vendredi 13 décembre 2024 - par C’est Nabum

La nuit porte conseil

 

Rêves constructifs.

 

Qui dort dîne prétend l'adage qui a fait de cette précision dans les auberges de jadis un précepte qui n'a aucun rapport avec le sens initial de la prescription. En effet, autrefois, pour avoir accès à la chambre des auberges, il fallait également satisfaire à sa table, naturellement contre monnaie sonnante et trébuchante. Nous sommes donc loin de cette recommandation d'aller dormir sans souper pour se sustenter de manière magique et fort économique.

Qu'importe la réalité, les dérives langagières ont la vie dure et le sommeil léger. Il est permis de rester sur sa fin quand on a une grosse fatigue ou plus sûrement quand des abus de nourriture sont venus agrémenter le repas du midi. Dans pareil cas la prescription d'un jeûne du soir n'a rien de fantaisiste même si elle n'a strictement aucun rapport avec ladite formule.

Il n'est donc nullement question d'une macération digestive dans le propos que je vais tenter de vous expliquer par le menu, si j'ose la formule. C'est la nuit, alors que je dors, que des anges ou de mauvais diables viennent me souffler à l'oreille des suggestions qui finissent par lever au petit matin après un temps de repos qui se nomme sommeil paradoxal.

Curieusement au réveil, ce n'est pas la langue ou l'haleine que j'ai chargées mais ma boîte à malice qui a enregistré, à l'insu de son plein gré, un message que d'aucuns qualifieraient de subliminal. Je me dois d'éclaircir le propos alors que le fond de la question est des plus obscurs ou pour le moins mystérieux.

La nuit, alors que d'autres vivent sans tabou ni censure leurs fantasmes les plus fous, je cogite d'une toute autre manière. Je me toque d'imaginer alors, durant un sommeil profond qui ne trahit pas l'agitation intense de mes neurones, une succession de choses qui semblent échapper au commun des dormeurs. Comment l'expliquer ? Sûrement par un dérèglement de l'inconscient qui me pousse à refuser toute introspection.

Ainsi donc, durant cet abandon que constitue le sommeil, deux hypothèses se présentent à mon sur-moi : j'imagine ou je reçois un message d'outre limbe qui me souffle à l'oreille une recette de cuisine ou bien un conte. Si pour nombre d'entre vous, j'évoque ici deux objets diamétralement opposés, je peux vous certifier que dans mon cas, il ne s'agit que de deux versants d'une même offrande mystérieuse.

Au réveil, la chose est claire sans que j'en ai véritablement conscience. Il me faut alors choisir entre la cuisine ou le bureau pour matérialiser ce qu'une divine inspiration m'a glissé dans l'oreille. Je n'ai plus qu'à me mettre à l'ouvrage, laisser aller ce que je pense être, avec une présomption immense et orgueilleuse, l'inspiration, pour ne faire que reproduire ce qui m'a été donné durant la nuit.

Je n'ai donc aucun mérite de reproduire ainsi des consignes, des idées, des recommandations qui sont l'émanation d'entités mystérieuses. Bien sûr quand j'évoque ainsi, à de rares occasions, le secret de ma prétendue imagination, on sourit, on se gausse et on finit par me prendre pour un demeuré.

Si la dernière réaction semble assez proche de la réalité, il ne faut pas pour autant repousser cette explication qui correspond rigoureusement à l'origine de ce que je fais ici. Même ce texte est le fruit d'une nuit apparemment tranquille. C'est vous dire qu'il convient de se méfier des apparences. Qui dort trime et engrange de quoi passer une journée en activités créatrices qui ne doivent en rien à l'inventivité d'un personnage qui ne fait que matérialiser des consignes qui proviennent d'un monde extérieur au nôtre.

Ainsi donc, il convient de ne plus s'extasier ou s'étonner, mais simplement s'interroger sur la nature de mes voix. Je ne vis pas à Orléans pour rien.

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