mercredi 14 mars 2018 - par Mmarvinbear

Une brève histoire de France : Avant Charlemagne

Enfermé dans sa prison de Rome, Vercingétorix va y passer quelques années avant d’être exhibé lors du Triomphe de César. Il ne va rien voir de la lente transformation de la Gaule car après le cortège, l’ancien guerrier gaulois est exécuté et son corps jeté dans une fosse commune.

Son souvenir va perdurer un peu chez les Arvernes dont il était issu mais pour l’essentiel, son combat ne va laisser aucune trace marquante avant sa récupération par Napoléon III. Rares seront ceux qui tenteront de reprendre son flambeau dans les décennies qui vont suivre car dans leur immense majorité, les Gaulois se font très bien à l’arrivée de Rome qui les protègent des guerriers germains qu’ils craignent par dessus tout.

Les cités gauloises ne connaissent pas de grands chamboulements avec l’arrivée des administrateurs romains car l’essentiel de leurs lois étaient favorables déjà au nouveau maître des Gaules. Mais il va y avoir une caste qui va en être la victime directe : le druidisme va disparaitre au fil des deux siècles suivants.

Diplomates, devins, médecins, enseignants, conseillers et parfois ministres, les druides formaient l’élite de la religion gauloise. Ayant rejeté l’écriture, le druide doit passer en moyenne 20 ans en formation orale auprès des maîtres afin que se perpétue la tradition venue sans doute de ce qui est aujourd’hui l’Angleterre. C’est ironiquement un druide, Diviciac, qui convainc César d’intervenir en Gaule pour empêcher la migration Helvète afin de sécuriser les Gaules et le territoire Eduen dont il était issu. Devenu vergobret de sa tribu, Diviciac disparait des sources romaines après le retour de César à Rome mais selon Cicéron il est mort un peu de temps avant César de façon inconnue.

L’opposition des druides à la présence romaine grandit en même temps que leur influence politique diminue, étant supplantés par les administrateurs romains qui prennent peu à peu le pouvoir sur les tribus gauloises. Ils sont aussi très réfractaires à l’introduction de l’écriture car pour eux, la parole écrite meurt. De façon plus prosaïque, un enseignement oral est plus sûr pour éviter une trop grande diffusion des connaissances qui ne ferait qu’affaiblir leur autorité. Si le peuple gaulois n’a aucun problème à voir ses dieux romanisés, les druides, qui ont une conception radicalement différente de la religion par rapport aux romains, ne peuvent pas accepter la remise en cause des fondamentaux de leurs croyances.

Réduit aux îles britanniques, le druidisme disparait complètement avant de connaître une renaissance au XXè siècle sous une forme assez caricaturale.

 

Rome s’est toujours vantée d’avoir une grande tolérance religieuses, grecs et égyptiens pouvant en faire foi. Mais l’empire n’hésite pas non plus à pourchasser les croyances qui sont fondamentalement incompatibles avec la Virtus romaine. Ainsi, le christianisme naissant est-il perçu comme étant une menace pour la société et pourchassé. Au Ier siècle, l’empereur Claude met le druidisme au ban de l’empire et les druides doivent soit se cacher, ce qui les empêchent de professer à la nouvelle génération, soit s’exiler en Grande Bretagne.

Entre un empire qui faisait dresser des monuments faits pour défier le temps et une religion pour qui le caractère éphémère des choses ne justifiait rien de tout cela, cela ne pouvait pas fonctionner. Isolé au delà de la Manche, le druidisme va survivre le temps pour le Christianisme d’arriver et d’en éliminer les derniers adeptes au IVè siècle.

Entre Rhin et Pyrénées, peu de choses changent pour le commun des mortels. Les taxes et les impôts pour rémunérer les légions romaines établies ne sont pas considérées comme étant de l’argent perdu. C’est même le contraire car l’économie est stimulée par les échanges plus nombreux avec Rome. Les gaulois se romanisent de plus en plus et les romains complètent leurs arts et techniques avec le savoir-faire gaulois. Si les fermes gauloises sont toujours faites de bois et de torchis, matériaux très bien adaptés aux rudes hivers locaux, les plans se modifient et imitent désormais celui des Villa romaines qui se multiplient avec l’établissement des vétérans comme colons.

Désirant voir leurs enfants réussir dans la vie, les parents qui sont au contact des marchants et des administrateurs romains diffusent le latin dans leurs milieux et aussi auprès du bas peuple. Le latin va jouer le rôle de langue commune mais déjà les pratiques vont faire évoluer la langue qui va donner naissance aux premières langues romanes qui elles-mêmes évolueront par la suite pour donner les langues latines actuelles. Les langues gauloises, elles, vont se dissoudre presque complètement, accentuant la perte des cultures ancestrales. On estime ainsi que désormais, le Français ne comporte que moins de deux cents mots d’origine gauloise. Son caractère de langues uniquement orales aura été fatale aux dernières langues celtes.

Les troubles politiques que vivent les Gaules lors des 200 années suivantes sont plus du fait de Rome que d’une volonté de secouer un joug imaginaire : les gaulois romanisés se portent très bien sous l’aigle impérial, mais ils sont parfois les victimes des nombreuses guerres civiles qui secouent l’empire au moment des successions impériales.

Car c’est ainsi : le poste est prestigieux mais mortel. Presque tous les empereurs romains sont morts assassinés ou dans des circonstances étranges. N’ayant pas de règle de succession établie, il n’est pas rare de voir des généraux de légions se proclamer Imperator et d’user de leurs troupes pour faire pression sur le Sénat romain pour qu’il avalise le coup d’Etat. La plupart du temps cependant, c’est l’échec et le candidat est exécuté. Malheur alors à la tribu ou à la ville qui lui aura prêté main forte : elle peut perdre tout prestige et pire, tous ses droits et privilèges passés.

Cette instabilité politique chronique ne va pas aider les Gaules quand le pays va devoir faire face, à partir de la fin du IIè siècle, aux grandes migrations qui s’amorcent et que l’on a appelé de façon très incorrecte les Invasions Barbares.

