« Pourvu qu’il soit heureux » Francis Huster & Fanny Cottençon : Coming out boomerang
Alors que Laurent Ruquier se désengage de la direction du Théâtre Antoine qu’il partageait depuis plusieurs années avec Jean-Marc Dumontet, l’animateur des Médias fait les beaux jours de cette première partie de saison 18-19 dans cette même salle illustre.
Jauge pleine d’un public tendance retraite aisée, son nouvel opus en forme de « coming out » à contre-pied fait un tabac grâce à un casting construit sur mesure.
Tout d’abord, deux valeurs sûres s’y partagent autant le haut de l’affiche que les rôles puisque sa pièce structurée en trois parties commence par inverser les points de vue de la mère et du père en deux temps successifs.
En effet, dans la première option, Maxime (Francis Huster) est outré d’apprendre que son fils est en couple homosexuel alors que Claudine (Fanny Cottençon), elle, est plutôt amusée et flattée de découvrir que Camille est en couverture d’un magazine people.
Par la suite selon l’hypothèse alternative, la complaisance change de camp alors que le paternel se montre beaucoup plus compréhensif vis-à-vis du rejeton que de son épouse à qui il reproche une éducation trop laxiste.
Celle-ci, a contrario, est plutôt inquiète par rapport à l’impasse sociale que pourrait subir à l’avenir Camille.
Bref, quelles que soient leurs postures respectives, tous les deux en villégiature à Concarneau se la jouent mauvaise foi réciproque en rejetant plus ou moins sur le conjoint la responsabilité d’une situation qu’il n’aurait pas vu venir ou dont ils feignent ensemble ne pas avoir perçu les signes avant-coureurs.
Après bien des atermoiements, rendez-vous téléphonique sera pris avec leur anti-héros chéri qui, lui, resté à Paris, va ainsi recevoir ses parents pour la première fois, en son domicile de jeune homme autonome.
Intervenant alors comme un véritable manifeste à l’égard de la liberté des mœurs revendiquée par les nouvelles générations, Camille (Louis Le Barazer) va se lancer dans une diatribe décomplexée et franche du collier, laissant finalement son père & sa mère plus ou moins pantois et tétanisés mais surtout pas vraiment convaincus.
Alors que la tension latente n’aura cessé de monter dans les esprits chauffés à blanc face à un déficit de compréhension partagée, une information dramatique va leur parvenir, enclenchant d’emblée une « marche arrière toute » où Francis Huster, assumant l’intolérance chronique sera en charge de faire un « mea culpa » universel remettant les pendules affectives à leur place familiale.
Tonnerre d’applaudissements récompensant à la fois les artistes sur scène et l’auteur ayant cette faculté instinctive de toucher juste là où les gens sont sensibles à l’approche d’une certaine vérité intuitive.
Plaçant d’évidence dans le feu des projecteurs la révélation de Louis Le Barazer, le jeu des trois comédiens, délibérément emphatique et quelque peu caricatural, n’est pas pour rien dans le succès de cette pièce qui a, entre autres, la vertu de susciter les conversations après spectacle car malgré un happy-end réconfortant, les problèmes du vivre ensemble dans la tolérance y sont exposés de manière effectivement contradictoires.
photos 1 à 4 © Svend Andersen
photos 5 & 6 © Theothea.com
POURVU QU'IL SOIT HEUREUX - **.. Theothea.com - de Laurent Ruquier - mise en scène Steve Suissa - avec Francis Huster, Fanny Cottençon & Louis Le Barazer - Théâtre Antoine