mercredi 2 janvier 2013 - par Vincent Delaury

Mes 10 films préférés de l’année 2012, et vous ?

L’année 2012 vient de s’achever. Classiquement, et avec une part de jeu, profitons-en pour dresser un panorama de celle-ci, au niveau cinématographique ou artistique. On regrettera la mort de personnalités attachantes, comme le cinéaste trop rare de La Jetée (Chris Marker, dit « le plus célèbre des cinéastes inconnus »), comme Jean Giraud alias Mœbius, disparu en mars dernier, grand nom de la BD ayant collaboré à nombre de films (Alien, Tron, Abyss…), ou comme le comédien culte Ben Gazzara, fidèle acteur de l’immense réalisateur John Cassavetes (1929-1989) décédé en août dernier. Si l’on est plus people, ou sensible au sociétal, on pourra s’attarder sur les César qui ont couronné cette année un acteur français noir (Omar Sy pour Intouchables), sur l’Oscar « Waouh, putain, génial, merci beaucoup ! » de Jean Dujardin pour The Artist, sur la sortie américaine de The Dark Knight Rises de Christopher Nolan « accompagnée » par la tuerie sanglante d’Aurora, sur le carton plein des films avec super héros (ce Batman 3 donc, mais également Avengers et Skyfall), sur la mise en scène et le discours lourdingues de l’inspecteur Harry pour soutenir le candidat mormon Mitt Romney à la présidentielle américaine [Clint, lors de la convention républicaine de Tampa, s’adressant à une chaise vide censée représenter Barack Obama, son plus mauvais rôle ?] ou encore sur l’exil fiscal ultra médiatisé de l’acteur-entrepreneur Gérard Depardieu.

Au niveau qualité, à dire vrai, selon moi, l’année cinématographique 2012 ne fut pas des plus mirobolantes. Même dans mon classement, je ne vois aucun film d’une puissance telle qu’on puisse se dire qu’on le prendrait illico avec soi sur une île déserte si l’on ne devait prendre qu’un objet culturel dans l’aventure. S’il y eut quelques poussées fulgurantes, de la part du revenant Leos Carax ou du senior William Friedkin, de grands noms, ou beaux « labels », ont par contre produit des films décevants, voire mauvais. D’après moi, à moins d’être adepte de la politique des auteurs qui conduit à célébrer automatiquement un film d’un cinéaste parce qu’il est estampillé « grand nom », difficile de s’enthousiasmer devant les poussifs Cosmopolis de David Cronenberg, Sur la route de Walter Salles et autres Twixt de Francis Coppola. Heureusement, de jeunes pousses ont créé la surprise en proposant des films inédits épatants, comme l’Américain J.-C. Chandor avec son retors Margin Call, un premier film intelligent qui évoque l’abstraction capitaliste avec un humour à froid bien plus convaincant que les pensums lénifiants signés Cronenberg et Costa-Gavras (Cosmopolis, Le Capital), ou comme le Danois Nikolaj Arcel qui, avec Royal Affair, fresque historique entremêlant habilement corsetage religieux et poussée humaniste des Lumières, réalise à sa façon, en alliant la forme au fond, un petit Barry Lyndon – ce qui n’est pas rien ! Beau film historique qui a reçu d’ailleurs très justement, au festival de la Berlinale 2012, l’Ours d’argent du meilleur scénario.

Mes 10 films de l’année 2012, les voici, avec, pour chaque long métrage, un texte de moi, repris de ce que j’ai pu écrire sur AgoraVox ou ailleurs. Petites précisions : primo, j’intègre Titanic 3D dans mon classement même si je suis au courant, rassurez-vous je ne viens pas de la planète Pandora !, qu’il s’agit d’un film de… 1997, mais il est là car sa version 3D de 2012 m’a permis de le revoir avec un œil neuf et, secundo, je rappelle qu’il s’agit d’un classement subjectif, qui n’a donc pas la prétention de faire autorité. D’autant plus que, vu le nombre de films qui sortent dans les salles obscures chaque semaine (plus d’une quinzaine), il est fort possible que j’en ai oubliés au passage, aussi libre à vous d’intervenir suite à cet article pour y ajouter votre grain de sel. Chers lecteurs et lectrices, bonnes toiles à vous et excellente année 2013, qu’elle soit cinématographique ou autre !

1 De Rouille et d’os de Jacques Audiard (Fra.)
2 Killer Joe de William Friedkin (E.U.)
3 Holy Motors de Leos Carax (Fra.)
4 Cogan : Killing them softly d’Andrew Dominik (E.U.)
5 L’Odyssée de Pi d’Ang Lee (E.U.)
6 Wrong de Quentin Dupieux (Fra.)
7 Le Grand soir de Benoît Delépine et Gustave Kervern (Fra.)
8 Magic Mike de Steven Soderbergh (E.U.)
9 Titanic 3D de James Cameron (E.U.)
10 Sur la piste du marsupilami d’Alain Chabat (Fra.)

1) De Rouille et d’os, une palme d’orque pour Audiard !

Il y aurait beaucoup de choses à dire sur ce film. On pourrait évoquer les seconds rôles, tous parfaits. Notamment Bouli Lanners, excellent en bookmaker naviguant en eaux troubles, dans la noirceur crapoteuse de l’humain, trop humain. On pourrait s’étendre sur la violence des échanges en milieu tempéré : derrière sa façade de mélo narrant une histoire d’amour populaire, le film de Jacques Audiard est aussi une œuvre sociale s’attardant sur une société de flicage, à savoir de vidéosurveillance, qui licencie à tour de bras. Et on pourrait bien sûr, comme tout cinéphile qui se respecte, faire des rapprochements avec les précédents opus du cinéaste. Le huis clos poisseux entre mâles des paris clandestins De Rouille et d’Os rejoint l’univers carcéral ultraviolent d’Un Prophète (2009) ; le handicap au sein du couple, on avait déjà cela dans le tendu Sur mes lèvres (2000) ; le dépassement de soi par une force qui vous dépasse, qu’elle soit artistique, sportive ou autres, c’était encore présent dans Sur mes lèvres avec le cheminement d’une secrétaire sourde et complexée passant du statut de sainte à celui de garce, mais également dans De battre mon cœur s’est arrêté (2005) avec le joli vaurien (Tom/Romain Duris) plongé dans l’immobilier véreux qui se transcendait à travers la musique, et ça l’est encore dans De Rouille et d’Os, qui s’appuie sur le récit initiatique d’une double résurrection : le couple paumé que forment Ali et Stéphanie, êtres en perdition aux âmes oxydées et aux sentiments rongés, se réalise en se coltinant à des contrées inconnues. Le gros dur apprend à dire « je t’aime » et la dresseuse d’orques fait sa mue en quittant sa destinée de princesse pour devenir une taulière impressionnante de combats clandestins. Le plus étonnant du film, c’est certainement cela, son goût pour les extrêmes, pour la réunion des contraires, pour les coutures et collages radicaux. On est à la fois dans la brutalité expressionniste et dans l’épiphanie de temps suspendus célébrant la beauté de la nature (le soleil naissant, la grâce aquatique des gros cétacés, une nuque de femme, etc.). Dans ce bal des maudits qu’est De Rouille et d’Os, parsemé de figures iconiques dont l’étrangeté et la violence viennent sublimer la noirceur du réel, il y a de toute évidence quelque chose de religieux, Dieu vomissant les tièdes…

