mercredi 20 janvier 2010 - par Taupo

Have Fun With a Hagfish

Parmi les créatures que je vous présentais dans mes articles “Ascidie mon amie : la devinette” et “Ascidie mon amie : les réponses”, se trouvait un bestiau ma foi bien laid : la myxine Eptatretus burgeri. Ca ne vous dit rien ? Une séquence-souvenir s’impose alors :

Eptatretus burgeri

Ah la vilaine tronche ! Pas étonnant que les anglo-saxons l’aient appelée “hagfish”, à savoir le “poisson-vilaine sorcière”. Hormis sa sale bouille, la myxine collectionne les aspects les plus dégoutants de la nature pour bien gagner sa réputation de poisson le plus dégueu de la planète (digression express : bien entendu, les poissons ne sont pas un groupe monophylétique, c’est-à-dire un groupe comprenant un ancêtre et tous ses descendants… sinon, cela voudrait dire qu’on est des poissons). (Redigression : dans le domaine de poisson dégueu, y’a quand même compèt’ si vous vous souvenez bien)

Primo, ses habitudes alimentaires sont plus que douteuses : nécrophage à tendance nécrophile, la myxine ne se nourrit que de l’intérieur de ses proies mortes ou mourantes, ce qui signifie qu’elle s’introduit le plus souvent en se frayant un chemin par un trou qu’elle creuse avec sa langue barbelée (sur l’image ci-dessus, ce n’est pas la mâchoire inférieure que l’on voit, mais bien la myxine en train de nous tirer sa ravissante langue. En effet, la myxine est agnathe ; un groupe de vertébrés sans mâchoires). Mais quand un trou elle trouve, la myxine rentre… et je ne vous fait pas un dessin, mais je plains les pauvres poissons, dauphins ou baleines qui se retrouvent assaillis par des myxines…

Secundo, et c’est ça qui va nous permettre de nous amuser avec elle, la myxine est une usine à slime. Explications : pour se protéger de prédateurs éventuels, la myxine sécrète quasi instantanément du mucus qui gélifie l’eau qui l’entoure. Ce gel peut lui servir à la fois à retarder sa capture, mais peut aussi carrément asphyxier ses prédateurs. Jugez plutôt avec ce florilège de vidéos de scientifiques (ou pêcheurs) qui travaillent dur :

Une dernière vidéo où l’on peut observer l’extrême agilité de ces bestioles capables de se nouer sur elles-mêmes (mais j’ai toujours pas très compris à quoi ça leur sert à part impressionner leurs copines…)

Bon et sinon, l’intérêt de faire des recherches sur les myxines, c’est quoi véritablement ? Et bien déjà, le slime que la myxine sécrète intéresse de nombreux industriels. Reste à savoir comment les protéines sécrétées par la bestiole s’organisent si rapidement et forme des structures si solides.

Mais pour moi, le plus important reste les mystères évolutifs que l’étude des myxines peut permettre de percer. De sa position idéale dans la phylogénie des vertébrés, la myxine peut nous permettre d’enquêter sur l’émergence de structures fondamentales propres aux vertébrés : mâchoires bien évidemment, mais également yeux, vertèbres, glandes sécrétant l’insuline, système immunitaires, j’en passe et des meilleures.

Pour résumer : il ne faut pas se fier qu’aux apparences. La myxine c’est bien dégueu, mais c’est fameux. Y’en a même qui veulent faire leur intéressantes avec leurs mensurations comme Eptatretus goliath et son mètre vingt pour 6,2 kilos :

 

Eptatretus goliath

 

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