 

L'année des 4 empereurs voit se succéder Galba, Othon et Vitellius en quelques semaines avant que Vespasien n'offre une des rares époques de règne calme à Rome. Galba est assassiné, Othon se suicide et Vitellus est lapidé par la foule.

 

Face à l’instabilité impériale chronique ( qui voit 64 empereurs se succéder en moins de 50 ans ), les généraux romains prennent les choses en main et assument par eux-même la défense des frontières en se proclamant empereur. Pendant 15 ans, la Gaule et l’Hispanie vont avoir leur propre « empereur » différent de celui qui siège à Rome. Ces derniers sont trop occupés à essayer de survivre pour pouvoir lutter efficacement contre les usurpateurs. Il ne faut pourtant pas y voir une velléité d’indépendance face à Rome : ces « empereurs » ne se considèrent pas comme des Gaulois mais bien comme des romains qui usent de leur prestige de défenseurs pour briguer la pourpre impériale mais comme les empereurs à Rome, ils sont trop occupés par les combats aux frontières pour pouvoir investir pour de bon la capitale impériale. 

A Rome, Aurélien parvient à se maintenir sur le trône et en vie, ce qui lui donne l’occasion de mettre fin à la sécession. C’est alors Tétricus, un ancien sénateur romain devenu général qui est à la tête des Gaules. Il est assez intelligent et fin politique pour comprendre qu’il ne fera pas le poids face à Aurélien, aussi négocie t-il une forme de reddition : après une bataille ou il sera fait prisonnier, Tétricus est renvoyé à Rome. Après le Triomphe d’ Aurélien, il reprendra sa place au Sénat ou il y continuera sa carrière. On est loin du destin de l’Arverne.

Cette réunification a cependant un prix très élevé : les frontières du nord-est sont désormais à nu, 15 ans de combats ayant durement éprouvé les légions de part et d’autre.

A ce moment là, l’empire romain a connu son extension maximale mais Rome se heurte désormais à des obstacles infranchissables : l’Atlantique, le Sahara au sud et à l’ouest. Rome s’est emparé de la majeure partie de la Grande Bretagne mais les Scots et les Pictes résistent et leurs pays pauvres en ressources ne justifient pas d’un nouvelle invasion massive : ils seront confinés derrière des murs. Les forêts de Germanie empêchent les légions de manoeuvrer de façon efficace et au sud-est l’empire Parthe est trop puissant pour pouvoir être combattu. C’est toute l’économie romaine qui va lentement être affectée car elle ne reposait que sur une expansion régulière et l’approvisionnement régulier en esclaves. De plus, à ce moment là, le climat se modifie légèrement mais assez pour chasser les Goths de leur Scandinavie natale et les pousser vers la Vistule et l’Ukraine actuelle.

Les frontières sont longues, trop longues car les citoyens romains toujours plus nombreux rechignent à accomplir le service militaire. Rome a d’ailleurs besoin d’eux sur ses terres pour ses cultures.

Le problème se résout avec les premiers mouvements de tribus germaniques. Loin d’une invasion menés au fil de l’épée, le plus souvent, les tribus quittent des terres devenues moins favorables pour migrer vers le sud et s’établir sur les marches de l’empire sur des terrains encore vides. Les administrateurs rencontrent les chefs et trouvent vite un accord profitable aux deux parties : la tribu reste mais s’engage en échange à fournir des soldats et à garder la frontière pour empêcher les suivants de passer. C’est le système du foedus : les tribus sont indépendantes et gardent leurs lois mais elles acceptent la tutelle économique et militaire de Rome dont elles participent à la protection.

Ce système parait équilibré mais il porte en germe la fin de l’empire : au fil du temps, le pouvoir central va s’affaiblir à cause de la faiblesse de plus en plus patente de l’institution impériale. Les tribus vont gagner peu à peu en autonomie jusqu’à rompre les liens politiques et de vassalité, établissant les premiers Etats barbares aux marches de l’Empire.

La situation empire au IVè siècle : la dégradation climatique continue et les récoltes sont de plus en plus mauvaises. La population fait face à des épidémies et la démographie fléchit : les villes se dépeuplent et se réduisent en taille. Pour se protéger des incursions, elle se sont entourées de remparts, détruisant par là même la plupart des systèmes d’adduction d’eau, ce qui condamne des quartiers entiers.

Loin à l’est, ce qui est aujourd’hui le Kazakhstan devient un désert. Les peuples nomades, dont font partie les Huns, n’ont d’autre choix que de partir, la plupart vers l’ouest ou ils vont chasser en cascade les peuples déjà établis : c’est la seconde grande migration, qui cette fois ne concerne plus des petites tribus isolées, mais des peuples entiers.

A ce moment là, l’empire est scindé en deux pour une meilleure administration et protection des frontières. La partie orientale, mieux défendue et plus riche, soudoie les Goths et les autres pour aller plus à l’Ouest. Ces derniers ne se font pas prier et s’ installent en Aquitaine, en Hispanie et en Afrique du Nord. Toujours sous le statut du Foedus mais l’empereur est trop faible désormais pour vraiment faire appliquer son autorité : les migrants y fondent de véritables royaumes qui ne sont vassaux que sur le papier, établissant leurs lois, leurs réseaux économiques et privant l’empire d’occident de ses anciennes richesses, poussant Rome vers une spirale infernale qui va la mener en 476 à la déposition de Romulus Augustule, le dernier empereur d’occident.

La fragmentation de l’ empire se voit sur le réseau routier : en Gaule, Rome a élargi un système pré-existant de routes gauloises pour les intégrer à son réseau. Le repli des régions sur elles-mêmes met un terme au commerce international. Devenues inutiles, les routes se dégradent alors que se développe un réseau secondaire et tertiaire plus à même d’acheminer les denrées agricoles sur de courtes distances. Dès lors, la dégradation des voies est telle que la voie fluviale devient la meilleure option pour relier les différents royaumes entre eux.