JPEG - 31.4 ko
De Rouille et d’os

2) Killer Joe : film saignant

Killer Joe, signé du vétéran William Friedkin (77 ans au compteur tout de même), que dire ? Film extra. Se déroulant quasiment entre quatre murs poisseux d'une Amérique de rednecks, d’Américains moyens bas du front. Là-dedans, ça suinte l’échec, la binouze et le pilon de poulet graisseux. On est dans un polar noir s’inscrivant dans un huis clos des plus sombres ; ce film clair-obscur, célébrant avec sarcasme les affres de la nature humaine, pourrait s’apparenter à un steak bien saignant ou encore à un café bien noir qui mettrait définitivement la migraine. Friedkin, avec sa dernière cuvée, nous livre un film-farce, un véritable jeu de massacre. Au fond, il s'en moque un peu du récit (sachant bien que son canevas - un mec aux abois car devant du pognon à des véreux - est des plus classiques), ce qui le titille, et nous aussi par la même occasion, c'est de pousser des situations véristes, ou ultra-réalistes (ce cinéaste issu du documentaire a un grand sens du détail), jusqu'au malaise et à l'absurde ! Depuis quand n’avait-on pas vu dans le cinéma américain actuel une scène aussi casse-gueule que la fellation à… un pilon de poulet ? Depuis belle lurette selon moi ! C'est le petit film mineur qui, mine de rien, atteint le majeur sans en avoir l'air. Friedkin, l’auteur culte de films racés (L’Exorciste, Le Convoi de la peur, Police Fédérale Los Angeles, Bug…) bien calé de nouveau avec son Killer Joe dans les abysses du Mal et de l'humain trop humain, tend un doigt d'honneur à tous les moralistes de la bien-pensance. Ici, il renvoie tout le monde dos à dos. Sans en révéler la fin, des plus barrées, il faut voir le finale du film qui vire au tir groupé où tout le monde, sans exception, en prend pour son grade. Par la même occasion, comme dans tout bon film de genre qui se respecte, icelui brosse le portrait d’une Amérique guère reluisante, territoire fantôme aux salles de billard et aux montagnes russes désertées où seul l’appât du gain, mettant à mal tout sens moral, règne en maître ; du coup, tout part à vau-l’eau, à commencer par la famille, noyau social ici des plus dysfonctionnels. Killer Joe, c'est un film saignant comme on aime et qui vient se lover avec malice dans l'americana attachante de la lose XXL. Apres Fargo (1996) des frères Coen et Un plan simple (1998) de Sam Raimi, Friedkin, dans la lignée de ses confrères, met lui aussi les pieds dans le plat, enfonce le clou de la borderline attitude en nous servant sur un plateau des losers pathétiques des plus… attachiants. Et quel humour noir ! Franchement, au rayon du crapoteux, même « l’adulescent » Tarantino peut aller se rhabiller ! Friedkin, en bad boy du cinéma US de genre, ça le fait ! Sans atteindre tout de même l’énergie trépidante de son génial Police Fédérale Los Angeles (1985), qui a servi de matrice, au même titre que Terminator, à Drive avec Ryan Gosling, ce cinéaste sorti tout droit des seventies hors limites, revient en force, comme gonflé à bloc, et ce pour notre plus grand plaisir de cinéphiles aimant quitter un cinéma mainstream asphyxiant parce que formaté et cul bénit.

3) Holy Motors, un film poil à gratter

Holy Motors de Leos Carax est un segment de film constitué de bouts. Il pourrait être encore plus long ou plus court. C'est un work in progress à décoder comme on l'entend : on est prévenu dans le film, « La beauté est dans l'œil de celui qui regarde », entend-on, phrase à rattacher au fameux précepte duchampien – « C’est le regardeur qui fait le tableau. » Holy Motors, film de cinéma poétique, punk, surréaliste, marabout-de-ficelle, foutraque, oui, il est tout cela à la fois ; on y rencontre, via le trajet fantôme d’une limousine-corbillard, les vestiges du cinéma de Marey, Murnau, Cocteau, Franju... Et c'est à nous, en tant que regardeur du film, de venir l'habiter, l'alimenter. Ce n'est pas un cinéma prémâché, de professionnel de la profession qui aurait construit son film pour lui donner le maximum d'efficacité scénaristique, histoire de répondre scolairement aux normes des calibrages hollywoodiens qui ont actuellement pignon sur rue. Les scénarios filmés, les films préfabriqués, élaborés avec de vieilles recettes de faiseurs ou de petits malins rois du box-office, ils sont légion de nos jours. Holy Motors est autre. Comme certaines toiles de peintres modernes, il se donne le droit à l'ébauche, au ratage, à l'inachèvement. En soi, bien des chapitres du film sont inégaux : le segment Merde est bien en dessous de l’amplitude visuelle du court métrage éponyme calé dans Tokyo ! ; et, par exemple, la scène dans la voiture avec l'ado revenue d’une fête, n'a rien de transcendant. Elles sont là, font partie du tableau composite, mais ne sont pas particulièrement abouties. D'autres, comme celles du coït virtuel ou de la Samaritaine fantôme sont bien plus fulgurantes et emportent le morceau. Et le message du mystérieux Holy Motors nous poursuit également longtemps : nous qui nous gavons d'images, qui vivons des vies par procuration à travers le visionnage sans fin des productions audiovisuelles (séries TV, films à l’UGC), qui sommes-nous vraiment ? La vie n’est-elle que du cinéma ? Ce Monsieur Oscar, mixte de leOS et de CARax endossant une multitude de rôles (banquier ventru, criminel, mendiante, tueur à gages, père de famille respectable...) au point d'être complètement vidé de son âme, n'est-il pas un miroir que le cinéaste nous tend ? Certes, selon un principe rimbaldien (le fameux « Je est un autre »), il est bon d'être multiple pour échapper à la monotonie de nos existences et faire face à la cruauté de la vie. Mais, en même temps qu'il célèbre ce goût pour les genres multiples, les grands écarts et la réversibilité des contraires, Holy Motors nous avertit : gare aux écrans d'écrans, aux mirages des avatars, aux existences démultipliées, virtuelles, voire confuses, que nous offrent les possibilités high-tech contemporaines. Car un trop-plein, d'images et de consommite aiguë, pourrait nous vider de notre substance, aveugler notre regard, nous insensibiliser et nous réduire à n'être que des voyeurs froids, perdus à jamais dans les limbes d'une vie factice ; à l'instar du personnage-masque de L'Emploi du temps (2001) de Cantet. Apprenons de nouveau à contempler, avec un regard neuf, et à se faire voyant, façon Rimbaud, semble nous dire ce film-songe monstre célébrant la beauté du geste. Et c'est de son imperfection même [casting improbable, jointures apparentes, collages bruts, inégalité des scènes, histoire à vau-l'eau, esprit d'escalier, coq-à-l'âne] qu'il tire toute sa puissance d'évocation et, parfois, de sidération.

