jeudi 3 mai 2012 - par Fergus

Les grands concertos pour hautbois

Caractérisé par son anche double, le hautbois est, avec la flûte, l’un des plus anciens instruments connus, les archéologues en ayant démontré l’existence en Égypte il y a près de... 4 000 ans. Beaucoup plus près de nous, c’est sous les formes archaïques de la « chalémie » et du « cromorne » que le hautbois s’est imposé dans la musique du Moyen Âge puis de la Renaissance avant que des formes plus évoluées ne deviennent incontournables dans les œuvres baroques, notamment dans le répertoire de Jean-Sébastien Bach. Malgré un son quelque peu « nasillard » qui lui a parfois été reproché, le hautbois, instrument chaleureux s’il en est, a pourtant été le premier « bois » à être utilisé en concerto de soliste...

 Composé vers 1717, le concerto pour hautbois en ré mineur d’Alessandro Marcello est inscrit au répertoire de la plupart des hautboïstes. Il n’a pourtant pas été écrit par un professionnel de la musique mais par un dilettante noble passionné de philosophie et de mathématiques. Le résultat, clairement apparenté au style de Vivaldi, n’en est pas moins superbe et fait de cette œuvre l’une des plus prisées de la musique baroque.

 Incontournables également, les concertos « a cinque » de l’Opus 9 publié par Tomaso Albinoni en 1725. Sur les 12 concertos, 4 sont destinés au violon solo, 4 au hautbois solo et 4 à deux hautbois solistes. Parmi eux, le superbe, et à juste titre célèbre, concerto pour hautbois en ré mineur (Op. 9 n°2) : ouvert par un très mélodique allegro, suivi par un magnifique adagio, cette œuvre se conclut par un final allegro riche en écriture contrapunctique. Un peu moins célèbre, mais non moins réussi, le concerto pour deux hautbois en sol majeur (Op. 9 n°6) : après un énergique allegro, il nous offre un très bel adagio avant d’être conclu par un allegro au caractère dansant très marqué.

  Antonio Vivaldi  a composé près de 500 concertos dont 350 environ pour un instrument soliste. Parmi eux, 26 dédiés au hautbois, la plupart destinés à être joués par les demoiselles de l’Ospedale della Pietà où il enseignait aux orphelines. Formidable mélodiste et compositeur inspiré, Vivaldi le prouve sans discussion possible avec son superbe concerto pour hautbois en ré mineur RV454 ; on y retrouve toute la verve créative du « Prêtre roux » mise ici au service de deux mouvements brillants encadrant un ravissant largo parfaitement représentatif du style du génial Vénitien.

 Un joyau du répertoire

 Contrairement à ce que croient de nombreux mélomanes, Domenico Cimarosa n’a jamais composé son fameux concerto pour hautbois. La musique est pourtant bien de lui, mais elle était destinée à des pièces pour clavecin. Ce sont ces pièces, réunies et orchestrées en 1942 par le compositeur australien Arthur Benjamin, qui constituent cette œuvre vite devenue l’une des favorites des solistes. « Un joyau du répertoire », selon le hautboïste hongrois Lajos Lencsés ; on ne peut que lui donner raison.

 Il existait encore peu de concertos de grande qualité au répertoire lorsque s’est imposé à la cour de l’Électeur palatin l’immense talent du hautboïste virtuose Ludwig Lebrun. Qu’à cela ne tienne, le compositeur s’est attelé à l’écriture et a composé pour son usage personnel 14 concertos dans la tradition de la célèbre École de Mannheim. 6 d’entre eux seulement ont survécu. « Quelle virtuosité ! Quel foisonnement d’idées ! » s’est exclamé à leur sujet l’excellent hautboïste néerlandais Bart Schneemann. Un enthousiasme que l’on partage sans restriction à l’écoute du très inspiré concerto n° 1 en ré mineur (allegro, grazioso, allegro) composé en 1775.