Un autre phénomène naturel va avoir des conséquences inattendues : depuis le début du Ier siècle, la montée du niveau des océans a commencé à envahir un antique lac d’eau douce batave, le Flevo. Sur ses rives, vivaient de nombreuses tribus germaniques. Cette lente élévation du niveau des mers chasse ces tribus qui se répartissent sur les rives du Rhin. Certaines se fédèrent pour avoir plus de sécurité entre elles et plusieurs groupes prennent le nom de Francs : ce terme n’ a pas à l’époque le sens de « libre » que nous lui connaissons.

Il s’agirait d’une variation d’un terme signifiant « féroce » ou « lance » : leur réputation de guerrier n’ est déjà plus à faire…

Ne pouvant aller vers l’ Est, les Francs dits Saliens vont vers le sud ou ils se taillent sur les ruines de l’autorité romaine de vastes domaines qu’ils contrôlent officiellement au nom de Rome : afin de s’assurer de la collaboration des locaux et de faciliter leur installation après la chute de l’empire des Gaules, les Francs jouent le jeu du Foedus. 

En revanche, sur le plan du droit et des lois, leurs apports supplantent plus fortement les écrits romains jusqu’alors en vigueur : par tradition, ces peuples usaient plus des coutumes et des traditions pour la gestion des biens plutôt que d’un corpus de lois. Ce transfert va durablement marquer le territoire car jusqu’à la Révolution Française, le nord de la France sera plus sous le domaine du droit coutumier alors que le Sud aura gardé plus de lois issues du Droit écrit.

Plus au sud, l’empire d’occident n’est plus. Justinien, l’empereur d’Orient, tente de réunifier les anciennes terres de l’empire et regagne le contrôle de l’ Italie et d’une partie de l’ Hispanie. Cet effort trop tardif et trop fugace va affaiblir l’empire d’ Orient qui dès lors va connaitre une lente agonie de 1000 ans.

Les Gaules sont elles désormais divisées : l’ Aquitaine est une partie du royaume Wisigoth, un royaume burgonde domine la vallée du Rhone. La Provence elle est une partie du petit royaume des Ostrogoths.

Au nord, les francs saliens se sont installés sur ce qui est aujourd’hui la Belgique, le nord de la Rhénanie et les Hauts de France pour simplifier. Entre la Seine et la Loire, subsiste la dernière province gauloise toujours sous l’autorité directe de Rome mais la poussée des Francs aura bientôt raison de la région.

Au départ, les Francs ont gardé leur foi païenne mais le développement du christianisme pousse les chefs barbares à se convertir pour bénéficier de la puissance naissante de l’Eglise. Cependant, la plupart ne deviennent pas chrétiens mais se tournent vers l’arianisme, un courant chrétien qui nie l’égalité du Fils avec le Père. Ceci parce que cette variante chrétienne leur permet de conserver une part de leur ancien pouvoir dévolu par les divinités païennes en prenant la tête de l’Eglise locale, ce que fera Henry VIII dix siècles plus tard en Angleterre. 

Païen, Clovis va le rester une grande partie de sa vie. Il nait au milieu du Vè siècle et sa vie ne nous est connue que par les écrits de Grégoire de Tours qui ne l’a jamais connu, cette biographie étant parfois plus une hagiographie écrite pour édifier les croyants que pour donner un aperçu neutre et objectif.

 

Il n'existe aucun portrait tracé du vivant de Clovis. La plupart des portraits illustrant les mérovingiens et les premiers capétiens ont été peints au XIXè siècle.

 

Devenu roi à la mort de son père, Clovis est loin d’être un exemple chrétien : les traditions germaniques veulent qu’à la mort du chef son territoire soit partagé entre ses héritiers. Clovis étant fils unique, il n’a pas eu à partager mais comme il tient à ce que seuls ses fils héritent de ses biens en ces temps ou la mortalité infantile, les guerres, les épidémies et plus encore les assassinats et les vendettas font des ravages, il prend les devants en faisant éliminer ses cousins proches et leurs enfants en guise d’anticipation de futurs problèmes. Par la suite, il fera de même avec les souverains qu’il aura renversé lors de ses conquêtes militaires.

D’une princesse rhénane dont l’histoire n’a pas retenu le nom, Clovis a eu un premier fils. Redevenu célibataire (après répudiation ou veuvage, nul ne le sait), sa nouvelle puissance lui permet d’épouser Clotilde, la fille du roi Burgonde, qui est chrétienne. Cette union officialise l’émergence au premier plan de son royaume sur les cendres des Gaules et lui donne trois fils supplémentaires ainsi que des filles qui lui permettront d’assurer par mariage de bonnes alliances politiques.

Selon les sources, Clovis est à ce moment là très apprécié du peuple autant que des élites gallo-romaines ainsi que du clergé naissant. Païen, il assiste au développement du christianisme. Il apprécie Rémi, l’évêque de Reims qui semble devenir son conseiller favori mais il hésite à se convertir bien qu’il en saurait tirer d’énormes avantages : pour un guerrier germain, la légitimité du roi tient dans ses victoires et donc son soutien des Dieux. Se convertir le couperait de cette légitimité mais le faire lui assurerait le soutien de l’élite locale déjà christianisée.

Selon Grégoire de Tours, c’est au cours de la bataille de Tolbiac, en Rhénanie actuelle en 496 que Clovis, influencé par sa femme, promet de se faire baptiser s’il remporte un combat qu’il est sur le point de perdre. Il gagne et tient sa promesse, une large part de ses troupes se faisant baptiser en même temps afin de bénéficier de la nouvelle protection divine.

Las, l’histoire est trop belle. Déjà, le récit plagie complètement l’histoire de la conversion de Constantin près de deux siècles auparavant. Ensuite, il est établi désormais que la bataille de Tolbiac n’a pas eu lieu en 496, mais en 506. On ignore l’année du baptême de Clovis, mais c’est très probablement entre 499 et 501. La conversion est un pari politique autant qu’une opération diplomatique : Clovis a à ses frontières les ariens wisigoths au sud et les Bretons chrétiens à l’Ouest. Sa conversion serait le résultat d’un accord diplomatique visant à sécuriser son flanc ouest pour lui permettre de fondre sur les Wisigoths en toute tranquillité et de s’assurer la fidélité des gallo-romains déjà chrétiens. Clovis inaugure une alliance intime entre le monarque et le divin qui va marquer l’histoire de la royauté française jusqu’en 1789. On peut donc le considérer, non pas comme le fondateur de la France car l’idée même de ce pays n’existe pas encore, mais comme un pas important entre la transition qui relie l’Antiquité et le Moyen-Age.

