jeudi 25 janvier 2007 - par Luc

L’île Lohachara a disparu

Lohachara 1954

La carte que vous voyez ci-dessus date de 1954. Elle représente une partie de l’estuaire du fleuve Hûghlî (Hooghly, en anglais), qui est en fait un des bras du Gange qui vient se jeter dans le Golfe du Bengale. C’est sur les rives du fleuve Hûghlî que se trouvent Calcutta et Chandernagor ...

Au centre de la carte ci-dessus, vous pouvez voir trois îles : Bedford, Lohachara et Ghoramara. Durant les vingt dernières années, les îles de Bedford et Lohachara ont été inondées de plus en plus fréquemment, et puis ont été inondées de façon permanente, et puis, finalement, elles ont disparu, comme vous pouvez le constater sur la photo ci-dessous.

Lohachara 2006

Il y a plusieurs causes : la montée des eaux, l’érosion côtière, les cyclones (moins fréquents mais bien plus puissants), la destruction des mangroves et les inondations côtières.

Il a fallu reloger 6000 familles qui vivaient dans ces deux îles.

Sur le graphique ci-dessous, tiré du Telegraph de Calcutta, vous pouvez voir les rivages d’une douzaine d’îles du Golfe du Bengale en 1969 (bleu) et en 2001 (vert) :

vanishing isles

En 1999, deux atolls inhabités des îles Kiribati dans le Pacifique avaient déjà disparu : Tebua Tarawa et Abanuea. Des îles sont en cours d’évacuation dans le Pacifique et en Alaska (voir ci-dessous). Mais la disparition de l’île Lohachara marque une grande première, qui a été officialisée en décembre 2006 par les chercheurs de l’Université de Jadavpur à Calcutta : c’est la première fois qu’une île s’évanouit et entraîne la déportation de dix mille personnes.

C’est la première fois, mais pas la dernière.

Pour en savoir plus :
1. Disappearing world : Global warming claims tropical island (The Independent)
2. Qui se souviendra du dernier Noël de l’île de Lohachara ? (Standblog)
3. 22 yrs after deluge, they fear more (Kolkata newsline)
4. Lohachara Island (Wikipedia)
5. Lohachara (Google maps)
6. Quand la mer monte (Gaïa)
7. La montée des eaux a été sous-estimée (Gaïa)
8. That sinking feeling (The Independent)
9. Vanishing islands Displaced Climate casualties Underlying truth (The Telegraph - Calcutta)

D’autres îles en train de disparaître :
1. Shishmaref va être évacué (Gaïa - 15 octobre 2006)
2. L’évacuation des îles Tulun a commencé (Gaïa - 5 décembre 2005)
3. Tuvalu menacée par le réchauffement climatique (Gaïa - 23 novembre 2005)

Crédit photos : The University of Texas et Google maps



20 réactions


  • gem (---.---.117.250) 25 janvier 2007 12:37

    hum... je n’aime pas cet article. Les côtes, ça vit, ça bouge, ça grossit ici et ça disparait là. Depuis toujours et pour longtemps. Et tout spécialement à l’embouchure des fleuves.

    Remarquez d’ailleurs sur votre photo l’extension vers le sud du banc de sable à l’ouest sur la carte !

    Votre façon de négliger le phénomène inverse dénote un a-priori qui transforme votre article en véritable désinformation : vous nous invitez ni plus ni moins qu’à conclure au grignotage de la terre par la mer sous le prétexte qu’à un endroit précis une île a disparu ! C’est comme si on estimait la population à partir de la rubrique nécrologique, sans regarder la rubrique « naissance » !


    • Jojo2 (---.---.158.64) 25 janvier 2007 13:00

      C’est vai, mais des iles du Pacifique sont régulièrement inondées, ce qui n’était pas le cas autrefois.

      http://www.astrosurf.com/luxorion/sysol-terre-ecolo4.htm


    • gem (---.---.117.250) 25 janvier 2007 13:19

      Je n’ai aucune information précise sur le fait de savoir si oui ou non la mer inonde de plus en plus des îles. J’ai effectivement tendance à croire que « la mer monte », pour différentes raison. L’article n’en reste pas moins malhonnête, d’autant qu’une ile fluviale dépent surtout du fleuve et peu de la mer.

      Les hommes sont beaucoup plus sensibles à la disparition des îles où ils vivent maintenant, qu’à l’apparition de terres où, par définition, ils ne vivent pas encore. Et par conséquent la perception du phénomène est forcémenbt négative (même si en fait il avait plus de création que de disparition) !


