lundi 17 février 2014 - par Pelletier Jean

Netflix, c’est pour demain

Le monde de l’audiovisuel est en ébullition, chaines de Télé, producteurs, réalisateurs, c’est tout l’audiovisuel français qui est en émoi. Netflix paufine sa stratégie d’arrivée en Europe et vise particulièrement la France.

Mais de quoi s’agit-il ? Netflix, est ce que l’on appelle un VOD, un service de vidéo en ligne à la demande, rien de bien extraordinaire. Pourtant il rôde autour de Netflix un petit air de licence globale appliquée à l’audiovisuel. En effet pour 6 euros par mois, vous bénéficiez d’un accès illimité à des films et des séries. Aux USA c’est la ruée, à tel point que Netflix y absorbe désormais un tiers du flux internet, entre 20 h et 23 h. Un américain sur 10 est désormais abonné à Netflix.

Le point fort de Netflix est sans conteste la série… à tel point que les pratiques courantes des téléspectateurs américains ont été bouleversées : c’est le Binge-watch qui fait la concurrence au Binge-drinking. A savoir le visionnage des heures durant de séries (généralement américaines et britanniques) qui concurrence le fait de s’enregistrer en train de boire à toute vitesse de grande quantité d’alcool et de le balancer sur You Tube.

Le fait de voir en enfilades des séries saison après saisons est déjà une habitude française via des réseaux de streaming plus ou moins légaux. On comprend que Netflix puisse s’intéresser au marché français. De l’intérêt, ils sont en train de passer à l’offensive. Plusieurs responsables de la société américaines sont venus en France au mois de décembre et de janvier pour rencontrer l’ensemble des responsables de la filière, dont le conseiller de Français Hollande en charge de la culture : David Kessler. En parallèle, Netflix publie une offre d’emploi pour recruter un poste de relations publiques pour lequel la pratique de l’allemand et du français est recommandée.

Pour l’instant tout cela est plutôt soft, la délégation de Los Gatos (Californie) joue à patte de velours et les responsables français marquent leur intérêt tout en rappelant les règles françaises et la nécessité absolue de ne pas menacer Canal +, le modèle français qui contribue largement au financement du cinéma français. Pour l’instant nous en sommes là, les deux parties s‘observent et Aurélie Filippetti, la ministre de la culture rappelle opportunément : « Netflix devra se plier à la réglementation française ». A savoir diffuser un certain nombre d’œuvres françaises et respecter la chronologie des médias (respecter le temps réglementaire entre la diffusion d’un film et son arrivée sur Internet).

Ensuite, le marché français a ses spécificités qui ne joueront pas nécessairement en faveur de Netflix :

  • Seul 3 % des français déclarent avoir testé un abonnement à la vidéo payante,
  • Les français ne sont pas des habitués du sous-titre, ils préfèrent le doublage,
  • Le prix de la TNT et des box internet est moindre en France qu’aux Etats-Unis.

La semaine dernière, les mêmes entamaient la tournée des popotes à Bercy et rue de Valois.

Netflix n’hésite plus à investir directement et donc à produire sur la toile. « House of Cards » fait un tabac auprès des 33,4 millions de foyers américains qui ont souscrit l’abonnement. Vendredi, Netflix a mis en ligne les 13 derniers épisodes de la saison 2 mise en scène par David Fincher, pas moins, avec à l’affiche Kevin Spacey et Robin Wright.

Canal + a bien essayé d’anticiper la crise que provoquerait l’ouverture du service Netflix en France, la chaîne cryptée a lancé Canalplay, service de vidéo à la demande, coût 6,99 euros, à rapprocher des 6 euros de Netflix. Canalplay n’a rassemblé que 300 000 abonnements, décevant. Il faut dire que l’offre est loin d’égaler ce que Netflix est susceptible de proposer : une centaine de milliers de films et toutes les séries possibles et imaginables. L’offre de Canalplay (6,99 euros) s’ajoute à l’abonnement à Canal +, à savoir 39,90 euros par mois.

Risquons un pronostic, Netflix ouvrira ses portes en France, juste après l’été, en tout cas avant la fin de l’année 2014.