Cet accession ne rompt pas encore les liens avec l’Empire qui perdure en Orient : Clovis est ainsi officiellement un Proconsul des Gaules sous l’autorité (de plus en plus théorique…) de l’empereur installé désormais à Constantinople, mais tous les signes de l’ascension sont là : issu d’un alliance de tribus franques, Clovis se dote, comme les empereurs, d’ancêtres mythiques.

César disait que sa famille descendait en droite ligne de la déesse Vénus. Les usurpateurs des Gaules ont fait de même, se dotant d’une ascendance divine ou semi-divine pour justifier leurs candidatures au poste suprême. Le grand-père de Clovis, Mérovée, est dit être né de l’union de la femme de Clodion, son père, et d’un monstre marin le jour ou cette dernière, enceinte, s’est baignée dans l’océan, les deux enfants à naître se mêlant l’un à l’autre avant la naissance.

Cette mythologie, ainsi qu’un talent certain pour les armes et une diplomatie pragmatique vont aider Clovis à unifier les Gaules : quand il meurt en 511, seules la Provence, sous domination ostrogothe, et la Bretagne manquent à l’ensemble.

L’ unification du territoire permet une certaine renaissance économique mais les traditions germaniques bien ancrées dans les moeurs mérovingiennes ne vont pas permettre à l’ ensemble de perdurer. Le royaume est partagé entre ses 4 fils qui vont chacun adopter la stratégie du père : éliminer la descendance adverse pour assurer à la sienne de perdurer et reprendre les portions du royaume dévolues à d’autres.

Stratégie simple mais efficace comme celle de Clovis : pour garantir son territoire, Clovis faisait alliance avec d’autres petits royaumes mais au moment du partage, il faisait éliminer ses alliés ( et leurs enfants… ) et gardait le tout, royaumes alliés inclus.

Ses fils vont reprendre la même tactique : quand un frère meurt, les autres s’empressent de faire tuer leurs neveux et cousins pour reprendre l’ascendant sur les frères survivants. Si on y ajoute le droit coutumier à la vengeance dont leurs épouses vont user et abuser, on comprend pourquoi 50 ans après la mort de Clovis, ses descendants passent plus de temps à s’entretuer qu’ à penser à gérer les royaumes dont la direction est dévolu à un haut-administrateur qui prends le nom de Maire du Palais.

De temps à autre, un survivant se dégage et reprends la tête de tous les territoires Francs mais en général il meurt peu de temps après et le nouveau partage produit les mêmes effets. Ce qui permet au territoire franc de perdurer, c’est l’idée, au sein des élites et de la population, d’une même appartenance malgré les souverains différents à un seul ensemble. Ce qui aide aussi, c’est que le climat redevient quelque peu favorable, mettant fin aux grandes migrations : même les Huns, nomades à l’origine, ont fini par se fixer et devenir sédentaires dans ce qui est aujourd’hui la Hongrie.

Les habitants des Gaules ont donc vu le monde politique être chamboulé en l’espace de 300 ans : à la sécurité de l’empire a suivi une période d’évolution forcée et le monde gallo-romain s’est enrichi de nouvelles lois et de nouvelles traditions venues du Nord, au prix d’un morcellement géographique qui va appauvrir le pays avant qu’un retour à l’unité ne permette un nouvel essor économique.

Sur le plan religieux, le paganisme des premiers temps a été remplacé par le christianisme venu d’ Orient et la vision romaine de cette religion va supplanter l’arianisme et les autres courants qualifiés d’hérétiques comme le nestorisme. Le nouveau clergé va aider les nouveaux monarques à affermir leurs pouvoir et en échange, ces derniers vont offrir des conditions matérielles et fiscales très avantageuses pour la gestion de leurs domaines.

Le peuple, lui, voit sa condition changer et pas forcément en mieux : les citadins sont moins nombreux. Les épidémies et les guerres ont réduit la taille des villes qui sont désormais derrière des remparts, ce qui aggrave les conditions d’hygiène qui régnaient à l’époque.

 

Rattachés à la terre qu'ils cultivent, les serfs diffèrent des esclaves dans le sens ou contrairement à ces derniers, ils ne sont pas des choses mais possèdent une personnalité juridique. Mais c'est bien le seul avantage et certains esclaves préfèrent le rester plutot que d'être affranchis et de devenir des serfs.

 

Celles et ceux qui vivaient à la campagne constituaient l’immense majorité des habitants des royaumes francs. Colons romains et fermiers gaulois ont dû se réunir auprès de riches propriétaires terriens abrités derrière les murs plus solides de leurs villas. L’instabilité politique et militaire des II à IVè siècle va marquer les territoires : les anciens propriétaires de petites exploitations se voient attribuer des terres à cultiver pour le compte du plus puissant. Ils ne sont pas esclaves mais en échange de sa protection armée il ne peuvent plus quitter les terres qui leurs sont assignées : c’est le début du servage et l’origine de la féodalité, une organisation sociale qui va durer plus de 1000 ans.

Si le front nord est désormais calme, l’ancienne Gaule n’est pas pour autant à l’abri des changements car c’est désormais du sud que vont venir des troubles qui vont renforcer la monarchie franque et faire pour un temps de la petite Aix-la-Chapelle l’égale de Constantinople.



39 réactions


  • Clark Kent Kent 14 mars 2018 13:54

     l’histoire de la France  des épisodes qui concernaient des territoires aux contours et structures socio-culturelles  hétérogènes prétend donner le même poids à tous les siècles passés pour constituer notre identité actuelle. C’est le propos sous-jacent de cet article.

    Dans ce cas, pourquoi s’arrêter aux Gaulois et ne pas remonter à l’âge de fer, à la protohistoire, à la préhistoire, etc. jusqu’à l’homo-sapiens supposé avoir supplanté l’Homme de Neandertal avec lequel nous partageons, selon les dernières découvertes scientifiques, une partie du patrimoine génétique.

