jeudi 26 novembre 2009 - par Eric Donfu

Qui n’a jamais rencontré une « aimeuse » ?

Le mot nouveau 2009 est arrivé ! Il a été élu au Havre, le 25 novembre 2009 par la 8e édition du festival XYZ… du mot et du son nouveau, créé et présidé par Eric Donfu.

« Le mot comme l’éclair, frappe avant de parler ; le sens n’est que l’écho » écrivait Joseph Delteil, auteur auquel le festival XYZ… du mot et du son nouveau a célébré hier soir. Des mots ? les internautes et le public en avaient placés trois à égalité ; « Textoter », « Automagic » et « Aimeuse » c’est ce terme féminin très évocateur, poétique, « Aimeuse », qui l’a emporté d’une voix. Ainsi, après « Se faire Electroniquer » en >2002, « humanicide » en 2003, « Chaudard » en 2004, « Désoiffer » en 2005, « Ordinosore » en 2006, « Photophoner » en 2007, « Bonjoir » en 2008, c’est « Aimeuse » qui marque l’année 2009.

« Aimeuse » mot élu en 2009, tant sur Internet que lors de la soirée du 25 novembre au Havre

Combien d’Aimeuses le festival du mot nouveau rencontrera-t-il sur son chemin ? C’est donc ce mot enregistré sur le site du festival le 30 mai 2004 par une internaute qui a été élu hier soir au Havre « mot nouveau de l’année 2009 » au milieu de plus de 200 autres termes nouveaux proposés. Selon son auteure, ce terme inventé « Aimeuse » se veut « différent de l’aimante ou de l’amoureuse… C’est une femme capable d’aimer à sa façon, un peu comme Colette. » 
Faut-il y voir un signe de l’esprit du temps ? Un témoignage de modernité ?
 
En tous cas, les votes par Internet on bien rejoint ceux du public présent hier soir au « Bistrot » rue René Coty, dans le centre ville du Havre. XYZ... festival logophyle a toujours sa soirée de cloture Porte Océane, mais se réuni aussi à Paris, et dans d’autres villes. Il est référencé en Belgique et au Quebec et a vocation à se réunir dans tous les lieux qui le souhaite. Seules règles : Ne jamais considérer des mots déjà présents dans le dictionnaire, garder le sens de l’humour et venir habillé avec quelque chose de rouge... Après tous les mots inventés remontent la Seine jusqu’au Havre, au cours du mois de novembre. A sa création, XYZ.. a été parainné par Raymond Devos et il s’inscrit dans les veines de Raymond Queneau.

Bobby Lapointe, Joseph Delteil et Claude Levi Strauss…

La soirée, très rythmée, a commencé par la chanson de Charles Aznavour « les mots » qui avait été primée par le festival en 2006. Puis Jean-Pierre Blutaux, musicien créatif et réactif, a interprété deux chansons de Bobby Lapointe, dans les veines duquel se sent vibrer le festival. Puis ce fut « Le Loustic », nouvelle de Joseph Delteil racontant une traversée du Havre à New York « Bientôt la France entière n’est plus qu’une ligne horizontale. Et déjà, cette ligne, le soir la brise » lue avec délicatesse par Alexandra Mauviard. Soudain ce fut l’arrivée inopinée de Claude Levi Strauss, avec des extraits de la « Pensée Sauvage » « En invoquant une prétendue inaptitude des « primitifs » à la pensée abstraite, on omettait d’abord d’autres exemples, qui attestent que la richesse en mots abstraits n’est pas l’apanage des seules langues civilisées », écrivait-il.
 
Le « Parler Français » en Afrique

Hommage à cet homme de l’universel qui nous a quitté à presque 101 ans cette année, mais ouverture aussi d’une séquence du festival sur le « Parler français en Afrique », avec le témoignage d’un docteur de Bamako, Zakari Saye, fidèle du festival XYZ.. « Pourquoi tu fais l’avion par terre comme ça ? » c’est-à-dire tu te presses, tu marches vite, en Cote d’Ivoire, ou encore « Tu es luisant » pour « tu irradies de santé, au Burkina Faso… autant d’expressions du dico- Franco Africain de Pascal Krop ( JC Lattès, 1995).
 
Pauvres cons contre riches cons ?
 
Puis, crise oblige, ce fut au tout de Jean-Louis Fournier, d’être sur scène avec des citations de son livre « Les mots des riches, les mots des pauvres » ( Ed Anne Carriere, 2004) « L’été le jardin de Monsieur Riche sent la rose, celui de Monsieur Pauvre sent la merguez et la sardine… Si Croco en pauvre se dit skaï, Cahier du cinéma Télé Z, Hôtel particulier F3 et Chambre d’ami, canapé convertible, il conclu bien par ces mots « Merde en pauvre, se dit merde »…
 
Longo : Deuxième mot gaulois révélé
 
Et comme « Imaginer c’est rajeunir » comme le dit Delteil, le festival, fidèle à sa tradition, a aussi redonné vie à un mot d’une langue morte, la langue gauloise, en lui imaginant une définition. Cette séquence du festival a pour but de resituer les mots d’abord comme « enveloppes de son », indépendamment de tout sens connu. C’est ainsi que après « Luctérios » en 2008 (S’éclairer par les livres…) c’est le mot « Longo » qui a été élu par le festival, et, de ces deux définitions très différentes : « Café breton allongé » ou « Se déplacer en vélo tout au long de sa vie », les festivants ont levé la main pour la seconde !
 
