mercredi 12 décembre 2018 - par Venise

Macbeth de Verdi au théâtre La Fenice

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Ce mélodrame composé d'après le livret de Francesco Maria Piave et Andrea Maffei, inspiré de la tragédie de Shakespeare est présenté au public de La Fenice avec une nouvelle régie de Damiano Michieletto, les scènes de Paolo Fantin, les costumes intemporels de Carla Teti, les lumières spectrales - souvent agressives pour les yeux du public - de Fabio Barettin et les choréographies du choeur de Chiara Vecchi.

Macbeth est la dixième oeuvre composée par Giuseppe Verdi mais la première inspiré à un drame de William Shakespeare. Commandée par l' imprésario Alessandro Lanari, il fut représenté pour la première fois au Teatro della Pergola de Florence le 14 Mars 1847, remportant un grand succès. Il fut alors adapté pour le Théâtre Lyrique de Paris le 19 Avril 1865, avec des révisions du livret et de la musique. Cette version de 1865 est considérée par Verdi comme la version définitive de Macbeth.

Macbeth est la 9 ème production de Damiano Michieletto pour La Fenice : “J'ai imaginé que les sorcières représentent une sorte de médium avec le monde des morts : Macbeth est en deuil de la mort de sa fille et souffre par dessus tout de cette perte. C'est comme si cette dimension d'outre-tombe réprésentait son désir de revoir sa fille disparue, qui réapparait à travers les prédictions des sorcières. J'ai créé des véritables familles sur scène et ces enfants deviennent un peu le cauchemar de Macbeth. Par esemple le fils de Banco, qu'il voudrait tuer sans y réussir, commence à le persécuter en retournant sur scène en bicyclette ou le suit en tricycle...Cela devient une sorte d'obsession.”

 

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Pour réaliser le drame de Verdi Michieletto a choisi une scène abstraite dépouillée, complètement vide, meublée seulement des protagonistes et surtout du choeur, omniprésent, habillé de manière homogène en beige et tâchés de blanc, les visages recouvert d'un masque transparent pour réprésenter les fantômes qu'ils incarnent. Le nylon est lui aussi omniprésent, transparent, artificiel, enveloppant les ténébres et recouvrant la vérité. Tous les morts de la tragédie sont enveloppés d'un nylon une fois l'homocide réalisé, le sang des assassinats est pudiquement remplacé par un blanc neutre et froid.

L'unique couleur présente sur scène est celle de la robe rouge des trois sorcières, représentées sous la forme de trois ravissantes petites filles, la fille décédée de Macbeth, qu'il serre fortement dans ses bras à chaque fois qu'elles se présentent à lui.

 

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Myung-Whun Chung nous dit :” Cette oeuvre devrait s'intituler Lady Macbeth parce que comme cela arrive souvent dans la vie, la femme qui est derrière l'homme est plus importante que ce dernier. C'est ce qui émerge vigoureusement dans Macbeth. Et le rôle du soprano de Lady Macbeth est presque impossible. De toutes les partitions que je connais, je le répète, celui ci est celui qui se rapproche le plus de l'impossible”. Magnifiquement atteint par la soprano Vittoria Yeo incarnant Lady Macbeth.

Maître du Choeur : Claudio Marino Moretti – et un cast composé du baryton Luca Salsi dans le rôle de Macbeth, la basse Simon Lim est le général Banco, la soprano Vittoria Yeo, remplaçant Tatiana Serjan, dans le rôle de Lady Macbeth et le ténor Stefano Secco pour Macduff ; Elisabetta Martorana est la dame de compagnie de lady Macbeth ; Marcello Nardis, Malcolm, le fils du roi Duncan ; Armando Gabba, le médecin.

Un grand spectacle.

 

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3 réactions


  • Allexandre 12 décembre 2018 19:04

    Comme toujours et de plus en plus, une mise en scène totalement absurde, qui ne reflète rien et prend les spectateurs pour des cons auxquels on doit imposer le nouveau bon goût" d’une poignée de pseudo-intello qui s’imaginent être des génies plus grands encore que le compositeur. Si les metteurs en scène sont si géniaux, qu’ils composent des opéras se situant au XXI ème siècle et arrêtent de massacrer les chefs d’oeuvre des grands compositeurs des siècles passés. Si leur ego est surdimensionné, qu’ils aillent s’allonger sur divan !!!


    • Antoine 12 décembre 2018 22:55

      @Allexandre
      Ouais, mais reste quand même la musique, c’est à dire l’essentiel. Si on n’aime pas la mise en scène, ce qui m’arrive aussi, je m’installe dans mon fauteuil et ferme les yeux...


    • baldis30 13 décembre 2018 12:51

      @Allexandre

      bonjour, 
       Je ne peux qu’approuver votre intervention, mais cette pratique qui peut convenir à l’opéra-bouffe ( Offenbach évidemment *1 ...) vient de loin puisque , de mémoire, dans son ouvrage « A travers chants » Berlioz la fustige déjà ...
       Il y a un manque évident de respect envers l’œuvre et envers l’auteur qui masque parfois la haute qualité de la parie lyrique ; j’ai le souvenir d’un deuxième acte de Traviata exceptionnel sur le plan vocal (Cioffi / Barrard) gâché au maximum par une mise en scène catastrophique en commençant par faire de Violetta une putain alors qu’elle est une noceuse ... ( il y eut la même chose à Venise pour la réouverture de La Fenice)

      Qui pour symboliser Ménélas ... et Agamemnon le roi des .......... rois ! Quant aux deux Ajax ...


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