 Lorsque le riche hollandais et flûtiste amateur De Jong (nom souvent francisé en Dejean) lui a passé commande, en 1778, de trois concertos d’un accès relativement aisé pour son instrument, Wolfgang Amadeus Mozart s’est montré contrarié de devoir brider son inspiration pour une contrainte de difficulté, mais il avait besoin de gagner sa vie. Ainsi sont nés le magnifique concerto pour flûte en sol majeur KV 313 – injouable par le malheureux De Jong – et le non moins superbe – et tout aussi difficile – concerto pour flûte en ré majeur KV 314. Pourquoi évoquer ici la flûte ? Tout simplement parce que Mozart ne s’est pas embarrassé de scrupules : le KV 314 n’est autre qu’une transcription du concerto pour hautbois en ut majeur écrit l’année précédente pour le hautboïste Giuseppe Ferlendis et redécouvert en 1920 au Mozarteum de Salzbourg. Flûte ou hautbois, c’est toujours avec un immense plaisir que l’on écoute cette œuvre tour à tour lyrique, charmeuse et délicieusement enjouée.

 Ami de Mozart, le compositeur et hautboïste bohémien Joseph Fiala a légué à la postérité l’un des plus séduisants concertos écrits pour son instrument durant la période classique : le concerto pour hautbois en si bémol majeur. Incontestablement d’inspiration mozartienne, cette œuvre illustre parfaitement le style de l’époque avec son allegro enjoué, son adagio rêveur et, pour finir, un rondo conforme aux canons du temps.

 Le concerto perdu

 Impossible de passer sous silence Ludwig van Beethoven. Le répertoire de cet immense compositeur ne compte pourtant pas de concerto pour hautbois. Eu égard au génie de ses œuvres concertantes, on regrette d’autant plus ce manque que l’on sait que le compositeur en a écrit un, malheureusement perdu. Ou peut-être simplement égaré dans une bibliothèque ou un grenier d’Allemagne ou de Bohême. Espérons que ce concerto réapparaîtra un jour...

 Dernier des compositeurs et ultime Kapellmeister de la Cour impériale d’Autriche, le Morave Franz Krommer a principalement écrit de la musique instrumentale dans un style raffiné très prisé par ses contemporains. Composé en 1805, quelques années après une 1ère œuvre très plaisante dans la même tonalité, son concerto pour hautbois en fa majeur Op. 52 est incontestablement une réussite. Empreint d’un caractère déjà marqué par l’émergence du romantisme, il laisse moins la place aux éléments virtuoses que les œuvres antérieures du compositeur pour donner au hautbois un rôle plus intégré dans la construction symphonique (pas de lien, malheureusement).

 Malgré sa brièveté, le célèbre concertino pour hautbois en fa majeur du compositeur d’opéra Gaetano Donizetti, initialement écrit sous la forme d’une sonate pour hautbois et piano, est incontournable dans le répertoire. Cette œuvre superbe, très expressive dans son andante initial et particulièrement pétillante dans son allegro final en forme de rondo montre de manière éclatante que Donizetti n’a pas été seulement un homme de théâtre, même si l’écriture de ce concertino se réfère fortement à celle de ses opéras-bouffe.

 Comme la flûte, délaissée dans l’écriture concertante durant presque toute la période romantique, le hautbois a connu une longue éclipse avant de revenir en force dans le répertoire contemporain. Peu connu du public, et de ce fait peu joué, le konzertstück pour hautbois et orchestre de Julius Rietz est à cet égard une exception d’autant plus intéressante qu’il déroge à la forme classique du concerto en débutant par une longue rêverie lyrique avant de laisser libre cours à la virtuosité.

 Des accents jazzy

 Plus près de nous, le concerto pour hautbois en la mineur de Ralph Vaughan Williams a été créé en 1944. Comme souvent chez le compositeur britannique, l’écriture résolument moderne de l’œuvre s’inspire également de la musique baroque. On retrouve cette inspiration duale dans le rondo pastorale initial, et plus encore dans le deuxième mouvement, menuet et musette, qui fait directement référence aux danses baroques ; le concerto est conclu par un scherzo tantôt guilleret, tantôt rêveur, empreint d’une joie de vivre contrastant, sans doute à dessein, avec l’atmosphère pesante de l’époque.

