vendredi 5 février 2016 - par C’est Nabum

Un Arc en Ciel

Pour briser le silence  !

Les radios libres, c'était un temps où chacun pensait que ce média était garant de diversité, de liberté d'expression et d'éducation populaire. C'était un temps où des bénévoles donnaient sans compter leur temps pour défendre des valeurs et lutter contre une conception centralisée de la culture et de l'information. C'était un temps où l'utopie était en marche …

Puis le temps est venu des grosses structures, des franchises et des rouleaux compresseurs et guère penseurs. Bon nombre d' antennes libres ont dû fermer boutique, usées par les contraintes, balayées par les mastodontes, désertées souvent par les militants fatigués et impuissants. Les ondes sont devenues uniformes dans une diversité fictive : l'esprit des pionniers ayant baissé pavillon devant les lois du marché et l'impitoyable domination de l'argent.

Pourtant il en est encore qui résistent, qui osent parler d'une autre voix, se dresser contre les grosses structures, leurs budgets de nabab et leurs animateurs amphigouriques. Ils tissent des liens, donnent de la place à ceux qu'on n'entend pas ailleurs, arpentent la campagne, inventent et font la part belle à l'intelligence et au cœur. Nous devons les soutenir aussi quand ils ont le courage de dénoncer des scandales mettant en cause ceux qui, grâce à leur pouvoir, resteraient impunis.

À Chateauneuf, les membres de « la bande à Stéphane » se battent bec et ongles avec un budget de misère pour maintenir une voix libre et véritablement locale. Leurs actions vis-à -vis de la jeunesse, leurs initiatives pédagogiques sont remarquables et la petite Méga FM résiste au mastodonte bleu en dépit d'armes parfaitement inégales.

À Orléans, RCF parvient à faire entendre une autre voix, à faire véritablement œuvre d'information sans se soucier de plaire à qui il convient de faire révérence. C'est encore un espace de liberté, tout comme Radio Campus qui se débat, elle aussi, pour maintenir la pluralité dans ce monde uniforme et injuste. Nous devons saluer leurs actions : elles remplissent une mission de service public quand les médias qui ont cette fonction lui donnent une interprétation quelque peu contestable.

Alors que des radios choisissent de parler des notables qui font la pluie et le beau temps en Région Centre, d'autres préfèrent s'intéresser au véritable poumon de cette région : la Loire dont la beauté et les paysages sont célébrés par ces amoureux de la nature....Je suis de ces derniers et, invité par le sympathique Frank qui garde le sourire malgré la concurrence "déloyale" des grosses radios, j'ai connu l'un de ces échanges qui font que la vie est belle, que les belles choses appartiennent aux belles personnes, loin des bulles de champagne et billets de banque

Ce mercredi, en effet, ce fut Radio Arc-en-Ciel, la radio de la communauté portugaise et d'une autre conception de la liberté qui m'ouvrit son antenne, en direct, qui plus est ! Quelle prise de risque : honneur pour le Bonimenteur ! L'ami Franck n'a pas tremblé et m'a permis, enfin, de défendre mes livres quand, depuis huit mois, j'étais condamné au silence des ondes.

Je lui en suis infiniment reconnaissant. Ce fut un joli moment de radio d'autant qu'il me mit au défi d'improviser un conte en direct, au débotté. J'espère avoir été à la hauteur : j'ai fait de mon interlocuteur un personnage qui cherchait à passer de l'autre côté du miroir. La bateleur se faisant bonimenteur tandis que son invité devenait animateur à sa place.

L'exercice était périlleux ; l'ami Franck m'avait accordé, enfin, l'occasion de faire entendre cette voix que d'autres n'ont pas l'intention d'inviter. J'ai eu aussi la surprise d'un appel venant de l'ami Didier qui mène un combat pour une Loire propre en envoyant un carton rouge à ceux qui la souillent ou bien laissent faire les pollueurs du quotidien avec une complaisance coupable et une inertie complice.

Merci du fond du cœur à Radio Arc-en-Ciel ! En gage de reconnaissance, j'ai offert deux livres qui seront mis en jeu ce jeudi matin sur l'antenne. Les heureux gagnants découvriront que je suis né dans un grenier à sel et que j'ai grandi dans une boutique où les clients venaient discuter autour du métier à coudre de ma mère. Ils comprendront ainsi que l'art oratoire et l'amour de la Loire ne sont pas venus de nulle part. Quant à vous, prenez la peine de m'inviter et je vous raconterai des histoires comme je le fais ici, chaque jour, depuis huit ans.

Les médias sont, paraît-il, le quatrième pouvoir ; osons nous en servir intelligemment : donnons la parole à ceux qui s'inquiètent de l'état de notre rivière, tendons le micro à ceux qui transcendent l'amour d'une région par une histoire, une chanson ou un conte ! Ouvrons les ondes à ceux qui militent véritablement en agissant sur le terrain et non dans les salons. Une chose est certaine : malgré toutes les entraves déployées dans la bassesse de la convoitise, Cest Nabum a été entendu ce matin sur les ondes

Radiophoniquement leur.



10 réactions


  • petit gibus 5 février 2016 16:40
    « Ouvrons les ondes à ceux qui militent véritablement en agissant sur le terrain et non dans les salons. »

    C’est pas gentil ça pour tous les arthrosés des banquettes de salon ! :/

  • juluch juluch 5 février 2016 17:32

    On est loin des premières radio libres des 80’s....


    La plupart ont disparus et se sont des groupes qui tiennent le pavé avec un stock de pub casses c** !

    Encore heureux d’autres savent encore faire plaisir.

    Merci nabum !.



  • hervepasgrave ! hervepasgrave ! 5 février 2016 20:29

    Bonsoir,
    Aie ,encore moi ! à L’époque des radio libre ??? qu’elle radio libre ? Cela n’est qu’un mirage.Je crois que nous vivons sur le même sol,mais pas sur la même planète. A l’époque j’étais en avance sur cette ouverture,quelques années d’avances.Mais jeune et fauché (travaillant ,« Eh ! des fois quand même) mais sans moyen. Quand dans ma région il y à eut des occasions d’y participer,il n’y avait ,pas de places, la liberté »qu’elle est son prix ??« D’ailleurs le talent ou le professionnalisme c’est à l’instar de tes regrets du moment n’était pas un critère de choix. Ce n’était pas innocent ,la liberté à bon dos !
    Alors ,aujourd’hui la radio est loin des préoccupations.Loin d’attirer l’attention.Nous nous noyons dans un flot ou il faut du bol pour trouver un canal faible et durable ,en qui les gens mémorisent la station et les yeux fermés l’allument journellement !
    C’est comme le reste,la liberté n’est qu’un bon mot ,pas utilisé a bon escient. »euh !" a raison.


    • C'est Nabum C’est Nabum 6 février 2016 07:44

      @hervepasgrave !

      Nous vivons en décalage c’est certain
      Je connais encore des radios petites certes mais libres et indépendantes

      Elles sont confidentielles mais elles existent, elles résistent


  • vesjem vesjem 6 février 2016 00:11

    le cahier des charges des radios dites « libres » doit être très serré (politiquement)
    merci , nabum , pour ce papier


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