En s’élargissant déjà au Canada, Mexique, Brésil et une tête de pont en Europe avec la Grande Bretagne, les Pays-Bas et la Scandinavie, il atteint le chiffre de 40 millions d’abonnés. Dans la mire de la société de Los Gatos : la France et l’Allemagne. Qu’il est long le chemin parcouru depuis la Californie, où louer par voie postale de DVD commandés sur le Web fut sa première activité, Netflix a pris position dans les entreprises de tête du Net.

Installé où Luxembourg, il lui reste quelques mois pour affuter sa stratégie d’installation :

  • consensuelle par la négociation, en acceptant de rentrer dans le cercle d’attente de diffusion des nouveautés du cinéma français, à savoir deux ans et demi. (Délai qui pourrait être raccourci à dix-huit ou vingt mois).
  • ou sauvage, à la iTunes, en prenant d’assaut la France depuis son siège social au Luxembourg ?

En tout cas la société de Los Gatos, vient d’annoncer une levée de fonds de 292 millions d’euros, de quoi faciliter son implantation en Europe, en particulier en produisant directement des séries.

Le numérique n’en finit plus de renverser les modèles installés pour promouvoir d’autres modes de consommation culturelles. Déjà le développement de la télévision à la demande, ce que l’on appelle les replays, commence à détourner les téléspectateurs moyens de la programmation linéaire. Nombreux sont les publics qui désormais ne se servent que du streaming et de la télévision à la demande. L’arrivée de Netflix pourrait marquer un virage définitif dans l’audiovisuel français.



24 réactions


  • foufouille foufouille 17 février 2014 16:26

    "diffuser un certain nombre d’œuvres françaises et respecter la chronologie des médias (respecter le temps réglementaire entre la diffusion d’un film et son arrivée sur Internet)."

    difficile vu le nombre de daube françaises produites par des fils de

    "Ensuite, le marché français a ses spécificités qui ne joueront pas nécessairement en faveur de Netflix :

    • Seul 3 % des français déclarent avoir testé un abonnement à la vidéo payante,
    • Les français ne sont pas des habitués du sous-titre, ils préfèrent le doublage,"
    vu le prix .........
    c’est ou la vostfr sans délai ?

  • interlibre 17 février 2014 16:47

    Salut,

    Ainsi je pourrais arrêter mon abonnement giganews et ça me coutera 3 fois moins cher...
    Ce qui me rend vraiment fou c’est que la licence globale on en a parlé depuis les premier débat sur Dadvsi en France, en 2006. A cette époque je ne sais même pas si Netflix avait commencé à faire de l’abonnement. (je ne pense pas) On aurait pu être des pionniers en France mais non, à cause de vieux rétrogrades corrompus par des lobby agonisants. Vieux rétrogrades qui sont encore la à voter des lois « d’avenir ».
    C’est honteux et c’est comme ça pour tout.

    Au moins aux USA, malgré leurs travers immenses, ils ont un peu d’intelligence quand il s’agit d’innovation.

    Culturellement, politiquement, scientifiquement, il reste tellement de choses possibles avec Internet et la France passera a coté de tout ça si on laisse des vieux cons au pouvoir. (qui ne sont pas forcement vieux physiquement j’entends bien ;)


  • bleck 17 février 2014 16:59

    Le seul soucis de l’oligarchie en place est de tenter de pouvoir contrôler le bouzin pour avoir sa part du gateau

    Et comme d’hab ; ils n’y arriveront pas ; vu qu’ils n’arrivent à rien


    Quand à la réciprocité « demandée » par la face de carême qui se pare du titre de ministre de la culture elle va avoir fort à faire de vouloir imposer des séries françaises dont la médiocrité n’est plus à démontrer tant elle est patente

    Encore que les courses-poursuites en voitures de Navarro soient d’anthologie

    Tout comme la haute portée philosophique de « Plus belle la vie » ou autres « Sous le Soleil » 



  • Scual 17 février 2014 17:36

    Tout ce qui peut nuire à l’oligarchie médiatico-culturelle de ce pays est bon à prendre.

    J’espère que nos grand médias crèveront tous pendant que de nouveau médias, œuvres et artistes de qualité réussiront enfin à émerger grâce à la fin de la chape de plomb de cet oligopole méprisable.

    Malheureusement c’est loin d’être gagné.


  • Pelletier Jean Pelletier Jean 17 février 2014 17:41

    Poir infos :

    Les patrons des trois principaux groupes privés de télévision français, TF1, Canal+ et M6, s’alarment de la concurrence grandissante des géants américains comme Google, Apple ou Netflix dans leur secteur, et en appellent à la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, dans une lettre commune, révélée par le blog Immédias de L’Express.