 Le concerto pour hautbois en ré majeur de Richard Strauss a été interprété pour la première fois à la Tonhalle de Zürich en février 1946. Á l’exception de rares épisodes animés, le premier mouvement (allegro moderato) prend la forme d’une longue rêverie qui se poursuit dans l’andante sous la forme d’une paisible cantilène ; malgré son indication de tempo vivace, le final reste sage ; comme l’ensemble de l’œuvre, il est marqué par une inspiration résolument romantique et se démarque clairement de l’écriture contemporaine.

 Composé en 1955, le concerto pour hautbois et petit orchestre du Tchèque Bohuslav Martinů est construit de manière classique sur une structure vif-lent-vif. Cette œuvre montre une influence nord-américaine aux accents parfois quelque peu jazzy dans le premier mouvement moderato. Après un épisode poco andante au caractère élégiaque, Martinů donne libre cours au talent du soliste dans un final poco allegro où l’on perçoit des clins d’œil à ses origines sous la forme de rythmes bohémiens.

 Comme tous les florilèges, celui-ci peut prêter à la critique. Pas de problème : c’est avec un très grand plaisir que seront accueillis les commentaires des amateurs de musique classique ou ceux des hautboïstes en visite sur le site. En attendant, bonne écoute...

 

Autres compositeurs ayant écrit des concertos pour hautbois remarquables (par ordre alphabétique) : Ditters von Dittersdorf, Haendel, Hertel, Kalliwoda, Lotti, Molter, Sammartini, Telemann

 

Précédents articles sur la musique classique :

Les grands concertos pour flûte

Musique classique : promenade au pays de la danse

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36 réactions


  • jef88 jef88 3 mai 2012 10:56

    le scoop du 2ème tour !
    Fergus peut sortir de la politique !!!

    Sincérement BRAVO !!!!


    • Fergus Fergus 3 mai 2012 11:46

      Bonjour, Jef88.

      Rassurez-vous, j’en sors souvent, et avec un grand plaisir. Qui plus est, il m’a semblé utile, en ce jour très largement consacré au débat d’hier soir entre Hollande et Sarkozy, de déversifier l’offre éditoriale du jour avec cet article plus léger sur la musique.


  • raymond 3 mai 2012 11:22

    Merci Fergus, un peu de culture musicale cela fait du bien même si je n’ai pas pu m’empécher de faire le parallèle avec le concert d’hier soir smiley


    • Fergus Fergus 3 mai 2012 11:48

      Bonjour, Raymond.

      Merci à vous. Pour ce qui est du concert d’hier, force est de reconnaître qu’il était plus limité car souvent réduit à l’usage du violon et du pipeau.


    • raymond 3 mai 2012 12:00

      Effectivement Mr Fergus, nous étions bien loin de Mozart, je viens de ressortir un vieux Vynil ( mais de clarinette) de morceaux de Mozart et Weber par Karl Leister à la clarinette et Rafael Kubelik en chef d’orchestre, c’est une pure merveille (edition Deutsche Grammophon)


    • Fergus Fergus 3 mai 2012 12:44

      @ Raymond.

      Je connais ce disque. On y entend effectivement le concerto pour clarinette de Mozart et l’un des deux concertos de Weber. Superbe !

      Bonne journée.


  • brieli67 3 mai 2012 11:28

    une anche douche......... allons allons Fergus ! 


    DOUBLE et c’est là le gros problème d’accès aux jeunes instrumentistes

    voir la série : quatre ....

    un grand interprète actuel ALBRECHT 


    • Fergus Fergus 3 mai 2012 12:45

      @ Brieli.

      La faute est corrigée, grâce à l’équipe d’AgoraVox. Merci de l’avoir pointée.


  • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 3 mai 2012 11:50

    Merci Fergus,je pense que le sonorité du hautbois irait bien sur un thème comme « nuages » de Django .