    • Petit 25 janvier 2007 14:10

      Oui mais ce sont des atolls, et si on connait un minimum le cycle géologique d’un atoll on est pas franchement étonné.


    • Jojo2 (---.---.158.64) 25 janvier 2007 14:55

      C’est quoi « un minimum » ? Plusieurs atolls en même temps ça fait quand même bizarre, et suggère un phénomène global, que ce soit la montée du niveau de la mer ou la mort des coraux. Il y a quand même plusieurs milliers de km entre les Maldives (Océan Indien) et Tuvalu (Pacifique).


    • Petit 25 janvier 2007 15:57

      raison de plus pour ne pas voir s’enflammer (même si la montée/descente des eaux existe depuis toujours), car si les atolls ne sont pas voisins ils ne proviennent donc pas du même point chaud.


    • Cédric (---.---.172.188) 26 janvier 2007 11:56

      Bonjour à tous,

      Première remarque que je souhaiterais faire : j’ai comme un léger doute sur les arguments géologiques avancez plus tôt, concernant la disparition de ces îles indiennes. Aucun point chaud dans cette région n’est/n’a été défini, remettant en cause la notion même d’atolls d’un point de vue géodynamique. D’un point de vue morphologique, ce ne sont pas non plus des îles « coraliennes », ne remettant cependant pas en cause la construction d’édifices coraliens à leur proximité (ce qui est un phénomène annexe).

      Si mes souvenirs sont bons, ce sont en réalité des îles formées par accumulation de sédiments terrigènes, comme il s’en forme chaque année dans les lits des fleuves mondiaux. Elles sont donc plus ou moins identiques aux bancs de sables de la Loire ou de la Gironde par exemple, à ceci près qu’elles sont construites sur un substratum rocheux plus dure, de type probablement granitique ou conglomératique, qui a donné une légère rugosité morphologique au lit de la rivière dès le départ (d’où leur constance au cours du temps).

      Ce n’est donc pas un phénomène étonnant. Les fleuves peuvent connaître au cours de leur vie une capacité érosive variable, proportionnellement à leur flux intrinsèque ; cette variation se fait à grandes échelles temporelles (échelle du millier d’années voire, dans certains cas, de la centaine de milliers d’années), moyenne échelle temporelle (échelle de la centaine d’années) et petites échelles temporelles (échelles de la dizaine d’années, de l’année ou encore saisonnière). D’une façon générale, cela revient à dire que :

      (1) le charriage des sédiments se fait en fonction du courant, plus le courant est fort plus le fleuve érodera, plus les particules partiront loin en fonction de leur taille et

      (2) le courant construit à la fois le lit et l’éventail sédimentaire profond au droit du fleuve, plus lon en mer (jusqu’à 400 km pour certains fleuves).

      C’est une lois très connue des sédimentologues, qui s’appelle la loi de Hjulström. Elle permet de corréler la taille des particules sédimentaires avec la vitesse du courant en définissant trois champs : érosion et transport (a), transport (b) et sédimentation (c). Il apparait donc que le façonnement du lit d’une rivière ou d’un fleuve est dépendante de la « solidité » des roches qu’il/elle traverse, elle-même dépendante de façon indirecte aux facteurs érosifs tels que le courant.

      Autrement dit, si un fleuve traverse des sols relativement meubles, ces sables auront une claire tendance à être érodés dans les endroits où le courant est fort et à se déposer dans les endroits où le courant est suffisamment faible. De même, une boue se déposera plus loin en mer qu’un sable grossier ou qu’un conglomérat. Il y a donc une hiérarchisation sédimentaire spatiale, en quelque sorte.

      Dans les grands fleuves, tels que le Gange, l’Amazonne, le Mississippi, le Zaïre et bien d’autres encore, des phénomènes de « mouvements d’îles » (on parle en fait de migration) ont déjà été décrits largement dans la littérature. C’est aussi le cas pour la migration des méandres, des terraces ou autres. Cette migration peut être amoindrie (mais non nulle) en fonction de la couverture végétale ou en fonction des installations en « face directe » au courant.

      La seule différence observée ici est que les îles en question sont habitées, ce qui rajoutent indéniablement une dimension humaine. Ce phénomène n’est donc pas forcément connu d’un tout un chacun, mais des phénomènes similaires existent partout dans le monde. Tout le monde ne navigue pas forcément sur la Gironde par exemple, mais c’est un fleuve relativement dangereux en ce qui concerne les mouvements journaliers de bancs de sables à son embouchure.

