mercredi 15 février 2012 - par gordon71

Vincenot et le roman arthurien

Henri Vincenot, l'écrivain relégué par les “autorités” littéraires et la censure dans les oubliettes ou les poubelles du régionalisme pétainiste et moisi, est en fait un auteur dans la grande tradition du roman « arthurien » c'est ce que prétend montrer la thèse de Françoise Thinlot auteur de « Vincenot, entre retour à la tradition et nouvelle modernité ».

« Septembre 1978, mon mari, ma fille et moi venions de passer deux journées merveilleuses sur les terres ancestrales, à pied, à travers friches et murgers du côté d'Athie en Auxoix, le soleil mûrissait les dernières baies »

 Françoise Thinlot comme bien d'autres lecteurs, est tombée sous le charme, touchée par ces descriptions et ces évocations si sensibles de la terre bourguignonne, de ces paysages qu'on imagine restés identiques à ceux qu'a vu César au pied du Mont Auxoix, venu mettre un point final à la rébellion gauloise, ces prairies, ces vallons, ces collines aux formes douces, cultivées, ces terres retournées, labourées, hersées , entretenues par des générations de paysans.

Vincenot sait recréer ou inventer l'ambiance à la fois rude et chaleureuse des laboureurs du morvan, terre inhospitalière et ingrate, mais où l'on sait le prix de l'amitié, du travail et du partage, du côté d'Anost ou sur les plateaux de Saulieu.

Il nous donne à voir la “Vouivre” cet être fantastique, mi dragon, mi démon, circulant dans les entrailles de la terre à la fois esprit tellurique et génie des sources, que les celtes vénéraient comme aux sources de la Seine, près de l'actuelle abbayede Fontenay.

Il nous initie à la mystique des moines défricheurs, les “essarteurs”, véritables pionniers, qui vont donner au cours des siècles son nouveau visage, de jardin tiré au cordeau à la Bourgogne chevelue.

(les étoiles de Compostelle)

Il nous fait partager sa passion pour la mystérieuse et austère architecture romane et la vie des compagnons bâtisseurs, à travers Gilbert le sculpteur, qui déchiffre le symbolisme secret des des grands sanctuaires de Bourgogne.(Le pape des escargots)

 Françoise Thinlot, allant au delà de l'aspect régionaliste, démontre que les romans de Vincenot fonctionnent à l'identique des romans initiatiques, en débutant par la déchéance du héros, généralement due à son orgueil et à sa volonté de puissance, ou à un cruel revers de fortune.

La suite des romans de Vincenot, comme dans les romans de chevalerie, voit le héros subir une série d'aventures , qui vont le mettre à l'épreuve aguerrir sa vaillance.

Chacune de ces épreuves est précédéee de signes prémonitoires et d'une provocation qui peut prendre la forme d'un combat singulier ou d'une joute oratoire.

De péripétie en péripétie, le héros semblant sombrer et déchoir, prépare sa purification, sa transformation intérieure et sa future rédemption, grâce à l'amour de sa « Dame ».

Les chevaux, les dragons, les châteaux forts sont remplacés dans les romans de Vincenot par les autos, l'univers oppressant de la ville, l'envahissement de nos vies par la technologie., 

Henri Vincenot peintre de la Bourgogne éternelle et charnelle, poète du merveilleux et du fantastique.

Article inspiré de la lecture de « Vincenot Reviens » : hors série du magazine Bourgogne janvier 2012

articles de Françoise Thinlot, Emmanuelle de Jesus.

 http://www.ina.fr/economie-et-societe/vie-sociale/audio/PHD99226257/henri-vincenot.fr.html



6 réactions


  • eric 15 février 2012 08:42

    J’aime beaucoup, mais il me semble qu’il a un probleme avec le christianisme. La civilisation qu’il decrit est, profondement, dans tous ses details, celle d’un monde marque par le catholicisme. Qu’il y ait eu et qu’il existe encore des elements synchretiques avec des traditions anterieures, certes. Mais il aurait pu ecrire a peu pret les memes livres en celebrant la loi gombette.....celle des burgondes, originaires de la Baltique, considere par certains historiens comme fondatrice de l’identite bourguignonne....
    C’est rigolo quand il va chercher les secrets des eglises bourguignonne chez les vouvivre et autres atlantes, mais c’est faire bon marche de la dynamique culturelle propre du catholicisme du moyen age qui donne un peu l’air de l’embarasser.


  • jef88 jef88 15 février 2012 12:52

    Un excellent souvenir :
    « Le maître des abeilles »


  • jymb 15 février 2012 13:09

    Merci d’avoir fait renaître l’auteur des mémoires d’un enfant du rail et de la billebaude .
    Et ne vous inquiétez pas des « autorités littéraires » qui ne représentent rien ou pas grand chose sinon leur table de bistrot chic à St Germain


  • francoyv francoyv 29 février 2012 20:07

    Bourguignon moi aussi (mon père, auteur régionaliste lui même, mais en patois, le fréquentait) j’ai souvent été agacé par sa manie de comparer le fond paysan du Morvan avec celui de Bretagne (le fameux fond celte) y compris dans le domaine de l’étymologie, tout cela au culot car il n’avait pas de bases académiques en la matière.

    A part cela, un fameux talent de conteur (aussi dans le domaine du chemin de fer)

    Vous n’avez pas évoqué son roman « Le sang de l’Atlas », un des meilleurs avec « La Bilbaude »

    « Walter, ce boche mon ami », en dépit de son titre sulfureux puisque ça se passe en 1942-44 dans le Morvan est une touchante histoire d’amitié entre deux littéraires penchés sur les mêmes archives (encore le monde celte) en pleine guerre


  • gordon71 gordon71 29 février 2012 20:12

    « le sang de l’Atlas »

    et pour cause je ne l’ai pas lu, 

    c’est prévu dès que le temps me le permet

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