    • Fergus Fergus 3 mai 2012 12:51

      Bonjour, Aita Pea Pea.

      « Nuages » au hautbois, cela donnerait sans aucun doute un excellent résultat. De même que « Petite fleur » de Bechet. De manière générale, le hautbois se prête à merveille aux morceaux à caractère poétique ou mélancolique, à l’image des doinas roumaines, souvent interprétées soit au hautbois, soit à la taragote (clarinette).


    • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 3 mai 2012 12:56

      Oui ,Bechet au hautbois,en voilà une idée !


  • brieli67 3 mai 2012 11:50

    Albrecht Mayer sur divers « Hautbois »



    pour se familiariser des tons et sons de cette famille.

    le oboe d’Amore 

    le cor anglais


    un oboman français 

  • Fergus Fergus 3 mai 2012 11:53

    Bonjour.

    Anche double, évidemment ; quelle faute impardonnable de ma part ! Je vais demander aux administrateurs de bien vouloir corriger cette vilaine coquille.

    Merci pour ces liens. Albrecht Mayer est incontestablement l’un des tous meilleurs hautboïstes contemporains, et le grand spécialiste de Lebrun.


  • Jánošík Jánošík 3 mai 2012 11:57

    Le 6 mai ...

    1, 2, 3, nous irons aux bois
    4, 5, 6, cueillir des cerises
    7, 8, 9 dans un panier neuf
    10, 11, 12 elles seront toutes rouges

    Ca change du concerto pour pipeaux (Vu à la télé hier soir smiley )


    • Fergus Fergus 3 mai 2012 12:54

      Bonjour, Janosik.

      Un avis partagé par beaucoup. Je note toutefois que ce concert, parfois un peu cacaphonique, n’a pas été inutile car il a montré un chef d’orchestre en difficulté face à un postulant qui ne rêve que d’une chose : lui piquer la baguette dimanche prochain.


    • Jánošík Jánošík 3 mai 2012 14:22

      Une autre, une autre ...   A la demande générale, je bisse !


      Il est né le divin enfant,

      Jouez, hautbois, résonnez musettes, 

       Il est né le divin enfant

      Chantons tous son avènement.


  • brieli67 3 mai 2012 13:07

    Bien sûr Ga-brieli......

    http://www.youtube.com/watch?v=Qep59A_RwKQ&feature=related

    Par contre cher échançon-connoisseur 

    chez Schloummmm y a pas que le Riesling 

    y a un très prolique Quéclin  avec beaucoup de« bois »

    les Heures persannes 3 vidéos

    http://www.youtube.com/watch?v=55FQqIWZRgM&feature=relmfu

    http://www.youtube.com/watch?v=4drhUVNUbuY&feature=related

    pas que des « bluettes »

    http://www.youtube.com/watch?v=GTfoKkwaTcc

    OSEZ APPRECIEZ peut-être

    http://www.youtube.com/watch?v=ctPTaigcRTE&feature=related

    seven stars symphony  à vous de chercher les autres

    ici Greta Garbo : http://www.youtube.com/watch?v=soyHjQXcKwQ


    • Fergus Fergus 3 mai 2012 14:10

      @ Brieli.

      Merci pour ces nouveaux liens. De quoi régaler le palais avec les crus Schlumberger, et les oreilles avec la musique de Koechlin. J’ignorais totalement que son nom se prononçait Quéclin, merci pour l’info.


  • Jason Jason 3 mai 2012 13:40

    Bonjour Fergus,

    Vive le hautbois dont un poète a dit qu’il sanglottait parfois. Cela nous changera du pipeau électoral et des cymbales présidentielles.

    Dans l’esprit monarchique qui prévaut dans notre république, je pense que le nouveau président devrait faire son entrée triomphale à l’Elysée au son de l’ouverture du carnaval romain de Berlioz.

    Merci


    • Fergus Fergus 3 mai 2012 14:00

      Bonjour, Jason.

