lundi 26 avril 2021 - par C’est Nabum

L’artisan qui parle à l’oreille d’un baudet

 

"Tu parles d'un travail."

 

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Il était une fois trois braves artisans : un charpentier, un maréchal ferrant et un bourrelier qui à Saint-Sulpice de Cognac furent confrontés à une bien étrange histoire. Je ne sais si vous la livrer ainsi ce n'est pas s'exposer à la médisance et à l’allégation fallacieuse de faire abus de ce merveilleux breuvage qui se fabrique dans la région. J'en assume le risque…

Tout avait commencé dans une ferme au bord de l'Antenne, cette charmante rivière qui s'étend avec délectation dans la région. Un charpentier avait été mandé par un éleveur afin qu'il lui fasse des mangeoires dans son étable. L'artisan alors qu'il était tout à son ouvrage remarqua que les bœufs le regardaient fixement. Leurs yeux bovins semblaient briller d'une étrange clarté. Manifestement, les bêtes avaient quelques idées en tête.

Le charpentier son ouvrage réalisé, s'en retourna à d'autres chantiers, se gardant bien d'évoquer autour de lui ce curieux sentiment qui avait été sien dans cette ferme. Il serait passé pour un baderne, un innocent ou bien un niaiseux. Sa réputation en eut été ternie. Il garda le silence, d'autant que dans cette profession on se gardait bien d'user de la langue de bois, réservant cette forme d'expression à ceux qui n'ont rien à dire.

Peu de temps plus tard, dans la même ferme, le maréchal ferrant vint comme à son habitude ferrer les chevaux de traits de l'exploitation. C'était une époque où la seule force animale venait en aide aux travaux des champs. Les bêtes avaient l'habitude de se voir ainsi dotées de renforcements métalliques sous leurs sabots. Cependant, l'inconfort de la situation déplaisait fortement à une jument qui à grands hennissements tenta d'exprimer son ressentiment à l'artisan.

Le maréchal ne resta pas sourd aux protestations de la biroque. Il comprit qu'elle se plaignait tout en tentant de lui signifier quelque chose. Mais comment entendre la langue des chevaux ? Tout expert qu'il était dans leur sabot, il n'entendait rien à leur parlanjhe. Il se garda bien de demander conseil à celui qui menait les bêtes aux champs de crainte de passer pour un blérot ou un bestioux. Il s'en retourna à sa forge et ne revint qu'à la Toussaint pour réclamer son dû comme ça se faisait à l'époque.

Le troisième artisan à venir travailler dans cette ferme fut le bourrelier que l'on avait mandé pour poser un collier à ce fameux baudet du Poitou qui se plaisait tant en Charente. L'animal devait tirer une chignole : une carriole de fête pour conduire les mariés devant monsieur le doyen. Pour l'artisan du cuir, il convenait de mesurer l'encolure de l'animal afin de lui éviter de peiner sous la charge. C'est alors qu'il avait une oreille tout contre sa gueule qu'il lui sembla entendre murmurer la bourrique : « Tu es le troisième ouvrier à venir ici. Nous autres les bêtes bonnes à ferrer et à travailler, nous aimerions nous aussi aller de temps à autre au village. Unissez vos efforts pour nous offrir une bonne occasion de jouir de cette sortie ! »

Il faut bien reconnaître que le bourrelier en fut tout ébaubi. Il se redressa, regarda l'âne droit dans les yeux tandis que l'animal sembla opiner du chef en dressant fièrement ses oreilles au-dessus de sa tête. Un assentiment qui convainquit notre homme qu'il n'avait pas été l'objet d'une hallucination auditive. Il acheva son ouvrage puis s'empressa de retrouver ses compères au bistrot du bourg.

C'est devant trois chopines, une par personne que la discussion s'anima. Le bourrelier avait prudemment attendu le moment propice pour faire son annonce. Les mines de ses compères avaient la coloration ad-hoc, le moment était venu de leur glisser la demande de l'âne. L'homme fut surpris des acquiescements immédiats de ses deux compagnons. L'un après l'autre, ils lui avouèrent avoir reçu une forme de message beaucoup moins explicite qui des bœufs, qui de la jument.

C'est alors que devant la gravité de la quémande, ils pensèrent qu'une nouvelle tournée ne serait pas superflue pour libérer l'imagination. Le vin des Charentes a ceci de particulier qu'il délie autant les langues que les cerveaux. Ce qui se passa alors relève de la tempête dans les crânes, expression qu'ils préfèrent à un terme anglo-saxon totalement inconnu à l'époque dans nos provinces.

