mercredi 4 avril 2018 - par C’est Nabum

Dans la salle d’attente

 

JPEG Les exclus de notre système de santé.

Une salle d’attente ordinaire d’un cabinet médical ? Non pas tout à fait. Pour un seul médecin, le nombre de places assises ne cesse de vous surprendre à votre arrivée. Il y a dans cette petite salle pas moins de 26 sièges qui attendent les patients, jamais aussi bien nommés. Autre chose qui surprend le béotien en la matière : la porte du cabinet ne sera ouverte que de midi à 14 heures. Puis de 20 à 22 heures, après quoi, il n’est plus possible de rentrer.

J’arrive quelque peu en avance. Déjà dix personnes attendent devant la porte close. Il pleut, tous ceux qui sont là sont en mauvaise forme, pas besoin de le leur demander, ça se voit bien assez. Une femme devant moi, toute pâle me propose un coin de son parapluie, avec mes 39 degrés cinq de température, ce n’est pas de refus. Après trente minutes d’attente sur le trottoir, nous pouvons enfin rentrer à l’abri.

Chacun de prendre son numéro de passage, de remplir une petite fiche signalétique. Ici, pas de dossier médical, SOS médecin supplée modestement aux carences d’un système en plein naufrage. Durant une heure trente encore, la salle ne cessera d'accueillir de nouveaux clients pour ne plus avoir bientôt de places libres. Les premiers sont appelés, chaque visite s’effectue en une quinzaine de minutes avec un médecin qui prend bien plus son temps que nombre de ses confrères au rendement pour leur seul compte.

Mais revenons dans cette salle que j’aurai tout loisir d’observer. Le public y est hétéroclite. Tous les âges, toutes les origines y sont représentés. Des enfants en bas âge, des adolescents, de jeunes adultes, des gens plus vieux et quelques personnes plus âgées encore. Une petite moitié est issue de ce qu’on appelle avec pudeur l’immigration. Une moitié seulement aurai-je tendance à dire ce qui atteste que pour l’autre moitié, l’accès aux soins est devenue tout aussi problématique.

Chacun porte les stigmates d’un état de santé peu glorieux. La salle d’attente devient ainsi un véritable nid à microbes, histoire d’améliorer si besoin était la situation. Les enfants s’impatientent, bougent un peu, échangent entre eux des jouets et des miasmes. Les adultes demeurent silencieux, assommés par leur état, chacun est dans son mal, impatient d’être enfin soigné.

Plus le temps passe, quelques regards de connivence s’échangent d’autant plus aisément que le numéro appelé est proche du vôtre. J’observe mes voisins. Je remarque cet homme en sandalettes, avec des chaussettes de couleurs différentes. Il ne porte pas les stigmates de la grande détresse. Que lui arrive-t-il ? Mystère, lui est enfermé dans son mutisme. D’autres tuent le temps sur leur téléphone, pas tous, loin de là. L’attente à vide est majoritaire.

Cette jeune mère, charmante au demeurant, a bien du mal avec son petit diable. Il ne cesse de bouger, elle n’abandonne pourtant pas son rôle, le rappelle inlassablement à l’ordre, finit par obtenir de lui qu’il se calme. Sa voisine tout au contraire, abandonnera la partie et fera demi-tour, cédant à l’agitation de sa gamine en quittant la salle d’attente.

Une famille au complet est venue accompagner la petite dernière. Tous de trouver le temps long sans pour autant être en mesure d’atténuer les pleurs de la petite. C’est à moi de passer, la salle est toujours aussi pleine. Combien de temps attendront les derniers ? Nous devrons pourtant nous attendre à revivre cette situation ou à la découvrir pour d’autres. Les déserts médicaux progressent partout, les acquis du conseil de la Résistance sont battus en brèche dans une nation qui n’est plus en mesure de tenir son rang de sixième puissance mondiale, en tout cas pour les gens de la base.

En attendant, permettez-moi de rendre hommage à ce jeune médecin au professionnalisme impeccable, à la disponibilité parfaite compte tenu d’un contexte délicat. Il fait honneur à une profession qui pour beaucoup se vautre désormais dans la seule recherche du profit. Lui, ce n’est pas son cas et il est manifestement là au service des gens, sans distinction aucune. Merci à lui !

Reconnaissancement sien.



39 réactions


  • juluch juluch 4 avril 2018 12:49

    c’est une permanence médicale ??


    • C'est Nabum C’est Nabum 4 avril 2018 16:06

      @juluch

      OUI


    • V_Parlier V_Parlier 4 avril 2018 17:44

      @juluch
      La France ressemble de plus et en tous points à l’espace post-soviétique des années 90. Mieux vaut ne pas être malade, ni être retraité locataire, ni sortir de l’école (avec ou sans diplôme) quand on vit en dehors des mégapoles surpeuplées, ni avoir besoin des transports en commun... Bref il ne reste plus beaucoup de monde à la fin.


    • doctorix, complotiste doctorix 5 avril 2018 12:06

      @juluch
      Une bonne partie du temps perdu pour des vaccinations inutiles, coûteuses et dangereuses.

      Une autre pour soigner les dégâts du vaccin administré la semaine précédente.
      Si on peut...
      Une affaire qui marche.

