jeudi 3 août 2017 - par Bob Thomas

Monsieur Lévi-Strauss a démonté pour nous le préjugé raciste

Claude Lévi Strauss publie en 1952 « Race et histoire » un essai où par l’explication de la diversité des cultures, l’ethnocentrisme, le déroulement historique et la définition il démonte patiemment le racisme et sa théorie pour mieux penser l’humanité.

Claude Lévi-Strauss commence par une vive critique de Joseph Arthur de Gobineau, le père des théories racistes du XIXè siècle qui avait écrit « L’inégalité des races humaines » où il sépare le monde en trois races « blancs, noirs, jaunes ». Lévi-Strauss explique que l’originalité des ethnies n’ai pas du à la constitution anatomique ou physiologiques de celles-ci mais à des circonstances géographiques, historiques et sociologiques et surtout à une diversité culturelle et esthétique qui caractérise la spécification progressive d’une ethnie.

La diversité des cultures selon l’auteur est impossible à inventorier. En effet dans une même culture peut se soustraire des communautés avec des spécifiés différentes. Donc Lévi-Strauss vient à définir la culture comme une donnée qui n’est pas statique mais mouvante car l’émancipation ou l’héritage les font évoluer et rencontrer.

Pour autant l’ethnologue sait que ces faits ne sont pas inée pour certains. C’est pourquoi il poursuit en analysant ce mécanisme réflexe de condamner la différence. Les grecs appelaient « barbares » tout ce qui n’était pas grec. Ainsi ils rejetaient la diversité culturelle par peur de l’accepter et de composer avec. Mais Lévi-Strauss dénonce aussi ceux qui acceptent de reconnaitre la diversité pour mieux la maintenir au dehors de leurs murs. Pour lui ces deux types de personnes poursuivent le même dessein : celui de la sauvagerie. En voulant dénoncer une « sauvagerie » ils ne font que se complaire dans la leur.

Il divise les cultures en trois groupes : celles qui nous sont contemporaines mais géographiquement éloignées, celles qui nous sont antérieures et géographiquement proches, celles qui nous sont antérieures et géographiquement éloignées. Par ce biais il démonte l’engrenage de celui qui trouve inapproprié les habitudes d’une culture qui n’est pas la sienne sans connaître l’histoire et la genèse de celle-ci. Pour Lévi-Strauss c’est une erreur intellectuelle de juger une culture en plaçant le patrimoine historique de la sienne comme référence.

L’anthropologue invite ensuite à une relecture plus prudente du concept de progrès. Effectivement selon lui le progrès n’est pas une ligne grandissant vers un même sens au contraire le progrès change d’orientation suivant les besoins et les attentes. Par conséquent il est inutile de poser sur une frise chronologique les événements et les changements en plaçant la dernière année comme « la plus progressive » car cela relèverait d’un anachronisme. Pour autant il ne faut pas nier la réalité d’un progrès de l’humanité. Par ailleurs Lévi-Strauss explique son idée de progrès pour mettre en garde contre les préjugés faciles. Si c’est une erreur de juger une culture géographiquement éloignée avec son patrimoine historique, c’est aussi une erreur de juger une période historique antérieure avec son patrimoine culturel contemporain.

Claude Lévi-Strauss s’attaque également à la civilisation occidentale. Elle dominerait les autres non pas par choix mais par dépit, il n’y a pas d’adhésion à ce mode de vie spontanée. Il l’explique notamment par l’intérêt occidental des sciences et de la technologie et cette volonté à se séparer du primitif.

L’auteur en vient donc à conclure qu’il n’y a pas de hiérarchie entre les cultures car elles se développent entre elles pour enrichir un patrimoine commun et que plus les échanges seront grand plus le progrès le sera. Il redéfinit donc le progrès comme résultat de la mise en commun des différences culturelles. Le défi est donc de collaborer sans pour autant avoir un but d’homogénéisation.



11 réactions


  • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 3 août 2017 10:20

    Pauvre Lévi-Strauss ! Il n’avait pas mérité ça : le créateur de l’anthropologie structurale réduit au rôle de boy-scout maralisateur.


    Suggestion à l’auteur pour un prochaine article : « Monsieur Freud et la clé des songes » ou « Madame Soleil et les prévisions de météo-France ».

    • jambon31 3 août 2017 16:11

      @Jeussey de Sourcesûre
      Bonjour,
      Je vous trouve bien sévère car l’auteur, me semble-t-il, ne fait que parler de « Race et Histoire » petit essai de commande de l’UNESCO ; Il ne prétend pas analyser l’œuvre de Lévi-Strauss qui est tout autre et bien plus vaste et bien plus complexe à appréhender.
      Pour revenir à l’article, je le trouve très bon. Il arrive à point.


  • soi même 3 août 2017 11:16

    ( Le défi est donc de collaborer sans pour autant avoir un but d’homogénéisation) j’aimerais que vous m’éclairer sur ce paradoxe, car pour collaborer il faut être conscient de son identité, car sans cela c’est bien une homogénéisation que l’on assiste dans le concept, la terre est devenue un grand village.


