Musiques du monde et politique font-elles bon ménage ?
Sciences Po organise à la rentrée les Etats généraux des musiques du monde. Quelle drôle d’idée ! Et quelle légitimité ? Le débat fait rage sur Rue89 et sur le forum de cet évènement. En attendant, les musiques du monde continuent de s’épanouir pour le plus grand plaisir des foules et de vivre pleinement et librement loin de ces tohus-bohus d’intellectuels. Le Festival Bout du monde vient de se clore : retrouvez les vidéos hautes en couleurs ! Ecoutez ! Dansez même ! Et laissez ces intellos se crêper la tignasse.
Tandis que Rue 89 signale un forum où les participants débattent de l’utilité des prochains états généraux des musiques du monde en septembre à Sciences Po, tandis que l’on s’égare et que l’on se dispute sur la définition à donner à ce terme générique, le festival "Bout du monde" battait son plein à Crozon (Finistère).
Pour délimiter la notion de musique du monde, certains voient large et considèrent que le jazz est pour les indiens une musique du monde, de même que la chanson française pour les Chinois. Wikipedia, qui a consacré un portail spécial à ces musiques, préfère exclure ces styles musicaux ainsi que le blues, le rock, le reggae, la soul, la musique électronique et la musique contemporaine "soit parce qu’ils n’ont pas d’attache nationale, soit parce qu’ils se sont éloignés de toutes formes traditionnelles." Le wiki limite la définition aux genres musicaux incluant des instruments acoustiques traditionnels. Pour Wikipedia, la world music n’est qu’une sous-catégorie des musiques du monde tandis que sur le forum des états généraux, on la considère comme étant la même chose mais avec un nom anglo saxon.
On peut se demander aussi en quoi Sciences Po aurait des compétence spécifiques pour assurer ces états généraux des musiques du monde. Mais il paraît que la culture c’est politique...Divers arguments sont mis en avant : des musiciens du monde sont interdits d’entrée en France pour se donner en concerts, des musiciens du monde sont exploités par des labels de disque, etc. On peut néanmoins rester sceptiques face aux raisons avancées pour justifier la tenue de ces états généraux dans les locaux de la prestigieuse école des intellos en voie de muer en dociles technocrates : les étudiants de Sciences Po ne sont pas les meilleurs mélomanes ni les meilleurs pratiquants de musique, cela se saurait !
Je conseille à ces hurluberlus de se rendre sur le fil musique de Télérama "Mondo sono" qui diffuse une playliste hebdomadaire de qualité comportant 3 titres phares commentés. Déjà le 41ème opus de ce riche fil audio : le dernier en date "spécial Maroc".
Loin de tous ces questionnements, le Festival Bout du monde battait son plein à Crozon du 31 juillet au 2 août.
Si l’on voulait donner raison aux étudiants de Sciences Po, on ne ferait pas mieux que de commencer cette présentation par Gilberto Gil, qui fut ministre de la Culture du gouvernement de Lula Da Silva de janvier 2003 à juillet 2008. S’il y a un lien entre politique et les musiques du monde, il est bien là ! Gilberto Gil a créé, en tant que ministre, des écoles de musique pour les pauvres : "La culture est au centre de la race humaine. Dommage que les gouvernements en aient si peu conscience." Sur la répression du téléchargement illégal sur Internet, il affirme clairement : "Les limites aux possibilités offertes au public par la technologie doivent être posées seulement après un large débat démocratique. Il faut rechercher un équilibre entre l’intérêt commun et l’agenda du monde capitaliste "
Depuis sa création en 1999, le festival Bout du monde de Crozon a reçu 54 nationalités différentes et cela continuera.
Mais le festival a accueilli aussi des artistes qui n’entrent pas dans la catégorie stricte de musiques du monde : ainsi la rockeuse québécoise Pascale Picard ou Thomas Fersen, Maxime Leforestier.
Pour visionner les vidéos de la fête, vous pouvez consulter les dossiers confectionnés par les deux quotidiens locaux. Vous y trouverez du beau monde : Thomas Fersen (France), Minino Garay (Argentine), Gilberto Gil (Brésil), Ayo (Allemagne - Nigéria), Laxula (Espagne), Terrakota (Portugal), Maxime Le Forestier (France), Marianne Faithfull (Grande-Bretagne), Tryo (France), et bien d’autres.
Dossier Le Télégramme
Dossier Ouest-France
Ces deux dossiers ne rendent pas compte de l’intégralité de la programmation que l’on peut trouver sur le site "musiques du monde".