mardi 14 avril 2009 - par Yannick Harrel

Louis XI, la raison d’Etat par delà les apparences

Dans la longue liste des rois de France, grande popularité est octroyée à ceux qui surent faire montre de panache et de munificence. Pourtant force est de reconnaître que cela lénifie singulièrement le rôle de souverains plus effacés mais tout autant, si ce n’est même plus, efficaces en matière d’affaires intérieures comme extérieures. J’avais déjà évoqué il y a plusieurs mois l’action de Charles V, un lettré sur le trône. Il me restait à présenter cette autre figure qui décida du sort du royaume de France en des temps tout aussi troublés : Louis XI (1423-1483), un bourgeois sur le trône.

 
Un roi disgracieux
 
Les chroniqueurs s’accordent unanimement sur un point : Louis XI était tellement négligé d’un point de vue vestimentaire que cela n’en rajoutait que davantage à son inélégance physique. Il est vrai que d’extérieur ce petit être juché sur des jambes grêles portant jusqu’à usure apparente des vêtements élimés avait de quoi plonger tout observateur dans un scepticisme réel quant au statut royal de l’intéressé.
 
Outre son physique peu engageant (entre autres particularités un nez « fort » comme on l’exprime diplomatiquement et un taille peu propice à surplomber ses adversaires), il est évident que Louis XI tranche avec l’apparat de ses prédécesseurs. C’est là aussi un trait de caractère qui ne le rendit guère populaire auprès de la noblesse. Difficile de démêler à ce titre ce qui relève du calcul et de la simplicité naturelle, peut-être même les deux s’entremêlent-ils dans les desseins du souverain…
 
L’universelle araigne
 
Car l’homme est un roué, un maître ès ruse et coups tordus. Sa première victime fut son propre père, Charles VII (celui dont le trône fut sauvé par l’intervention de Jeanne la Pucelle, dite d’Arc), dont le désamour fut réciproque. Envoyé au Languedoc à l’âge de seize ans révolus seulement, le dauphin se montre plus qu’habile puisqu’outre la pacification de cette province et la vivification économique de celle-ci, il s’allie aux seigneurs locaux dans une fronde contre le pouvoir royal que l’on dénommera la Praguerie [1]. Les années suivantes n’amélioreront en rien les rapports père-fils, et les succès militaires comme diplomatiques du futur Louis XI n’aidèrent pas à calmer le jeu malgré toute la volonté royale de l’éloigner en lui confiant des missions périlleuses. Ce fut par ailleurs lors d’une de ces tâches qu’il lui fut loisible de mesurer toute l’ardeur de l’infanterie Suisse qu’il eut à affronter [2] et dont il saura se souvenir lors de son épique conflit avec Duc de Bourgogne.
 
Revenu à la cour, détestant la maîtresse de son père, la superbe Agnès Sorel [3], et la vie dispendieuse qui y est menée, le dauphin se rapproche de sa mère Marie d’Anjou, reine délaissée. Et mieux y parfaire ses manigances de couloirs. Afin de le calmer après une altercation avec sa favorite, Charles VII décide de lui octroyer le Dauphiné qui aurait dû depuis longtemps échoir à l’héritier du trône comme s’était instaurée la coutume à partir de Charles V. Louis XI une fois encore y fera montre de réelles capacités d’innovation comme de bonne gouvernance : justice, économie et armée, le succès est effectif à tous les niveaux.
 
Cette réussite attisa le courroux de son père qui… attaqua l’apanage de son propre fils ! Sachant évaluer un rapport de force défavorable, Louis XI trouve refuge à la cour d’un des plus puissants seigneurs du Moyen-Âge Européen : le Duc de Bourgogne, Philippe le Bon, père de Charles le Téméraire. Ce dernier lui accordant l’asile dans des conditions très favorables au château de Genappe. Une telle réclusion dorée n’en sera pas moins active car Louis tisse inlassablement sa toile et son réseau d’informateurs oeuvre sans discontinuer. Et il fait bien de s’enquérir de la santé du royaume comme de son maître puisque son père disparaît victime d’une septicémie après un arrachage de dent ayant déclenché une infection.
 