      Vous aurez aussi compris qu’il n’y a aucun rapport évident avec un potentiel changement climatique. Ce n’est pas parce qu’un fleuve connait des crues au cours de sa vie qu’il y a un changement climatique. Ce n’est pas non plus parce que des îles sont appelées à disparaitre qu’il y a un rapport avec un changement climatique. Tout bon chercheur là dessus vous dira d’ailleurs qu’IL N’Y A PAS DE CORRELATIONS ENTRE LE CHANGEMENT CLIMATIQUE ET LA METEO ANNUELLE (ce qui est, en fin de compte, le moteur de la capacité érosive d’un fleuve).

      Bien à vous, Cédric


    • Cédric (---.---.172.188) 26 janvier 2007 12:57

      Encore moi,

      A propos des atolls, mais aussi de la relation antropocentriste de l’homme par rapport à son environnement...

      La montée de l’eau dans un atoll n’est en fait pas une montée de l’eau à proprement dit mais est liée à un effondrement de l’atoll lui-même (on parle de subsidence). Aussi, puisque nous parlons automatiquement de façon antropocentriste, cela revient donc à dire que l’eau monte relativement par rapport à la terre, nous plaçant préférentiellement dans un référentiel immuable à l’échelle humaine plutôt que dans un référentiel géologique vrai.

      Un atoll est souvent lié à un édifice volcanique dit de point chaud. Ils sont légion en Pacifique, et leur étude a montré que leur évolution est directement lié au phénomène de contraction de la croûte océanique : au cours du temps, la croûte océanique se refroidit, se contracte et s’alourdit si bien qu’elle devient plus dense et à tendance à subsider.

      Au niveau d’un point chaud, elle est donc chauffée mais à mesure que la plaque bouge, la zone chauffée s’éloigne et se refroidit... L’édifice volcanique fini donc par s’éteindre puis s’éroder. Dans les mers chaudes, il y a alors la formation d’un atoll (une plate-forme carbonatée). Mais puisque la plaque océanique continue à s’enfoncer, l’atoll est aussi appelé à un moment à disparaître et passe à l’état de guyot. Il existe ainsi une nomenclature spécifique des édifices carbonatées, basée essentiellement sur des caractères géomorphologiques (évidemment intimement liés aux variations du niveau marin).

      Encore une fois, la Terre n’est pas immuable, elle vit bouge et se transforme. Les Hommes n’ont que 4.5 millions d’années, la Terre est agée de 4.5 milliards d’années et il y a pu y avoir près de 3000 à 5000 ouragans dans l’Atlantique pendant le dernier millier d’années. Bref, nous ne sommes pas grand-chose au milieu de cet Univers !

      Cédric

      PS. : Il est bon de noter qu’en Polynésie Française, la disparition de l’Atoll de Mururoa est très certainement accélérée par l’action de l’homme, la première cause étant la répétition des essais nuclaires.


  • maxim maxim 25 janvier 2007 13:54

    les modifications des contours ont toujours existées....

    que ce soit en gain ,sur l’espace liquide comme Aigues Mortes,qui etait un port au moyen age,et maintenant au milieu des terres,et par exemple Etretat,ou la mer regagne du terrain..... rien de plus naturel que des modifications géologiques...... quand à l’embouchure du Gange,on sait qu’elle subit d’importants phenomenes meteos,cyclones arrivant en meme temps que d’importantes marées,mais la region subit ces calamités" naturelles depuis toujours.......

    là ,vous faites allusion au rechauffement climatique,mais comment prouver qu’il y ait un lien direct.....


    • Avatar (---.---.27.155) 26 janvier 2007 01:14

      M. Mage,

      Quand vous remplissez un verre de pastis+ glaçons avec de l’eau à ras bord, lorsque les glaçons fondent, le verre ne déborde pas.

      Bon apres le 3ème j’en renverse toujours un peu

       smiley


    • Jojo2 (---.---.7.89) 26 janvier 2007 09:47

      Mais la glace qui fond n’est pas toute de la banquise (Alaska, Patagonie, Groenland, voire Antartique...). L’analogie avec un glaçon n’est donc pas valide.


    • Cédric (---.---.172.188) 26 janvier 2007 11:59

      Effectivement,

      l’introduction d’eau en plus dans un système naturel change de façon caractéristique le cycle de l’eau en lui-même. Si le coup du pastis avec un glaçon n’est pas forcément faux thermodynamiquement parlant, il l’est cependant géologiquement.

      Cédric


  • Gasty Gasty 25 janvier 2007 19:39

    Bonsoir Luc.

    Ce matin je suis passé voir et comme je vous sais à l’écoute de la planète et que vous le faites très bien je me suis dis « Tiens y’a peutetre quelque chose qui m’a échappé ».

