« Faucon 9 est de retour » (bon juste le premier étage pour l’instant...)
Me suis levé tôt cette nuit pour voir le webcast de « SpaceX », diffusant le retour en vol de la fusée « Falcon 9 » après un incident survenu il y a six mois lors d'une mission de ravitaillement de l'ISS, suite à la défaillance d'une pièce mécanique dans le second étage.
C'est beaucoup moins le retour avec succès en vol du lanceur qui est remarquable cette nuit que le retour au sol du premier étage avec un atterrissage quasi parfait au centre de sa zone d'atterrissage.
La vidéo diffusée n'indique évidemment pas l'état de santé de cet étage qui est monté à près de 200 km d'altitude et dont les moteurs ont été allumés quatre fois avant l'extinction post atterrissage.
Le but visé par l'entreprise d'Elon Musk est clairement la réutilisation de l'étage en entier pour diminuer le coût des lancements (le carburant de cet étage ne vaut que quelques pourcents du coût de la construction de l'étage), même si l'essentiel de la valeur est dans la fabrication des moteurs, le reste étant essentiellement du temps de fabrication.
En soi, réutiliser les mêmes moteurs sur de nombreux lancements serait déjà une économie substantielle et donc les récupérer un préalable obligatoire.
Cela sera encore plus patent avec les futurs moteurs au méthane (le « raptor » en préparation) qui utiliseront à la fois un carburant pas cher (gaz naturel) et surtout dont la combustion est très propre (essentiellement eau et gaz carbonique en sortie de tuyère).
Le plus probable est d'ailleurs que cet étage ne revolera pas. Les moteurs seront testés pour vérifier leur capacité à assurer nominalement leur poussée sur un nouveau lancement et tout les éléments structurels et les réservoirs seront scrutés à la loupe pour voir si effectivement l'étage entier pourrait revoler et éventuellement apporter des correctifs pour qu'il le puisse à l'avenir.
Elon Musk le dit souvent, le coût de lancement est le principal frein de la conquête spatiale et l'objectif à court terme de son entreprise est de faire dégringoler ces coûts.
Cela augure particulièrement bien de l'avenir de leur vaisseau habité « Dragon 2 » qui est annoncé comme le premier vaisseau capable de revenir en mode propulsif se poser à côté de son aire de lancement, quasiment intact et près à repartir après un check-up rapide et une recharge des réservoirs du système de « sauvetage d'urgence/atterrissage ».
Si un étage de fusée est capable de le faire, assurément une capsule habitée le peux.
C'est surtout la logique du fondateur de l'entreprise qui est remarquablement encouragée avec ce succès, car Elon Musk a une vision cohérente du développement spatial qui ne s'est pas vu depuis l'emblématique « The Case For Mars » de Robert Zubrin et plus loin le programme « Apollo ».
C'est une logique qui conduit à se fixer un but reconnu comme primordial (celui de Musk est de donner une résidence secondaire à son espèce, histoire de ne pas mettre tous nos œufs dans le même panier, à savoir une colonie martienne.) et de partir de ça.
Or, comme l'a démontré Zubrin avec un scénario d'utilisation des ressources locales martiennes, seules les missions spatiales faisant imploser les coûts de réalisation sont les plus probables et finiront pas s'imposer.
Or dès la planche à dessin, il a imaginé les procédures, les moteurs, les étapes à franchir, en utilisant toutes les idées de bon sens que la NASA a abandonné juste après le dernier vol Apollo.
Il faut faire dégringoler les coûts pour s'installer sur Mars, il faut pouvoir se poser en mode propulsif, il faut pouvoir fabriquer du carburant pour revenir sur Terre avec le « même » engin et sur Mars le couple d'ergols le plus simple à fabriquer est le couple CH4/O2) à partir de l'atmosphère.
L'entreprise a donc fait son entrainement sur un mode « classique » jusqu'à maintenant en lançant des satellites, un peu moins en ravitaillant l'ISS, encore moins bientôt en envoyant des vaisseaux habités vers l'ISS, mais le meilleur est à venir pour la conquête spatiale proprement dite.
L'année qui vient va voir le lancement de leur fusée suivante « Falcon Heavy » (qui peut lancer 53t en orbite basse), une fusée qui sera sans doute renommée, vu que sur les planches à dessin de SpaceX on a toute une gamme allant jusqu'à.... 1600t (en orbite basse)...
Saturn-5 lançait 135t en orbite basse pour situer.
En fait on sait depuis les années 1970 comment aller et s'installer sur la Lune ou Mars à coût abordable, seul le chaos de la stratégie spatiale a pu nous persuader que c'était en fait impraticable sans assumer des coûts dignes de programmes militaires majeurs.
Elon Musk n'a donc rien d'un visionnaire. Mais contrairement à d'autres il a les moyens de réaliser ses visions. Et ça fait une énorme différence entre un « fantasme » et une réalité à venir.
Champagne !