Yes or « Nono » avec Julie Depardieu ?

Cependant, sur des conseils amis et plus ou moins avisés, le jeune auteur allait compléter par deux actes supplémentaires, l’écriture de sa première pièce qui fut, ainsi, créée le 6 décembre 1905 au Théâtre des Mathurins.
Entrée dans le monde parisien sous un concert critique très favorable, la renommée du fils de Lucien Guitry se plaçait d’emblée sous des auspices prometteurs.
De Blanche Toutain à Julie Depardieu, en passant par Yvonne Printemps, le rôle d’Antoinette Berger, dite « Nono », se doit d’être interprétée avec l’aura d’une candeur feinte quant aux ravages qu’elle suscite non seulement dans la gente masculine, mais tout autant auprès de sa ou ses rivales féminines.
Le rôle de Madame Weiss (ici Brigitte Catillon), de 18 ans l’aînée de Nono, vient en contrepoint flatter le machisme mondain de Robert Chapelle (ici Michel Fau), l’amant blasé par un amour encombrant qui l’empêcherait de renouveler la jeunesse de ses conquêtes.
D’un coup d’essai à la mesure d’un coup de maître, la valeur n’avait pu attendre le nombre des années que Sacha mettrait, de toutes façons, à profit pour peaufiner la guerre des sexes qu’il ferait sienne jusqu’à lui octroyer toutes les associations d’un esprit prêt à se damner pour le bon mot à venir.
Prenant à son compte les frasques spirituelles et non moins charnelles du Guitry débutant, le comédien Michel Fau impose son personnage lunaire, composite d’une fixité à la Buster Keaton revisitée par l’inspiration habitée d’un Jean Guidoni, afin de contraindre sur scène le metteur en scène éponyme à jongler avec les forces antagonistes de trois couples potentiels, ceux des nouveaux et anciens amants face à celui singé en miroir par les domestiques.
Alors, comme un dandy en diable surgissant d’une boîte à surprises toujours renouvelées, Xavier Gallais alias « Jacques Valois » pourrait tirer les marrons du feu de l’amour qui, sans cesse, le courtise mais constamment le diffère de Paris à Trouville, et vice versa.
Légères comme les bulles d’un Champagne demi brut, les paillettes « Belle époque » des costumes (David Belugou) enivrent le décor (Bernard Fau) à double détente, entre grand restaurant et villégiature balnéaire, dans l’écho mythique de la « Putain sublime » qu’elle puisse se nommer « Lolita », « Lulu » ou autre « Nana ».
Affiche Stéphane Rébillon - photo © Pierre & Gilles
NONO - *** Theothea.com - de Sacha Guitry - mise en scène : Michel Fau - avec Julie Depardieu, Michel Fau, Xavier Gallais, Brigitte Catillon, Sissi Duparc, Roland Menou et Davy Vetter - Théâtre de La Madeleine