      Très jolie, l’image du hautbois sanglotant. L’« ouverture du carnaval romain », pourquoi pas ?

      Mais compte tenu des énormes difficultés à venir pour l’élu, et notamment du bras de fer à venir avec Merkel, je verrais plutôt... « L’entrée des gladiateurs ».


  • alberto alberto 3 mai 2012 14:08

    Salut Fergus,

    Le hautbois à double anche c’est bel et bon,
    Mais ça ne vaut pas l’orgue Hammond !

    http://pianoweb.free.fr/orgue-hammond-fonctionnement.html

    Tra-la-laire...

    Je te taquine ? 

    Non je perds un peu les pédales (comme Sylvain) en pensant à dimanche prochain !!!

    Bien à toi.


    • Fergus Fergus 3 mai 2012 14:16

      Salut, Alberto.

      En fait, tous les instruments ont des qualités propres. Et si leurs timbres sont très différents, on en revient toujours au même point : le meilleur instrument du monde ne pourra rien changer si la musique est médiocre.

      Pour ce qui est de dimanche prochain, j’ai entendu certains, autour de moi, dire qu’« ils avaient les miquettes ». Par chance, cela s’est estompé depuis le débat d’hier. Croisons quand même les doigts...

      Bonne journée.


    • Fergus Fergus 3 mai 2012 16:21

      Bonjour, Ursulin.

      Tu as raison, il y a peu d’instruments qui ont échappé à la curiosité créatrice des compositeurs. J’ai d’ailleurs écrit un article sur le sujet en octobre 2010, « Du tuba au bouzouki : des concertos... décontertants » (voir lien ci-dessus à la suite de l’article). Outre les instruments évoqués dans le titre, il y est question de marimba, de gaïta (cornemuse galicienne), de bandonéon ou de... guimbarde !

      Pourquoi ces oeuvres ont-elles composées ? Pour qui ? devrait-on plutôt dire car la plupart ont été écrites soit par les interprètes eux-mêmes comme cela a toujours existé, soit par des compositeurs répondant à une commande ou voulant rendre hommage au talent d’un ami ou au génie créatif d’un inventeur (ondes Martenot par exemple). Cela dit, nul doute que le défi ou la recherche d’originalité ont joué un rôle dans bien des cas.

       

       


    • Fergus Fergus 3 mai 2012 17:38

      @ Ursulin.

      C’est un fait que la musique classique s’est très longtemps et très largement inspirée des thèmes populaires (notamment de danses). Cela continue d’ailleurs de nos jours, même s’il est nettement plus difficile dans une partition moderne de déceler ce type d’influence.

      Quant aux instruments, à de rares exceptions près, ils ont presque tous des origines populaires, mais beaucoup ont donné lieu à des évolutions qui font des instruments de l’orchestre de très lointains cousins de leurs parents d’origine (exemple : les bois et les cuivres, considérablement enrichis au niveau des possibilités du jeu par la création de clés).

      A propos des hautbois populaires en France, il en existe différentes formes comme la « graile » pyrénenne, mais surtout la plus connue de toutes : la « bombarde » bretonne, très utilisée dans les festou-noz (fêtes de nuit).

      Bonne fin d’après-midi.


  • brieli67 3 mai 2012 15:32

    en cet aut’ hautbois  : le cor anglais 

    on ne jure que par le cygne de Sibelius 

    http://www.youtube.com/watch?v=XqxHBV6eQ_U&feature=related


    • Fergus Fergus 3 mai 2012 16:28

      @ Brieli.

      Très beau lien. « Tuonela » ou le royaume des morts. On y observe les évolutions d’un cygne noir, superbement mises en musique dans ce poème symphonique de Sibelius.


  • Abou Antoun Abou Antoun 3 mai 2012 15:50

    Bonjour Fergus
    Le hautbois est donc doublement un instrument à anche.
    Les anches sont réalisées à partir de Arundo Donax roseau communément appelé ’canne de Provence’ et avec lesquels on réalises les fameuses ’cannisses’.
    La fabrication des anches est un vrai métier d’art dont on est loin de soupçonner la technicité.
    Les plantations les plus réputées se trouvent dans la région de Hyères, département du Var.
    Cocorico !
    C’était ma très modeste contribution à un sujet fort intéressant.


