samedi 2 mai 2020 - par rosemar

Les jambins de l’Estaque...

Le "jambin" : voilà un mot que seuls les gens du sud peuvent connaître, un terme et un objet d'autrefois utilisé par les "pescadous" ou pêcheurs de l'Estaque.

Avec ce mot, on entre dans le domaine méditerranéen, on côtoie le petit monde des pêcheurs, on entend l'accent savoureux de Marseille.

On entend leurs mots : "le gobi, l'esquinade, l'arapède, le pataclet, les piades, le salabre"...

Le mot "jambin" évoque tout un art de tresser l'osier avec patience : mon grand-père fabriquait, lui-même, ses jambins, ces nasses en joncs, destinées à attirer les poissons et à les capturer : c'était encore l'époque du travail laborieux de tous les petits artisans pêcheurs...

 

On les voyait remailler leurs filets sur le port de l'Estaque, on les voyait confectionner ces pièges à poissons et langoustes que sont les jambins.

Les joncs étaient cueillis, puis séchés et pouvaient être, ensuite, tressés avec soin pour devenir de véritables objets d'art...

Les pêcheurs allaient ramasser, eux-mêmes, les joncs dans la calanque du Jonquier située entre le Rove et Niolon... Dominée par un viaduc à 5 arches, cette calanque offrait un cadre idéal pour la cueillette des joncs...

 

Je revois ces nasses habilement ouvragées par des mains expertes.

Je revois ces entrelacs de mailles, ces objets aux formes rondes, aux teintes de paille.

 

Les jambins étaient remisés dans une cave, et on les voyait luire dans l'ombre, formes apaisantes et douces...

Pour la pêche, ces nasses étaient remplis de pain ou de moules écrasées, les poissons, attirés par cette manne, entraient dans le piège par une ouverture en forme d'entonnoir.

 

Le mot évoque, pour moi, des paysages familiers, le petit port de l'Estaque, grouillant de bateaux, "des bettes et des pointus", comme on les appelle en Provence.

Le mot nous fait sentir des embruns marins, des algues, un air vivifiant.

Aussitôt, surgissent des images marines, la Méditerranée aux reflets flamboyants, des pins qui dévalent les pentes des calanques.

Des rochers abrupts qui s'accrochent sur des ravines... des pins qui se penchent sur la mer.

 

Et puis, bien sûr, une pêche merveilleuse : des langoustes prises au piège, des couleurs étonnantes de roux, des algues accrochées aux bords de la nasse, des poissons aux teintes variées : des fiélas, des murènes, des girelles, aux teintes lumineuses et étincelantes...

Le jambin, mot du sud, avec ses deux voyelles nasalisées, nous fait rêver à des flots ondoyants, à des envolées de vagues.

Le jambin évoque le monde des pêcheurs d'autrefois qui étaient de petits artisans laborieux, des gens simples qui arrivaient à vivre de leur activité de pêche.

 

Le blog :

http://rosemar.over-blog.com/2016/10/la-peche-aux-jambins-de-l-estaque.html

 

Vidéo :



16 réactions


  • Clark Kent Séraphin Lampion 2 mai 2020 08:12

    tresser l’osier avec des joncs, c’est aussi difficile que de manger de la viande végétarienne... mais bon, seuls les « gens du sud » peuvent saisir la poésie de cette métaphore, sans doute ?


  • In Bruges In Bruges 2 mai 2020 14:02

    Surpris que personne n’ait relevé le caractère outrageusement phallique de votre illustration.

    Je vais faire un signalement à Schiappa et aux Femen.

    Enfin, bon, je me mets à votre place (enfin j’essaie) : quand on a pas vu le loup depuis 20 ans, on aime bien lui envoyer des petits signaux, pas vrai ?


    • rosemar rosemar 2 mai 2020 15:17

      @In Bruges

      En tout cas, vous êtes le seul à faire ce rapprochement... Des complexes à ce sujet ??


    • Fergus Fergus 2 mai 2020 16:08

      Bonjour, In Bruges

      « le caractère outrageusement phallique de votre illustration »

      Et encore la pudique rosemar s’est-elle bien gardée de mentionner que les bateaux des pescadous de l’Estaque sont des pointus, autrement dit des barques traditionnelles dont l’étrave est surmontée d’un superbe gland peint  illustration — que les pêcheurs repeignent soigneusement chaque année.


    • Clark Kent Séraphin Lampion 2 mai 2020 17:03

      @Fergus

      Vous êtes complètement obsédés tous les deux : l’éperon ou « mourre de pouar » (museau de cochon en provençal), prolonge parfois le « capian » (du latin caput, la tête), figure de proue de l’étrave.

      Pour voir un gland dans un nez de cochon, faut penser qu’à ça !


    • rosemar rosemar 2 mai 2020 17:15

      @Séraphin Lampion

      N’est-ce pas ?


    • Clark Kent Séraphin Lampion 2 mai 2020 17:29

      @rosemar

      moi je serais de vous, Madame Rosemar, je ferais comme Madame Walter, je les virerais des mes coms, ces deux zozos, non mais !
      est-ce que je me permets de telles trivialités sur des textes innocents, moi ?
      jamais !


    • Clark Kent Séraphin Lampion 2 mai 2020 17:36

      @Séraphin Lampion

      pour en revenir au capian, étant donné que le pointu est symétrique et « pointu » aux deux bouts, ça permet de savoir l’ornement en question permet de savoir de quel côté est l’avant, ou la tête (non ! pas... « de nœud » ! la tête, c’est tout !).


    • Fergus Fergus 2 mai 2020 19:29

      Bonsoir, Séraphin Lampion

      J’ai oublié de nommer le capian. Mais vous ne convaincrez personne qu’il ne s’agit pas d’un symbole phallique. A cet égard, je me souviens de discussions égrillardes de pescadous avec des touristes un jour que j’’étais allé manger la bouillabaisse Chez Fonfon au Vallon des Auffes.

      A propos de capian et pour faire la rime « gare aux gabians » ! En cette période : ils ont commencé à nicher et sont très agressifs. A la place de ceux qui vont recommencer à débarquer au Frioul lorsque les îles seront à nouveau ouvertes, je me méfierais : ces goélands s’étant réhabitués à la tranquillité n’en seront que plus vindicatifs à l’égard des trublions, notamment du côté du fort Ratonneau.


  • Esprit Critique 2 mai 2020 18:02

    A cause du confinement il m’est impossible d’aller chercher des Panisses pour les déguster en même temps que l’article.

    On ne dira jamais assez combien Macron et les autres incapables sont haïssables


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