    Un poids beaucoup plus important doit être donné aux périodes historiques les plus récentes. On peut toujours rêver d’un passé idéalisé et faire référence à des textes très anciens ou propager un mythe fondateur de la nation comme "nos ancêtres les gaulois", au niveau de chaque individu l’identité se transmet en fait par la famille et oralement.

    25 ans comme étant la durée une génération une personne de 25 ans a des parents de 50 ans et des grands-parents de 75 ans. Ces derniers sont la mémoire encore vivante, par transmission orale, de celle de leurs propres parents et grands-parents (qui auraient 100 ans et 125 ans).


    Aujourd’hui, une personne de 25 ans est porteuse d’une mémoire vivante, via ses parents et grands-parents, qui s’estompe peu à peu jusqu’à 125 ans, soit 1893.


    Une personne de 50 ans est porteuse d’une mémoire vivante remontant au plus jusqu’à 1868 et, pour une personne de 75 ans, on remonte au plus loin en 1843.


    Le fondement de l’identité nationale française est plus proche des débuts de la Troisième République, de la mise en place de la laïcité en 1905 et de la Première Guerre Mondiale que des Gaulois, de la prédominance du christianisme ou de la monarchie.

    La présence des grands mythes que sont Vercingétorix et Jeanne d’Arc dans la mémoire collective n’est due qu’au récit véhiculé par les manuels d’histoire de la 3ème République qui, par la mise en place et le contrôle idéologique de l’école publique laïque, gratuite et obligataire a forgé le nation française actuelle.


    • Clark Kent Kent 14 mars 2018 13:57

      @Kent

      excuses, il manque le début du commentaire :

      La recherche de « racines » ou d’« ancêtres » qui consiste à intégrer dans l’histoire de la France des épisodes qui concernaient des territoires aux contours et structures socio-culturelles hétérogènes prétend donner le même poids à tous les siècles passés pour constituer notre identité actuelle. C’est le propos sous-jacent de cet article.....


    • Mmarvinbear Mmarvinbear 14 mars 2018 14:54

      @Kent

      Tous les siècles ne se valent pas. Il y a des périodes de calme ou la vie se passe sans grands événements et puis en une dizaine d’années de grand chamboulements se produisent.

      Parfois à cause de l’inertie sociale ou politique, parfois à cause d’événements extérieurs comme un changement géographique : que serait l’histoire de notre pays si les mers ne s’étaient pas élevées au IVè siècle, chassant les tribus des plus basses terres de Hollande et dont certains éléments vont venir sur ce qui est la France ?

      Peut-être seraient-ce les Alamans qui se seraient établis ici, changeant toute l’ Histoire future.

    • Mmarvinbear Mmarvinbear 14 mars 2018 15:01

      @Kent

      Dans ce cas, pourquoi s’arrêter aux Gaulois et ne pas remonter à l’âge de fer, à la protohistoire, à la préhistoire, etc.

      Remonter plus loin que les celtes serait une rêve mais ce n’est qu’à partir de César que nous avons assez de recul historique : les textes grecs sont trop fragmentaires et les gaulois eux-même n’ont pas écrit leur Histoire, il est donc impossible d’avoir assez d’éléments sur la politique, l’économie et la société avant cela.

      Un poids beaucoup plus important doit être donné aux périodes historiques les plus récentes.

      Pas vraiment, car les périodes actuelles proches du Présent dépendent aussi énormément des périodes plus anciennes.

      Le Présent de notre pays serait radicalement différent si par exemple Justinien avait pu reconquérir les terres de l’Occident. Avec cela, pas de mérovingiens, l’empire de Charlemagne n’aurait pas existé, ni même sa partition en 3 au IXè siècle. Toute l’histoire contemporaine en serait changée.



    • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 14 mars 2018 15:07

      @Mmarvinbear

      Je confirme. La présence de « ham » ou « hem » dans les suffixes de nombreux villages du Nord - Pas de Calais. Ils signifaient foyer ou plus simplement feu


    • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 14 mars 2018 15:11

      @Mmarvinbear J’ajoute que lire une carte est déjà faire de l’histoire.


    • Pie 3,14 14 mars 2018 19:48

      @Kent

      Bonsoir Kent,

      Votre commentaire est intéressant et me fait gamberger.

      Sur le fond je suis plutôt d’accord avec vous. Pour comprendre le comportement de l’homme d’aujourd’hui, les deux derniers siècles d’histoire sont primordiaux. 
      Votre argument générationnel tient la route et m’a donné l’envie d’interroger une proche qui va bientôt atteindre 103 ans à propos de ses parents et grands-parents.

      Vous posez la question du poids du temps qui passe et supposez qu’il dépend de quelques générations. Cependant elles charrient avec elles quantité d’informations qui viennent parfois de loin. 
      De nombreux comportements relèvent aussi de la longue durée.

      Comment trancher ?



    • velosolex velosolex 15 mars 2018 10:19

      @Kent

      article fouillé et intéressant
      « La présence des grands mythes que sont Vercingétorix et Jeanne d’Arc dans la mémoire collective n’est due qu’au récit véhiculé par les manuels d’histoire de la 3ème République »
      Et alors ?....L’histoire est d’abord un récit. Autant le rendre palpitant Une fois vacciné par des récits de passion et d’engagement, qui font d’ailleurs tout de même sens, on aura tout loisir d’approfondir, de revoir la portée. Jeanne d’arc n’est pas qu’un mythe ; ce miracle féminin, cette élucubrations extraordinaire a vraiment existé, et continue d’enchanter les écoliers par son message existentiel. Michelet avait tout compris. Les instits aussi, avec leurs tableaux événementiels. On en est venu à douter et à se moquer de ce « nos ancêtres les gaulois » y voyant déjà une préfiguration du nationalisme et de la simplification. Les gaulois en tout cas appartenaient à une civilisation beaucoup plus érudite et brillante que celle de « la guerre des gaules » de César. Le message de dévalorisation en tout cas a été si bien entretenu qu’il y a encore un quart de siècle, des archéologues ne pensaient pas que ce pouvait être les gaulois qui pouvaient avoir crée les pièces d’orfèvreries, les bijoux, ou les armes magnifiques qu’ils mettaient à jour. Jaurès, un progressiste, tout de même...se servira de l’exemple gaulois falsifié pour justifier de la colonisation : « Nous devons apporter aux peuples africains arriérés, la lumière que Rome a transmis aux gaulois... »....Par là on pourrait dire de façon humoristique que les petits camerounais qui clamaient « nos ancètres les gaulois » n’avaient pas tout à fait tort.....L’histoire est faite par les vainqueurs, et le passé des vaincus est tout autant dénaturée, d’un bout du monde à l’autre. Dans ce sens,leurs ancêtres ont été vraiment considéré comme des gaulois   

