samedi 22 septembre 2012 - par CHALOT

Toutes des écrivaines !

Un atelier de lecture qui débouche sur un livre émouvant, soigné, beau de témoignages... c'est de l'éducation populaire en vie. Une oeuvre pleine et entière pour se raconter .

« Adieu Cousettes
Paroles de Lejaby »
témoignages des employées de la société de lingerie Lejaby
à Bellegarde-sur-Valserine
juillet 2012
72 pages


ELLES NE SONT PAS DES KLEENEX !

L'Association Familiale Laïque du Bassin Bellegardien a participé activement à la sortie de ce livre de témoignages. L'idée est à la fois originale et à la fois dans le droit fil de la tradition d'éducation populaire.
Ce sont les ouvrières de Lejaby qui ont écrit elles-mêmes leur histoire sociale douloureuse dans le cadre de la tenue d'ateliers d'écriture animés par l'écrivaine Sylvie CALLET.
Ce livre très joliment agrémenté de photographies et très bien maquetté n'est pas vendu.
Celles et ceux qui veulent disposer de ce document et apporter leur soutien afin d'aider l'association à mener ses actions en direction des familles Bellegardiennes peuvent le faire en adressant leurs dons à AFLBB 8 rue Joliot Curie 02100 Bellegarde.

Au début il s'agissait de marquer ma solidarité avec ces ouvrières de la lingerie Lejaby sacrifiées dans le cadre d'une délocalisation.
Dès la première ligne, j'ai été conquis, intéressé et passionné.
Les auteures et l'auteur,puisqu'un seul homme a participé à cette œuvre collective, expliquent, chacune à sa manière leur itinéraire, leurs attentes, le travail effectué....
On passe de l'embauche, à la formation sur le tas, puis à la production...Jusqu'à la chute de 2010, c'est à dire l'exécution.... des premiers plans de « licenciements .
Le lecteur sent l'amour du travail bien fait et la joie de ces filles d'être ensemble dans le cadre de la sortie de lingeries féminines de qualité et renommées pendant longtemps.
La tristesse et la colère sont bien présentes ici, et pour cause : « J'aimerais leur dire, à la société Lejaby : j'ai passé 36 ans de ma vie dans leur usine et tout d'un coup plus rien. Se retrouver à 53 ans à rechercher du travail, cela n'est pas facile »

Comme l'écrit l'une d'entre elles avec humour : il y avait des hauts et des bas....De l'espérance, de l'attachement à l'entreprise, à cette marque créée en 1930 et de l'espoir car « pendant 33 ans on a entendu dire que Lejaby allait fermer, on n'y croyait plus. » Le jour tant redouté est arrivé, elles ont résisté, combattu mais le couperet est là, impitoyable.
« Je voudrais dire aux dirigeants ainsi qu'à tous les patrons de boîtes que c'est une honte d'envoyer le travail à l'étranger.
Descendons dans la rue, arrêtons de nous faire balader, ne nous laissons plus manipuler par leurs belles paroles, surtout ne pas les laisser parler, le travail en France doit le rester, donnons- leur le Smic pendant une année pour voir s'ils peuvent vivre normalement car nous, nous survivons. »

Quel talent d'écriture, quelle belle présentation et quelle aventure sociale et humaine de ces femmes qui nous racontent aussi leur métier avec émotion !
N'hésitez pas à vous procurer ce livre, il ne vous quittera pas !

Jean-François Chalot



5 réactions


  • Adrien Adrien 22 septembre 2012 12:54

    merci Chalot, quand les petits transcendent par leur parole l’insignifiance à laquelle on les condamne, ils retrouvent davantage que de la dignité. C une leçon, un témoignage pour l’histoire comme les romans de Dickens, mais c’est aujourd’hui. comment ces situations inhumaines seront-elle jugées dans un siècle ? pareil.......... pas de quoi être fier !

    bravo les Lejaby.............. smiley


  • HELIOS HELIOS 22 septembre 2012 16:08

    ... Je n’aime pas le dire, mais j’ai soutenu votre billet, il me plait sur le fond.

    Helas, et ce serait de l’hypocrisie de ne pas le signaler, je n’aime pas votre titre.

