Michael Jackson, alias Mister Lonely, is back !
Mister Lonely* ou L’Attaque des clones en quelque sorte.
Le film du réalisateur indépendant Harmony Korine (Gummo, Julien donkey-boy) - Mister Lonely - n’est certainement pas un chef-d’œuvre, trop de complaisance arty et branchouille (allant même jusqu’à s’égarer dans des stases spatio-temporelles filmiques propices à l’ennui !), mais, en allant surfer sur l’île artificielle et mélancolique des sosies (Charlot, Marilyn, Madonna, le Petit Chaperon Rouge, Bambi...), il permet tout de même une sorte de come-back par procuration à... Michael Jackson, King of Pop inscrit aux abonnés absents depuis un moment, c’est le moins qu’on puisse dire ! Mais, quoiqu’on en dise, ce mec-là, au visage déstructuré par la chirurgie esthétique, est un génie de la musique, un fucking genius je dirai même ! Eh oui, c’est LUI l’auteur magique de machines funky increvables et mythiques comme Don’t stop ‘til you get enough, Thriller, Billie Jean, Beat It, Bad et autres Blood on the Dance Floor. Yeah Michael, come on, the way you make me feel !
Derrière le strass, les paillettes et les heures, parfois cramoisies, passées sous les sunlights, cet illusionniste à la main d’argent, au moonwalk légendaire et au corps-fantôme, voire mutant, a toujours goûté à la solitude des stars, dont certains, fort cruels voire jaloux, n’attendent qu’une chose : la chute libre, sur le mode Plus dure sera la chute – bref, on en connaît la chanson, sur fond de procès sans fin et d’accusations de pédophilie notoires. Remember : « Leave Me Alone » chantait un Michael grimé dans un clip-parc-d’attractions éponyme, musée-clinique clipesque de 1988, un leitmotiv à ne pas oublier. Cette solitude rêvée, c’est aussi pour Michael une volonté d’échapper à soi-même. Et, chez Korine, au générique, l’image de Mister Lonely - en plein je(u) régressif, où l’on voit, sur un standard de Bobby Vinton, un Michael Jackson sur sa mini-moto au ralenti - saisit tout du personnage bigger than life : cet enfant Dieu bulle ad libitum dans un temps suspendu, au royaume cotonneux de Neverland. C’est un jet-lag permanent. Il a grandi trop vite, c’est un corps d’adulte dans un état d’esprit enfantin, rêvant non stop de chantilly flottante, de Peter Pan, de Fred Astaire, de miroirs rococo, de verres de lait à Demy pleins et de Mickeys kitschissimes. Au jour d’aujourd’hui, en 2008... 2009, il paraît que la star des stars, Michael Jackson alias THE King of Pop, serait encore dans tous ses états, il irait au plus mal, sa santé péricliterait tous azimuts (un déficit en alpha 1-antitrypsine, un œil gauche passant bientôt l’arme à gauche) ; concernant ce thriller d’un Jackson dont le corps élastique, après avoir été trépidant dans les 80’s et 90’s, serait désormais vacillant, voire carrément à l’Ouest, eh bien j’espère juste, en tant qu’aficionado jacksonien avéré du King !, que c’est de l’intox, pas de l’info ; la presse nous annonçant d’ailleurs, quelques jours après nous avoir fait part qu’il serait atteint d’une maladie génétique grave (greffe de poumons en vue), qu’il ferait en fait, en excellente forme, du shopping cosmétique à Beverly Hills tout en se préparant pour une prochaine tournée mondiale de près de trente dates à travers les cinq continents – sacré farceur, qui croire ?
A la copie estampillée Korine (égarée dans un phalanstère de sosies en terre écossaise aux confins d’un surréalisme « mara-bout-de-ficelle »), on peut toujours préférer l’original ; pour autant, l’original est déjà, en soi, à l’ère du corps formaté et du visage botoxé, une copie d’un Eldorado rêvé, un double, un masque-media. C’est pour cela que des artistes contemporains (McCarthy, Koons, Marclay, Horowitz, Belin et consorts), travaillant la surface de l’image médiatique, façon le dandy Warhol, ne cessent de se référer à ce corps-icône, à ce corps-blason, mannequin figé de vitrine bling bling qu’est le Jacko des charts et des tabloïds britanniques : pensons aux sosies désincarnés de Valérie Belin, portraits d’illusions qui sont comme autant de surfaces réfléchissantes de la star-system et de sa fabrique d’images-leurres ; on peut aussi évoquer la céramique barok’n’roll de Jackson & Bubbles, exposée au château de Versailles et signée par le néopop Jeff Koons. Hop hop hop, la boucle est bouclée ! : mettre le Roi de
Bon, en même temps, sa santé qui vacillerait, ça rappelle juste que Michael Jackson est aussi un enfant malade, un humain trop humain, avec ses faiblesses biologiques. Attention scoop : Michael n’est pas qu’une momie ou un homme enfermé dans un caisson à oxygène de pacotille, il vit, il respire ! Bref, Bambi forever ! Michael est comme le phénix, on attend toujours son (improbable) retour mais il a déjà été si haut qu’on se demande bien s’il arrivera encore, à plus de 50 ans passés, à toucher de nouveau les étoiles. Faisons un rêve, pour lui et son come-back à venir, en espérant que celui-ci ne soit ni un énième remix ni un disque rayé du genre best of du very best of. Cher Michael, qui que tu sois, sache-le, you are not alone !
* En salle depuis le 17 décembre