vendredi 30 décembre 2022 - par C’est Nabum

Les crottes en chocolat

 

Il convient de mettre le paquet.

 

Dindes, oies et chapons n'ont pas fini d'être digérés, bien aidés en cela par une bûche qui espère brûler les graisses, que l'estomac se prépare à affronter un autre défi : une pluie de crottes en chocolat. Qu'il se rassure, ce ne sera pas l'ultime étape de son chemin de croix de la nativité, il aura encore à se coltiner les galettes sèches ou pas, fourrées éventuellement de tout ce qui peut inspirer une industrie jamais avare de médiocrité.

Mais faisons une halte, une pause crotte à déguster à petites bouchées. Il me semble qu'il y a là l'expression la plus aboutie de l'imagination humaine, le tout et le n'importe quoi faisant à la fois assauts de goût et de conditionnement. Dans ce domaine du reste, la taille est souvent trompeuse, parfaitement fallacieuse oserai-je écrire. En effet plus la boîte est grande, étagée, brillante ou dorée, plus le contenu risque de vous décevoir.

Il n'est pas étonnant alors que de petits emballages en papier étincelant dissimulent des pièges à saveur où se mêlent liqueurs, saveurs incongrues, sensations diverses. La crotte dans pareil cas relève de la diarrhée gustative avec parfois, cerise dans le fardeau, une déclaration d'amour des plus fictives. La publicité venant troubler le jeu diplomatique avec des rochers qui ne valent pas tripette.

Oublions ces attrapes couillons, le conditionnement n'étant qu'une astuce pour brader ce qui se fait de pire alors que les chocolatiers, nos bons artisans se décarcassent pour produire de petites merveilles. Ce sont alors des pépites qu'il faut acheter au poids, dans de petites boîtes tant le prix est de nature à ne pas fondre dans la bouche.

C'est l'art de vivre son cholestérol à la française qui s'exprime devant les longues files d'attente de ces artistes du cacao. Il est même recommandé de prendre ses précautions, de commander pour ne pas rester le bec dans l'eau au moment des fêtes. Gare à qui reste chocolat en cette étape décisive des cadeaux pour les amis.

Faute d'avoir anticiper, certains se tournent vers des enseignes belges qui pensent pouvoir rivaliser avec nos chocolatiers autochtones. Grave erreur, l'industriel en la matière chocolatée n'est pas de mise chez les gastronomes. Rien ne vaut une bonne petite crotte, pondue le jour même, avec amour et délicatesse. Si vous voulez rester dans les petits papiers de vos relations, tournez-vous vers le local.

Vous reste alors à déterminer la taille du ballotin ou plus exactement le budget que vous entendez mettre dans ces minuscules bouchées qui ne passeront pas la journée. C'est un cadeau de prix certes mais de bien peu de profit. Certains goulus, avalent ces trésors en rafale, une hérésie tout autant qu'une forme de goujaterie gourmande.

Sa composition dépend naturellement de l'éternelle controverse entre les amateurs de chocolat. Lait ou pas lait, pourcentage de cacao, amertume ou douceur, praliné ou non. N'étant qu'un béotien en la matière, ne succombant pas à la tentation, je vous laisse juge de ce choix cornélien. Je tiens seulement à vous signaler, au cas peu probable où vous auriez l'intention de m'offrir un présent que je tourne le dos à la crotte.

Je suis de ces archaïques qui préfèrent de très loin les marrons glacés et pourquoi pas les pâtes de fruit, souvent oubliées dans cette période à haute teneur en sucrerie. Là encore, c'est vers les artisans pâtissiers que vous devez vous tourner, l'industrie étant dans ce domaine uniquement capable du pire et du suspect. Je compte sur vous et rassurez-vous, je peux écrire la bouche pleine, vous n'aurez donc pas à supporter la responsabilité d'une constipation textuelle.

À contre-crotte.



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