jeudi 1er avril 2010 - par Vincent Delaury

Un cinéma poilant !

Avez-vous remarqué le grand retour du poil en ce moment au cinéma ? Y aurait-il un come-back de la chatte-fourrure à la Reiser dans le porno ? Brigitte Bardot doit-elle s’en inquiéter ? Joaquin Phoenix el Barbudo s’est-il décidé à sortir de sa réserve ? Est-ce plutôt Devandra Banhart s’aventurant dans le cinéma ? Ou bien le rock garage style bûcheron qui s’imposerait dans le septième art ? Non, rien de tout ça, pas de métalleux chevelus en vue, ou de bears en rut dans les parages, il s’agit en fait d’un cinéma arty parfumé au charme du paradis perdu de l’enfance : Max et les maximonstres de Spike Jonze et Fantastic Mr. Fox de Wes Anderson ; « J’avais envie de filmer de la fourrure » déclare ce dernier dans Les Inrocks n°742, page 44, ou bien encore ceci : « (…) c’est un film plastique. Vous pouvez reconnaître les éléments, ressentir les textures. Depuis le début, je voulais que les animaux aient de la fourrure et des poils (…). J’aime l’énergie et le charme qui s’en dégagent. » (in StudioCinéLive n°12, Wes Anderson, l’enfance de l’art, page 83).

Au poil ! J’ai deux explications possibles, d’ordre esthétique et sociologique. Face aux images numériques lisses, souvent sans saveur parce que désincarnées, face aux blondes californiennes huilées à l’épilage intégral, les cinéastes trentenaires sont nostalgiques du « cinéma en 3 dimensions » d’autrefois, des touffes vintage, c’est le fameux charme du grain et des pétouilles de l’image, et de l’animatronique*, croisés chez les Gremlins et autres Histoire(s) sans fin, via un goût prononcé pour les textures chaudes, les peluches câlines, les pyjamas laineux, les doudous de l’enfance et ses sortilèges.

« Ca craint velu ! » diront certains. Que nenni ! Il s’agit, certainement, d’une volonté de retour à l’état sauvage, à la Mère Nature (au continent noir ?), loin de l’air vicié des grandes mégalopoles, comme si la nature reprenait toujours ses droits. Mister Fox et ses potes se terrent, into the wild, car méfiants des hommes. Dans Max et les maximonstres, dont le vrai titre est beaucoup plus parlant (Where the Wild Things are/Là où sont les choses sauvages), c’est promenons-nous dans les bois avec de grosses bestioles et un gamin loup qui ne cessent de se tomber sur le poil ! C’est peut-être le retour en force du poil pour rappeler que l’homme est animal et qu’il peut, de ça, en tirer une force. Je pense à cette phrase de Balzac - « ses bras, couverts de poils aussi bien que sa poitrine, annonçaient une force extraordinaire. » - et je me dis alors que, dans le cinéma actuel imprégné d’écologie rousseauiste (cf. Avatar), bonnets en poil de lapin, hommes chats, renards, blaireaux, orangs-outans, poules, filles qui ont du chien, Catwoman, Chewbacca, Chat du Cheshire, Chat du Rabbin, King Kong, Wolverine, femmes à barbe, moustaches, aisselles et pubis velus ont encore de beaux jours devant eux. Par contre, Fabien Barthez doit désormais penser à s’acheter une moumoute.

* Et stop motion : animation image par image inspirée de la technique du dessin animé, exemples dernièrement : L’Etrange Noël de Monsieur Jack, Wallace & Gromit, Coraline.

 



4 réactions


  • voxagora voxagora 1er avril 2010 10:52

    Pourquoi « retour à l’état sauvage » ?
    Vous écrivez « face aux images lisses .. »
    C’est simplement, me semble-t-il, un désir de cohérence entre
    la réalité (nous sommes tous des humains poilus)
    et la virtualité, pas seulement « lisse » mais surtout deshumanisée.


    • voxagora voxagora 1er avril 2010 15:09

      Je reviens faire un petit tour sur le fil pour ajouter que :
      l’expression pour dire « tout nu » c’est « à poil ! »,
      et que les hommes partis faire la guerre en 14 étaient appelés
      « les poilus ». C’est dire à quel point les images lisses mentent,
      et qu’il y a un moment où se fait sentir la necessité d’être
      simplement humains : poilus, petits, gros, pas beaux etc..


  • LE CHAT LE CHAT 1er avril 2010 11:26

    l’article aurait pu être un poil plus long ! smiley un monde sans poils , ça serait barbant !


  • agent orange agent orange 1er avril 2010 14:44

    Article rasoir !


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