4) Cogan, un film qui cogne

Cogan, film interdit aux moins de 12 ans, n’est pas un film à mettre entre toutes les mains, c’est un métrage très noir, violent et désillusionné. Avec son côté poisseux, allant ausculter à coups de chevrotine les bas-fonds du genre humain, il offre un heureux complément au putassier Killer Joe de Friedkin. On n’avait pas eu de nouvelles du jeune cinéaste Andrew Dominik depuis son mémorable western malickien L’Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford (2008), et voici qu’il nous revient cet hiver avec l’impeccable Cogan : Killing them softly. Film qui, avec ses images délavées, son sous-texte sociétal (les politicards, de Bush à Obama via McCain, sont tous des bonimenteurs là-dedans), sa bande-son pointue (dont Heroin du Velvet Underground), ses junkies kidnappeurs de clebs et ses braquages minables, raconte l’histoire du tueur à gages professionnel Jackie Cogan (Brad Pitt), appelé par la mafia locale pour faire le ménage… proprement, d’où le complément au titre : Killing them softly ; notre Cogan, aux cheveux gominés et en veste en cuir, a pour principe de « tuer en douceur », autrement dit c’est un ange exterminateur. Alors d’aucuns feront peut-être la fine bouche devant un tel film répondant parfaitement aux attentes des cinéphiles exigeants (derrière son côté film de genre, il est très habile à dresser le portrait d’une société US en crise croulant sous l’individualisme et l’obsession du fric), d’autres encore, peut-être, et ils n’auront pas complètement tort, lui reprocheront un côté poseur, m’as-tu-vu, le film en impose avec son casting de rêve (Brad Pitt, Ray Liotta, James « Soprano » Gandolfini…) et ses embardées esthétisantes vers la fumette salvatrice que ne renieraient certainement pas des Fincher et autres Noé (Fight Club, Enter the Void). Pour autant, malgré ces réserves possibles, c’est un polar sur la corde raide, entre comédie noire et polar sanglant, qui se tient très bien. En plus d’être une réflexion satirique sur le capitalisme sauvage, Cogan est un film de genre qui a l’art et la manière : il est signé par un maniériste qui connaît ses classiques et qui sait faire un film postmoderne sur l’Amérique, ses mythes et ses déboires. Au final, on n’est pas près d’oublier la scène de tabassage sous une pluie battante d’un Ray Liotta comme sorti tout droit des Affranchis, on n’oubliera pas non plus de sitôt le long discours d’un tueur à gages seventies libidineux à souhait (suprême Gandolfini) et, franchement, on ne se lassera pas de revoir en DVD l’entrée magistrale dans le plan, au tiers du film, d’un Brad Pitt gominé, santiags aux pieds et slalomant entre les flaques sur The Man Comes Around de Johnny Cash. Bref, Cogan a une classe affolante. Et, au passage, ce vrai film de metteur en scène rappelle, avec ses seconds rôles tous parfaits et son acteur principal charismatique sachant jouer de sa présence-absence pour nourrir sa légende, la puissance du cinéma américain quand il est à son meilleur. Question annexe : que peuvent nos Clovis Cornillac, Gilles Lelouche et autres acteurs hexagonaux à la petite semaine face au Pitt impérial de Cogan  ? Absolument rien ! 

5) Pi ou 2012, L’Odyssée de l’espèce !

Avec L’’Odyssée de Pi (Life of Pi, 2012), le réalisateur apatride Ang Lee réussit un petit coup de maître, son Avatar à lui. En racontant l’histoire improbable d’un face-à-face sur un radeau de fortune, au milieu de l’Atlantique, entre un jeune Indien doutant de sa foi et un tigre à dents de sabre, le cinéaste réalise à la fois un formidable conte initiatique, sur le rapport de l’homme à l’animal, à l’environnement, à la survie et à sa propre animalité, une interrogation digne d’un objet théorique godardien sur la fascination enfantine des hommes pour les histoires, qu’elles soient vraies ou totalement fausses, ainsi qu’un film en 3D volontiers hybride, crossover, mi-blockbuster hollywoodien sidérant (cf. les séquences stupéfiantes des planctons phosphorescents, des poissons volants et de l’île carnivore des suricates) mi-film intimiste d’auteur se déroulant quasiment en huis clos : loin du fracas du tout-à-l’image actuel adepte d’un montage épileptique, on reste longtemps sur un même plan d’eau, une mer d’huile, en compagnie des deux personnages isolés. Et cette Odyssée de Pi est une belle machine théorique. On peut la défendre pour son artifice total. Artifice de l’image, lisse et désincarnée, qui est d’ailleurs en accord avec l’idée selon laquelle on préfèrera toujours une bonne histoire a une mauvaise même si la première est fausse ; on retrouve alors la maxime de John Ford : « Quand la légende est plus belle que la réalité, imprimez la légende  ». Conceptuellement, le dernier film d’Ang Lee se tient bien : si plastiquement il est moins puissant qu’Avatar, qui est sans nul doute le plus grand film actuel à exploiter avec maestria la 3D (avec Hugo Cabret de Scorsese), il a pour lui d’être intelligemment construit et d’oser l’audace plastique : ses tableaux d’Epinal, dans leur simplicité même (un océan immense piqué d’une minuscule barque), confinent à l’abstraction totale, on se croirait parfois plongé dans une toile minimale d’Olivier Debré ou un grand bleu de Miró. Dans sa narration, dans son côté machine à rêves tocs qui trouvent quand même la voie de la féerie, Lee réalise un bel objet filmique bien rond. Si Avatar lui est supérieur et est, à n’en pas douter, une date dans le cinéma contemporain, par exemple impossible de voir le dernier Ridley Scott (l’inégal mais ambitieux Prometheus) et le dernier Ang Lee sans les comparer à l’objet puissant qu’est Avatar, je pense malgré tout que Pi, plus modeste, plus Disney, amène sa petite pierre a l’édifice d’une réflexion sur la puissance ou non de l’image cinématographique à l’ère des jeux vidéo, du numérique à tout va et des procédés technologiques dernier cri [CGI, 3D, format Imax, etc.]. Au fond, Pi est un film pour l’intellectuel Godard ! L’Odyssee de Pi ou quand le blockbuster rejoint l’intimité et le vertige théorique du cinéma d’auteur : merci Ang Lee !