  • Decouz 3 août 2017 11:18

    On retrouve des idées analogues chez Jacques Soustelle qui a vécu chez certains peuples indiens d’Amérique centrale et étudié leurs caractéristiques.
    Il nie l’idée d’un progrès absolu, il y a eu maintes civilisations qui ont disparu après avoir connu un grand développement intellectuel, qui ont développé tel ou tel aspect, telle société a pu ignorer le métal et pourtant développer une architecture élaborée, le seul aspect technologique n’est
    Il considère que chacune a une vision propre, qui ne doit pas être rejetée au nom d« une supériorité supposée de la civilisation occidentale moderne.
    Sur le plan des individus, il n’y a pas »des sauvages« indistinctement, il y a autant de caractères individuels chez eux que chez nous. Il y a autant d »intelligence dans l’adaptation à leur environnement particulier.
    Il nie, pour les sociétés humaines la différence histoire/préhistoire, toute société humaine a une histoire, les traces n« en subsistent pas toujours d »une manière évidente (toutes les sociétés n« ont pas construit des bâtiments en pierre).
    Je ne pense pas que Soustelle qui a joué un rôle important auprès de De Gaulle avant de s’opposer à lui sur l’Algérie voulait brader sa civilisation de naissance. Il s’agissait plutôt d’enrichir le regard sur l’humanité, non pas en opposant les civilisations mais en montrant leur complémentarité.
    L’écrivain Le Clezio dans »Le rêve mexicain« , s’interroge sur ce qu’aurait pu apporter à l’humanité cette civilisation si elle n’avait pas été détruite après l »invasion espagnole.


  • Decouz 3 août 2017 11:21

    ajout : l’aspect technologique particulièrement développé dans la civilisation occidentale moderne n’est pas le seul à prendre en compte, un développement intellectuel/artistique/spirituel peut revêtir de nombreuses formes.


  • soi même 3 août 2017 11:55

    ( Monsieur Lévi-Strauss a démonté pour nous le préjugé raciste ) si je vous suis bien Lévi-Strauss ne mit pas les races, il réfute sa classification de valeur des races, car il est vrai que les différentes races sur terre sont différentes elle ont toute des particularités physiques différentes, cela n’est pas une motion péjorative en soit , ce qui est nuisible c’est d’utilisé se prétexte pour asseoir son hémogénie économique, politique culturel.
     


  • Maître Yoda Castel 3 août 2017 15:58
    « Il redéfinit donc le progrès comme résultat de la mise en commun des différences culturelles. »

    à mon sens, vous devriez plus parler de compréhension mutuelle, car la mise en commun entre une culture qui pratique x et une autre qui pratique y risque de produire un sacré bordel.
    Après Levy Strauss n’est pas connu pour être un grand tolérant de « certaines cultures ».

  • owen meany 3 août 2017 17:01

    Les grecs appelaient « barbares » tout ce qui n’était pas grec. Ainsi ils rejetaient la diversité culturelle par peur de l’accepter et de composer avec.


    Cela m’avait surpris qu’il ait laissé ça. Race et Histoire est une commande de l’UNESCO, le contexte était à la polémique laissée par Gobineau après la WW2 avec une idéologie d’une race supérieure. Je soupçonne Levi Strauss d’avoir rédigé un peu vite son essai.

    Le barbare du grec n’était pas celui du romain.

    Le monde grec a été formé par accumulation de populations et agrégation de territoires : mycéniens, achéens, acadiens, doriens, ioniens... Le grecque savait qu’il disposait d’une langue -le grec- qui rassemblait différentes cités : guère de « race pure » dedans.
    Les grecques savaient qu’il étaient entourés de civilisations, plus ou moins anciennes sur tout le pourtour méditerranéen et au delà de la Mer Noire : Sumériens Babyloniens, et Persans, Phéniciens, Libyens, Numides, Ibères, Celtes, Ligures, Scythes...
    « Barbare » signifiait « qui ne parle pas notre langue » (« br-br », on ne comprend pas ce qu’ils disent), en rien « ce sont tous des sauvages ». Aujourd’hui, on dirait « étranger ».
    Le voyageur Hérodote est, de fait, le premier anthropologue que l’on connait à ce jour. Ses Historia sont à comprendre au sens anciens : enquêtes, explorations, il s’intéressait à la géographie humaine. Son journal de voyage a collecté tout ce qu’il comprenait des différents peuples qui composaient les civilisations citées plus haut. S’il avait été raciste, au sens méprisant des autres, il n’aurait pas eu l’empathie nécessaire pour décrire, de façon très colorée, toutes les mœurs des différents peuples.

    Dans l’empire romain, le mot barbare a été repris pour désigner les pénétrations incessantes de peuples semi-nomades, guerriers armés arrivant à cheval, occupant ou détruisant les ouvrages et aménagements que les artisans-bâtisseurs avaient construits : Huns, Goths, Vandales, Ostrogoths, Visigoths, Francs, jusqu’à la chute Rome. Les invasions barbares étaient une façon de décrire toutes ces invasions germaniques dont les Romains devaient certainement avoir ras le bol.

     
    Donc bon...


  • Phalanx Phalanx 4 août 2017 18:32

    « l’originalité des ethnies n’ai pas du à la constitution anatomique ou physiologiques  »


    Bien sur, Masaïs, Sumos, Aborigènes australiens, Suèdois (du temps de la Suède pré Islamique), Esquimaus, Pygmés, Slaves, Dravidiens, Mongols etc ....

    Vous gardez les même mais les remplacer par des banthous (comme en France) et rien ne change.

    Les races, cad la « constitution anatomique ou physiologique » sont la composante physique des ethnies. C’est un critère parmi d’autres, il ne faut ni le sublimer, ni l’ignorer. 

    La discussion sur l’inégalité des races est la même que sur l’inégalité des cultures ... vous n’aurez jamais de réponse absolue, ca ne se peut pas. 


    Mais si vous considerez votre race et votre culture comme inférieures, juste bonnes à se faire diversifier, alors vous disparaitrez (ie Europe de l’ouest).

    La diversité raciale fait partie intégrante de la diversité culturelle, l’homogénisation (la « diversification » comme on dit en lagage Orwellien) va apporter bien plus de problèmes qu’elle n’en réglera. 

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