mardi 28 août 2018 - par CHALOT

Pleurer des rivières

« Pleurer des rivières »

roman d'Alain Jaspard

éditions Héloïse d'Ormesson

190 pages

août 2018

 

Incisif, drôle... et sérieux

 

Passé la lecture de l'avant propos « naissances » et des deux premières pages, quelque peu déroutante, le lecteur comprend dès le début du premier chapitre qu'il ne s'ennuiera pas.

C'est passionnant, original et incisif.

Nous découvrons la société de celles et de ceux qu'on appelle « les gens du voyage ».

Il y a l'existence difficile, les différences et le mode de vie.

Rien n'est caché , ni masqué, ni le racisme, cette plaie qu'ils subissent et qui ne leur est pas étranger, non plus.

L'un des héros, Franck, gitan d'Argenteuil vit de son travail, jusqu'au jour où il se laisse entraîner dans le vol et la transformation de fils électriques afin de récupérer le cuivre.

L'affaire tourne mal et il se retrouve avec son ami, lui, récidiviste devant le tribunal.

Julien, avocat, commis d'office gagnait bien sa vie en défendant des hommes riches cherchant à payer moins d'impôts. Il déchargeait sa conscience en défendant des pauvres bougres comme ce Franck .

Franck et sa jeune épouse, Mériem ont sept enfants et un huitième s'annonce.

Ils s'aiment, aiment faire l'amour et, croyants, se refusent à faire appel à un avortement, ce qui ne les empêche pas d'essayer la contraception :

« Elle choisit la pilule, l'oublia trois fois sur quatre, Sidney vint au monde. Déçue par la pilule elle se rabattit sur le stérilet, Comme il piquait la bite de Franck il fut artisanalement enlevé, et ainsi naquit Frankie. »

La vie est dure mais les enfants sont tenus, aimés et bien élevés.

« Les plus grands allaient à l'école, ils aimaient pas trop, foutaient un peu le bordel dans le fond de la classe, pratiquaient un absentéisme qui en somme arrangeait les pédagos …. » ils trouveront plus tard de l'occupation et des moyens pour vivre.

La gitane qui a 28 ans, attend son huitième gamin, alors que Séverine, l'épouse de l'avocat n'arrive pas à en faire un seul, malgré toutes les tentatives et même l'aide de la science n'y fait rien.

Il y a là une injustice.....

Cette injustice peut être réparée, il suffit d'un petit arrangement.....

Faut-il continuer à « pleurer des rivières » ?

Avec un rythme parfois effréné, de l'humour à en revendre, beaucoup de tabous mis de côté, l'auteur traite des questions graves de société comme le « vivre ensemble », l'éthique et la morale dominante pour nous appeler à réfléchir.

Chapeau l'artiste !

 

Jean-François Chalot




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