6) Wrong et le non-sens

Après Steak (2007) et Rubber (2010), Quentin Dupieux signe un nouveau film-ovni avec Wrong. On aurait pu croire que ce cinéaste un brin barré, avec ses deux premiers films déviants, aurait atteint ses limites et n’aurait plus les moyens de nous surprendre mais, il n’en est rien, avec ce Wrong il réalise très certainement son film le plus maîtrisé, c’est le film-charnière qui se nourrit encore des restes du duo Eric & Ramzy de Steak (Eric Judor, en jardinier étrange, est encore de la partie) pour continuer, à l’instar de Rubber, à revisiter avec malice les codes et clichés du cinéma américain de genre, en l’occurrence ici le film d’horreur et le film noir, avec la présence notamment d’un détective à chapeau, des plus zarbis. Wrong évolue entre Buñuel et Lynch. Du premier, il garde l’esprit du surréalisme, à savoir fusionner le réel et l’imaginaire pour fabriquer un récit qui dérape vers l’absurde, du second, il conserve tout le décorum propice à un climat anxiogène : on est dans une banlieue pavillonnaire dont les bosquets bien taillés et les habitants bien lisses, trop polis pour être honnêtes, abritent en fait des névroses multiples, comme dans Blue Velvet ou Twin Peaks. Franchement, dans ce Wrong, que de grands moments absurdes et dadaïstes cultivant le nonsense : le réveil indiquant 7h60 (le film lorgne ouvertement du côté d’Un Jour sans fin (1993) de Harold Ramis qui racontait le quotidien d’un météorologue prétentieux qui vivait sans arrêt le même jour que la veille) ; le jardinier français à l’accent américain forcé (très bon Eric Judor) qui découvre un sapin a la place d'un palmier planté ; la télépathie (cf. la fameuse phase 7 !) entre le chien et son maître sur fond de best-seller ésotérique délirant ; L’enquêteur a la Indiana Jones qui ausculte les excréments du clébard et qui décrypte une vidéo vintage nous montrant, de l'intérieur, l’anus d'un toutou et la descente d’un étron sur le gazon ! C'est renversant d'idiotie, aux confins du grand n’importe quoi, donc excellent parce que permettant, à travers un souffle libertaire bienvenu, de révéler les diktats d’une vie sociale normative qui, à force d’oukases à répétition, nous asphyxie. Pour célébrer l’idiotie, je me réfère ici au livre-essai de Jean-Yves Jouannais, L’idiotie : Art, vie, politique-méthode (2003), dans lequel il explore l’idiotie en plongeant avec délectation dans les enfers de l’art, en vue d’un voyage hilare, et parfois effrayant, en compagnie de Flaubert, Satie, Magritte, Filliou et Lars von Trier. Oui, ce Wrong a un côté idiot qu’il assume parfaitement, mais il n’est pas que ça. Il est certes wrong, évoluant à tort et à travers, mais il est aussi right. En ce sens qu’il frappe juste. Sa « revisitation » amourachée, mais aussi satirique, des clichés des films de genre et des séries US nous parle de l’Amérique, que l’on connaît autant, sinon davantage, par sa mythologie que par son territoire tangible : c’est-à-dire que les images de celles-ci, dans notre approche du pays, viennent concurrencer la réalité. Il y a une vraie contamination du réel par les images issues de la culture et du cinéma américains.

7) Le Grand soir, c’est maintenant !

Bon film que ce Grand soir réalisé par le fameux duo grolandais Delépine et Kervern, après Aaltra (2004), Avida ((2006), Louise-Michel (2008) et Mammuth (2010). On craignait un film qui ne serait qu’une succession de saynètes décalées mais, heureusement, il ne se limite pas à cela, il fait preuve d’une assez bonne construction scénaristique et d’une ambition cinématographique, même si le milieu du long métrage s’enlise dans des embardées campagnardes ou « foraines » un peu vaines, un peu gratuites, un peu poseuses. Et, étonnamment, on a bien affaire à un film de cinéma. On aurait pu craindre un simple filmage télévisuel, car on associe ses deux auteurs-trublions à un univers cathodique, mais il s’agit bel et bien d’un film de cinéma, peu découpé, à l’inverse du cinéma très BD, voire cartoonesque, d’Albert Dupontel : Le Grand soir donnant la part belle, façon Kaurismäki, aux plans larges, aux jeux d’acteurs en plan-séquence et aux trouvailles visuelles ; souvent, comme dans un film burlesque signé Chaplin, le premier plan du cadre est occupé par l’un pendant que l’arrière-plan est nourri par l’autre, comme dans la scène réussie où Not tente de « vendre » le CV de Jean-Pierre à une employée de magasin pendant que son frère, en roue libre au fond de l’écran, s’en prend à des ballons gonflables multicolores. Le film « respire bien », tout n’est pas surligné, prémâché, cadenassé, c’est aux spectateurs de se promener dans l’espace du cadre pour y chercher les gags, comme on le fait lorsqu’on regarde un film de Tati, prenons Playtime par exemple, ou qu’on parcourt une mise en page ludique du bédéiste retors Gotlib. Le Grand soir, avec sa poésie destroy et son parfum trash de rébellion salutaire, est un film qui se tient, à cheval entre Chaplin et Gotlib ; il est loin d’avoir volé son Prix spécial du Jury à Cannes. Car, en plus d’ouvrir des perspectives sociétales intéressantes (les humains ne seraient plus que des consommateurs décérébrés errant tels des zombies fliqués dans les centres commerciaux et sur les aires de parkings de supermarché), il est souvent très drôle : notre Gégé national est excellent en devin d’opérette et la scène du mariage parasité est vraiment cocasse. Enfin, le plaisir que l’on devine chez les deux acteurs principaux à jouer leurs personnages de marginaux (Poelvoorde, toujours excellent dans la surchauffe ! Dupontel, toujours extra dans le pétage de plombs !) est suffisamment contagieux pour faire de ce Grand soir un objet filmique des plus attachants. 

