vendredi 21 octobre 2022 - par Theothea.com

« Les Humains » Isabelle Gelinas & Bernard Campan pendent la crémaillère à La Renaissance

Du haut en bas de l'escalier en colimaçon, de la mezzanine au salon, le souplex (duplex dont l’étage du bas est en sous-sol) nouvellement investi est en recherche de son propre rythme convivial à la suite de l'emménagement de Pauline (Mélanie Bernier) avec son compagnon Louis (François Nambot) au sein du nid urbain tant convoité dans lequel le jeune couple a invité la famille côté épouse à fêter Noël à Paris, en place du Thanksgiving dans la version New-Yorkaise originelle de Stephen Karam, l'auteur américain à succès couronné en l'occurrence par 4 Tony Awards 2016 sur les 6 pour lesquels sa création fut alors nommée. 

  

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LES HUMAINS
© Fabienne Rappeneau

  

Isabelle Gelinas la mère et Bernard Campan le père arrivent donc en compagnie de la grand-mère impotente et de leur fille aînée au domicile de la cadette tout émoustillée à l'idée d'inaugurer un nouveau style de retrouvailles familiales...

Chacun ayant toujours quelques travers à reprocher à ses proches, le repas de réveillon s'annonce haletant de règlements de compte sinon bienveillants tout au moins emplis de compassion motivée... Mais d'emblée, avant même que Marion (Astrid Ortmans) l'aînée trouve à redire en étant guidée par sa compétition en amour vache qu'elle entretient viscéralement avec sa frangine, c'est la mémé (Michèle Simmonet), paralysée avec Alzheimer et néanmoins en verve lapidaire, qui va ponctuer la conversation débridée d'intempestifs " Dans la vie, on ne peut jamais revenir en arrière !... " déclinés sur tous les tons déclamatoires et qui, mine de rien, vont graver la thématique de ce happening circonstanciel.

 

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LES HUMAINS
© Fabienne Rappeneau

  

En effet, à dire vrai, comme tout un chacun dans nos sociétés contemporaines, les protagonistes de cette famille lambda ont des failles plus ou moins dissimulées sous des couches de savoir-faire ou simplement de savoir-vivre, et c'est donc la plupart du temps sous le masque de la composition adaptée aux opportunités que chacun se profile une identité formelle à géométrie variable pouvant éventuellement se craqueler au contact contagieux de confidences réciproques provoquées dans un contexte incitateur.

Et c'est donc ce qui va se dérouler sous nos yeux de spectateurs plus ou moins impliqués par les récits psychosociaux en souffrance dont il n'est pas aisé de décider si c'est le déni délibéré ou, au contraire, la prise de conscience avérée qui pourrait apporter la panacée salvatrice.

 

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LES HUMAINS
© Theothea.com

  

En fait, tous sont englués dans un quotidien insatisfaisant et frustrant pour lequel ils souhaiteraient que ces précieux moments de réunion familiale puissent agir en soupape collective.

Et, sans aucun doute, c'est le corollaire suggéré par l'admonestation de l'ancêtre prônant de fait "la marche en avant" qui s'avèrera être le seul remède à toute tentation d'évaluer la soit-disant insouciance du passé à l'échelle des contraintes annoncées pour le futur dans tous les domaines où l'effort de se résoudre à vivre sera finalement la seule clef qui vaille.

Mais comme l'environnement est essentiel à la capacité d'acquérir des parades efficaces, l'auteur plonge ses personnages dans des perplexités domestiques pour le moins contraignantes.

 

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LES HUMAINS
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En effet, monter et descendre constamment l'étroit escalier en tire-bouchon pour vaquer aux aisances sanitaires ou devoir supporter le vacarme récurrent de voisins indélicats sans même comprendre la nature de leurs bruits émis à intervalles crispants sont, parmi d'autres, autant de catalyseurs programmés pour suggérer le ras-le-bol généralisé jusqu'au terme provisoire de cette soirée de réjouissances concertées qui aura, par ailleurs n'en doutons pas, remis les pendules à l'heure affective.

Succédant dans ce même théâtre de La Renaissance à la Comédie Moliérisée 2019 "La Dégustation" dont il était l'auteur, avec déjà Bernard Campan dans son casting, cette nouvelle mise en scène d’Yvan Calberac se double ici d'une adaptation aux style de vie et moeurs spécifiquement français dans un décor fort similaire à celui ayant fait les belles soirées de Broadway mais avec translation du fameux escalier de Jardin à Cour. 

  

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LES HUMAINS
© Theothea.com

 

L'interprétation est drôle et savoureuse ; l'équipe des six comédiens forment une entité fort sympathique avec laquelle le spectateur pourrait aisément se sentir " comme à la maison ". 

    
photos 1 & 2 © Fabienne Rappeneau
photos 3 à 7 © Theothea.com

  

LES HUMAINS - ***. Theothea.com - de Stephen Karam - adaptation & mise en scène Ivan Calberac - avec Isabelle Gélinas, Bernard Campan, Mélanie Bernier, Astrid Ortmans, François Nambot et Michèle Simonnet - Théâtre de La Renaissance  
  

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