Un dirigeant effacé, un royaume rutilant
 
Enfin roi en l’an 1461, Louis XI ne perd pas de temps : il revient en France à toute allure se faire sacrer à Reims sitôt l’annonce officielle, pressé de mettre en application toute sa maestria de gouvernant.
 
Son ancien protecteur, Philippe le Bon, comprend dès le début du règne que Louis XI ne sera pas un souverain lige mais bel et bien une épine conséquente dans le pied de ses ambitions territoriales. Inquiétude d’autant plus justifiée que la victoire de Castillon en 1453 a définitivement éloigné la menace Anglaise du sol Français. En outre le royaume France s’est considérablement renforcé militairement ces dernières années, y compris sous Charles VII qui avait entrepris de moderniser l’armée pour ne plus faire place à l’amateurisme des osts féodales.
 
La prise de villes de la Somme, appartenant logiquement au Comte de Charolais qui n’est autre que Charles le Téméraire, dresse contre lui la Ligue du Bien public. Ligue qui réunit grands seigneurs de France, de Bourgogne et de Bretagne. La bataille qui se déroule à Monthléry en 1465 n’aboutira à aucune décision convaincante pour les deux camps. Louis XI prend parti alors de faire ce qu’il maîtrise à merveille : négocier pour éviter de faire gonfler davantage la coalition ennemie et rogner sur les concessions accordées par touches progressives les années suivantes.
 
En 1467, Philippe le Bon décède, laissant son fils Charles seul aux commandes d’un très riche duché mais éclaté en deux parties territoriales distinctes, bloqué à la fois par le duché de Lorraine comme par le royaume de France dans son inclination à la création d’un domaine uni. Pendant que Louis XI s’occupe à mater la noblesse féodale dont il a pu récemment mesurer toute la capacité de nuisance, Charles le Téméraire se rapproche de l’Angleterre par son mariage avec la sœur du roi, visant à s’assurer d’un allié puissant lorsque le conflit sera ouvert avec la France.
 
Tout sépare Louis de Charles. Là où l’un se distingue par son aspect maladif et malingre, l’autre est de nature vigoureuse et de belle stature. L’un est souple et clair dans l’édification de sa toile tandis que l’autre est tout aussi entêté que brouillon diplomatiquement. Et enfin l’un est patient et sage là où l’autre est hyperactif et excessif.
 
C’est pendant sa tentative de contrecarrer indirectement la volonté d’expansion de son voisin Bourguignon que Louis XI va commettre l’une des rares imprudences de son règne : l’entrevue de Péronne en 1468 va tourner au cauchemar, obligeant le roi de France à parjurer ses soutiens flamands alors en rébellion contre le duc. Impulsif et colérique, le duc de Bourgogne manque même de le passer par le fil de l’épée, se « contentant » d’obtenir la Champagne en apanage, disposant de la sorte d’un pont entre les deux entités bourguignonnes. Cette victoire agrandissant dans le même temps l’appétit de Charles qui entrevoit de futures conquêtes sur les marches de son duché.
 
Seulement Louis XI une fois libre revient sur sa parole, avançant avec ses légistes des motifs de non respect du traité signé sous la contrainte. Charles furieux de ce retournement estime qu’il faut en finir militaire et à cette fin dévaste le nord du royaume, Amiens subissant de plein fouet la fureur du Téméraire. Néanmoins contre toute attente, Beauvais va par sa résistance acharnée empêcher la progression du duc qui devra se tourner sur d’autres fronts pour éviter de s’enliser inutilement dans un siège consommateur de ressources. Louis XI soudoie ou appuie toutes les forces susceptibles de contrer les ambitions hégémoniques de Charles. Et ce sont justement les Suisses, alliés du roi de France, qui infligeront deux terribles défaites à la puissante armée bourguignonne : Grandson et Morat. Esseulé de tout renfort Anglais par le traité de Picquigny entre la France et l’Angleterre conclu un an plus tôt, Charles le Téméraire dont le manque de tempérance est criant va se lancer dans une fuite en avant létale.
 
Epilogue : prospérité et unité
 
La dernière geste du Téméraire trouvera sa conclusion sous les remparts de Nancy après un siège mené en dépit du bon sens où la découverte de son cadavre mutilé par les coups d’épée et les crocs des loups sonnera le glas des ambitions démesurées du plus redoutable adversaire de la royauté Française.
 