XYZ… A la fortune du mot !
 
« A la fortune du mot » résume bien cette soirée écarlate, en texte et en musique, fidèle à un soir de novembre, depuis déjà huit années. XYZ… libère les mots de leur hommerie, et a aussi célébré cette phrase de Joseph *Delteil « Depuis Voltaire, la France ne pète plus, elle pétille »…
 
 


15 réactions


  • zelectron zelectron 26 novembre 2009 13:07

    Et si ce joli mot était adopté par toutes ces féministes pétroleuses ?


  • Salsabil 26 novembre 2009 13:54

    Merci pour cette bouffée d’air pur !

    C’est n bien joli mot que celui-ci.


  • liberateur 26 novembre 2009 15:24

    Oui, bravo pour cette créativité libératrice !


  • MICHEL GERMAIN jacques Roux 26 novembre 2009 16:09

    C’est un mot qui vous tient au coeur quand on en rencontre une...

    Bise.


  • moebius 26 novembre 2009 20:32

    trés « aimeusant » mais j’aimerai pas moi,me faire « aimeuser »


  • Traxnada 26 novembre 2009 21:29

    Amusant mais on se demandera juste pourquoi la femme à le monopole du concept.

    Une très jolie manifestation de l’évolution des mœurs en tout cas !!!


  • cimonie raoul 26 novembre 2009 22:35

    Bien vu Traxnada ! Pourquoi « aimeur » ne se dirait il pas ? En tous cas , je connaissais pas ce festival qui fait honneur à notre langue en la maintenant en vie ...


  • Salsabil 26 novembre 2009 22:45

    Mais enfin ! Si « aimeuse » existe, il y a forcément « aimeur », c’est dans l’ordre naturel des choses, non ?

    Que serait l’aimeuse sans l’aimeur ? smiley


  • sisyphe sisyphe 27 novembre 2009 02:27

    Bonjour, et merci pour ce beau mot poétique.

    j’aurais aimé plus de précision sur la définition.

    Aimeuse peut en effet revêtir plusieurs sens ; celle qui aime comme elle en a envie, comme elle l’entend (mais là, d’autres mots lui sont déjà quasiment homonymes ; tels libertine, femme libre, aimante), mais peut aussi désigner ( à l’énoncé) celle qui enveloppe et étouffe de son amour démesuré.

    Enfin, c’est juste pour introduire une nuance possible, car, comme disait Lacan ; « que ça dise, reste toujours caché derrière ce qui se dit dans ce qui s’entend »... .

    Sinon, c’est un beau mot, et merci de nous faire connaître ce festival, placé sous l’égide de brillants parrains


  • Bardamu 27 novembre 2009 10:01

    Tout ce recyclage est à proprement gerber !
    Bel oxymore que cela !... car peut-on gerber proprement ?

    On n’en a pas fini de galvauder l’histoire, de la tripatouiller en tous sens, de se servir en ses fastes comme en un supermarché, que l’on remet ici le couvert avec le langage !

    Le moderne obéit à une loi fondamentale, celle de la consommation : tout lui appartient ici-bas, et, si « C’est [son] choix », il peut donc récupérer, s’accaparer, remodeler, voire détruire.

    Comme à la Star Ac, quand des glandeurs de première, puceaux de la variété française, récupèrent et massacrent en choeur les fleurons de la chanson nationale !

    Alors, en hommage à tous ces débiles qui ne cessent de nuire, je vais proposer quelques-uns de mes néologismes bardamuesques !

    Merdophile : individu contemporain.
    Poésivore : tout être allergique à la littérature.
    Sarkoségolénien : personnage politique en fin de vie.
    Terroriseur : qui s’oppose au monde tel qu’il va.

    Amourienne : lesbienne amoureuse.
    Nihilâve : esclave nietzschéen se complaisant dans son Nihil.
    Homofist : enfant mâle adopté par un coupe d’homosexuels et qui s’adonnera à l’âge adulte à son activité favorite, en l’occurrence le fisting !
    Aimerde : aimeuse qui ne sait pas aimer.

    Bonne journère : bonne journée en cet Enfer !
    Et grand « Mercire » aussi : un grand merci pour m’avoir fait rire !


  • ramonjimenez ramonjimenez 27 novembre 2009 11:00

    avez vous disserté sur le mot « mot » ?

    Pour encore plus d’air pur n’oubliez pas d’écouter ou podcaster « des papous dans la tête » sur France Culture le dimanche biens sur !


    • Bardamu 27 novembre 2009 12:56

      France culture ?... radio-sioniste voulez-vous dire ?

      Cette émission -des papous... - est nulle, prétentieuse et pas drôle !
      C’est « Les Grosses têtes » de Bouvard version intellos !... à trois, on rigole, les enfants !... jeux de mots, maître Capello... ouaf ! ouaf !... pouet ! pouet !... préciosité ! propos ampoulés (rectaux ?) ! mouise ambiante !


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