mardi 19 juin 2007 - par Vincent Delaury

SuperMann : revoyure de « Miami Vice » en DVD collector dernier cri

J’ai revu récemment en DVD collector l’un des grands films de 2006, à savoir Miami Vice de Michael Mann. Franchement, la version salle (qui m’avait déjà fort impressionné à sa sortie est plus forte que la version longue (7 minutes en plus) où l’on perd beaucoup en effets de surprise - le fait d’hésiter à savoir s’il s’agit d’un polar high-tech dernier cri ou d’un film d’amour impossible s’estompe, dommage - et où l’on s’enlise, avec déception, dans une banalité psychologique qui nous en dit trop sur les personnages mystérieux et poétiques du film initial. Bref, ici, je vous parle de la version courte ! Curieux film hybride que ce Miami Vice, polar ultra-chiadé à souhait, en apparence viril (grosse sono de boîte de nuit, mojitos à volonté, abondance de gadgets motorisés, de montres et de guns rutilants, de bateaux, offshore, avions hélico, grosses cylindrés pétaradantes et tout le toutim), mais qui sait, grâce à une élégante mise en scène, se montrer évanescent, fuyant, flottant, devenant sans en avoir l’air une sorte de rêverie romantique, en fait un grand film d’amour impossible, voire de tragédie moderne (si, si)...

Certes, le scénario de départ, tiré de la série TV éponyme (ah... comment ne pas se souvenir de ses couchers de soleil, de ses plages, de ses costumes à épaulettes, de ses spencers et autres baskets en toile ?!), est plutôt bateau avec ses deux flics black & white, Ricardo et Sonny, amis amis (Vice !). Mais ce qui frappe aussitôt c’est le filmage virtuose (souvent caméra portée à l’épaule façon documentaire) et la lumière crépusculaire et particulière de ce polar hyperstylisé. Alors, cette lumière sophistiquée (passant très bien sur mon écran extra-large LCD d’ailleurs, soit dit en passant !) que l’on pourrait qualifier d’infra-Mann - déjà croisée dans le film-hommage à Los Angeles, la cité des Anges, qu’est Collateral - fait baigner le film dans une espèce de trouble permanent, aux espaces incertains et aux distances abolies, et cela donne, de manière fort subtile, un cachet surréaliste voire hallucinatoire à ce film noir et urbain ( undercover movie ) et c’est justement cette image spectrale travaillée à la limite de la perception (la texture singulière et le grain de l’image venant de la vidéo numérique HD) qui fait toute la différence avec un blockbuster ricain standard. De même que dans Collateral, la vision nocturne d’un coyote entraînait le film vers un ailleurs, vers la mélancolie, vers la solitude existentielle, on a par moments, dans Miami Vice, l’impression d’images « volées », « captées » en contrebande, filmées sous le manteau et c’est jouissif. Souvenons-nous, par exemple, de la caméra se retrouvant soudain sur le siège arrière d’une voiture déchiquetée par les impacts de balles. En permanence, la tension est palpable. On fait vraiment corps avec la violence des flics flippés et des narcotrafiquants d’Amérique centrale. Impressionnant ou plutôt... impressionniste.

Et puis, à part ça, dans Miami Vice, il y a à l’œuvre le tempo si particulier des films atmosphériques de Mann, grand styliste. On assiste, à travers cette infiltration d’un flic-agent double en eaux troubles dans la pègre et qui tombe amoureux de sa reine, à des temps flottants, suspendus - cf. justement l’escapade amoureuse à la Havane entre Sonny Crocket (Colin Farrell - très bon - en mec tendu, aux aguets, toujours sur le fil du rasoir) et la splendide Sino-Cubaine Isabella (Gong Li) -, soudainement percés d’éclairs de violences pétaradantes et menées tambour battant - voir la fusillade finale opératique, à moitié foireuse (gunfight sur un mode déceptif, jouant sur la frustration du spectateur, me semble-t-il). On ne sait plus très bien sur quel pied danser. On est parti pour voir un blockbuster hollywoodien bien calibré (avec des stars bankable et un scénario basique à défaut d’être béton) et on assiste plutôt à un cinéaste - à la fois architecte, peintre et topographe - qui choisit délibérément de prendre la tangente, de prendre le large. Et hop ! Pour échapper au cadre pesant du blockbuster (surtout que Mann est un sérieux qui suit à la ligne son cahier des charges question action sans second degré et récits hypercodés), voici une embardée en jet ou en hors-bord vers ce que l’on pourrait appeler un art de l’esquive ou un (grand) écart quant à la commande. Pendant un certain temps, l’un des deux flics qui forment le duo de choc ( 2 Flics à Miami ), Ricardo Tubbs / Jamie Foxx, est carrément mis de côté, hors écran. Mazette, c’est un film qui fuit par les bords ! Un film hors-bord donc, dans tous les sens du terme ! Qui sait si ce film n’est pas un film à la poursuite de lui-même et... qui serait, in fine, sans issue, à l’instar de l’amour impossible qu’il décrit ?