Louis XI n’en a pas pour autant tout à fait terminé avec l’affaire bourguignonne puisque la fille de Charles le Téméraire, Marie, est marié à Maximilien d’Autriche qui entend bien ne pas se laisser déposséder de la formidable dot territoriale de sa fraîche épouse. Indécis pendant cinq années où les escarmouches se succèdent, la situation est réglée de guerre lasse à la mort de Marie : les deux monarques signent le traité d’Arras en 1482 et se partagent la Bourgogne. Après tant de sacrifices et de retournements de situation, la France est sortie vainqueur des luttes à répétition contre l’ennemi Anglais puis Bourguignon.
 
Toute cette activité militaire n’empêcha aucunement des réformes de se mettre en place, Louis XI se souciant de rentrées d’argent pérennes pour la mise en œuvre de sa grande politique. Pour ce faire, il redonne plein essor aux foires, améliore les infrastructures routières, supprime les péages entre les fiefs et stimule l’exploitation minière. Le roi ne se contente pas de la sorte à ponctionner ses sujets mais vise à valoriser le pays en intervenant largement dans le champ économique tout en veillant à disposer d’une administration efficiente quant à la gestion des deniers.
 
Le 25 août 1483 s’éteint celui qui inlassablement avait comploté pour un objectif unique : assurer au royaume de France un avenir prometteur et rayonnant. Laissant à son fils, le jeune Charles VIII, la charge de prendre les rênes du plus puissant Etat occidental d’alors, mais ceci est une autre histoire…
 
[1] S’il est attesté que Jean II d’Alençon fut l’instigateur du complot avec d’autres grands seigneurs, la vivacité d’esprit de Louis XI ainsi que sa rancune persistante à l’égard de son père l’amenèrent à devenir la caution politique de cet affront.
[2] En 1315, les Autrichiens apprirent à leurs dépens toute la qualité des montagnards Suisses à Morgarten où 9 000 soldats ne purent venir à bout des 1 500 combattants helvètes.
[3] Que l’on ne saurait réduire à un rôle d’oie blanche. La favorite du roi d’alors savait défendre ses intérêts et ceux qui lui étaient proches, sans compter les largesses de Charles VII à son égard comme ce manoir offert à Nogent-sur-Marne.
 


29 réactions


  • LE CHAT LE CHAT 14 avril 2009 11:09

    malgré son aspect chétif , un grand souverain qui a renforcé la puissance de l’état ! et gare à ceux qui ne le prenanient pas aux sérieux , les cages de la prison chateau de Loches l’attendaient !


  • Zalka Zalka 14 avril 2009 11:54

    Pour complément d’information, je suggère à tous de s’interresser aux ancêtres de Louis XI et Charles le téméraires, à savoir, le Roi Jean II Le Bon (responsable du désastre de Poitiers) et ses fils Charles V Le Sage,qui réussit autant par habileté politique que par les armes, via Du Guesclin, à expulser les anglais hors de France terminant victorieusement la première phase de la guerre de Cent ans et Phillippe II de Bourgogne, dit Le Hardi, plus dans le style de son père (c’est à dire : considérer la moindre manoeuvre d’approche comme un méthode de tafiolle) et dont la lignée profita de la folie de Charles VI, pour tenter de s’émanciper de la couronne.

    Cette lignée cadette fut pour beaucoup dans les causes de la seconde phase de la guerre de cent ans.

    A noter, tout de même un côté particulièrement odieux de Louis XI : afin de protéger sa lignée d’une autre branche cadette des valois : les Orléans (celle ci remontant à Charles V et non à Jean II comme les valois bourgogne), il pris en charge l’éducation de son petit cousin orphelin, le futur Louis XII, dès l’âge de trois ans, et le maria à sa propre fille Jeanne, malheureuse handicapée, probablement stérile, et ayant autant de grâce que son père. Louis XI commenta cela de la manière suivante : « ... pour ce qu’il me semble que les enfants qu’ils auront ensemble ne leur coûteront point cher à nourrir... ».

    La morale de l’histoire ? Il n’y en a pas. Dès son sacre, Louis XII fit annuler le mariage pour non consommation, malgré les protestations de son épouse (qui n’était débile que physiquement, et avait pour son grand malheur, toute sa tête et une parfaite perception du traitement que son père puis son mari lui ont fait subir) et finit ses jour au couvent.