    « Ce n’est pas une crise économique que traversent TF1, Canal+ et M6, mais une mutation industrielle accélérée (...) menaçant à terme leur pérennité », avertissent Nonce Paolini, Bertrand Méheut et Nicolas de Tavernost dans une lettre datée du 11 février.

    S’inquiétant des « bouleversements provoqués par l’arrivée, dans le secteur de la télévision, de nouveaux acteurs » issus d’Internet et des nouvelles technologies, ils demandent à rencontrer la ministre pour lui faire part de « propositions d’urgence » pour réformer l’audiovisuel français.

    Ils relèvent en effet la puissance de ces groupes au « modèle économique mondial » qui s’appuient « sur des cadres législatifs et réglementaires plus souples » que ceux en vigueur en France, « tout en pratiquant une optimisation fiscale exorbitante ».


    • COVADONGA722 COVADONGA722 17 février 2014 18:00


      « Ce n’est pas une crise économique que traversent TF1, Canal+ et M6, mais une mutation industrielle accélérée (...) menaçant à terme leur pérennité 

      ben en voila une bonne nouvelle !!!!

    • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 17 février 2014 18:08

      Voui Cova , comme toi je mets mon pouce vers le bas !Qu’on les achève !


    • wesson wesson 17 février 2014 18:21

      Bonjour l’auteur, 


      cet appel des patrons des grands médias Français a tout de l’industrie du fiacre qui est en train de se battre contre l’arrivée de l’automobile. Qui ne se rappelle pas du locomotive act qui faisait que tout véhicule à moteur devait être précédée d’un piéton agitant un drapeau rouge. En réalité, il s’agissait d’une loi de complaisance, pour satisfaire à un lobby qui se sentait menacé. 

      Là on est dans un trip du même ordre : Ces patrons de chaines se sont opposés avec force à toute velléité de licence globale, en promettant qu’ils en feraient une et favoriserait l’interopérabilité. En fait, depuis lors ils n’ont rien branlé en dehors de protéger leur business façon citadelle médiévale, rajoutant toujours plus de verrous techniques afin de brider au maximum l’utilisation. On est même arrivé à la quintessence du truc notamment avec Orange qui vous « vends » un film, lisible uniquement avec leur player sur un ordinateur PC, mais pendant 5 ans et à la fin du délai, le fichier est inutilisable. Bref, une bête location qu’ils osent appeler « une vente ».

      Et bien la licence globale puisqu’ils n’ont pas voulu la faire, c’est un Américain qui va s’en charger, et pour pas très cher en plus. 

      Ces mecs là vont crever de leur propre bêtise, et franchement, j’ai beau essayer, mais je suis un peu sec de compassion pour eux. 

    • COVADONGA722 COVADONGA722 17 février 2014 18:27

      yep c’est trois saloperies de piranhas libéraux ont bouffés tout les brochets et gueulent parce que des requins vont débouler dans le bassins !

       qu’ils crevent !!!!

  • franck milo franck milo 17 février 2014 17:43

    franchement, je ne vois pas l’interet, ça s’adresse plutot à des jeunes, souvent sans le sous, qui peuvent se procurer tous les films et séries gratuitement. pourquoi payer ?
    ils vont se prendre une tôle magistrale.


    • Scual 17 février 2014 17:52

      Pas du tout, ça s’adresse à de jeunes adultes qui adorent les films et les séries et qui ne piratent pas ou alors uniquement parce qu’ils n’ont pas vraiment le choix puisque les offres légales sont pitoyables et la télévision encore plus.

      Ils s’abonneront massivement.


    • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 17 février 2014 18:05

      Le gouvernement cédera tellement aux revendications des fils ,filles et cousins du secteur ,et aux grosses chaînes que le prix sera 5 ou 6 fois le prix US ,et l’offre merdique ,sauf abonnement « premium » ou autre qui doublera le prix ...
      On parie ? smiley


  • Constant danslayreur 17 février 2014 19:16

    Tf1, Canal et M6, je ne capte pas ces trois chaines pas depuis quelques années mais j’ai toujours une idée de ce qu’ils continuent à faire à travers les zappings et alors voir certains avec leurs patrons, pointer au chomdu est une idée qui je l’avoue ne m’empêchera pas de trouver le sommeil
    oui...
    je sais...
    pardon...


