mardi 22 décembre 2015 - par jjwaDal

« Faucon 9 est de retour » (bon juste le premier étage pour l’instant...)

Me suis levé tôt cette nuit pour voir le webcast de « SpaceX », diffusant le retour en vol de la fusée « Falcon 9 » après un incident survenu il y a six mois lors d'une mission de ravitaillement de l'ISS, suite à la défaillance d'une pièce mécanique dans le second étage.

C'est beaucoup moins le retour avec succès en vol du lanceur qui est remarquable cette nuit que le retour au sol du premier étage avec un atterrissage quasi parfait au centre de sa zone d'atterrissage.

La vidéo diffusée n'indique évidemment pas l'état de santé de cet étage qui est monté à près de 200 km d'altitude et dont les moteurs ont été allumés quatre fois avant l'extinction post atterrissage.

Le but visé par l'entreprise d'Elon Musk est clairement la réutilisation de l'étage en entier pour diminuer le coût des lancements (le carburant de cet étage ne vaut que quelques pourcents du coût de la construction de l'étage), même si l'essentiel de la valeur est dans la fabrication des moteurs, le reste étant essentiellement du temps de fabrication.

En soi, réutiliser les mêmes moteurs sur de nombreux lancements serait déjà une économie substantielle et donc les récupérer un préalable obligatoire.

Cela sera encore plus patent avec les futurs moteurs au méthane (le « raptor » en préparation) qui utiliseront à la fois un carburant pas cher (gaz naturel) et surtout dont la combustion est très propre (essentiellement eau et gaz carbonique en sortie de tuyère).

Le plus probable est d'ailleurs que cet étage ne revolera pas. Les moteurs seront testés pour vérifier leur capacité à assurer nominalement leur poussée sur un nouveau lancement et tout les éléments structurels et les réservoirs seront scrutés à la loupe pour voir si effectivement l'étage entier pourrait revoler et éventuellement apporter des correctifs pour qu'il le puisse à l'avenir.

 

Elon Musk le dit souvent, le coût de lancement est le principal frein de la conquête spatiale et l'objectif à court terme de son entreprise est de faire dégringoler ces coûts.

Cela augure particulièrement bien de l'avenir de leur vaisseau habité « Dragon 2 » qui est annoncé comme le premier vaisseau capable de revenir en mode propulsif se poser à côté de son aire de lancement, quasiment intact et près à repartir après un check-up rapide et une recharge des réservoirs du système de « sauvetage d'urgence/atterrissage ».

Si un étage de fusée est capable de le faire, assurément une capsule habitée le peux.

 

C'est surtout la logique du fondateur de l'entreprise qui est remarquablement encouragée avec ce succès, car Elon Musk a une vision cohérente du développement spatial qui ne s'est pas vu depuis l'emblématique « The Case For Mars » de Robert Zubrin et plus loin le programme « Apollo ».

 

C'est une logique qui conduit à se fixer un but reconnu comme primordial (celui de Musk est de donner une résidence secondaire à son espèce, histoire de ne pas mettre tous nos œufs dans le même panier, à savoir une colonie martienne.) et de partir de ça.

 

Or, comme l'a démontré Zubrin avec un scénario d'utilisation des ressources locales martiennes, seules les missions spatiales faisant imploser les coûts de réalisation sont les plus probables et finiront pas s'imposer.

 

Or dès la planche à dessin, il a imaginé les procédures, les moteurs, les étapes à franchir, en utilisant toutes les idées de bon sens que la NASA a abandonné juste après le dernier vol Apollo.

 

Il faut faire dégringoler les coûts pour s'installer sur Mars, il faut pouvoir se poser en mode propulsif, il faut pouvoir fabriquer du carburant pour revenir sur Terre avec le « même » engin et sur Mars le couple d'ergols le plus simple à fabriquer est le couple CH4/O2) à partir de l'atmosphère.

L'entreprise a donc fait son entrainement sur un mode « classique » jusqu'à maintenant en lançant des satellites, un peu moins en ravitaillant l'ISS, encore moins bientôt en envoyant des vaisseaux habités vers l'ISS, mais le meilleur est à venir pour la conquête spatiale proprement dite.

 

L'année qui vient va voir le lancement de leur fusée suivante « Falcon Heavy  » (qui peut lancer 53t en orbite basse), une fusée qui sera sans doute renommée, vu que sur les planches à dessin de SpaceX on a toute une gamme allant jusqu'à.... 1600t (en orbite basse)...

 

Saturn-5 lançait 135t en orbite basse pour situer.

 

En fait on sait depuis les années 1970 comment aller et s'installer sur la Lune ou Mars à coût abordable, seul le chaos de la stratégie spatiale a pu nous persuader que c'était en fait impraticable sans assumer des coûts dignes de programmes militaires majeurs.

 

Elon Musk n'a donc rien d'un visionnaire. Mais contrairement à d'autres il a les moyens de réaliser ses visions. Et ça fait une énorme différence entre un « fantasme » et une réalité à venir.

 

Champagne !



