Les forts du Briançonnais
Briançon, altitude 1326 m, ville historique édifiée au Moyen Age.
C’est à partir du XVe siècle
que s’intensifièrent le passage des marchandises et les gens de guerre qui
finirent par détruire la ville en 1624 et 1692. Vauban imagine donc les
fortifications de la ville et en fait une place forte.
La « citadelle »
sera une des premières fortifications de la région. D’autres viendront s’ajouter par la suite à la défense
du Briançonnais. Celui des trois têtes
communément appelé le fort des têtes et plus haut le fort de Randouillet, tous
les deux observables depuis la ville.
Le fort des têtes est
le plus important dispositif fortifié du Briançonnais et est relié à la
ville par le pont d’Asfeld (surnommé
le pont du diable) enjambant les gorges de la Durance. La construction du
fort débuta en 1721 sous la direction de
Tardif et Nègre. L’aplanissement du
terrain fut nécessaire, il reste cependant un témoignage rocheux sur la
place centrale de ce fort.
Cette succession de fortifications dans la région fut entreprise
suite à la perte du Dauphiné transalpin lors du traité d’Utrecht en 1713. Les
fortifications sont construites au sommet et sur les flancs des montagnes
environnantes. Toutes ces constructions sont établies selon les principes de
Vauban décédé en 1707. En 1815, le Briançonnais soutient pendant trois mois un
blocus des armées austro-sardes. Avec une puissance de feu de 72 embrasures
combinées avec les forts voisins, le Briançonnais devient infranchissable.
Comme la plupart des autres forts, le fort des têtes ne fut
jamais totalement achevé dans son aspect définitif, la constante évolution des
techniques de guerre et d’artillerie, le manque de crédits, les amputèrent
tous de bâtiments. Ainsi au XIXe siècle, l’absence de ces bâtiments oblige
la réaffectation de la chapelle du fort, celle-ci fut divisée en différentes pièces et étages et ne
fut donc plus le lieu de culte qu’elle était destinée à être.
La première des visites est bien entendu à Briançon même.
Visite de la ville fortifiée dite haute et de la ville dite basse de Sainte-Catherine. Ville d’art et d’histoire, Briançon compte de nombreux monuments,
parmi ceux-ci on peut notamment citer la Collégiale et ses tours jumelles
(XVIIIe), l’Eglise des Cordeliers et ses fresques (XIV/XVe), la Fontaine François
1er (XVIe)...
Deux petites canalisations à ciel ouvert traversent la ville
de haut en bas, la "Grande Gargouille" et la "Petite
Gargouille", ces ouvrages avaient
été conçus au Moyen Age afin de permettre la lutte contre les incendies.
Ainsi le surnom donné à la ville haute de "Gargouille" dénomma
naturellement ses habitants "Les
Gargouillards".
Maintenant prenez la route du col de L’Izoard pour vous
rendre au fort des têtes. Il est accessible avec un véhicule mais sans
difficulté vous pourrez vous y rendre à pied par le village de Fontchristiane (c’est
mieux).
Abandonnez votre véhicule car vous êtes arrivé aux premiers fossés de la
fortification, pour l’assaillant audacieux que vous êtes, préparez-vous à la
visite. Une fois les deux fossés traversés, retirez l’épine que vous avez dans
le pied car la place centrale du fort est encore à quelques hauteurs. Prenez
les chemins détournés afin d’apprécier les différents plissements et gradins de
l’ensemble. Vous rencontrerez des cavités creusées à même la roche pour vous
conduire d’un niveau à un autre au cas d’un éventuel repli. Admirez toute la
panoplie des défenses de l’époque : demi-lune, feux de revers, chemin couvert,
etc.
Lorsque vous serez en
haut, un dernier fossé aux meurtrières fatales vous séparera du bastion
central ! Traverserez-vous ??.....
Allez ! Prenez donc le pont-levis, il vous conduira à la
place centrale. L’ensemble de ce fort a été classé monument historique en 1989,
actuellement une partie est en cours de rénovation. Par conséquent, certains endroits
sont interdits au public.
Les derniers corps d’armée ont quitté définitivement les
lieux en 1947, ce qui a eu pour conséquence une dégradation progressive des
bâtiments et bastions. L’ensemble des forts ont subi ce départ qui de toute
évidence ne pouvait être que le résultat
des méthodes de guerre moderne.
Plus haut, le fort du Randouillet est là pour appuyer le
fort des têtes, contrôler la vallée de Cervières et la montagne de l’Infernet.
Ne pensez plus à votre véhicule, vous êtes bien échauffé ! En
route pour la crapahute. Plusieurs accès sont possibles, du plus simple au plus
périlleux. Suivant l’accès que vous aurez choisi, vous pourrez vous heurter à
un pont-levis relevé vous interdisant le passage. Appréciez la qualité de conservation du pont en bois de mélèze (arbre de la
région).
Si vous réussissez à vous infiltrer, regardez autour de
vous !... regardez encore et plongez-vous dans ce milieu déserté depuis tant
d’années. L’ouvrage réalisé, la peine des hommes dont certains y ont laissé
leurs vies. La plupart de ces richesses architecturales sont à l’abandon,
apportez à ces édifices votre témoignage et le respect de ce patrimoine en état
de délabrement.
D’autres encore ! Croix de Bretagne, les Dauphins, le Granon, les Gondrans, le Janus, les Salettes, la Redoute de l’Anjou, tous sont une merveille d’architecture de l’extrême.
Le fort des Salettes a été restauré par le club du vieux
manoir, visite guidée durant l’été. La
Redoute de l’Anjou n’est plus accessible, celui-ci a été vendu et appartient
désormais à un propriétaire privé qui a réaménagé le bâtiment mais aussi
modifié l’aspect sur certains points.
Avant que votre patrimoine ne vous soit confisqué, passez
donc les voir ! Mais pas avant d’avoir lu ce qui suit !
Les forts du Briançonnais sont pour la plupart la propriété
de l’armée. Certains de ces forts présentent des dangers et votre présence en
ces lieux sont à vos risques et périls.
Les photos
ici.
Voici un lien (il y en a d’autres) qui vous fera connaître la région. (Ici)
[Les fortifications militaires de Briançon font actuellement l’objet d’une étude de la part de l’UNESCO pour leur inscription au patrimoine mondial, réponse en juin 2008.]