    • Τυφῶν בעל Perkele winkiesman 14 avril 2009 12:04

      Ah, quel homme charmant !

      Typhon


    • impertinent3 impertinent3 14 avril 2009 13:46

      J’imagine Winkiesman que vous parlez au deuxième degré.

      Homme charmant ? Je ne sais pas trop.
      Mais, pour autant que je sache, il fut un bon roi.
      Évidemment, l’anti bling-bling par excellence, mais est-ce vraiment un défaut ?
      Pas trop de scrupules non plus lorsque la raison d’état s’imposait, mais je crois que c’est le cas de la plupart des vrais hommes/femmes d’état.

      Il me semble qu’il réunissait deux caractéristiques que l’on ne trouve pas toujours réunies dans le personnel politique, il était à la fois malin et rusé tout en étant intelligent.
      Les deux ne vont pas forcément de pair. Pour parler de l’époque présente, un Sarkozy est malin et rusé mais pas spécialement intelligent, en revanche un de Villepin est incontestablement intelligent mais, tout aussi incontestablement, pas vraiment malin et manquant totalement de sens politique.
      Je cite ces deux exemples, mais il y en a bien d’autres, dans tout l’éventail politique, allant de l’extrême droite à l’extrême gauche.


  • Lediazec Lediazec 14 avril 2009 12:04

    @ l’auteur. Très bel article que j’ai lu avec application. Cela change beaucoup de la prose ordinaire.
    @ Zalka. Complément d’information historique qui m’a fait bien rire. Comme quoi l’histoire n’a rien de chiant !
    Une chose entraînant l’autre, merci à vous deux.


  • alberto alberto 14 avril 2009 13:24

    Je joins mes félicitations à celles de Lediazec vers l’auteur et Zalka.
    Effectivement, l’Histoire n’a rien de chiant, bien au contraire, car les expériences du passé permettent (quelquefois) de mieux comprendre la marche du monde.

    Pour ce qui est du siège de Beauvais en 1472, comment ne pas évoquer « Jeanne Hachette », dont l’acte de bravoure pour la défense de sa ville (son père avait été tué à la bataille de Montlhery) est parvenu jusqu’à nous au travers de nos livres d’écoliers !

    Bien à vous.


    • Yannick Harrel Yannick Harrel 14 avril 2009 14:54

      Bonjour,

      Sur une partie des articles survolés ces derniers jours le problème est exactement le même : des plus convertis en moins, la nouvelle alchimie d’Agoravox next-gen... Bref, qui aime bien châtie bien par conséquent moinssez pour plussez ! smiley

      Il semblerait qu’il y ait un souci technique réel soulevé par plusieurs Agoravoxiens : des articles se retrouvent avec des scores négatifs alors qu’ils sont appréciés dans le fil de commentaire... Moins cela fonctionne, quand je plusse c’est pris en compte mais semblerait-il que ce n’est absolument pas le cas chez d’autres rédacteurs chez qui c’est l’inverse qui se produit.

      Il faut attendre la fin de la migration je pense pour que tous ces bogues soient résorbés.

      Cordialement


  • ASINUS 14 avril 2009 14:03

    bonjour parkway
    ce n est pas un texte politique



    erreur , comparez la constance à travers les siecles de nos rois empereurs presidents ministres a oeuvrer pour la France beaucoup n etaient pas des lumieres « ils savaient s entourer pour la plupart » certains faisaient leurs affaires
    « rarement au detriment de la France »mais la quasi totalité ont accéptés
    le fardeau de regner de gerer de diriger de decider, pas de deleguer pas de dilapider pas d aneantir les droits regaliens de l etat français pas de soumettre
    les decisions a des organismes etrangers et qui ne rendent des comptes a personnes.Pas une charge politique ? le tres plaisant article de cet auteur ?
    mon cher la phrase « demain dans la bataille le roi portera les péchés de son armée », yep le president de notre republique monarchique marchande nous
    fait porter a nous le poids de ces Turpitudes a lui, comparez comparez.....


  • brieli67 14 avril 2009 14:28

    Hachette et l’histoire ??