  • paul 17 février 2014 20:19

     Elles ont les chocottes ces chaines françaises qui diffusent déjà des masses de séries américaines ? Tant mieux, qu’elles crèvent !
    Que vont elles faire ? demander des exonérations et des compensations à Oréliefilitruc qui va s’exécuter pour défendre le projet culturel de TF1, M6 et les bobos de C+ .....Ouaf !

    Qu’est ce que ça va changer ? Rien, la même chose en pire :
     offre amplifiée de : Game of Thrones, Breaking Bad, The Walking Dead, Dexter ...il parait que ça marche très fort aux States, alors yaka suivre l’exemple ...


  • Aristoto Aristoto 17 février 2014 23:25

    Moi la télé je la regarde comme on regarderai par pur sadisme voyeuriste un vieillard décrépie à l’agonie !!! ...Et j’aime ça !!!


  • Le printemps arrive Le printemps arrive 18 février 2014 07:59

    Tant qu’il y aura des gens pour vivre leur vie par procuration en visionnant des séries, il y aura un marché.
    Déçus des programmes débilitants de la télévision, ils vont vers d’autres programmes, plus adaptés, mais tout autant débilitants.

    Proposer toujours les mêmes choses avec un vernis différents, voilà un trait majeur de la recherche de croissance financière.

    Ce matin, j’ai vu le soleil se lever, entendu les oiseaux chanter, senti les bonnes et fraîches odeurs de ce printemps précoce, c’est ma série préférée, je m’enrichis tellement en leur présence...


    • Aristoto Aristoto 18 février 2014 15:50

      Ne lui prêtez donc guerre plus d’attention !!! Un fasho de plus nostalgique de l’homme sauvage, rêvant en un improbable retour vers la nature !!!

      C plus tiède encore que de la pisse de chat !!! ....Et ça s’enleve facilement à coup de brosse !!


  • Sylvain62 18 février 2014 12:53

    Innovation intéressante et qui fait bouger les lignes, malheureusement elle nous vient encore et toujours de l’Oncle Sam et il ne serait pas étonnant qu’elle participe de l’hégémonie culturelle américaine. En même temps l’audiovisuel français... 


  • Mmarvinbear Mmarvinbear 18 février 2014 13:04

    J’ai testé canalplay. A la limite de l’arnaque.


    Bon, à cause de cette foutue chronologie des média, inutile d’espérer voir des films récents sur ce média, même si c’est parfois pratique pour revoir des films depuis longtemps déprogrammés de la télé.

    Par contre niveau séries, c’est du foutage de gueule. 

    Les grands titres sont là, mais uniquement en morceaux. Inutile d’espérer commencer par la saison 1, en général ils programment deux ou trois saisons, genre la 2 5 et 7. 

    Et quand il y a l’intégrale, vous avez intérêt à être un chômeur insomniaque parce qu’ au bout d’un mois, zou, on retire la série de la programmation sans préavis, ni en disant quand elle reviendra, si elle revient !

    De la VOD à la française, quoi. Inutile et mal foutue.

    Et après, ils vont pleurer à l’arrivée des vrais pros dans le domaine...

  • Mmarvinbear Mmarvinbear 18 février 2014 13:10

    Le concept même de chaîne de télévision est en passe de disparaitre. 


    Du moins, un grand nombre d’entre elles vont mettre la clé sous la porte avec le développement de la VOD. Pourquoi entretenir des déclinaisons de chaînes ou des copiés-collés quand le programme désiré sera disponible à tout moment de la journée ?

    Des deux cent chaines actuelles, il ne devrait qu’en rester qu’une quarantaine d’ici quelques années selon moi. Cela va alléger les télécommandes...

  • claude-michel claude-michel 18 février 2014 13:45

    bof...un truc payant de plus...Déjà avec la télé d’aujourd’hui nous avons (avec la 2 et la 3)..une retransmission des jeux vraiment « SOTCHIP »...des journaleux sportifs désastreux..des commentaires et beaucoup de pub entre...des passages très courts des courses.. ?

    OUI....Vraiment SOTCHIP... !

    • Mmarvinbear Mmarvinbear 19 février 2014 03:44

      Pour éviter Nelson Monfort et ses sbires, prenez vous une tablette et l’application France TV sport. Ils y passent les flux en direct et sans montage, et sans commentaires.


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