14 réactions


  • hans-de-lunéville 22 décembre 2015 16:20

    Après visionnage de l’atterrissage je dois reconnaitre que c’est incroyable en effet, merci de cette information.


  • Aristoto Aristoto 22 décembre 2015 16:56

    pffffffffffffff !! Pathétique on en ai encore a envoyé des fusée à coup de pétard chimique !! On est vraiment des primitif.


    • Neo57 Neo57 22 décembre 2015 18:58

      @Aristoto
      C’est aussi ce que je pense, impossible de s’extasier devant toute cette merde. 

      La quantité de polluants que relâchent chacune de ces conneries à chaque lancement est colossale, sans parler de tout ce fric dépensé pour au final finir soit au fond de l’océan, soit dans la décharge spatiale international, ou alors désintégré dans l’atmosphère... 

      Il est beau le progrès.

  • jjwaDal jjwaDal 22 décembre 2015 20:15

    C’est un mode de pensée à courte vue. Typiquement un lanceur comme celui en cause brûle 750t de carburant pour mettre en orbite un/des satellites qui vont rendre des services consommés par des millions de personne pendant 10/15 ans. Comparativement un long courrier va brûler 100t pour permettre à 200 personne de faire du tourisme pendant quelques jours...
    Qui sers le plus, qui pollue le plus ?
    Les centrales à charbon chinoises qui fabriquent vos objets quotidien polluent bien plus pour faire là-bas ce que nous devrions faire chez nous. On dirait que ça vous chagrine bien moins.
    La roue est aussi très primitive et on n’a rien trouvé de mieux pour nos véhicules automobiles encore...


    • Aristoto Aristoto 23 décembre 2015 00:57

      bah oui c’est ça le problème y a pas de quoi sauter au plafond d’émerveillement devant une roue quoi !!

      il parait ça avance à la nasa en ce concerne les warp-drive !!! A suivre....


    • Neo57 Neo57 23 décembre 2015 16:47

      @jjwaDal
      Ce qui ne m’empêche pas de saluer et d’apprécier la prouesse technique, surtout quand je vois ça : https://www.youtube.com/watch?v=4Ca6x4QbpoM


      Seulement l’humanité a un millier de choses plus importantes à régler, aussi quand je vois tout ce temps, tous ces efforts, tout cet argent, et tout ce travail partir littéralement en fumée, ça me dérange.

      Qui sers le plus et qui pollue le plus ? L’utilité n’est pas une excuse au manque de bon vouloir, si seulement le monde dans lequel on vit n’était pas aussi pourrie, ça ferait déjà longtemps que le problème de la pollution aurait été réglé.

      Bien à vous

    • jjwaDal jjwaDal 23 décembre 2015 19:24

      @Neo57

      « Seulement... ça me dérange ».
      Moi pas. J’ai encore le souvenir de ce scientifique travaillant sur les extrêmophiles qui avait du mal à trouver l’argent pour financer ses recherches. Qui en effet pouvait se soucier de microbes vivant dans des sources chaudes à 90° C et plus ? Quel intérêt ? On l’a su bien plus tard quand il a fallu une enzyme (de mémoire) fonctionnant à des températures où la plupart sont dénaturés dans la PCR qui devait aboutir au premier test de dépistage du SIDA.
      Qui peux savoir ce qui est utile en matière de connaissance ou d’expertise technique et ce qui ne l’est pas ?Un des rares phénomènes capables de zapper l’humanité entière (à défaut nous renvoyer au paléolithique avec des effectifs mondiaux se comptant en milliers) est un géocroiseur, du type qui acheva le règne des dinosaures.
      Si un jour la menace devient réelle il faudra aller à sa rencontre et agir. On ne le fera pas en se contentant des coûteuses fusées actuelles. Nous devrons à minima si cela n’est pas possible avoir une colonie extra-terrestre, lunaire et/ou martienne pour espérer sauver notre espèce.
      Le préavis pourrait être très court. La conquête spatiale est une de nos assurances-vie obligatoire.


    • Neo57 Neo57 24 décembre 2015 12:23

      @jjwaDal
      Au temps pour moi, j’avais oublié à quel point les satellites militaires et autres satellites de télécommunications étaient cruciales dans l’avancé de la conquête spatiale...


      Quant aux budgets non alloués aux personnes qui le mériteraient vraiment, ça fait aussi partie de ce à quoi je pensais en parlant du monde pourri dans lequel on vit. Cependant merci de ne pas oublier de quoi on parle ici, à savoir que lorsqu’il s’agit de faire de la merde en puissance (complexe militaro-industriel, industrie pétro-chimique, pharmaceutique, agro-alimentaire, commerciales, ect...), là vous avez droit à des dizaines et des centaines de milliards. Mais quand il s’agit d’arranger un peu les choses parmis toute la merde ici-bas, là c’est même pas la peine de demander, du moment que ça rapporte pas de fric, ça intéresse personne.

      Aussi permettez-moi de douter de la noblesse des intérêts qui sont derrière tout ça, voulez-vous. 