  • Montdragon Montdragon 4 avril 2018 13:08

    C’était bien Nabum, j’ai repris des moules.


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 4 avril 2018 14:07

    Certains tendent la main pour vous en sortir. Faut vraiment être con pour la refuser. Mais comme les chats, parfois il ne peuvent s’empêcher de griffer en retour. Accepter de l’aide d’autrui si elle est sincère n’est jamais baisser son patalon : c’est accepter que sans les autres, nous ne valons : RIEN.


  • Armand Griffard de la Sourdière Armand Griffard de la Sourdière 4 avril 2018 14:23

     Mais que diable alliez vous faire dans cette gabare @Cénabum .
     Alors le diagnostic ? une angine blanche normale ou issue de l’immigration ?

     Pudiquement votre !  B-B


  • foufouille foufouille 4 avril 2018 15:45

    ce médecin est payer à l’heure.


    • C'est Nabum C’est Nabum 4 avril 2018 16:07

      @foufouille

      Non, à la prestation


    • foufouille foufouille 4 avril 2018 18:31

      @C’est Nabum
      si c’est le cas, il a aucune charge à payer.


    • doctorix, complotiste doctorix 5 avril 2018 12:11

      @foufouille
      Vous voulez qu’on fasse le décompte ?

      Mais faut pas se plaindre, il en reste quand même la moitié.
      Mon gendre est rhumatologue, il a 80,000 euros de charges annuelles.
      Ca, c’est du vécu, pas les élucubrations d’un aigri râleur.

    • foufouille foufouille 5 avril 2018 14:34

      @doctorix
      j’ai jamais vu de médecin qui prend 15 min pour chaque patient sauf avec 50€ en plus.


    • Agafia Agafia 5 avril 2018 18:16

      @foufouille


      Ah bon ? Je dois connaitre toutes les exceptions alors ^^ 
      Car je n’ai jamais vu de toubib qui ne m’ait gardée moins de vingt dans son cabinet et sans dépassement d’honoraires of course...


    • C'est Nabum C’est Nabum 6 avril 2018 07:48

      @foufouille

      Je suis donc un menteur


  • marmor 4 avril 2018 17:00
    Je veillerai au respect absolu de la vie humaine  ; Je ne permettrai pas que des considérations d’âge, de maladie ou d’infirmité, de croyance, d’origine ethnique, de genre, de nationalité, d’affiliation politique, de race, d’orientation sexuelle, de statut social ou tout autre facteur s’interposent entre mon devoir et mon patient  ;
    Extrait du code de déontologie signé par tous les médecins, ni plus ni moins. Votre jeune toubib ne fait que respecter ses engagements

    • doctorix, complotiste doctorix 5 avril 2018 12:13

      @marmor
      C’est déjà bien : ça en fait une rareté.

      Surtout en ce qui concerne le « primum non nocere ».
      Il est vrai que la plupart « nocerent » sans même le savoir.

  • Armand Griffard de la Sourdière Armand Griffard de la Sourdière 4 avril 2018 17:14

     bien joué @Nestor  smiley .. « après l’avoir remit en gras, » « l’attente souvent très chiante » additionné au touché rectal de l’astronome@hélice),( le doikipu ) le 39°5 de température aurait parfois du bon  ?
     et pourquoi pas le passage en force du 49°3 tant qu’on y est ?
     heureusement on vous a senti venir de loin smiley
     
     Airouikement votre  smiley


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 4 avril 2018 17:37

    En attendant Godot, mieux vaut parfois s’acheter de bonnes godasses..


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 4 avril 2018 19:48

    Avant, le simple fait de voir le médecin et nous étions guéris. Aujourd’hui, c’est le contraire. L’idée de le voir nous rend malades ;


  • Clouz0 Clouz0 4 avril 2018 20:14

    Il manque quelques illustrations mais sinon le texte me rappelle quelque chose.


    Ne serait-ce pas : « MARTINE VA CHEZ LE DOCTEUR » ?

  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 4 avril 2018 22:55

    Je constate que certain plagiaires (amusant concernant « Martine à la plage ») on reprit ma comparaison avec les articles de Nabum. Nulle malveillance de ma part. Sa naïveté recèle souvent un fond de lucidité (la vérité sort le plus souvent de la bouche des enfants). Alors, parlons de lui comme Martin pêcheur. Ce qui au moins lui permettra de décoller.


  • Bon il est où Nono le simplet ?

    Il a snipé mon compte ou quoi ? ^^


  • J’ai connu cela à Epernon (28), où le seul médecin qui recevait sans rendez-vous avait sa salle d’attente saturée... Quand on réside en Eure-et-Loir, on descend en région parisienne pour les consultations de spécialistes.
    Au fait, dans quelle région réside l’auteur de l’article ?


    • doctorix, complotiste doctorix 5 avril 2018 12:21

      @France Républicaine et Souverainiste
      D’Eure-et-Loir, je pensais qu’on montait à Paris...

      Tout change...

  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 5 avril 2018 11:02

    Je défendrai les articles de Nabum parce que justement, il donne une voix à ceux qui généralement n’ont pas droit au chapitre : les petites gens. Même si c’est son égo qui le porte, il faut bien une motivation, un moteur. 


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