Le charpentier déclara je ne sais que travailler le bois, je peux leur dresser un abri provisoire. Le maréchal ajouta, je vais tous les ferrer, il me serait plus agréable de le faire juste devant mon atelier, au beau milieu du village. Le bourrelier de parachever la réflexion en disant : je peux coudre des sangles, des lanières et une ventrière pour que l'animal à ferrer cesse de gesticuler. Ravis de leur idée, ils se tapèrent dans les mains en s'exclamant : « Voilà du bon travail ! »

Le bourrelier s'empressa d'aller souffler, non pas dans le derrière de la jument, il n'était pas vétérinaire, mais à l'oreille du baudet, le fruit de leur réflexion. L'âne hennit pour dire tout le bien qu'il pensait de leurs cogitations. Il encouragea le gentil artisan à s'empresser de rejoindre ses compagnons pour se mettre en action.

Le dire c'était bien mais le faire c'est bien mieux. Ils se mirent à l'ouvrage conjointement les uns aidant le spécialiste. Sans plan préalable, sans dessin, ils réalisèrent le premier abri à ferrer les animaux. Puis il fallut nommer la chose et l'expression leur revint en mémoire ; ce serait un travail ! Pour satisfaire le bourrelier, il fut décrété que la chose se dirait travails au pluriel, manière de montrer leur indépendance d'esprit.

Ceci se passa à Saint-Sulpice de Cognac, ne pensez pas que je pousse le bouchon trop loin. L'idée fut reprise dans nombre de villages de nos belles provinces. Partout, il y eut un travail au milieu des bourgs en cette époque lointaine où l'animal et les humains œuvraient main dans la patte. Seuls les ânes ne croiront pas en cette histoire, uniquement ceux qui vont debout sur leurs pattes postérieures.

Travailleusement vôtre.

 

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11 réactions


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 26 avril 2021 09:43

    Se réveiller avec une forge. quel plaisir Le dernier tableau que mon Ol avait trouvé en Brocante avant de mourir était une forge (un homme plié et le sabot du cheval à l’avant plan comme pour me signifier : BONNE CHANCE quand je ne serais plus là,.... Apres le Passeur D’anto Carte... Chiron ou charon.... ? https://www.google.com/search?q=anto+carte&source=lnms&tbm=isch&sa=X&ved=2ahUKEwjrvOWQs5vwAhUkM-wKHaa-Ds4Q_AUoAXoECAEQAw&biw=1280&bih=663#imgrc=i4KvNZz2EYKowM. PLEINE LUNE ROSE. Dans la mythologie c’est PTAH associé à THOTH. Et d’ailleris, l’avant dernier tableau représente Thot. Sur feuille d’OR. Une femme à ses genoux tenant une palette ROSE. Une pure merveille. Degré de l’ARCHE DU JOUR : 

    Mots-clés : pont, suspension, abîme, verger, fruit, hangar, bœuf, paix, brebis, herbe, pré, homme, hache, fendre, bois, bûcheron, travail, secte, loi, dicter, richesse, patriarcat, crèche, religion, Christ.

    Au-dessus d’un abîme, il y a un pont suspendu.

    Un verger croulant sous ses fruits. Sous un hangar, un bœuf paisible. Dans un pré, vers des brebis broutant dans l’herbe, un homme fend du bois, la mine bienfaisante ou prospère.

    Un bœuf accroupi près de sa crèche.

    Un homme à la mine bienfaisante, debout et coupant du bois près d’une villa. Autour de lui, des potagers, des fruits et une brebis qui broute.

    Isolement vaincu par un travail de groupe, rejoindre les autres, établir des communications. Satisfaction et richesse du cœur. Dicter sa loi. Sectes en cause (de près ou de loin, en tant que fondation).


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 26 avril 2021 09:45

    Et d’ailleurs..l’avant derneir tableau qu’OL m’avait offert..THOTH


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 26 avril 2021 09:56

    Charente-Poitou, pays de Mélusine en faillite et redonne sa place aux artisans. Maréchal ou chef de l’écurie. Otez le « é » et vous avez Curie : 

    .
    La curie 
    l’ensemble des administrations qui constituent le gouvernement pontifical. le VRAI DIEU SUR TERRE : Thoth et PTAH. 

  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 26 avril 2021 09:56

    Mets l’usine en faillite bien sûr...


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 26 avril 2021 10:04

    Mon roman en vrac : 

    Chapitre XV




    TRANSFUGE


    24 décembre



    Au feu rouge, toujours offrir une orange à l’agent de quartier. Il sifflera un air de rossignol et vous le confiera sous une envolée d’oies.



    Accompagnée de Night Ride across the Caucase de Loreena MCKennit, Olga roule roule dans les traces de la Princesse Dahud-Mérope Allaeys et Guido Banne.

    En chemin elle accueille sur le siège à côté d’elle un vagabond et son infortune.

    Il connaît le chemin par son coeur exalté au Bloody Mary. Olga lui offre son vieil imper Colombo et examine dans le rétroviseur le col de son ensemble vert émeraude. La voiture se laisse happer par les vents contraire à l’ancienne direction.



    Odile et Arturo ont invité leur amie aux Dormantes pour les fêtes de fin d’année. Au moment de son arrivée, la soirée est déjà entamée.