    Malétissac ? la Collection de manuels d’Histoire qui a accompagné des générations entières et successives de collégiens et de lycéens... Impossible de le revendre à la fin d’année comme okazz Fallait mettre des moustaches et des bulles à nos amis Jules Jean Richard Louis et denter la lame du Dr Guillotin

    oui de chez Hachette


  • docdory docdory 14 avril 2009 15:48

    @ Yannick Harrel


    Merci de cet article plein d’érudition concernant un des plus importants rois de France , injustement négligé ( voire vaguement méprisé ) par les manuels d’histoire de mon enfance !

    L’on aimerait que nos hommes politiques actuels aient autant le sens de l’Etat ...


  • Emile Mourey Emile Mourey 14 avril 2009 16:01

    Tout en reconnaissant la qualité de l’article, étant bourguignon, je l’aurais souhaité toutefois plus nuancé. Comme exemple de fourberie, il me semble en effet qu’on ne fait pas mieux et que Louis XI a bien ouvert la voie au machiavélisme et à la realpolitik de Bismark et d’autres, alors que les ducs de Bourgogne nous ont laissé, en héritage moral, une toute autre image.

    Quant à l’avenir prometteur et rayonnant - prospérité et unité- dont on lui serait redevable, qui peut dire si le monde n’aurait pas eu avantage à la victoire de ses adversaires : une France bourguignonne alliée à l’Angleterre (on parlait alors français à la cour de Londres) et tournée vers le reste de l’Europe avec en héritage prévu le grand empire de Charles Quint.

    Et c’est bien la Bourgogne qui rayonnait alors de tous ses feux et non le petit état d’Ile de France du jeune Louis XI. Les foires de Bourgogne et des Flandres, une bonne gestion, la prospérité économique, c’est la Bourgogne qui a donné l’essor et non Paris. Quant à l’art, il suffit de citer l’église de Brou à Bourg-en-Bresse.

    Mais le plus grave dont on ne parle pas par ignorance est du domaine de la spiritualité. Entre le christianisme « à la lettre » du royaume de France et le christianisme tout en symboles flamboyants de la cour des ducs, on peut se poser des questions (voyez mes quatre articles de mars 2008 sur l’agneau mystique de Van Eyck).

    Bourguignon je suis, mais aussi Chalonnais. Ici, à Chalon-sur-Saône, la grande ville marchande des ducs (voyez mon article du 25.02.08), nous n’avons pas oublié... en 1480, trois ans après la mort de Charles le Téméraire sous les murs de Nancy, Louis XI livra Chalon et la vallée de la Saône à la soldatesque. Pendant deux interminables jours, la ville fut pillée et ses archives incendiés. Qu’on ne s’étonne pas après cela que j’ai autant de mal à convaincre mes concitoyens sur le véritable emplacement de notre ancienne capitale éduenne : la cité à Cabillo/Chalon-sur-Saône, la forteresse à Bibracte/Mont-Saint-Vincent - comme l’a écrit Strabon - et non au mont Beuvray comme sont venus nous l’imposer les archéologues parisiens.


    • Emile Mourey Emile Mourey 14 avril 2009 16:25

      avec en héritage prévu ce qui sera le grand empire de Charles Quint


    • Yannick Harrel Yannick Harrel 14 avril 2009 17:30

      @Emile Mourey,

      Bonjour,

      Merci pour votre point de vue. Pour tout vous dire, l’une de mes sources quant à la rédaction de cet article fut l’ouvrage de Jean-Pierre Soisson intitulé tout simplement Charles le Téméraire.

      Les Anglo-Saxons sont très friands de what If ? et je me suis déjà laissé allé à la lecture de quelques uchronies de la part d’historiens d’outre-atlantique mais j’avoue n’avoir lu aucun ouvrage en français basé sur ce concept et a fortiori prenant pour sujet une victoire finale du Téméraire Il est vrai qu’il serait tentant de se laisser aller à une projection historique fictive où le Charles de Valois-Bourgogne aurait pu réunir tous ses territoires épars en une seule et même entité. Seulement le caractère même de Charles était contraire à un grand dessein : valeureux et courageux sur le champ de bataille, il était piètre général à la tête de ses troupes et peu avisé en affaires internationales. Au contraire d’ailleurs de son père Philippe le Bon qui avait su tirer grand profit de la guerre de cent ans, à la fois sur le plan diplomatique que miltaire et financier : son fils gaspillera tout son héritage en un peu moins de deux décennies...