    • Fergus Fergus 3 mai 2012 16:34

      Bonjour, Abou Antoun.

      Superbes liens, notamment celui, très détailé, sur la fabrication des anches. De quoi répondre à la curiosité de chacun sur le sujet.

      Merci pour cette contribution.

       


  • Richard Schneider Richard Schneider 3 mai 2012 16:38

    Très bonne initiative, Monsieur Fergus ! Au milieu du bruit et de la fureur, dans ce monde de brutes, une suave petite musique de nuit ne peut que nous faire du bien.

    J’ai appris pas mal de choses très intéressantes en lisant votre article sur les concertos en hautbois, par exemple qu’on en a perdu un de Beethoven. Est-on absolument certain que cela est le cas ?
    Revenons à des choses moins agréables. Encore trois jours à tenir. Espérons que le piètre Sarkozy sera chassé de l’Élysée dimanche soir. Hollande a été assez bon dans son duel avec le Guide Suprême, ce dernier n’a pas réussi à l’exploser ... Au contraire.
    Bonne fin d’après-midi,
    RS

    • Fergus Fergus 3 mai 2012 17:24

      Bonjour, Richard.

      Pour le concerto de Beethoven, cela semble un fait. On a d’ailleurs retrouvé des fragments de partition de ce concerto pour hautbois en forme d’esquisse, ce qui a fait naître quelques doutes, mais les musicologues ont désormais l’air d’être convaincus de l’existence de ce concerto.

      Je partage votre avis sur le débat d’hier : Hollande n’a non seulement pas été battu par Sarkzoy mais a réussi à prendre l’ascendant sur lui durant pesque tout la soirée. De bon augure pour le résultat de dimanche.

      Cordialement.


  • JP94 3 mai 2012 19:28

    Bien sûr qu’on peut être passionné de hautbois et de politique et même d’autre chose : la politique est notre vie commune , aussi .

    A propos du hautbois , il a certes une origine très ancienne : on a même parlé des hautbois de Jéricho ( métalliques) car il semblerait que les instruments en question étaient en fait à anche double , pas des trompes ... et puis le terme de bombarde indique bien la puissance sonore du hautbois ... c’est la continuation de la guerre par d’autres moyens ... ( ça ira ça ira vive le son du hautbois ...)

    Mais aussi , le hautbois a un lien avec la politique , en France .

    Le hautbois contemporain a une histoire française , parisienne , même , d’abord parce que c’est la famille Philidor ( comme le joueur d’échecs de Diderot dans le neveu de Rameau) qui a rapporté du Poitou un hautbois ’ local pour le développer ; ensuite parce que c’est suite à une décision révolutionnaire de faire travailler le Conservatoire national , des instrumentistes , des artisans et des physiciens conjointement que cet instrument très élaboré a été développé .

    Le hautbois actuel , qui se développe encore , n’a été finalisé que vers 1906 ( et déjà vers 1890 , on n’était pas loin du système de clétage actuel ) ... c’est donc récent , bien postérieur au classicisme , alors même que naissait la musique contemporaine ...

    L’image du hautbois est classique , mais c’est aussi un instrument qui se prête beaucoup à la musique la plus contemporaine : Heinz Holliger a composé des morceaux magnifiques et stupéfiants ...

    Ma foi , je conçois bien qu’on ait préféré écouter du hautbois hier plutôt que la sérénade à deux d’hier soir , tout en attachant justement le plus vif intérêt à faire de la politique ...et pourquoi ces candidats ne nous parlent-ils pas de culture , de hautbois au lieu de nous rabâcher les oreilles sur les immigrés ? est-ce que développer l’amour - et le financement pour tous de la musique et de la culture ne serait pas une arme contre l’idéologie xénophobe et sécuritaire , qui évacue les questions d"épanouissement humain ?

