mardi 2 février 2016 - par Fergus

Une Folle Journée 2016 centrée sur « la Nature »

En cette période hivernale, il est un rendez-vous que nombre d’amateurs de musique classique ne veulent pas manquer : la « Folle Journée » de Nantes. Comme ces dernières années, elle proposera aux mélomanes concerts et conférences, du mercredi 3 au dimanche 7 février à la Cité des Congrès. Après « les Passions » en 2015, c’est autour du thème de « la Nature » que s’articulera ce festival...

En cette 22e édition de la Folle Journée, ce sont près de 350 concerts qui figurent au programme. Tous seront donnés par des orchestres et artistes de grand renom national ou international, la plupart dans les salles de la Cité des Congrès de Nantes – dont le fameux grand auditorium et ses 1900 places –, mais aussi dans les salles de l’étonnant Lieu Unique (ancien siège de la biscuiterie LU) ou dans la grande serre du Jardin des Plantes.  

Une quarantaine de conférences figurent également au programme. Toutes ont été confiées à des intervenants de grande qualité, pour la plupart des musicologues universitaires ou des historiens de la musique. Un « plus » appréciable pour tous ceux, amateurs éclairés ou béotiens, qui veulent pénétrer le secret des œuvres et mieux comprendre le contexte dans lequel ont été écrites ces partitions en rapport avec le thème de la Nature.

Dans l’éditorial du programme, René Martin, créateur et directeur artistique de la Folle Journée, écrit ceci : « Les hommes se sont de tous temps essayés à traduire en musique l’infinie palette de sensations que lui procurait le contact avec la Nature. » C’est vrai pour toutes les formes de musique, et cette constante intemporelle et universelle du rapport de l’homme à son environnement naturel se retrouve tout naturellement dans le domaine de la musique classique.

À cet égard, les organisateurs de la Folle Journée ont, avec beaucoup de pertinence, établi une thématique de la programmation qui permet de bien comprendre l’esprit de l’édition 2016 et la manière dont elle a été bâtie. Figurent dans cette thématique : les Saisons, les Éléments, la Nuit, les Pastorales, les Paysages, la Nature dans les textes sacrés, les Jardins et le Bestiaire.

Lorsqu’a été connu le thème de la Folle Journée 2016, j’ai écrit (en mars 2015) un article intitulé La nature dans la musique classique. On y trouve les références et les liens musicaux de nombreuses œuvres en rapport avec le thème de la Nature. Comme on pouvait s’y attendre, la plupart d’entre elles seront au rendez-vous de Nantes, de la suite de concertos Les quatre saisons de Vivaldi à la musique de ballet L’oiseau de feu de Stravinsky, en passant par l’oratorio La Création de Haydn, la Symphonie pastorale de Beethoven, le Carnaval des animaux de Saint-Saëns ou la Symphonie alpestre de Strauss.

Autant de chefs d’œuvre qui se mêleront à de nombreuses autres partitions remarquables du répertoire (cf. Programme), ainsi qu’a des œuvres traditionnelles persanes, chinoises ou japonaises. Des musiques à découvrir ou à redécouvrir dans le cadre de cet évènement dont le concept unique en son genre essaime depuis des années dans le Grand Ouest, mais également au Japon, en Pologne et en Russie sous la houlette du dynamique René Martin.

Un concept unique non seulement par le nombre des concerts, par leur format limité à 45 minutes (à quelques exceptions près), mais aussi et surtout par la composition du public. Certes, une majorité des festivaliers est constituée d’habitués des salles de concerts, mais – et ce n’est pas le moindre intérêt de la Folle Journée – se mêlent à ces mélomanes plus ou moins avertis de nombreux curieux désireux de s’immerger dans le monde de la musique classique en toute simplicité, loin des codes (et des prix) qui prévalent trop souvent dans les salles prestigieuses et constituent de facto un frein à la venue de nouveaux spectateurs.

