Les Ogres de Barback + La Roulette Rustre – Chez Paulette (13nov.09)
Fêter ses quarante ans d’anniversaire est un évènement que peu de salles de concert peuvent s’offrir. Le mythique îlot musical que représente Chez Paulette-agréable salle de concert perdue dans le petit village de Pagney Derrière Barine, entre Nancy et Toul, peut se targuer de pouvoir les fêter. Et Paulette a décidé de le faire en beauté. Tout le mois de novembre est consacré à la venue de groupes d’exceptions ayant marqué le paysage français, voire mondial.
La salle, visiblement venue en nombre les accueillir, reprend dès qu’elle le peut les refrains et paroles du groupe nancéen. Tout le monde chante dans la Roulette Rustre, ces messieurs comme mesdames, jonglant entre les instruments. Ce qui n’est pas sans rappeler un certain groupe de Cergy Pontoise.
La salle est remplie, le concert affichant complet, et on croise aisément des gens de tous les âges venus remplir leurs oreilles de chanson française pleine de sens et de sons.
La Roulette Rustre, en configuration étendue, accueillent deux violons de plus pour l’occasion. Ils en profitent également pour présenter la sortie de leur troisième album, Gratte la peinture, en finissant le concert pas sa chanson éponyme.
Des mélodies entêtantes, de jolies voix, des paroles avec une poésie prononcée, c’est le cocktail étonnant et détonant que propose la Roulette Rustre, et que nous vous invitons à découvrir !
Le temps de changer le décor, et la salle s’assombrit à nouveau. Finissant au printemps dernier une tournée harassante, au décor somptueux autant que fastueux, les Ogres de Barback, fêtant cette année leurs 15 ans d’existence, nous reviennent en toute simplicité. Le strict minimum, rien que les corps et les cœurs des quatre frères et sœurs, devant un public conquis d’avance. Alors que le deuxième album de Pitt’Ocha - projet parallèle du groupe, en association avec de nombreux autres groupes et amis – vient de sortir le 2 novembre dernier, la question se posait sur les chansons à venir. Faux airs de tournée promo, continuité du dernier album du Simple au Néant, ou…immense surprise !
Il se trouve que le concert fut tout cela à la fois. Divisant leur set list en trois tiers plutôt distincts – les chansons tristes, les chansons d’amour et de sexe et la partie bal musette, dixit Fredo – les Ogres offrent un concert plutôt inédit. Que ce soit dans le choix des chansons comme dans la manière de les aborder, le groupe avait en tête de se faire plaisir. D’entrée, on a le droit aux classiques mais néanmoins immuables Rue de Panam et Salut à Toi, mais aussi la plus récente 3-0. La foule reprend les refrains, accompagne les mélodies, et les quatre compères sourient. Tout le monde se réchauffe dans la chaleur de la musique, et on se dit que vraiment, c’est une belle soirée.
Les Ogres ont également ramené de nouveaux amis dans leur escarcelle. Ils nous présentent donc leur Invitation, tout droit sorti de leur Opus Pitt’Ocha au pays des Mille Collines, en duo avec Madina N’Diaye et Tiken Jah Fakoly, virtuellement présents durant le concert, grâce à la magie de l’enregistrement. Sur cet album, les Ogres semblent être partis bien loin de leurs contrées françaises, découvrant des trésors de musique et d’amitié indispensables. Il ne reste plus qu’à se laisser enivrer sans retenue, pour parcourir le monde et les rêves de cette tribu unique.
Les Ogres font ensuite un petit détour par leur album Rue Du temps, avec Accordéon pour les cons et le magnifique Les Voyageurs. La famille en profite d’ailleurs pour jouer leurs classiques de manière pour le moins incongrue, présentant des versions remixées inédites. Ainsi, certains titres se voient doublés de samples quand d’autres comme Ma Fille changent carrément de tempo. Parfois, les douces musiques prennent même un accent furieusement rock’n’roll, s’enfuyant dans toute la salle dans un rythme effréné. Encore un petit détour par Rue du Temps, Marée Basse, Jésus ou Contes, vents et marées, et les Ogres font alors revivre une chanson, que j’attends, il faut bien l’avouer, depuis quelques temps déjà.
Se servant une nouvelle fois des apports de la technique pour faire venir à eux de vieilles connaissances, revoilà Un air deux famille recomposé le temps d’une chanson.
C’est donc sous la clameur du public que Les Hurlements d’Léo accompagnent Les Ogres de Barback le temps de l’endiablé Oh Jojo.
Nous gratifiant encore au passage de l’unificateur Salut à Vous, le groupe reviendra le temps de trois rappels, présentant au passage un nouveau titre de leur futur album.
Ils disparaissent alors au milieu de la fumée, escortés par les sourires et les applaudissements, dans cette salle mythique aux mille souvenirs. Le rêve se prolonge encore jusqu’à la sortie, poursuivant les voitures s’éloignant au loin, l’aura de bonheur continuant de planer au dessus du petit village.
La magie de Chez Paulette a encore opéré ce soir sans mal, l’alchimie d’un lieu, d’un public et de deux groupes enchanteurs ayant été des plus efficaces.
Les corps, fatigués, baignent dans une torpeur bienveillante, s’endormant avec les souvenirs colorés du bonheur de cette belle soirée.
Ugo Schimizzi
Plus d’infos sur la salle Chez Paulette :
http://www.paulettepubrock.com/
plus d’infos sur Les Ogres de Barback :
plus d’infos sur la Roulette Rustre :
http://www.larouletterustre.com/
plus d’infos sur Pitt’Ocha :
http://www.myspace.com/pittocha2
Crédits photos : Juliette Delvienne
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