à préjugés tribaux. Les enfants qui n’avaient pas le droit de quitter leur village s’entendaient soudain dire que de l’autre côté de leur vaste territoire vivaient des Bakango et ce qu’ils devaient en penser. Les Pygmées furent dépeints dans de nombreux manuels comme de curieuses aberrtions"

    https://www.babelio.com/livres/Van-Reybrouck-Congo-une-histoire/412016

    Qu’est-ce que “Congo” apporte de neuf ?
    Il n’existait pas d’histoire exhaustive sauf dans des milieux académiques, dont je me dis parfois qu’ils font exprès d’être illisibles. En Flandre, les gens connaissaient surtout les épisodes sanglants (Léopold II et les mains coupées, l’assassinat de Patrice Lumumba ; voir chronologie), mais il ne faut pas analyser un volcan uniquement quand il est en éruption. Et j’utilise les outils du roman et du journalisme pour raconter cette histoire. Cela dit, les jeunes Congolais connaissent leur histoire depuis l’indépendance bien mieux que les jeunes Belges la leur. Ils en ont une connaissance qui ressemble à celle que nos jeunes ont de l’histoire de la pop et des rivalités entre les Stones et les Beatles.

    https://www.courrierinternational.com/article/2011/01/13/l-incroyable-triomphe-de-congo





  • phan 14 février 2019 19:44
    Le 15 novembre 1884 commença la conférence de Berlin dont le Portugal avait eu l’idée. Il s’agissait d’établir les règles selon lesquelles l’Europe allait pouvoir se partager l’Afrique.
    Sous la houlette de Bismarck, se rassemblèrent des négociateurs pour le compte de l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie, la Belgique, le Danemark, l’Empire ottoman, l’Espagne, la France, représentée par Jules Ferry et l’ambassadeur à Berlin Alphonse Chodron de Courcel (arrière grand-père de l’épouse de Jacques Chirac) , la Grande-Bretagne, l’Italie, les Pays-Bas, le Portugal, la Russie, la Suède-Norvège et les États-Unis.

    Les Européens ne se sont pas contentés de déplacer les Amérindiens, ils les ont réduits en esclavage, et ont incité des tribus à participer à ce commerce d’êtres humains. Un phénomène d’une ampleur et d’une complexité que les historiens commencent tout juste à appréhender.

    Tandis que la Colonisation en Inde et en Asie c’est une autre histoire !


  • pasglop 14 février 2019 22:48

    @Chalot

    Je vous encourage vivement à lire, entre autres, « Le rêve du Celte » de Mario Vargas Llosa...


    • velosolex velosolex 14 février 2019 23:57

      @pasglop
      C’est sûr que l’évocation de lord Casement est au moins le minimum à dire quand on fait un article sur la colonisation du Congo. Si l’on peut dire que ce texte est un article. Les bonnes intentions ça ne suffit pas, faut tout de même un minimum de références et d’historique, même quand on fait la promo d’un livre. Le Congo a été largement traité comme système colonial caricatural. Il est a noté comme vous le dites que le livre de Llosa est très bien sur l’action de Lord casement, qui est sans doute un des premiers humanitaires, fusille par la suite par les anglais pour une autre histoire, celle de la cause irlandaise. Le pauvre s’était quelque peut égaré. https://bit.ly/2IdDcfB
      Vargas Llosa m’a beaucoup marqué dans un autre livre, une fresque historique qui s’appelle « la guerre de la fin du monde », et qui raconte l’histoire de paysans composant une armée de va nu pieds et annexant un large territoire du brésil, et se faisant finalement massacré après avoir tout de même longtemps résisté à l’armée. https://bit.ly/2Sxscyq


  • CHALOT CHALOT 15 février 2019 11:42

    Merci bien

    Je me suis limité en surface mais c’est vrai que Mr Casement a été un acteur essentiel et courageux,


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