    Pour la nuit de Noël, des perdreaux au cidre ont été préparés. Guillaume, cette fois est accompagné de son épouse. Une très jolie femme au longs cheveux roux et bouclés, son regard est de feu, doré et bleuté, tels ceux des pilleurs nocturnes. Une autre Princesse Dahud, mais aux gestes calmes et posés. De nombreux hommes ont dû se fracasser sur les récifs de son regard. Mais seul Guillaume semble avoir réussi à les aborder sans dommages et tel Arsène Lupin, lui dérober un instant, le trésor de ses nuits. Il semblait très amoureux. Guillaume venait d’apprendre le décès du peintre Jean Burgrave par la presse locale qui avait fait un article sur ses peintures.




    Olga a emporté les deux tableaux qu’elle a posé à côté de celui de Guillaume représentant le couple à cheval. Le feu de le cheminée les ranime d’une étrange lueur. Elle a aussi transporté une caisse pleine de livres sur les naufrageurs et les phares qu’elle a déniché dans la libraire de Monsieur Lampe pour les offrir à ses amis.


    En fin de soirée, Hugues, le coéquipier et ami de Guillaume frappe à la porte.

    Ses trait sont fatigués et son teint, blafard. Pour lui, Noël est un jour comme un autre.

    Les habitants de la région en émoi, ne comprennent pas que le ou les meurtriers n’aient toujours pas été identifiés. Tôt le matin, une tache de sang, une énorme tache de sang se dessinait au Pied du Radiant.

    Comme il avait un peu neigé, le contraste était saisissant.


    Les parents d’un fermier connu dans le région se sont présentés au commissariat, le regard épouvanté. Ils avaient découvert leu fils pendu à un crochet dans leur étable.


    Aux pieds du pendu, gisaient un âne et un boeuf égorgés. L’âne portait un fanal allumé comme au temps de naufrageurs. Un seau en bois, comme il en existait était renversé dans la mare de sang. Sur la table trâinait un couteau à huîtres. D’après Hugues, c’était le même couteau qui avait servi pour les meurtres au phare et l’égorgement des animaux.

    Bruno, leur fils souffrait d’une forme d’Hermaphrodisme. Maladie génétique de plus en plus fréquente depuis que le sol de Normandie était pollué par divers toxiques et l’industrialisation. Avait-il voulu laisser un message aux habitants ? Le lignée de Rollon, premier Duc de Normandie risquait-elle de s’éteindre ? Etait-il le meurtrier au phare.

    Rien ne permettait de l’affirmer. Il avait simplement trouvé le couteau sur le sol et s’en inspirer.


    Hugues avait pris des photos du phare taché de sang avec un grande précision. Elles ressemblaient au tableau de l’exposition du peintre Burgrave.





    Il était minuit.



    Dans une cuillère en argent, recueillir des nuages barbe-à-papa et les déposer sur les ailes tendre d’un sapin vert de gris.




    • C'est Nabum C’est Nabum 26 avril 2021 12:16

      @Mélusine ou la Robe de Saphir.

      Poussières d’étoiles



      J’allais le long de ce chemin

      À la poursuite du destin

      C’est alors qu’il est apparu

      A moi qui ne l’espérais plus


      L’étoile a brûlé dans la nuit

      Pour m’annoncer que c’était lui

      L’ange merveilleux de la dune

      Qui surgit d’un rayon de Lune


      Il m’a invitée à danser

      Me demandant pour fiancée

      D’où me venait donc cet honneur

      Qui a bouleversé mon cœur ?


      Sans plus chercher à bien comprendre

      Il me fallait enfin le prendre

      Et le serrer entre mes bras

      Pour une si tendre java


      Ainsi tout au long de la nuit

      Nos douces âmes furent unies

      Arriva le triste matin

      Qui me plongea dans le chagrin


      L’ange s’était évanoui

      Alors qu’il m’avait bien promis

      Ce doux et si tendre partage

      Que je préfère au mariage


      Elles coulaient mes larmes à flot

      Soudain au milieu du halo

      De mille poussières d’étoiles

      Mon ange a tendu une voile


      J’ai quitté ainsi cette terre

      Pour aller là- haut vers l’éther

      Et vivre un merveilleux destin

      Avec celui qui sera mien


      Nous dansons la main dans la main

      Sans nous soucier du lendemain

      Nous nous aimons dans le grand ciel

      Loin de ce monde artificiel


  • juluch juluch 26 avril 2021 10:29

    J’y crois à l’histoire, j’y crois !!

    merci à vous !!


  • mosel 26 avril 2021 18:30

    en 1960 j ’etais en vacances chez mes grands- parents dans un petit village en bourgogne les moissons se faisait encore avec des chevaux de beaux 

    ardennais j’aimais les regarder se faire ferrer ils ne me parlaient pas mais je sentais leur puissance.par contre les vétérinaires apprecieront le soufflage.


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