    Le hautbois est en ébène du Mozambique , il est fait dans des ateliers où des artisans passionnés donnent une autre image du vrai travail !! auquel le patronat lepénosarkoparizotophile veut cantonner les salariés dans la précarité ...

    Et si l’on continue la chaîne du hautbois , on arrive aussi à la Bastille ... enfin à l’Opéra ...qui doit être populaire !

    Prenons la Bastille et l’Opéra aussi et je pense que les musiciens , vrais travailleurs , ne demandent pas mieux que de partager la musique -y compris avec des collègues et des compositeurs étrangers !


    • Fergus Fergus 3 mai 2012 21:54

      Bonsoir, JP94.

      Un grand merci pour ce long et plein d’humour commentaire sur le hautbois, mais aussi sur ceux qui l’ont servi, à l’image de la remarquable dynastie Philidor dont François-René Danican Philidor, malgré ses indéniables qualités de compositeur, ne doit pas masquer les mérites en matière de facture d’instruments.

      Pour ce qui est des Français et étrangers, pas de problème en musique : les formations sont de plus en plus cosmopolites, et c’est très bien ainsi car il n’existe rien de plus universel que la musique.


  • Antoine 4 mai 2012 01:14

     Bonsoir Fergus,

     Beaucoup à dire mais j’ai peu de temps. Quelques mots quand même :

     D’abord, il faut signaler qu’il existe relativement peu de concertos pour hautbois pour une raison simple : ses sons graves sont peu gracieux et les aigus ont peu de charme car grêles et perçants, les traits diatoniques lui conviennent peu, les arpèges rapides non plus. Seul son médium donne des couleurs délicieuses et convient parfaitement dans le cantabile : Mozart, pour cette raison, ne l’utilise pas toujours très bien dans ses partitions à caractère martial. Par contre il est unique pour la candeur, la joie douce ou la douleur : une exemple sublime, son emploi dans la mouvement lent de la sixième de Bruckner.

     Autre chose :vous n’avez pas mentionné le cor anglais qui n’est rien d’autre qu’un hautbois, une quinte en dessous et qui, par exemple, fait merveille dans le Tristan. Vous auriez pu aussi ajouter le hautbois d’amour particulièrement habile pour le pathétique et dont Bach s’ est beaucoup servi dans ses messes, cantates... 


    • Fergus Fergus 4 mai 2012 07:41

      Bonjour, Antoine.

      Merci pour votre commentaire. Vous avez raison concernant les motifs qui ont limité le répertoire du hautbois.

      Je n’ai mentionné ni le cor angalis ni le hautbois d’amour car ces instruments appartiennent à la même famille et leur mention aurait nécessité des explications qui auraient alourdi l’article. Un certain nombre des concertos évoqués peuvent d’ailleurs parfaitement être interprétés sur l’un de des instruments, et notamment le cor anglais.


  • Surya Surya 4 mai 2012 12:26

    Bonjour Fergus,

    En ouvrant les liens, j’ai vu que la première vidéo, le concerto d’Alessandro Marcello, a été retirée par son auteur. C’est dommage que les auteurs de vidéos les retirent tout à coup des serveurs. Ou alors c’est moi qui ai des problèmes avec mon ordi mais je crois pas.

    Merci pour cet article qui m’en apprend plus encore sur la musique classique. smiley Je vois maintenant que Vivaldi est parmi mes compositeurs préférés smiley

    Très bonne journée à vous,

     

     


    • Fergus Fergus 6 mai 2012 09:17

      Bonjour, Surya.

      Désolé de n’avoir pas répondu plus tôt, je découvre votre commentaire aujourd’hui.

      Merci pour l’information concernant le concerto de Marcello. Voici un autre lien qui permettra de découvrir (ou de redécouvrir) cette œuvre superbe.

      D’accord avec vous, Vivaldi est un immense compositeur ; probablement le plus grand de l’époque baroque avec Bach et Haendel.

      Cordialement.


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