samedi 25 mars 2017 - par

Traversée myope de Paris

La Table ronde réédite intelligemment des coups de cœur et cartes blanches de ses auteurs maisons, ou plutôt une carte noire, ici celle de Jérôme Leroy. Je ne l'ai pas fait exprès, je m'en suis aperçu après avoir acheté le livre, comme quoi les affinités au moins littéraires subliment les brouilles et les mésententes. Celui-ci a choisi un ouvrage d'ADG de son vrai nom Alain Fournier. Il est sulfureux de par ses prises de position très à droite mais est un auteur délicat et subtil méritant d'être re-découvert, proche de Marcel Aymé, Jacques Perret, et Antoine Blondin pour l'errance éthylique des personnages.

ADG aimait la bonne chère, sa Sologne, son homonyme et la Littérature au dessus de tout le reste y compris la politique. Il était ce qu'on appelle un anarchiste de droite selon le terme usité souvent à tort et à travers, revendiqué par des imposteurs notoires comme Alain de Benoit, et qui pour lui cependant Alain Fournier est parfait. Son anarchisme de droite est surtout un non conformisme pour ennuyer les bourgeois pédagogues, tous ceux qui se piqueraient de poser aux arbitres des élégances morales et, ou culturelles. Il n'hésitait pas dans des chroniques sociétales à être très incisif, de trop sans doute aux yeux de ses détracteurs et contradicteurs.

Elles étaient tellement incisives aux yeux de son éditeur que leur recueil est truffé de quelques pages blanches afin de signifier les coupures éditoriales prudentes afin de s'éviter quelques procès.

On se doute bien que cela le rend immédiatement sympathique à mes yeux...

Cette courte histoire ne se pique pas de politique de toutes manières !

Domi, le personnage principal du court roman, erre dans le Paris nocturne des années 80 avec son chien Laskar, un berger belge, après avoir quitté une soirée mondaine où il s'ennuyait quoi que bien entouré. Il est myope comme une taupe et a cassé ses lunettes, Laskar est son guide. Il rencontre des personnages improbables dont un veilleur de nuit matois, et finit par choisir l'aventure à la vie tranquille de jeune cadre dynamique. Ayant cassé ses lunettes et subissant une gueule de bois carabinée il part au hasard des rues de la Capitale.

Il ne se passe pas grand-chose de notable. Et pourtant le livre se dévore rapidement comme un petit déjeuner de lendemain de fête. L'auteur a un style bien à lui, fantaisiste et farfelu. Il réécrit les mots franglais de manière plus poétique qu'habituellement ainsi que le faisait déjà Marcel Aymé et joue sur les allitérations avec son héros qui aime bien s'amuser avec les mots lui aussi. Je laisserai le lecteur découvrir le tout. Je suis certain qu'il se serait bien marré à réécrire "ouifi" ou foudingue", entre autres...

Sur ce, je te quitte ami lecteur, mon berger belge m'attend avec impatience...

 

Sic Transit Gloria Mundi, Amen

Amaury - Grandgil

 

illustration empruntée sur "mauvaise nouvelle" site ami

 



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