    • velosolex velosolex 15 mars 2018 11:10

      @Aita Pea Pea
      ......Et mettre son pays au centre faire de la politique...Ainsi on peut se trouver au centre du monde, ou à son bout,..Pen ar bed !


    • velosolex velosolex 15 mars 2018 11:15

      @Aita Pea Pea
      La toponymie fait souvent livre d’histoire. En Normandie, les lieux en « Ec », ou « Hoc », comme Orbec, Le HOcque, ou les noms de famille comme « Anquetil », « Osmond », atteste de l’implantation de familles danoises, venant des conquérants Vikings. 


    • velosolex velosolex 15 mars 2018 12:19

      @Mmarvinbear
      Je suis d’accord avec vous. L’identité française dépend de toute une imbrication de causes et d’effets qu’il est bien difficile de saisir. Certains nous échappent, comme des secrets de famille, mais continuent à nous conditionner. Ce ne sont pas forcément les grandes batailles qui sont décisives, mais parfois des faits liés à la simple vie pratique. 

      D’abord il faudra du temps pour que l’homme puisse s’interroger sur son passé, Et que l’église lui permette. Ainsi qu’un confort de vie, amené par l’amélioration des techniques de labourage, par exemple...L’invention du licou permit de multiplier par trois la force du cheval, et le résultat des cultures. A partir de là on peut penser à autre chose qu’à se nourrir, à inventer et à aller de l’avant.... Braudel, dans l’identité de la France, dira que le chemin de fer avait plus fait que la révolution française, chez les paysans du centre de la France, quand à leur perception d’être français. 
      L’histoire n’est en aucun cas linéaire. Comme une marée, elle reflue même parfois.....Après la chute de l’empire romain, plusieurs siècles ténébreux valident ce qui fut « la fin du monde ». On oublie les techniques de travail des métaux, d’extraction de minerai, de labourage ( les gaulois étaient au top : 
      Moissonneuse — Wikipédia
       Ils avaient inventé une moisonneuse ....Il faudra attendre le dixième siècle et même l’ère des cathédrales pour retrouver certaines techniques. Cela a été validé par les historiens et les archéologues dont certains se moquent ici, s’effrayant du coût de leurs recherches.....Étonnant pour des gens qui s’’intéressent soi disant à l’histoire, et qui préfèrent visiblement les beaux contes, pleines de fées et d’elfes. Ce que l’histoire raconte, c’est que les frontières sans cesse se déplacent, et que les centres du monde n’arrêtent pas d’évoluer ; Et tout autant que la fin d’un monde, à la suite d’erreurs et de vanité, n’a rien d’inédit. 

    • Ben Schott 15 mars 2018 15:29

      @velosolex
       

      Tu veux pas lever un peu le pied, pompeux pontifiant ?
       


    • velosolex velosolex 15 mars 2018 22:10

      @Ben Schott
      Dix mots pour me lécher les pieds.....


    • Alren Alren 18 mars 2018 14:49

      @Aita Pea Pea

      « Ham » et « hem » que l’on retrouve en anglais avec le mot « home », « chez-soi » et en allemand avec « Heimat » qui élargit la notion à celle de « foyer national communautaire »

      Attention cependant à ne pas le confondre avec le « -ham » des Vikings qui désigne un abri marin, voire un petit port. Ainsi « Ouistreham » est l’abri côtier de l’ouest alors que « Etreham » désigne l’abri de l’est.
      Les Vikings avait aussi la finale « -fleur » pour désigner un abri plus grand où se réfugier avant une tempête en mer, qu’on retrouve dans Honfleur et Barfleur.

      Mes félicitations à Mmarvinbear pour son érudition sans faille.


    • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 18 mars 2018 14:53

      @Alren Bonjour et merci.


    • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 18 mars 2018 15:09

      @Alren Ce qui ne change pas la notion de « feu » qui a dérivée sur foyer . Mais bon je le répète...lire une carte est déjà faire de l’histoire.En prendre conscience est génial pour les personnes curieuses.


    • JC_Lavau JC_Lavau 18 mars 2018 15:51

      @Alren. Mmh... Aurais tu le mot vieux norrois exact ? Car je ne trouve rien de semblable dans la toponymie nordique actuelle.


      Il n’y a qu’en Islande que je trouve deux « floi » qui sont de vastes baies et non des rades.

    • Alren Alren 18 mars 2018 19:15

      @velosolex

      Parmi les noms de famille d’origine scandinave, on trouve aussi Ozouf.


  • Decouz 14 mars 2018 13:54

    Edit de Caracalla en 212 : donne la citoyenneté à tout homme libre de l’empire, impact négatif sur le recrutement dans l’armée, le passage dans l’armée, étant auparavant une possibilité de devenir citoyen romain, perd son attrait.

    Impact négatif sur les pérégrins également, hommes libres de l’empire non romains, si ils sont chrétiens, en tant que romains, ils deviennent sujets aux persécutions.

  • Taverne Taverne 14 mars 2018 15:14

    Pour le Breton que je suis, Clovis et Charlemagne sont les noms de deux grands chefs étrangers dont les Armoricains ont botté le train. Mais, bon il y a prescription.


    • Clark Kent Kent 14 mars 2018 16:14

      @Taverne

      Les Bretons actuels sont arrivés en Armorique au cinquième siècle. Ils venaient de Cornouille, jetés à la mer par les Angles. On est toujours l’« étranger » de quelqu’un, le tout est de savoir par rapport à quoi ?