    Il fut un temps où, faire la liaison entre l’article et le mot « haricot », ne se faisait pas et demontrait un manque flagrant d’éducation.
    Puis, les academiciens, sans doute lassés ou conscients de la faiblesse de l’enseignement ont « admis » que cette liaison fut possible et « les-z-haricots » eurent droit de cité.
    Pourquoi vous-dis-je cela ?
    Parce que j’aurais préferé, sentiment tout personnel naturellement, que vous écriviez (pas de subjonctif imparfait, trop lourd) : « Toutes des ecrivains ! ».
    Cela aurait été conforme à l’esprit de la grammaire française, au même titre qu’aujourd’hui, une certaine éducation persiste à ne pas vous permettre la liaison.

    Le glissement dans la meconnaissance d’une langue persiste, ce même glissement qui au fil des ans et des générations nivelle par le bas les citoyens et pire, leur fait perdre la spécificité d’une communauté de destin dont la langue est formatrice de l’esprit.

    Il est bien suffisant que nous fassions des fautes d’orthographe, qu’elles soient d’inattention ou techniques (claviers) mais cela entache moins l’évolution de notre langue que la derive grammaticale, en particulier celle qui privent la neutralité du genre quand on parle de façon générique... êtes vous prêt, demain, à parler d’une bébé pour une fille « nouveau né » ?

    Merci pour vos articles...


    • Danièle Dugelay Danièle Dugelay 23 septembre 2012 03:55

      @ Hélios.

      Et pourquoi une bébé ou une nouvelle née ? L’origine de « bébé » semble difficile à trouver, cela peut être une déformation de petits mots affectueux qui existaient dans de nombreux patois de nos régions, mais aussi plus sûrement une francisation de « baby », très en vogue au XIXème siècle, mot neutre, mot dénué de genre, caractéristique anglaise appliquée surtout aux objets. Pauvre baby ! Pauvre petite chose ! Encore considéré comme un tube digestif qui respire et qui braille....Le « bébé » français est un nom masculin.
      Maintenant qu’on a heureusement renoncé au bleu et au rose, comment connaître le sexe de ce tout petit être humain ? Impossible de dire :« Comme elle est mignonne ! » ou « Comme il est mignon ! » , alors on tente bêtement « Que c’est mignon »... Quelle horreur ! Si les parents nous présentaient « une bébé », on saurait au moins à quoi s’en tenir sur le sexe, ce qui bien sûr ne préjuge du genre de l’adulte en devenir. Je dis cela pour vous taquiner car je vous sens, peut-être à tort, assez conservateur. Décidément, il est temps que des féministes passent par là. De plus, je ne serais pas mécontente que notre vocable français sexué, « bébé » ou bébée« montre un plus grand respect pour l’enfant dès sa naissance en lui attribuant son sexe, donc en reconnaissant son statut d’être humain vivant, ayant un passé de plusieurs mois, des émotions et une personnalité.
      Notre langue est magnifique, c’est une langue vivante, qui change et évolue avec son temps et les nouvelles connaissances scientifiques ou autres.
      Quant à »écrivaine", vous n’êtes pas à la page (le rapprochement des mots m’amuse), cher Hélios : cette forme est mentionnée dans mon micro-robert de...1990 ! D’ailleurs, je vous signale qu’auteure et même autrice sont acceptées dans le petit Littré de 2009.
      Cordialement.

      Quant au livre, l’auteur me donne une vive envie de le lire. Son article m’a fait ressentir la colère et l’immense chagrin, ainsi que l’inquiétude de ces femmes. Si elles regardent ce commentaire, je veux leur dire ma solidarité et mon indignation.


  • Jean J. MOUROT Jean J. MOUROT 23 septembre 2012 10:42

    C’est marrant ! Les féministes tiennent à ce qu’on dise « écrivaine » pour une femme écrivain et les pharmaciennes diplômées se veulent « pharmaciens » (c’est ainsi qu’elle aiment le plus souvent se faire appeler !).

    Pour ma part, je n’aime guère que l’idéologie féministe bobo malmène la langue française. Mais tant qu’on se contente de parler d’écrivaines , ce n’est pas grave. En revanche, quand on s’amuse à truffer de E des textes avec trop de mots masculins, je fuis et cesse de lire.

    Cela dit, quel est le masculin de « nourrice sèche », par exemple ? ou d’ombrelle ? ou de girafe ?Bon, ne nous focalisons pas sur le titre du papier de JFCh et lisons, si nous en avons le temps, le livre des Lejaby.



  • CHALOT CHALOT 23 septembre 2012 10:44

    Je pense comme toi là dessus mais bon je respecte le choix fait


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