mercredi 6 décembre 2017 - par

Une nécrologie vraiment rock and roll

ou le crépuscule des vieux rockers

 

Johnny Hallyday est mort aujourd'hui des suites d'un cancer contre lequel il luttait depuis longtemps, le lendemain du décès de cette grande coquette de Jean d'Ormesson qui au moins avait défendu Yourcenar. On va lire un peu partout sur les réseaux dits sociaux des « Salut l'artiste » des « RIP' » des hommages hagiographiques des « ahlala il nous manque déjà ». Si la plupart n'avait sans doute pas lu Jean d'Ormesson, tout le monde a entendu au moins une fois une chanson de Johnny, volontairement ou contre son gré...

 

Johnny c'était le rock adapté pour les émissions des « Carpentier ». Il a été de toutes les modes : à la Elvis, hippie, « cuir » et même il eût sa période « glam ». Je me souviens de l'époque où Johnny à la télé avait les yeux très soulignés de noir comme une vraie petite allumeuse et il était tout en lamé comme Dalida. Il reprenait le plus souvent des titres de chanteurs américains pas encore arrivés jusque chez nous, comme Claude François et la plupart des « yéyés ». Il fit même son « Mad Max » dans un film de Pierre-William Glenn avec « Terminus ». A l'éclosion des « yéyés » et des « copains » les britanniques inventaient entre autres le « northern Soul ».

 

Johnny ne cassait pas les guitares sur scène, ne pourrissaient pas ses chambres d’hôtel. Il faisait son service, adorait ça. On ne l'aurait pas vu à l'île de Wight, un rassemblement de « tarlouzes »...

 

...C'était un forain aussi, un chanteur de bal populaire en un peu plus costaud. Il n'a jamais eu de vrai succès que chez nous.

 

Les vieux rockers m'ennuient voire ils m'emmerdent, ils s'expriment et pontifient comme des vieux cons sur leur « rebellitude » alors qu'ils ont tous la soixantaine bien tassée comme des notables radicaux de la IIIème République. Certes, ils portent encore le « Perfecto » obligatoire, s'habillent comme si la « New Wave » était toujours d'actualité. Mais ils prennent de l'âge sans s'en rendre compte, des « Peter Pan » du Rock and Rolle en « yaourt ». Ils nous balancent même le fameux « les jeunes de maintenant c'est plus comme avant » tout en parlant des « croulants » qui détestaient le rock dans les années 60.

 

L'Angleterre a eu les « Beatles » , les « Stones », Bowie, « Led Zeppelin » et tant d'autres. Les américains avaient Elvis, toute la « Soul », Lou Reed etc...

 

Nous on avait Johnny Hallyday (ouah !) , Eddy Mitchell (ouah !), Dick Rivers (re-kouah !) et les critiques rocks qui maintenant se font eux aussi bien vieux. Eux aussi sont passés à l'état de « croulants » de Patrick Eudeline à Philippe Manoeuvre. Ils nous parlent du « Punk » qui ne serait pas encore « dead » grâce à eux, ils nous serinent leur amour du « wock and woll » et de l'attitude qui va avec. Ce sont autant de « Dorian Gray » fatigués qui ne sont pas encore sortis de leur révolte post pubertaire.

 

Ils fascinent les petits jeunes gens bien sages qui n'ont jamais fait de vagues, qui ont toujours été dociles avec Papamaman. Ils aimeraient bien être des voyous, vrais de vrais hors la loi ! Mais comme ils sont nés dans de « bonnes familles » ils n'ont pas le choix. C'est un peu comme ces gosses des beaux quartiers qui affectent de parler « verlan » tout en passant bien sagement leur examens. Des durs ? On leur pincerait le nez qu'il en sortirait encore du lait premier âge.

 

Au moins, comme beaucoup de quadragénaires je suis reconnaissant à monsieur Eddy ou encore Jean-Pierre Dionnet de m'avoir aidé à développer ma cinéphilie et le goût des cinoches de quartier.

 

Johnny est mort, paix à ses cendres, mais s'il vous plaît que l'on ne nous fasse pas encore le coup des funérailles nationales au temps des premiers sans-abris qui vont encore mourir dehors à cause du froid (eux c'est moins grave, ils nous manquent moins et ils ne chantent pas « les portes du pénitencier »).

 

Image empruntée ici

Sic Transit Gloria Mundi, Amen

 

Amaury – Grandgil




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