mercredi 21 avril 2010 - par Theothea.com

Virginie Lemoine engendre une Diva à Sarcelles

 

Cette « Diva de Sarcelles » est comme un joyeux miracle qui, de manière inattendue, s’offre à un public imaginaire, n’en revenant pas de découvrir l’impact de ce spectacle intimiste traçant son sillon lyrique depuis 2008 pour fuser, soudain, dans la galaxie des Molières 2010.

Au départ, il y a Virginie Lemoine mais à l’arrivée, il y a Brigitte Faure, à moins que ce ne soit le contraire.

En effet, si l’une passe, en la circonstance, du statut confirmé de comédienne à celui avéré d’auteur-réalisatrice, l’autre est en voie de métamorphoser la merveilleuse soprano qu’elle a toujours été, en une emblématique interprète du mal être sociétal retournant, par génie personnel drolatique, la problématique de l’échec professionnel en une reconnaissance publique vouée à la fiction.

En effet, là où la mythomanie pourrait rejoindre le cortège paranoïaque des laissés-pour-compte de toutes crises, il suffirait de prendre le talent à la racine, de le monter en totem niant l’ensemble des pesanteurs cherchant à ramener plus bas que terre, et ainsi avec l’assurance du juste prix, de valoriser enfin tous les dons, fussent-ils vocaux, que Dame Nature aurait négligemment légués.

Adieu pharmacopée et autre subterfuge hypnotique en tout genre aliénant ! Bonjour tristesse sublimée dans l’œuvre d’art reconnue par tous !

C’est donc l’histoire de Pierrette Michon, alias Petra Michkolskaia que nous conte la rencontre artistique Lemoine-Faure ayant débuté au confidentiel « Atelier Théâtre de Montmartre », s’étant poursuivie au branché « Comédie Bastille », pour parvenir au mémorial du spectacle vivant, le Théâtre de la Huchette.

Fi de l’autobiographie égocentrique, mais place au travestissement de la misère humaine en une ode inspirée aux trompettes de la méthode Coué qui refuserait en bloc les sermons visant à détruire toute flamme intérieure.

Croire en soi deviendrait ainsi le meilleur viatique à toutes les sinistroses distillées par les gardiens d’une descente aux enfers, dûment programmée.

Répondant à la fascination de l’expulsion du champ social, voici Gounod, Dvorak, Bizet, Ralph Carcel et Philippe Olive, John Kamber, Astor Piazolla, Charles Aznavour, Offenbach, Gluck, Moïses Simons, Mozart qui, pêle-mêle, prennent le relais pour booster la voix de celle qui, de manière vitale, s’accroche à son public utopique et pourtant si bien représenté par les spectateurs admiratifs d’une « Diva à Sarcelles ».

En pygmalion transi amoureux, Pierre-Jean Cherer donne le « la » d’une protection discrète mais ô combien vigilante pendant que Josef Kapuska assure la gamme des vocalises de son soutien, indéfectible et quasi télécommandé, à la cantatrice.

Brigitte Faure concourt en catégorie musicale des Molières 2010, elle aurait pu tout autant ravir celle de la révélation féminine.

photo © DR.

UNE DIVA A SARCELLES - *** Theothea.com - de & mise en scène : Virginie Lemoine - avec Brigitte Faure, Pierre-Jean Cherer, Marie Chevalot & Josef Kapuska - Théâtre de la Huchette

 




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