Jeremy Narby : ambassadeur de l’intelligence naturelle
L’anthropologie contemporaine nous propose une vision universaliste de l’intelligence, les êtres humains n’en sont plus les simples dépositaires : les plantes, les moisissures, mais aussi l’évolution ont quelque chose à nous dire sur le fonctionnement de l’intelligence naturelle...
" Pour un être humain comprendre la biosphère est sans doute aussi compliqué que pour une fourmi comprendre New York " - Jeremy Narby
Après avoir longuement enquêté sur le savoir chamanique en Amazonie, l’anthropologue Jeremy Narby nous convie, dans son dernier ouvrage, à un voyage scientifique sur l’intelligence naturelle ! Il nous avait appris précédemment que les plantes se sont toujours préoccupées de notre santé comme de "grands-parents s’occupent de leurs petits enfants, même s’ils sont méchants".
Les plantes altruistes de l’information
Les plantes sont des altruistes de l’information ! A cet égard, la technique chamanique fait quelques propositions centrales : l’intelligence de la nature permet de communiquer avec elle, et sous l’apparente diversité des êtres se trouve une unité qui les relie les uns aux autres. Ces données se retrouveraient aujourd’hui dans le savoir scientifique contemporain. Ainsi, le biologiste anglais Anthony Trewavas a démontré la similitude entre les signaux moléculaires que les cellules s’envoient et ceux que nos propres neurones utilisent lorsque nous parlons. Bref, ce type de découverte remet au goût du jour les pensées de type animiste. Et de nous confier le fait que la moitié des gènes contenus dans le génome de la banane ont des correspondants dans le génome humain. Bref, pour moitié, notre "livre" constitutif de nos protéines est équivalent au fruit si apprécié par nos amis les singes !
L’intelligente moisissure
Une autre découverte scientifique récente nous montre l’intelligence de la moisissure unicellulaire. Ce type de cellule est particulièrement adapté à la complexité du labyrinthe. Ainsi, le chercheur japonais Toshiyuki Nakagi a découvert que la moisissure a suffisamment d’intelligence pour trouver le chemin le plus court entre l’entrée et la sortie d’un labyrinthe, bref, pour ce type d’exercice, la moisissure serait supérieure à l’intelligence humaine ! Le savoir scientifique contemporain est en train de rattraper, ou plutôt de mieux appréhender, le savoir chamanique qui a déjà quelques millliers d’années de pratique, et de commencer à comprendre l’intelligence biologique qui a quelques milliards d’années d’existence ! A cet égard, la molécule d’’ADN n’aurait pas changé en quatre milliards d’années, alors que son "intelligence" a pu engendrer des milliards de forme : de la moisissure jusqu’à l’être humain !
L’évolution : la métamorphose spectaculaire
L’évolution est donc un perpétuel spectacle de métamorphoses. Pour Jeremy Narby : "c’est le processus évolutionnaire lui-même qui est intelligent." Ce qui renvoie dos à dos les protagonistes d’une évolution comme hasard total ou chaos aveugle, et les partisans d’une méta-intelligence planificatrice ! C’est donc cette intelligence de la nature qu’il faut commencer ou recommencer à comprendre, et ceci du fond de nos propres cellules ! L’anthropologue nous propose donc, pour nous écarter de nos mots savoir et connaissance, trop usés, d’utiliser l’expression japonaise "shi seï", plus adéquate pour exprimer une capacité à savoir.
(A lire : Jeremy Narby, L’intelligence dans la nature, Buchet Chastel)