    • velosolex velosolex 15 mars 2018 10:59

      @Kent
      Il se pourrait bien, selon certains chercheurs, que les bretons soient le peuple le moins celtique d’Europe....Les celtes se sont en effet déversés dans le continent, mais la péninsule bretonne n’avait guère d’intérêt pour les envahisseurs : fermée, pauvre. 

      Pour la même raison les romains ont beaucoup moins pénétré la Bretagne, ce qui fait que la culture celtique, partant d’un niveau moindre qu’avant,est resté vivace. 
      De plus, effectivement, l’invasion britannique venue des Cornouailles et de Galles, dont il est difficile de chiffrer exactement l’importance autrement que par la toponymie des noms de villages ou de lieux commençant par « Plou » ou « Lo », n’est pas exhaustive, a renouvelé la langue bretonne. De 100 000 à 500 000 ?

    • Taverne Taverne 15 mars 2018 11:20

      @velosolex

      « selon certains chercheurs »

      C’est cela, qu’ils cherchent, qu’ils cherchent ! Il faut bien qu’ils justifient leurs couteuses recherches...

      Moi, je ne fais que rappeler un fait historique que beaucoup ignorent. A savoir que Clovis s’y est essayé et s’est pris une branlée. Par la suite, Charlemagne, ayant en tête ce douloureux souvenir, n’a même pas essayé d’envahir l’Armorique. C’est aussi une pointe d’humour et de référence à Astérix et à sa potion magique.

      Après le mélange des origines, c’est autre chose et cela ne me gêne pas.


    • velosolex velosolex 15 mars 2018 11:43

      @Taverne

      Je suis breton moi aussi mais c’est pas pour autant que je me sens invincible, potion ou pas..
      .Il est plus que probable que ce n’est pas la peur de subir une raclée qui fit retenir Charlemagne, qui avait réalisé le premier empire européen, et affonté d’autres armées. La bretagne est à l’époque un pays pauvre, bien peu peuplé, couvert de landes, de pénétration si difficile que même madame de Sévigné la gagnait par la loire, avant de remonter dans le pays.
      L’atlantique ne fut ouvert qu’à l’époque des grandes découvertes, mais à l’époque, le nom de pen ar bed ; le bout du monde, est une vérité. 
      Voilà une des raisons qui fit sans doute retenir der Grob Karl : Il avait à faire ailleurs, et peut être entretenait il des relations amicales avec la fée viviane. . 

    • Alren Alren 18 mars 2018 19:28

      @velosolex

      Comme l’explique très bien Mmarvinbear, beaucoup des peuples des grandes invasions sont venus en Gaule comme réfugiés et non conquérants et ils ont pu s’installer mais sur de mauvaises terres, plutôt désertes. Et durant l’Antiquité, l’actuelle Bretagne était considérée comme terre pauvre.
      C’est pourquoi les réfugiés celtes purent s’y installer.

      Cela a été vrai pour d’autre peuples.

      Un groupe d’Alamans souhaitant s’installer dans l’actuel Calvados près de l’actuelle Caen, se vit confinée près du fleuve côtier, l’Orne dans un zone marécageuse et inondable.

      Le village fut appelé Allemagne et ce nom resta des siècles jusqu’en 1914 où les habitants demandèrent à changer de nom. Le village devint Fleury-sur-Orne.


  • Buzzcocks 14 mars 2018 15:46

    C’est méchant de « spoiler » la saison 9 de Games of Throne.


    • Mmarvinbear Mmarvinbear 14 mars 2018 21:34

      @Buzzcocks

      Georges RR Martin a écrit sa saga en s’inspirant de la Guerre des 2 Roses et des Rois Maudits qui content la fin des Capétiens directs.

      Nul doute que s’ il avait jeté un oeil sur les moeurs mérovingiennes, sa saga aurait été encore plus gore...

  • Étirév 14 mars 2018 16:34

    CLOVIS

    Ce roi s’appelait en réalité Lodoïx, nom devenu Ludovicus, puis Louis ; mais, devant ce nom, il mettait le titre Kaï (conquérant mâle).

    Rappelons que Kaï a fait Caïn et que, chez les Latins, en mettant le K devant Esar (le mâle), on avait fait César, ce que les Allemands écrivent K-aiser.

    Donc, Kaï-Lodoïx est devenu pour les modernes Clovis.

    Voyons ce que valait cet homme.

    Voici ce que dit saint Grégoire de Tours, historien du 6ème siècle, de ce Clovis que l’Église de France invoque  :

    « Il envoya secrètement dire au fils du roi de Cologne, Sigebert le Boiteux : « Ton père vieillit et boite de son pied malade. S’il mourait, je te rendrais son royaume avec mon amitié.  ».

    Chlodéric envoya des assassins contre son père et le fit tuer, espérant obtenir son royaume... Et Clovis lui fit dire : « Je rends grâce à ta bonne volonté, et je te prie de montrer tes trésors à mes envoyés, après quoi tu les posséderas tous. ».

    Chlodéric leur dit : « C’est dans ce coffre que mon père amassait des pièces d’or. »

    Ils lui dirent : « Plonge ta main jusqu’au fond, pour trouver tout. » Lui l’ayant fait et s’étant tout à fait baissé, un des envoyés leva sa hache et lui brisa le crâne. Clovis, ayant appris la mort de Sigebert et de son fils, vint en cette ville, convoqua le peuple et dit : « Je ne suis nullement complice de ces choses, car je ne puis répandre le sang de mes parents, cela est défendu ; mais, puisque tout cela est arrivé, je vous donnerai un conseil : venez à moi et mettez-vous sous ma protection. »

    Le peuple applaudit avec grand bruit de voix et de boucliers, l’éleva sur le pavois et le prit pour roi. » Cela faisait deux têtes de moins et un royaume de plus pour Clovis.

    C’est à la bataille de Tolbiac, livrée près de Cologne en 496, que Clovis promit à Dieu de se faire chrétien, s’il était victorieux.