      Cordialement


    • Emile Mourey Emile Mourey 14 avril 2009 19:20

      @ Yannick Harrel

      J’approuve tout à fait votre réponse mais en fait ce qui nous intéresse, c’est de comprendre l’histoire dans sa complexité et dans sa richesse. Car, trop souvent, on nous l’a enseignée d’une façon simpliste comme s’il y avait un sens de l’Histoire et que tout allait de soi.

      Il est vrai que la Bourgogne de Charles le Téméraire connaissait quelques difficultés économiques et autres. Il est vrai que le duc n’a pas bénéficié d’un chancelier Rolin qui avait conseillé son père. Il n’empêche qu’on a bien là un renversement étonnant de situation que j’aurais plutôt tendance à expliquer par une remontée en surface de la vieille rivalité des cités gauloises.

      Moi aussi, j’ai lu le livre de l’ancien ministre Lecat. Félicitations ! car c’est parfois un peu ardu.


    • Emile Mourey Emile Mourey 14 avril 2009 19:30

      Rectificatif : Soisson, idem.


  • docdory docdory 14 avril 2009 16:32

    @ Yannick Harrel


    Merci de cet article plein d’érudition concernant un des plus importants rois de France , injustement négligé ( voire vaguement méprisé ) par les manuels d’histoire de mon enfance !

    L’on aimerait que nos hommes politiques actuels aient autant le sens de l’Etat ...


    • Marianne Marianne 14 avril 2009 19:26

      Les rois de France, une plaidoirie à décharge pour un pape qui fricotte avec l’extrème-droite, les témoins de Jehovah, Fatima et l’Apocalypse, la liberté de filmer des actes de violence avec son petit téléphone portable, la liberté de faire du révisionnisme sur l’Holocauste, Dieudonné un vrai républicain...

      Agoravox ne nous épargne aucune diatribe contre l’esprit des Lumières, la République, la laîcité, etc...

      Il faut croire que ceux qui ont le temps de prendre la plume - et donc ne passent pas beaucoup de temps au travail - sont des gens très à droite de l’échiquier politique !

      Que les gens de gauche réclament du temps libre à leur patron pour écrire sur Agoravox !


    • Yannick Harrel Yannick Harrel 14 avril 2009 19:49

      @Marianne,

      Bonjour,

      Je vous trouve bien sévère et partial(e) envers les rédacteurs et commentateurs de ce site. Du reste, vous même qui y contribuez ponctuellement vous situez-vous sur cette position de l’échiquier politique ? Du reste méfiez-vous, être royaliste de nos jours ne signifie plus obligatoirement avoir des velléités de rétablissement de régime monarchique, la faute à Ségolène smiley

      Plus sérieusement, concernant la République et ses principes, je dois avouer que pour ma part l’étude des rois de France ne pose guère de souci pour un républicain dans le sens où la IIIème République elle même vantait les grandes figures du passé (manuels Lavisse) qui façonnèrent la France et son peuple, et ce alors que le courant de pensée d’alors ne me paraissait guère tanguer très à droite...

      Cordialement


    • Marianne Marianne 14 avril 2009 19:53

      Du reste, vous même qui y contribuez ponctuellement vous situez-vous sur cette position de l’échiquier politique ?

      Non, évidemment ! mais je n’ai pas le temps d’écrire. Car écrire c’est avant tout se documenter et enquêter et cela prend du temps.

      Le temps libre ce n’est pas donné à tout le monde !


    • Cascabel Cascabel 15 avril 2009 00:59

      @ Marianne

      Vous confondez l’ Histoire et la politique politicienne.


  • Lediazec Lediazec 14 avril 2009 19:31

    @ marianne. Ne nous fâchons pas disaient jadis les tontons flingueurs. A mon corps défendant, je dispose d’un peu de temps. Temps que j’utilise pour aller taquiner le goujon un peu partout sur la toile. Suis-je pour autant « très à droite de l’échiquier politique »  ?
    Ah, si la gauche savait !