    • jjwaDal jjwaDal 25 décembre 2015 04:09

      @Neo57

      Oui, une bonne part de notre civilisation est à revoir, je suis bien d’accord. Mais ce n’est pas le sujet de mon article. J’ai parlé d’une performance technique accomplie par une entreprise privée dans laquelle le fondateur Elon Musk a investi une bonne part de sa fortune personnelle.
      Il aurait pu avec s’acheter une île pour ses vieux jours, il a choisis de développer le transport spatial via la réduction des coûts pour nous emmener un jour sur Mars.
      Il aurait pu choisir de se ruiner. Il a choisis d’enrichir son entreprise (1500 employés de mémoire) pour avoir les moyens de mener à bien son rêve.
      Vous avez le droit d’être contre ça, mais pour parodier le personnage incarné par Jodie Foster dans « Contact », « Le monde est ce que nous en faisons ». Sa pourriture est la nôtre, car pas plus que nous ne pouvons prédire l’utilité de nos recherches dans toutes leurs conséquences, nous ne sommes capables de percevoir l’écho multiplié par quelques milliards de gestes quotidiens et anodins, jamais remis en question.
      Ce monde humain, n’est pas un accident cosmique imparable qui nous a frappé, ce sont nos milliards de choix individuels sur quelques siècles...Si des gens font de la merde, c’est qu’ils ont des clients en face. Or l’alternative, le choix a toujours existé.
      Arrêtez de manger de la viande déjà. Vous cesserez ainsi de participer à ce projet d’extinction d’une large part de la biosphère que personne n’a voulu ni décidé, mais auquel tout le monde participe sans état d’âme...
      Voyez que cette odeur de pourriture c’est nous et personne d’autre. Changeons, le monde changera. smiley


    • Neo57 Neo57 25 décembre 2015 17:31

      @jjwaDal
      Bonne réponse, je mets 3 étoiles. En parlant de « Contact », je l’ai justement re-visionné très récemment, comme quoi. 

      Pour le reste, je regrette seulement que l’ère de l’énergie propre ne fasse pas encore partis du présent. A quand le Thorium ? La fusion ? A quand l’hydrogène hypersonique (Projet SKYLON, je sais plus si c’est à vous que j’avais donné des liens sur un autre article) ? Sans oublier l’anti-matière, puis l’anti-gravité.

      Tenez, j’ai regardé ce film hier soir, je suis certain qu’il devrait vous plaire aussi : http://www.zone-telechargement.com/films/720p/110693-seul-sur-mars.html

      Bon visionnage 

    • jjwaDal jjwaDal 26 décembre 2015 19:43

      @Neo57

      J’ai vu ce film au cinéma. Deux heures au paradis valaient bien un billet...
      Pour ce qui concerne l’énergie propre, un article suffirait à peine à couvrir ma réponse sur le sujet. A l’occasion j’y reviendrais.


    • Neo57 Neo57 27 décembre 2015 11:01

      @jjwaDal
      Impatient de lire ça alors. Perso le paradis pour moi c’est plutôt Prometheus, et je l’espère encore davantage sa suite. 

      Seul sur Mars bien que sympathique m’a paru un peu trop fantasmé, tout est trop nickel, high-tech, à croire que dans le film les EU nagent dans la prospérité et l’opulence... (no comment). Alors qu’on sait tous à quel point ce coté propagande ultra enthousiaste US est tellement éloigné de la réalité actuel (cf leurs dépendance énorme aux matériels Russe).

      Vous me direz Prometheus est encore plus irréel, c’est vrai, mais au moins on est projeté plusieurs siècles dans le futur, ce qui relativise un peu la chose. Un peu à l’image d’un Interstellar, film absolument magnifique qui plus est.

  • sls0 sls0 23 décembre 2015 03:05

    C’est beau à voir cet enthousiasme. Des gens qui ont un but ça devient rare.
    Ce regarder le nombril en râlant n’est pas un but.


  • jjwaDal jjwaDal 23 décembre 2015 06:01

    Pour l’accès à l’orbite basse, on aura rien de meilleur que la propulsion chimique avant bien longtemps. Par contre, avec l’évolution de la puissance de simulation informatique l’avion aérospatial est concevable d’ici 20 ans. Passé l’orbite basse la propulsion chimique ne vaut rien et de plus en plus de satellites optent pour le « tout électrique » à la fois pour rejoindre leur orbite définitive et s’y maintenir, ou « tailler la route » pour les sondes.
    Le moteur « magnétoplasmique » est en cours de validation sur des durées de l’ordre de 100 heures sur contrat de la NASA. Lui pourrait raccourcir le voyage vers Mars à 3 semaines de mémoire si on peut compacter et alléger un « moteur de sous-marin nucléaire »...
    On ne va nulle part dans le système solaire avec un engin aérospatial ou un mode de propulsion qui n’a pas dépassé le cadre de la spéculation théorique. D’où l’intérêt de récupérer 90/95% du coût de fabrication des fusées classiques.
    La « boule de feu » qui atterrit m’a fait penser à une scène du film « Le jour où la Terre s’arrêta ». Il y avait de la magie dans l’air (enfin juste du temps d’ingénieur...).


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