8) Magic Mike ou Magic Steven

Magic Mike, sorti le 15 août dernier en France, à coup sûr, c'est un des meilleurs Soderbergh avec Hors d’atteinte et Che 2. Pourtant, ce n’était pas gagné au départ pour ce cinéaste qui tourne plus vite que son ombre : trois films sur une période d’un an (Contagion, Piégée, Magic Mike). Qui dit mieux ? En nous racontant l’histoire de Mike, un beau gosse de 30 ans, qui se rêve en homme d’affaires mais est pour le moment strip-teaseur sur la scène d’un club où il est le « Magic Mike » qui embrase le public féminin, Steven Soderbergh réalise un bon film, prenant, sur la société du spectacle, entre paillettes et désillusions, et sur un univers peu abordé à l’écran : le désir féminin face au corps de l’homme. D’habitude c’est le schéma inverse qui nous est proposé. On découvre ici, dans une ambiance assez survoltée, des femmes en groupe venues voir le show de strip-teaseurs se déshabillant au sein d’une mise en scène puis, une fois les portes du club refermées, certaines se transforment alors en bêtes sauvages, ça change tout compte fait du versant habituel : le regard prédateur des hommes. Maintenant, soyons francs, ça reste du Soderbergh. C'est à dire que c'est cool, c'est du pulp fiction, c'est de l'easy filming  : bref le bougre a du métier mais ça reste tout de même très longtemps en surface, c'est un peu mieux que le très estival et light Lady Vegas de Stephen Frears, sorti au même moment, mais c'est quand même moins rutilant et moins tordu que le sous-estimé, et souvent incompris, Showgirls de Verhoeven auquel on pense souvent. Magic Mike reste un bon film, plutôt attachant même ; son acteur principal, Channing Tatum (le film est directement inspiré d’un épisode de sa propre vie), y est certainement pour beaucoup. Un bon film, ce n’est déjà pas si mal par les temps qui courent, me direz-vous, mais ça montre aussi les limites du réa-surfeur. Il s'empare d'un film-dossier, triture le thème dans tous les sens pour en sortir un canevas acceptable pour les producteurs, dont lui, et ensuite, emballé c'est pesé, il fait son « François Ozon US » et nous livre, séance tenante, un film-hamburger où tous les ingrédients sont là pour séduire. Autour de la trame scintillante de ses Chippendales fantasmatiques pour la gent femelle, Soderbergh prend la peine d'inventer une vague histoire de drogue et d'argent sale avec un régisseur crapoteux latino mais, très vite, il s'en fiche, s'en lasse puis passe à autre chose. De même, il surfe sur ses personnages. L'historiette d'amour entre le maçon du cœur et la sœur mignonne mais coincée, il la traite, mais bon c'est pour assurer le cahier des charges sentimental. Puis il nous livre un vague sosie du Cruise de Magnolia en la personne de Matthew McConaughey qui joue – très bien d'ailleurs - le leader testostéroné à bloc. Tout est livré clé en main, c’est du cinéma sample plaisant avec biscottos, jolies pépées et musique pop rock planante, mais derrière la virtuosité de façade se cache indéniablement un certain vide. Nonobstant, malgré ces bémols, ce cinéma-surf abrite une certaine profondeur via un autoportrait assez touchant. Difficile de ne pas voir, en la trajectoire de cet homme qui est maçon-ébéniste le jour et strip-teaseur le soir (Mike rêve de quitter les paillettes du club pour se faire entrepreneur), un autoportrait à peine masqué du cinéaste Steven Soderbergh qui lui aussi, à la façon d’un strip-teaseur, vend son travail à un producteur qui achète ses services. Et, on le sait, comme Mike, Steven veut changer de métier, il veut devenir peintre : « Je ne dis pas que je serai un génie mais je veux voir si je suis en mesure de progresser. Au moins, je ne passerai plus mes journées au téléphone avec les producteurs. Mes amis réalisateurs comprennent tous ma lassitude. Un peintre a juste besoin d’un acheteur pour faire vivre sa peinture. Au cinéma, les ordres de grandeur sont bien plus importants, il faut des centaines de milliers de spectateurs pour permettre à un film d’exister. Et je suis désormais las. » (Le Monde magazine, 11 août 2012). Bonne chance Steven ! 

9) Titanic ou l’hygiène de la vision

Revoir Titanic 3D en salle est une expérience assez réjouissante, non pas pour sa 3D qui n’a rien de révolutionnaire (on le sait, le film n’a pas été prévu pour ce format-là), mais essentiellement pour ses rapports avec l’histoire du cinéma et de James Cameron. A sa sortie en 1997, le cinéaste gros calibre américain donnait l’impression, avec ce film-somme (catastrophe, mort, attraction foraine, séquestration, amour, lutte des classes, etc.), d’avoir réalisé un film définitif qui sonnait comme l’aboutissement de son œuvre. Mais, en 2009, ce même cinéaste, bigger than life, a remis le couvert avec Avatar, film titanesque objet de tous les superlatifs ! Ou s’arrêtera Cameron ? C’est ce qu’on peut se demander. D’autant plus qu’il est suivi en masse : en Chine, en avril dernier, la ressortie de Titanic en 3D a réalisé le plus gros démarrage de tous les temps pour un film étranger en amassant 58 millions de dollars en six jours, et ce malgré la censure par les autorités locales des… seins de Kate Winslet. Dans le registre du film néoclassique hollywoodien qui s’impose tel un bloc filmique insubmersible et dans celui du blockbuster high-tech qui reprend malicieusement toutes les codes du cinéma narratif de genre US, Titanic et Avatar semblent indétrônables. Au rayon du film spectaculaire qui nous cloue à notre fauteuil, Cameron est au-dessus des autres imagiers (Jackson, Lucas, Nolan et consorts) car répondant parfaitement à nos attentes de spectateurs gavés par le robinet à images d’Internet et autres i-Phone. En créant du visuel inédit, venant « se maximiser » dans une 3D qui exploite au mieux jaillissements et profondeurs, Cameron semble faire sienne la devise de Kubrick : faire du film une « expérience visuelle non-verbale » ; I see you…, entendait-on plusieurs fois dans le Pandora d’Avatar. La force de frappe filmique du père de Terminator et d’Aliens réside, depuis Titanic, non seulement dans le fait d’inventer des mondes en vase clos qu’on n’avait jamais vus auparavant (le bleu d’Avatar, le paquebot-écrin du Titanic), mais surtout dans le tour de force - ou stratagème illusionniste - qui donne l’impression de réinventer la vision. Nous qui sommes blasés par une invasion d’images en tous genres et de plus en en plus moches, on bénéficie avec Cameron d’une… hygiène de la vision : nous devenons en salle de bons gros bébés qui redécouvrons le monde et la joie toute simple de jouir des possibilités du visible. Bref, la Cameron 3D est arrivée ! 