  • Lediazec Lediazec 14 avril 2009 19:57

    Vous m’avez l’air bien remontée, ma chère marianne. Remarquez, il y a de quoi.


  • ASINUS 14 avril 2009 20:02

    @marianne l auteur a su vous exposer sa position , modestement je m estime aussi republicain et laique que vous peut etre meme autant de gauche,je me targue que quelques uns de mes ancetres aient participés a l élagage des
    nobles habitant du chateau qui dominait orgueilleusement leur vies de metayers
    nonobstant je ne meconnais pas et redécouvre le patient ouvrage de la plupart de nos roi succesifs de nos empereurs presidents ministres ect.. tous n etaient certes pas des parangons de vertus democratiques voir de vertues tout court vous avouerais je que comparant leurs merites respectifs avec la classe
    UMPS consanguine dans ces coucheries palidonies prevarications lachetées demissions et abandons successifs nos dirigeants des anciens regimes successifs m apparaissent parés de bien des vertues, l une d entres elles et non la moindre etant d avoir constitué sous des vocables différents royaume empire republique un bien qui allant en s amenuisant nous reste commun
    UNE NATION


    • Marianne Marianne 14 avril 2009 20:14

      L’épisode que j’ai préféré dans l’histoire de France est celui de la Commune de Paris avec celui d’une certaine pucelle - aujourd’hui récupérée par l’extrème-droite (mais ils tentent même de récupérer Jaurès après l’avoir assassiné !) - qui bouta les anglais hors de France. Son courage a fait de l’ombre aux puissants nés dans la soie et une cuillère en or dans la bouche. Ce qui lui coûta le bûcher.


  • Lediazec Lediazec 14 avril 2009 20:26

    @ marianne. Des héros et des héroines. Ce fut bref mais intense : Louise Michel, Jules Vallès, Elisée Reclus...
    C’est une partie de notre patrimoine moral dont je revendique haut et fort la couleur et le courage.
    C’est l’hexagonal !


    • Yannick Harrel Yannick Harrel 14 avril 2009 20:33

      Bonjour,

      Dans cette galerie de portraits je n’y vois pas figurer le colonel Louis Rossel et c’est bien dommage...

      Cordialement


  • Hieronymus Hieronymus 14 avril 2009 21:11

    Bonjour
    oui l’entrevue de Péronne
    ou Louis XI se retrouve prisonnier de fait et soumis au bon vouloir de Charles le Temeraire ..
    je n’ai jamais tellement compris cet episode, prendre le risque d’aller se retrouver prisonnier ? il n’etait tout de meme pas un debutant en politique ?
    Philippe de Commines, conseiller de Charles allait le tirer d’affaire, trahissant de facto son propre maitre ; a l’evidence Philippe aurait percu intuitivement que le nouveau roi de France serait un maitre bien plus interessant a servir que le duc de Bourgogne, c’est ce qui s’appelle avoir du sens politique !


    • Yannick Harrel Yannick Harrel 14 avril 2009 21:49

      @Hieronymus

      Bonjour,

      Philippe de Commynes est un chroniqueur de la plus haute importance pour mieux comprendre cette époque : alliant le talent de la plume à celui du privilège d’avoir vécu dans l’intimité de deux grandes personnalités rivales. Si nous savons tant de chose sur le déroulement des opérations militaires et diplomatiques de la période, nous le devons pour une grande part à ce mémorialiste doublé de diplomate.

      Pour l’entrevue de Péronne, on peut subodorer plusieurs hypothèses : 

      • trop grande confiance de Louis XI en sa « toile d’araignée » et à son immunité royale.
      • déclenchement de la révolte des Liégeois à contre-temps, ce qui a placé l’entrevue de Péronne pile poil pendant la période chaude du soulèvement.
      • un trop grand empressement d’éviter une bataille avec le Téméraire qui lui coûterait trop de ressources militaires et financières.

      Le plus intriguant est qu’il renvoya sa garde personnelle pour se rendre à Péronne, accompagné uniquement de grands seigneurs et quelques serviteurs ! Etait-ce pour mieux amadouer et filouter le duc de Bourgogne ? Toujours est-il que sa tactique s’est révélée contre-productive puisqu’il se jeta dans la gueule du loup et il ne manque que de peu d’être avalé tout rond pour ce dernier.

      Cordialement


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