lundi 7 décembre 2009 - par Theothea.com

« Une Maison de poupée » et « Hosmersholm » à La Colline

Telles des poupées russes, les décors des deux pièces d’Ibsen s’encastrent d’une représentation à l’autre, de façon à ce que ce diptyque puisse faire effet de miroir à la thématique initiale « Radicalité et Héroïsme » choisie par Stéphane Braunschweig pour inaugurer sa direction du Théâtre de La Colline.

Seulement effectif à partir de janvier 2010, le passage de relais directorial se poursuit en harmonieux « fondu enchaîné » entre "La Cerisaie" d’Alain Françon au printemps 2009 et donc « Hosmersholm » & « Maison de poupée » à l’automne.

Cette dialectique à distance entre les deux metteurs en scène possède tellement de vertus que Stéphane Braunschweig a voulu en prolonger le mérite, pour son propre compte, mettant ainsi en parallèle Rebekka (Maud Le Grevellec) et Nora (Chloé Réjon), face respectivement à Rosmer (Claude Duparfait) et Helmer (Eric Caruso), ayant, toutefois ensemble, pour fond commun, une semblable gouvernante et néanmoins confidente, interprétée par Annie Mercier.

Bien entendu, tout oppose les deux jeunes femmes ; autant l’une s’est forgé un objectif de conquête affective en utilisant la méthode du cheval de Troie, autant l’autre nage dans la félicité conjugale, sans s’apercevoir d’une sombre menace qu’elle édifie, à son insu, rongeant peu à peu l’idée qu’elle se fait du bonheur.

En vis-à-vis, leurs partenaires masculins affectionnent la dénégation, l’un par une « politique de l’autruche » niant a posteriori l’évidence mortifère du trio amoureux impossible à assumer, l’autre par machisme béat refusant de considérer les signes avant-coureurs de la parité.

Et ainsi de suite, contexte et personnages d’Ibsen pourraient se répondre, à l’envie, dans une présentation originale de l’Idéal conceptuel en tant que problématique à résoudre au contact de la réalité.

Cependant de cet entrechoquement, Stéphane Braunschweig va tirer parti, de manière fort inégale, d’un côté par une édulcoration tangible de la tension dramatique exigeant l’émancipation de la « Poupée » mais, a contrario, en rendant exemplaire la profondeur du champ introspectif que sa réalisation d’« Hosmersholm » saura mettre en perspective.

Au demeurant, insignifiance et volontarisme pourraient fort bien coexister ensemble dans l’intimité de ces héroïnes, pourvu qu’il y ait prise de conscience des tenants et aboutissants de la subjectivité face à l’éventuelle radicalité.

En conséquence de cet augure, la Colline sous Stéphane Braunschweig, çà commencerait plutôt bien.

photos © Elizabeth Carecchio

UNE MAISON DE POUPEE & HOSMERSHOLM - ** Theothea.com - de Henrik Ibsen - mise en scène : Stéphane Braunschweig - avec Chloé Réjon, Eric Caruso, Bénédicte Cerutti, Thierry Paret, Philippe Girard, Yann Leguern, Annie Mercier, Claude Duparfait, Maud Le Grevellec, Christophe Brault, Jean-Marie Winling & Marc Susini - Théâtre de La Colline -

 




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