10) Sur la piste du marsupilami  : comment Chabat ?

L’ex-Nul réussit, avec Sur La piste du Marsupilami, là où Spielberg a échoué avec Tintin. M’enfin ?! Un Ricain moins bon qu’un Français ? Eh oui, ça peut arriver ! Autant le film de l’Américain s’écartait de la ligne claire d’Hergé pour tendre vers le blockbuster pyrotechnique indigeste, autant le Français - cocorico - reste fidèle à Franquin, le papa du célèbre mammifère ovipare jaune à la queue-ressort de huit mètres, et à l’esprit BD en général : des gags visuels en veux-tu en voilà et un art du décalage façon Goscinny, Gotlib et les auteurs des éditions L’Association ; le tout étant saupoudré par la « décontraction de l’intelligence » (définition de la connerie selon Gainsbarre) propre à l’âge d’or de l’esprit Canal +. On rit de bon cœur, c’est bon enfant, « open barre de rire » pourrait-on dire, certes ça ratisse large (de 7 à 77 ans selon la formule consacrée) mais le 4e film de Chabat est suffisamment enlevé, malin et chatoyant pour rappeler, dans ses meilleurs moments, les aventures de Tintin (la Palombie à l’exotisme tropical façon les Picaros) et les courses-poursuites trépidantes des comédies signées de Broca : L’Homme de Rio, Le Magnifique. Et puis en dehors du plaisir de retrouver un animal mythique qui ne cesse de se faire la malle (Chabat a d’ailleurs l’intelligence de le rendre bien plus existant en creux que par sa présence effective à l’image), il y a quand même deux séquences anthologiques dans le film : la scène dans laquelle Pablito (Jamel Debbouze) se fait niquer l’oreille par un chihuahua survolté est à pisser de rire, à en faire péter la gaine de mamie !, et celle où le général Pochero (énormissime Lambert Wilson) se transforme en blondasse pailletée pour entamer, au beau milieu d’une soldatesque tyrannique, un tube de Céline Dion vaut vraiment son pesant de cacahuètes. A mon avis, rien que pour ces deux moments hors pistes quittant volontiers le « film pour enfants » pour rejoindre un comique de l’absurde des plus réjouissants, le film poilant qu’est Sur La piste du Marsupilami mérite d’être vu et salué. Pour Chabat : hip hip hip Houba ! 

1 De Rouille et d’os de Jacques Audiard (Fra.)

2 Killer Joe de William Friedkin (E.U.)

3 Holy Motors de Leos Carax (Fra.)

4 Cogan : Killing them softly d’Andrew Dominik (E.U.)

5 L’Odyssée de Pi d’Ang Lee (E.U.) - Article et Bande annonce HD

6 Wrong de Quentin Dupieux (Fra.)

7 Le Grand soir de Benoît Delépine et Gustave Kervern (Fra.) - Bande annonce HD
8 Magic Mike de Steven Soderbergh (E.U.) - Bande annonce HD
9 Titanic 3D de James Cameron (E.U.) - Bande annonce HD
10 Sur la piste du marsupilami d’Alain Chabat (Fra.) - Bande annonce HD



36 réactions


  • Francis, agnotologue JL 2 janvier 2013 10:51

    Bonjour,

    Pour ma part, j’aimerais ajouter à cette liste le très émouvant et drole : « Du vent dans mes mollets » Réalisé par Carine TARDIEU, avec entre autres : Agnès Jaoui, Denis Podalydès et Isabelle Carré.


  • LE CHAT LE CHAT 2 janvier 2013 11:58

    j’ai été voir « de l’autre coté du periph  » pendant les fêtes et je me suis bien marré , un tandem efficace .....


  • Vincent Delaury Vincent Delaury 2 janvier 2013 12:08

    Scoop dernière minute !  smiley
    Selon le président américain Barack Obama, les 3 meilleurs films de l’année 2012 sont [tiens, que des métrages américains au passage...] :
    - Les Bêtes du Sud sauvage « Les Bêtes du sud sauvage était spectaculaire » (B.O.)
    - L’Odyssée de Pi
    - Argo « Ben Affleck a fait du bon boulot. » (B.O.)

    Ici  : http://www.20minutes.fr/cinema/1072547-meilleurs-films-2012-selon-barack-obama


  • julie julie 2 janvier 2013 13:17

    j’ai vu jack reacher juste avant la fin de l’année...bon petit film d’action
    avec malheureusement quelques imperfections


  • Fergus Fergus 2 janvier 2013 13:22

    Bonjour à tous.

    Mes films préférés cette année, outre Du vent dans les mollets déjà cité plus haut : Le cochon de Gaza, 38 témoins, Le prénom, Monsieur Lazhar et Royal Affair.

    Mais si j’ai vu 21 films en 2012, je n’ai vu aucun de ceux qui figurent sur la liste de Vincent. J’ai d’ailleurs un problème avec les films d’Audiard et de Carax que j’apprécie peu, de même qu’avec les films d’action à l’américaine et avec la 3D qui me donne des migraines au bout de quelques minutes tout en donnant à l’image une profondeur artificielle.


    • Francis, agnotologue JL 2 janvier 2013 13:56

      Bonjour Fergus,

      comme vous, sauf que, sur la liste de Vincent Delaury j’en ai vu deux ou trois : seul Le marsupilami m’a laissé un bon souvenir. Les autres : oubliés.


  • velosolex velosolex 2 janvier 2013 16:39

    On a pas vraiment les même gouts ;

    Je ne recommanderais pas à mon pire ennemi HOLLY MOTORS : Que Le dénommé Léo Carax, puisse continuer sa carrière, de navet en bide, me laisse toujours stupéfait. Pourquoi ai-je été voir ce film ? Un moment d’oubli....J’ai finalement piqué un petit somme. Au réveil, l’abjection était toujours là, j’ai choisi de sortir, avec quelques autres spectateurs.....Un scénario lénifiant, des poses arrogantes, l’ensemble projeté à la taloche ; uniquement accessible à quelques poseurs contemporains, s’arrogeant de ne pas voir que le roi est nu....

    DE CHAIR ET D’os : Un fim qui a été fait pour plaire, à l’internationale. Un bon produit marketting assez insignifiant.

    Par contre, j’ai appris à ma grande stupefaction que POPULAIRE ? DE REGIS ROINSART, ne marchait pas trop en salle.