À noter, pour les personnes intéressées par l’évènement mais absentes de Nantes, qu’Arte retransmettra plusieurs concerts le dimanche 7 février. Ce sera notamment le cas du grand concert de clôture ; diffusé en direct à 18 h 15, il proposera sous la baguette de Dmitri Liss à la tête de l’Orchestre philharmonique de l’Oural : Les quatre saisons de Vivaldi, le poème symphonique La Moldau de Smetana et des extraits du ballet Le lac des Cygnes de Tchaïkovski.

Bonne écoute à tous, à Nantes, sur Arte ou... en cliquant sur les liens.

 

Précédents articles sur la musique classique :

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3 réactions


  • bakerstreet bakerstreet 2 février 2016 13:17

    J’aime bien ces folles journées, mais permettez moi de faire une digression, car impossible de ne pas relever la contradiction entre le thème, sur « la nature », et la politique dévastatrice qui tend à transformer 2000 hectares de bassin versant, et de nature normalement protégée pour un projet contesté aux portes de Nantes, celui de ce doublon d’aéroport, au grand bénéfice de Vinci...Voilà que Madame Royal aurait donné des assurances que les familles ne seraient pas expulsées, 

    qu’en est il ?
    on espère que ce ne sont pas des paroles en l’air de diva, chantant l’air de la nuit....
    Espérons que tout cela ne se transforme en requiem, et qu’il n’y aura pas de « folles journées » tout court. 
    Et qu’on pourra donner pourquoi pas dans une clairière de la zad, l’an prochain,, « le songe d’une nuit d’été », de Mendelssohn, qui est une ode à la vie et au bouillonnement de la vie et de la nature par exemple. 
    Des mariages entre musique et nature, il n’y a qu’à se servir, et Mozart lui même, écrivit une petite pièce, dont il eut la surprise après l’avoir joué à la flute, d’entendre un oiseau, le lendemain, en reprendre la partition, mais améliorée, s’aperçu t’il. 
    Ce qui fit que la version définitive est celle de l’oiseau. 

    • Fergus Fergus 2 février 2016 14:01

      Bonjour, bakerstreet

      Très franchement, je n’ai jamais su que penser du projet d’aéroport à ND des Landes et je le sais toujours pas. Ce n’est pourtant pas faute d’en avoir parlé avec les habitants de la région nantaise.

      A titre personnel, je suis très attaché aux terroirs, et tout particulièrement aux terres agricoles, sans doute en relation avec mes origines rurales et avec le fait qu’il y a encore dans ma famille plusieurs éleveurs. Je pense également qu’à défaut d’intérêt économique avéré, la cause écologique devrait l’emporter. Tout cela m’inciterait à être contre l’aéroport.

      Mais en face, je constate qu’une très large majorité des élus - de Nantes, de Loire-Atlantique, et même du Grand Ouest - es favorable au projet, et cela bien que ces élus appartiennent à des familles politiques très diverses. Sont également très favorables les habitants de Bouguenais - banlieue de Nantes - qui subissent les nuisances de l’actuel aéroport, et de manière générale la plupart des Nantais. Autres personnes favorables au projet de ND des Landes : les amoureux de... la réserve naturelle du lac de Grand Lieu, située à 2 km seulement des pistes de Bouguenais ; ceux-là plaident également pour un transfert de l’activité aéroportuaire afin de mieux préserver la vie sauvage sur le site...

      L’avis de toutes ces personnes est-il dénué d’intérêt, dénué d’arguments ? Non, évidemment, et c’est pourquoi la question est bien loin d’être simple à régler. En fait, on en revient toujours - et surtout - à cela : y a-t-il un intérêt économique avéré ?

      Très jolie, l’anecdote de Mozart et l’oiseau.


    • Fergus Fergus 7 février 2016 18:42

      Bonsoir, astus

      Merci également à vous pour ce petit détour par Nantes, mais aussi pour ce lien sur le livre de l’excellent JC Casadesus.


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