    Mais j’ai quand même eu le même sentiment que Gem en premier. Connaissant un peu l’estuaire de la loire jusqu’a Nantes j’ai fait ce rapprochement immédiatement.


  • Luc Luc 25 janvier 2007 22:44

    Merci pour vos messages. Un article « malhonnête » ? Non, simplement factuel. Combien d’entre vous étaient au courant de la disparision de cette île où habitaient 10000 personnes ?

    Sur les causes possibles relisez bien le texte. Je cite pour ceux qui auraient lu un peu rapidement : « Il y a plusieurs causes : la montée des eaux, l’érosion côtière, les cyclones (moins fréquents mais bien plus puissants), la destruction des mangroves et les inondations côtières. ».

    Dites-vous bien que je ne cherche à « convaincre » personne, je vous donne des informations que vous ne trouverez pas ailleurs, c’est tout. Après, vous en faites ce que vous voulez ...

    Maintenant, pour ceux que ça intéresse, regardez bien le dessin du bas. La zone en bleu représente le terrain perdu sur la mer. En effet, c’est sur le côté du golfe du Bengale que se trouve l’érosion, pas du côté des bras du fleuve. J’ai pris la peine de vous mettre un lien sur Google Maps pour que vous puissiez aller examiner la région.

    Bien sûr que, par nature les rivages évoluent. Et surtout dans la zone des deltas et des estuaires. Simplement prenez un peu de recul, regardez le delta du Gange dans son ensemble et examinez l’étendue des zones en bleu sur le dessin du bas. Vous, peut-être que ça ne vous convainct pas. En tous cas, les chercheurs de l’Université de Jadavpur, eux, ils se sentent très ... concernés.


    • LE CHAT LE CHAT 26 janvier 2007 10:12

      @LUC

      merci pour ton article. J’espère qu’il reste assez de temps avant que tu en écrive un sur Fos sur mer où je crèche , chat échaudé craint l’eau froide smiley


    • LE CHAT LE CHAT 26 janvier 2007 10:14

      j’irai à la plage chez toi , vu qu’avignon sera en bord de mer d’après un article que j’ai lu il y a peu smiley


  • (---.---.241.52) 26 janvier 2007 12:07

    Pour ma part, j’ai suivi avec tristesse ce qu’il se passait aux Pays-bas ,le départ des hollandais, vers la ville de Tarbes je crois me souvenir ,comme la télé nous l’avait montré à l’époque. Maintenant, je sais que le sommet des digues sous Louis IV est à MOINS 16 mètres . Je l’ai appris presque en même temps que des pêcheurs attrapaient des poissons à 2000 mètres dans une faille près de Calais (pdt ce temps, mes prof.m’enseignaient qu’il était impossible de trouver la vie en dessous de 50 mètres ).

    Nous retrouvons ici un basculement de terrain, sur une grande surface ,mais une grande surface / à un petit bonhomme comme moi,pas / à notre terre.Dans mon esprit, je fais l’amalgame basculement de la terre avec un glissement de plaques qui va relever en son temps la terre dès Boulogne S/ mer (Les coteaux de Licques pour les curieux où deja une plante de montagne a été répertoriée par nos scientifiques)donc du coté français. Ces faits n’ont rien à voir avec le réchauffement climatique et ses effets...


    • Cédric (---.---.172.188) 26 janvier 2007 12:21

      Vous prétendez qu’il y a un fosse de 2000 m de profondeur à Calais ? J’ai rien compris à votre message ! :(


  • Karl (---.---.36.207) 26 janvier 2007 18:47

    IL faut comparé ce qui est comparable. Vous comparez une carte dont-on ne connais pas la source avec une photo satélitale.

    Comparez 2 photos aériennes prises chacune d’elle à 60 ans d’intervalle, cela serait plus intéressant !

    a+


  • Alain1 (---.---.64.171) 7 mars 2007 16:04

    Trop drôle. Le gars qui sort une photo, où en regardant juste sur la gauche, il y a la preuve que sa thèse est fausse. Faut le faire. Faut vraiment pas avoir les yeux en face des trous.

    Ici, qu’est-ce qu’on voit à gauche ? Que l’ile à gauche de celles qui ont disparu a au contraire augmenté de taille. Elle arrivait à peine en haut de l’ile de droite. Maintenant, elle la dépasse largement. Et elle semble plus épaisse. Ce qui montre bien qu’il n’y a pas montée des eaux globale, mais une simple évolution du flux du fleuve plus vers la droite, ce qui érode et submerge les iles situées à cet endroit.

    Un truc aussi grossier, on est à la limite du foutage de gueule là.


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