    Allez le voir. Il faut sauver ce petit chef d’œuvre. Une réussite dans tous les domaines, que ce soit dans la comédie, qu’au niveau du scénario, que de la reconstitution historique et sociologique des années 50.
    Amélie Poulain a eu droit ainsi a une seconde chance, ce film en est le pendant, de grâce, d’humour et de fraicheur.

    TROIS DE MES MOTS PREFERES
    ET LES VOTRES ?


    • Fergus Fergus 2 janvier 2013 17:39

      Bonjour, Velosolex.

      Entièrement d’accord avec vous. J’ai oublié « Populaire » dans les films que j’ai cités ci-dessus, et c’est une faute.

      J’avoue avoir hésité à aller le voir car je craignais qu’il ne s’agisse d’un film gentillet et agréablement rétro mais sans plus. Or, j’ai été véritablement emballé par ce petit bijou d’humour et de créativité sur un scénario pour le moins original. Une excellente surprise !


    • Francis, agnotologue JL 2 janvier 2013 18:48

      même point de vue : Populaire, un joli film à voir sans retenue. Un scénario original, des images délicieusement rétros, des acteurs bien dirigés, et un Romain Duris pas agaçant. Enfin, pas trop ! Enfin, pour moi.


  • Camille69 Camille69 2 janvier 2013 17:12

    je n’ai vu aucun de ces films ce sans doute des navets.
    soit vous avez des gouts de merdes soit il y a plus rien de bien au cinoche.


  • rouge sang 2 janvier 2013 18:04

    1/phantom of paradise

    2/monty python : sacré graal

    3/Mulloland drive

    4/la vie de david gale

    5/Au dela du reel

    6/La vie de biran

    7/The wall

    8/Le père noel est une ordure

    9/Brazil

    10/il était une fois dans l’ouest

    11/2001 l’odysée de l’espace/usual suspect/midnight express/les diables/barry lyndon/orange mecanique/Angel heart/the kindom

    mais j’en oublie


  • velosolex velosolex 2 janvier 2013 19:23

    Je me souviens que « Juliette des esprits » de Frederico Fellini, avait été nommé « pire nanard de tous les temps »
    Ce film qui date des années 60, n’a rien perdu de sa grace, de sa folie, et son inventivité. Comme quoi, vraiment, le pire des uns, est aussi le meilleur des autres. Et réciproquement. Mais s’il me fallait comme certains faire une sélection, je proposerais celle-ci.« 

     »Amacord« , de Fellini, mais aussi de lui : » La strada« ,
     » Les misfits« de John Huston.
     »La nuit de l’iguane« de John Huston.
     »La nuit du chasseur« de James Agee
     »Hotel du nord« de Marcel Carné
     » Profession reporter« d’Antonioni
     » Le fanfaron " de Dino Risi


  • docdory docdory 2 janvier 2013 23:20

    @ Vincent Delaury

    Je n’ai malheureusement vu aucun des films que vous classez dans les dix premiers. A vrai dire, pour diverses raisons, j’ai beaucoup moins été au cinéma cette année que les années précédentes. 
    Voici les dix meilleurs films que j’ai vu cette année :

    1°) Skyfall ( Sam Mendes ) : Le meilleur James Bond ayant Daniel Craig dans le rôle de 007 , qui rentre enfin dans la peau de James Bond, et un des tous meilleurs James Bond en général . Tout y est exceptionnel : le générique somptueux , la chanson du générique signé Adèle ( une des trois ou quatre meilleures jamais faites pour un James Bond ), la scène d’introduction époustouflante, l’humour, le scénario d’exception, la réalisation irréprochable et Javier Barden au sommet du méchant JamesBondien ! 


    2°) Margin Call ( JC Chandor ) : terrifiante et hallucinante reconstitution d’une faillite bancaire à la « Lehmann brothers », film exceptionnel.


    3°) La part des ange ( Kenneth Loach ) Le cinéma britannique au sommet de sa forme, à déguster comme un single malt d’exception !


    4°) Men in black 3. On aurait pu croire la série épuisée, comment ont ils fait pour faire un numéro trois encore meilleur que les deux autres ? Somptueux scénario, somptueuse réalisation, hilarant de bout en bout.


    5°) Argo ( Ben affleck ) Une saisissante reconstitution historique non manichéenne d’événements ayant eu lieu en 1979 en Iran. Film d’espionnage de haute volée, l’anti James Bond, d’une certaine façon, mais quel suspense et quelle excellente réalisation ! La réalité dépasse la fiction...


    6°) Hunger games ( Gary Ross ) Film de SF pour public ados ou adultes, particulièrement saignant sur un monde effrayant dans lesquels ont envoie des ados se livrer à un jeu de massacre atroce pour faire marcher l’audimat. Glaçant et dérangeant...


    7°) John Carter ( Andrew Stanton ) Un amusant et curieux film de SF : la SF telle qu’ont l’aurait filmé au début du XXème siècle si les techniques cinématographiques modernes avaient existé à l’époque . A la limite du kitsch, mais très sympa.


    8°) J Edgar (Clint Eastwood ). Habituellement je déteste par dessus tout les biopics, mais évidemment , la vie de J Edgar Hoover tournée par Clint Eastwood, ça prend tout de suite une autre dimension !


    9°) Savages ( Oliver Stone ) Un thriller et une histoire d’amour des plus originales , dans le milieu des planteurs de cannabis californiens ...


    10°) Looper (Rian Johnson ) Un bon petit série B de science-fiction, mais cette idée scénaristique aurait peut-être pu aboutir à un chef d’oeuvre dans d’autres mains, toutefois ne boudons pas notre plaisir ...


    Et maintenant les deux plus mauvais films de l’année :


    1°) Cosmopolis, de David Cronenberg. Quelle mouche a piqué le génial réalisateur de « Existenz »pour qu’il en arrive à commettre un navet pareil ? La pire forme du navet : le navet atrocement ennuyeux et totalement prétentieux. A classer dans les huit plus grands et les plus insupportables navets de l’histoire du cinéma avec « Japon » de Carlos Reygaddas, « breaking the waves » de Lars von Trier, « 37°2 le matin » de Jean Jacques Beneix, « tous les matins du monde » de Alain Corneau, « merci la vie » de Bertrand Blier et « Prospero’s book » de Peter Greenaway ! 


    2°) Prometheus : prétentieux et inutile « prequel » de la série des Alien, série à laquelle il n’apporte strictement rien ... Pourquoi Ridley Scott, le génial créateur d’Alien s’est-il lancé dans la réalisation de cette daube, voilà qui reste un mystère total !