Ainsi, tout le charme pénétrant de Miami Vice, à la revoyure en DVD, vient peut-être de cette « diagonale amoureuse » (ou parenthèse enchantée) entre le bad boy Sonny / Colin Farrell - qui, plus que jamais, a l’œil vitrifié et hagard façon John Smith dans Le Nouveau Monde - et la femme d’affaires classieuse et trempée jusqu’au cou dans le cartel qu’il est censé démanteler, l’interlope Isabella (intense Gong Li, sortie tout droit de 2046). Leur virée alcoolisée à la Havane et leurs confidences mélancoliques en haute mer transforment cette superproduction hollywoodienne en un film d’auteur qui se laisse le temps de laisser vivre ses personnages en transit... amoureux transis. Comme en sursis. Cette liberté de ton, de mood, c’est tout simplement beau et, sans une once d’hésitation, c’est vraiment mille coudées au-dessus de tous nos polars frenchies Canada Dry du moment - mais, chut, à Agoravox,... Ne le dis à personne !



5 réactions


  • tvargentine.com lerma 19 juin 2007 10:52

    Michael Mann aurait du fairece film voici 15 ans avec les acteurs de la serie.

    La serie à été trop forte sur l’imaginaire des spectateurs pour imaginer ne pas revoir nos héros de l’époque

    La serie 1 et 2 est culte et précurseur que la qualité et les moyens investis produisent un retour sur investissement.

    Nous le constatons aujourd’hui avec tous les series américaines qui cartonnent et se vendent en DVD


    • Avatar 19 juin 2007 11:20

      Ce film est nul à chier.

      En publiant ce genre d’article si informatif et indispensable, j’ai l’impression que ce site agonise.

      A moins que cela ne soit de l’infopublicité ???

       smiley


    • alala 19 juin 2007 13:56

      @ Avatar et Nephilim,

      Je ne comprends pas bien moi non plus que l’on ait pu aimer ce film ...

      Il est ennuyeux, mou, pas credible et tres con en plus.

      Le groupe d’ados present dans la salle qui a improvisé une reunion dans les wc pour decider de quitter la salle (decision prise egalement par un autre spectateur) ne dira pas le contraire.

      Je vais assez souvent au ciné et ca faisait tres longtemps au prix ou sont les places que je n’avais pas vu autant de monde partir d’une salle qui etait deja pratiquement vide.

      La scene que g adorée c lorsque le black se tape sa nana, puis fait mine d’avoir terminé au grand desespoir de cette derniere, puis reprend son va et vient et termine 10s apres et cette fois pour de bon.

      Ce film est une loosasse du debut à la fin.

      Cette daube a un scenario digne des feux de l’amour avec un en bonus une scene d’action au debut et une à la fin.

      Pathétique.


  • nephilim 19 juin 2007 11:43

    Heuuuu c’est une blague ?? c’est de l’humour ?? Non franchement comment peut on ecrire quelque chose sur ce vide cosmique cinematographique une vrai bonne bouze sans rien sauf l’odeur berkkkkkkkkkk Heu ya pas une categorie fan de super daube dans les themes d’Ago ??


  • el-max 20 juin 2007 18:36

    Cet article aura eu le mérite d’en exciter quelques uns...ça fait toujours du bien de vomir sur quelque chose de temps en temps...on se lave un peu de l’intérieur comme ça. En tout cas, les réponses montrent que cet article a tout à fait sa place sur agoravox. Le but d’un tel site est une meilleure ouverture d’esprit de ses lecteurs... On peut ne pas aimer ce film, ça c’est sûr. Mais de là à le qualifier de daube sans nom, je ne comprends pas. Michael Mann est un des plus grands réalisateurs actuels et il est dommage de ne pas essayer de comprendre sa vision du cinéma, sa recherche esthétique, les émotions qu’il veut faire passer. On est très loin d’un film comme Ballistic quand même ! J’ai vraiment passé un bon moment au cinéma lorque j’ai vu Miami Vice. C’est plus facile de défendre un film comme ’la vie des autres’ (que j’ai trouvé très bien) sur Agoravox : plus intellectuel, moins sujet à controverse. Alors bravo à l’auteur pour son article !


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