vendredi 7 décembre 2018 - par Theothea.com

« Radieuse Vermine » Recherche Bonheur versus Monstruosité au Petit Montparnasse

Les photos du spectacle présentant sur fond de décor blanc virginal trois jeunes comédiens beaux, propres et lisses n’invitent point a priori aux doutes sur l’image de candeur dont ils sembleraient dépositaires.

 

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RADIEUSE VERMINE
© Jessica Forde

  

A vrai dire, le couple formé par Fleur & Olive n’est pas réaliste et devrait relever davantage du conte loufoque et fantastique mais cela ne fait qu’accroître sa valeur exemplaire et métaphorique du monde moderne où se dévoie la part d’humanisme dont chacun d’entre nous hérite à la naissance.

En effet, ils sont gentils et sympas, ces futurs parents du bébé annoncé mais cependant, à peine arrivés sur scène, ils éprouvent l’impérieux besoin de se justifier aux regards des spectateurs en confiant que, de leur union, est survenue rapidement une grande réussite mais qu’ils s’étonnent encore des moyens redoutables qu’il leur a fallu mettre en œuvre, quasiment contre leur gré… mais paradoxalement avec leur assentiment.

 

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RADIEUSE VERMINE
© Jessica Forde

  

Certes, Fleur & Olive n’ont pas gagné le grand prix de la loterie nationale, toutefois, en acceptant de rénover une maison par eux-mêmes, c’est la gratuité de cette acquisition imprévue qui s’offre, en promotion ou autre coup de baguette magique, comme perspective heureuse de leur prochaine vie en famille agrandie.

Mais voilà que, de leurs acquiescement et adhésion à ce projet mirifique dont ils ne connaissent que l’objectif attrayant, va s’enclencher une spirale compensatrice dans laquelle à tout progrès pragmatique correspondra une entité vivante détruite.

 

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RADIEUSE VERMINE
© Jessica Forde

  

En termes paraboliques, cela signifiera que, dans leur nouvelle maison, pour toute pièce rénovée sans frais par l’opération du saint-esprit, sera délibérément sacrifiée, de manière systématique et quasiment aléatoire, la vie d’un de leurs contemporains beaucoup moins favorisés par la destinée.

En outre, une chose serait de constater ce phénomène sociétal morbide mais une autre serait, par surcroît, d’y prendre goût et d’en devenir addict.

 

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RADIEUSE VERMINE
© Jessica Forde

  

Alors que ce processus infernal de réhabilitation se développe avec grande efficacité, voici que tout le quartier devient peu à peu résidentiel et c’est donc au sein d’une grande fête réunissant tous leurs nouveaux voisins que sera atteint une sorte d’apothéose chorégraphique où les deux partenaires interpréteront pléthore de portraits caricaturaux ô combien significatifs et s’exhiberont, pour la cause, en une performance scénique époustouflante.

Au terme du conte, les tourtereaux seront de nouveau confrontés au tiers opportun, cette fée du logis « attribué gratis », prenant en l’occurrence les traits séduisants d’une représentante immobilière gouvernementale, et devront, de manière prosaïque, répondre à l’ultime question « Stop ou encore ? » induisant une éventuelle surenchère « gagnant - gagnant » mais pour qui ?

 

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RADIEUSE VERMINE
© Theothea.com

  

On l’aura compris, cette fable théâtrale formidablement écrite par Philip Ridley, spectaculairement dirigée par David Mercatali, et dynamiquement jouée par Joséphine Berry, Floriane Andersen & Louis Bernard, a pour évidence de renvoyer chacun des concitoyens face au miroir du double confronté à l’alter ego systémique.

Liberté de choix face au concept du « progrès », voilà de quoi, autant lucidement que cyniquement, faire joyeusement réfléchir les consciences.

  

photos 1 à 4 © Jessica Forde
photos 5 & 6 © Theothea.com
   
RADIEUSE VERMINE - ***. Theothea.com - de Philip Ridley - mise en scène David Mercatali - avec Joséphine Berry, Floriane Andersen & Louis Bernard - Théâtre du Petit Montparnasse

    

    

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RADIEUSE VERMINE
© Theothea.com

   
   




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