    • rouge sang 3 janvier 2013 05:22

      croneneberg a toujours été inégal, nous avions eu le droit au navet history of violence il y a peu. Par contre breaking the wave, navet.. pas vraiment d’accord, antéchrist.. ça oui !


    • LE CHAT LE CHAT 3 janvier 2013 12:19

      salut Doc et meilleurs voeux ,

      Skyfall était excellent et moi aussi j’ai aimé Hunger games , je me suis m^me, offert en bouquin la trilogie pour noel pour connaitre la suite ...  smiley


    • Vincent Delaury Vincent Delaury 3 janvier 2013 12:41

      Docdory : « 10°) Looper (Rian Johnson ) Un bon petit série B de science-fiction »

      D’accord avec vous pour ce film-là.

      Pour Prometheus, même s’il est inégal, je trouve qu’il y a de beaux passages dedans et une réelle ambition. A+ smiley
      Cdlt,
      VD


    • docdory docdory 3 janvier 2013 12:45

      @ Le chat


      Meilleurs voeux à toi aussi. Pour la trilogie « hunger games », je vais l’emprunter à ma fille qui, à mon avis, doit l’avoir dans sa bibliothèque !

    • docdory docdory 3 janvier 2013 12:48

      @ rouge sang

      Ah, bizarre ! « History of violence » est un de mes Cronenberg préférés ...

    • rouge sang 3 janvier 2013 14:39

      mince c’est pourtant la baudruche qui se dégonfle..

      je préfere dead zone fabuleux existenz entre autre et même crash le polémique mais obsédant

       


    • Runescape Transit 3 janvier 2013 14:52

      Bizarre que la Mouche ne vienne à la tête de eprsonne


    • Vincent Delaury Vincent Delaury 3 janvier 2013 15:20

      Docdory, La Mouche est mon Cronenberg préféré ! smiley


    • Runescape Transit 3 janvier 2013 15:25

      Tut tut tut tut docdory n’a pas et de toute façon ne peut pas faire sa chrysalide smiley 


    • Vincent Delaury Vincent Delaury 3 janvier 2013 15:32

      Runescape Transit, je m’adressais à vous mais vos visuels d’insectes me font m’embrouiller !


    • Runescape Transit 3 janvier 2013 15:35

      Je comprends bien Vincent, est ce plus en « conformité » comme ça ? smiley


    • Vincent Delaury Vincent Delaury 3 janvier 2013 15:41

      C’est plus simple !


    • Runescape Transit 3 janvier 2013 15:42

      Cool, au post précédent je savais pas encore ce qu’il y avait « au menu » smiley smiley


    • docdory docdory 3 janvier 2013 17:53

      @ Vincent Delaury 

      J’y fais une allusion camouflée en me demandant, dans mon commentaire, « quelle mouche a piqué Cronenberg... » !

    • docdory docdory 3 janvier 2013 18:39
      @ Vincent Delaury
      Je vais essayer de développer mon opinion sur Promethéus
      L’art du « prequel » est un art difficile. En effet, le « prequel » non seulement doit apporter une sorte d’explication cohérente et lumineuse aux épisodes qui suivent, mais encore doit, si possible avoir les qualités qui ont fait que l’on a aimé le film dont s’inspire le prequel.
      L’archétype de l’excellent prequel est celui de la Planète des singes ( « la Planète des singes : les Origines », film de Rupert Wyatt ). Il faut noter que ce prequel ne peut servir en réalité de prequel qu’à la version cinématographique de Franklin J. Schaffner ( celle de 1968 avec Charlton Heston ) . En effet, l’action de cette version-ci se déroule sur la Terre, alors que la version de 2001 de Tim Burton se passe sur la planète Soror, conformément au roman de Pierre Boulle ) .
      Ce prequel, d’une part donne une explication cohérente à l’apparition de plusieurs espèces de singes intelligents sut Terre, et sous-entend une explication au fait que l’humanité ait fini par être réduite en esclavage par ceux-ci , et d’autre part est en lui même un chef d’oeuvre de la science-fiction au moins égal par ses qualités propres au chef d’oeuvre de Franklin Schaffner.
      Si l’on considère la trilogie préquellaire de « La Guerre des étoiles », là aussi, les trois films du prequel apportent une explication au fait que Anakin Skywalker soit devenu Dark Vader ( Darth Vader ) et à la situation politique de début de la première trilogie de « la Guerre des étoiles »
      La trilogie préquellaire a des qualités cinématographiques indéniables et est parfaitement cohérente avec la suite. Tout au plus pourrait-on lui reprocher un certain manque d’humour, alors que l’humour était une des grandes qualités de la trilogie originale, mais cela tenait beaucoup au personnage de Han Solo qui, bien entendu , n’existait pas encore dans le prequel.
      Par contre, le prequel « Prometheus », d’une part donne une explication très décevante de ce qu’est le vaisseau extra-terrestre que découvre l’équipage du « Nostromo » dans le premier « Alien », fait de l’occupant « explosé » sur son siège d’astronaute extra-terrestre un simple humanoïde ayant un génome humain, ce qui n’est franchement pas créatif du tout. Par ailleurs ce prequel fait infiniment moins peur que le film « Alien », ce qui est quand même plus qu’ennuyeux ! (Je me rappelle avoir vu « Alien » quand j’avias 18 ou 20 ans, ce fut une expérience terrifiante ! )
      Bien que je reconnaisse volontiers que les images et la mise en scène de « Prometheus » soient bien ficelées, ça aurait pu être un bon film s’il n’y avait pas eu « Alien » auparavant, mais là , on est bien obligé de comparer ...

    • rouge sang 4 janvier 2013 14:48

      la mouche c’est pas le scénario d’enfer non plus

       

      j’aimais bien scanner malgré l’affiche pitoyable


  • lulupipistrelle 6 janvier 2013 16:36

    Le Hobbit et John Carter...



    Je connais tout mon Tolkien par coeur, et j’ai toujours adoré Edgar Rice Burroughs.

    Sinon j’ai découvert sur le web des séries historiques chinoises qui m’ont passionnée, au hasard : 
    CCTVF - Chine - Le Grand Empereur Wu des Han ... 

  • Éric Guéguen Éric Guéguen 20 janvier 2013 10:04

    Bonjour à vous.

    J’arrive un peu tard, mais c’est mieux que jamais ! smiley
    En ce qui me concerne :
    - meilleur film français vu : Le Prénom
    - meilleur film étranger vu : Margin Call
    De rouille et d’os et The Dark Knight Rises sont très intéressants également, et je n’ai pas encore vu Dans la maison, qui avait l’air très prometteur.

    Meilleurs vœux.
    EG


Réagir