    Voilà un marché peu glorieux pour Dieu et un motif de conversion peu recommandable pour une religion.

    C’est par des forbans comme Clovis que la royauté et le Catholicisme furent introduits et soutenus dans la Gaule.

    Ce chef de pirates germains, dont saint Rémi fit un Chrétien fut appelé par les évêques du 5ème siècle, dans le seul intérêt de leur autorité pontificale, à ravager la France et à s’enrichir des dépouilles des Gaulois.

    Et cet assassin de toute sa famille fut traité par l’Eglise presque comme un saint. Il fut le Constantin du Nord.

    C’est lui qui commença à prendre le nom de Franc et à appeler la Gaule France. Par franc, il entendait affranchi des principes, des lois, de la morale du régime antérieur à lui. C’est de son temps qu’on remplaça l’ancienne justice par les épreuves judiciaires par l’eau bouillante et le fer rougi.

    Cordialement.


    • Clark Kent Kent 14 mars 2018 17:34

      @Étirév

      En ancien Français, le mot «  franc »  dérivé du francique Frank (ancienne peuplade germanique dont le nom viendrait du vieux germanique frakon, javeline, lance) signifiait droit, sincère, noble, de condition libre, assujetti à aucun maître, qui parle et agit ouvertement, sans dissimulation, de manière fidèle à ce qu’il pense.

      Une franchise est un droit, un privilège, une exemption, une immunité, une liberté, une indépendance accordée par une autorité souveraine à des villes (villes franches), des pays et à leurs habitants ou un lieu déterminé auquel est attaché un droit d’asile (franchises des églises).

      L’exemption de certains impôts ou taxes, accordée sur un territoire ou à un groupe (franchise douanière, franchise postale pour les militaires) n’est qu’un dérivé du sens principal.

      Evidemment, c’est le sens principal et non pas les dérivés qu’il faut prendre en considération dans le choix de Clovis qui, pour n’être pas un saint, n’en était pas pour autant le diable. C’était un seigneur germanique comme les autres.


      NB ; Le mot Ludoix devrait s’écrire comme certains noms gallois avec deux « l » au début (Llewellyn par exemple), car il se prononçait de la même façon par une guturale (le « ll » gallois - Bretagne Passion le forum 100% Breizh), 

      ce qui explique sa transformation en « louis » quand les phonèmes on évolué dans la la langue française.


    • Montdragon Montdragon 14 mars 2018 19:22

      @Étirév
      Le cesar signifie fromager, plutôt.


    • Mmarvinbear Mmarvinbear 14 mars 2018 21:37

      @Étirév

      Clovis est bien entendu la forme moderne du nom.

      A l’origine, il s’appelait Hlodowig, qui a donné Clovis, Louis, Ludovic et les variantes germaniques de ces mêmes noms.

  • cathy cathy 14 mars 2018 18:19

    Très drôle l’histoire des migrants. 


    • Mmarvinbear Mmarvinbear 14 mars 2018 21:44

      @cathy

      C’est une phénomène universel en fin de compte.

      L’ Europe ne compte à cette époque qu’environ 25 à 30 millions d’ habitants, dont la moitié en Gaule.

      Quand on parle de migration à cette époque, les tribus les plus peuplées ne comptent guère plus de 100 000 personnes et parfois les premières troupes qui arrivent ne comptent pas plus de quelques centaines de soldats.

      Mais comme le territoire est pratiquement vide à cette époque, la place ne manque pas pour les nouveaux arrivants.

    • velosolex velosolex 15 mars 2018 11:08

      @cathy
      On s’est longtemps demandé en Bretagne d’où tiraient les bigouden leurs yeux bridés. Certains mettaient en avant les coiffes, leur tirant les yeux ...Un peu tiré par les cheveux. 

      Le mythe asiatique ressort de temps en temps...Pas impossible au fond....On sait que l’adn a validé l’origine européenne de certains indiens d’Amérique qui auraient passé l’atlantique à l’époque de la glaciation. Des basques, des bretons ? ...Les chinois en tout cas ont fait des tours d’exploration de la planète sans faire de publicité, bien avant colomb

    • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 18 mars 2018 21:38

      @Cadoudal Bonsoir .Je suis colère sur cette affaire.Que le ministère de la culture accepte de tels risques pour cette oeuvre me dépasse.Peut être l’effet de trop de plugs annaux qui tiennent lieu de modernité depuis les beaux arts a certains du ministère.


  • julius 1ER 15 mars 2018 10:59

    e. Son caractère de langues uniquement orales aura été fatale aux dernières langues celtes.

    @l’auteur, 

    c’est bien là la force et la faiblesse de l’élitisme ... à certains moments il aide à concentrer le savoir et le pouvoir qui en découle mais son caractère crypto-confidentiel porte en lui sa fin programmée ... car on voit bien qu’avec le Druidisme rien ou très peu d’informations sont parvenues jusqu’à nous ce qui fait que la période gauloise est très peu connue.... on commence juste à savoir que Vercingétorix était un intellectuel rasé de près grâce aux pièces de monnaie retrouvées lors de fouilles alors que le 18/19 ie siècle nous en avait une sorte de guerrier germain !!!

  • velosolex velosolex 15 mars 2018 11:51

    A propos de la culture druidique, il est intéressant que Pétain lui aussi condamna la culture des plantes et des herboristes. 


  • Zolko Zolko 16 mars 2018 11:29

    Article super intéressant, merci.
     
    Concernant les druides, ça jette un regard différent que la romantisme voudrait : il s’agissait d’une caste qui gardait jalousement ses savoirs et ses privilèges. On est loin du Merlin l’enchanteur de Disney. Étrangement, c’est aussi ce que l’église Catholique a fait ensuite pendant le moyen-âge, jusqu’à l’invention de l’imprimerie, qui a mis fin aux moines copistes. Et en ce moment, ce sont les banquiers qui font de même, et leur règne prendra probablement fin avec les crypto-monnaies.
     
    Viendra ensuite la période des informaticiens.


  • McGurk McGurk 18 mars 2018 16:40

    Merci, j’ai appris beaucoup de choses de cette époque - il y en a tellement à savoir !


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