mardi 31 mars 2009 - par Voris : compte fermé

Les mystères de l’île Tristan

C’est une île bleue accrochée à l’océan. On y vient à pied uniquement quand la marée le permet. Peuplée de poètes, de pirates et de personnages légendaires. L’île Tristan, quand on l’a, on fait tout pour la garder, quand on ne l’a pas, on fait tout, comme les Anglais, pour l’obtenir.

C’est une toute petite île bretonne, située dans la baie de Douarnenez, à 50 mètres seulement de la côte. On y accède à pied uniquement durant les grandes marées, ce qui fut le cas lors du week des 28-29 mars 2009. L’île Tristan est le lieu mythique qui abrita les amours de Tristan et Iseult, d’où son nom. Fin du XVIe siècle, le Brigand La Fontenelle l’habita aussi. Il en fit sa forteresse. Qui sait, peut-être l’habite-t-il toujours d’ailleurs...Au début du XXème siècle, la famille du poète Jean Richepin s’en fait la propriétaire. Depuis 1911, elle a été rachetée par le Conservatoire du littoral pour être soigneusement préservée mais elle conserve son cachet très mystérieux et les légendes de ses habitants successifs courent encore...

Outre les histoires à faire frémir ou à faire rêver, les visiteurs y trouvent un véritable jardin exotique de 7 hectares, constitué grâce à la famille Richepin, dont les membres rapportaient de leurs voyages des plantes et des arbres du monde entier.

Ce dernier week end de mars, plus de 2.000 personnes se sont rendues sur cette terre mythique. Le coefficient des marées ayant rendu possible une opération porte ouverte...sur le fabuleux et l’inconnu ! On est toujours étonné de croiser sur ce petit bout de terre tant de paysages différents et tant d’édiifces anciens : fortin, tombeau, maisons.

Poser le pied sur l’île Tristan, c’est partir à l’aventure comme les héros de l’île mystérieuse de Jules Verne. L’île offre aussi un panorama unique : une vue à 360° sur la baie de Douarnenez et ses environs.

Le lieu a bien sûr inspiré poètes et écrivains. Jean Markale en parle dans son "Guide de la Bretagne mystérieuse" (Éditions Tchou, Paris, 1989). Même Jean Failler, le célèbre auteur quimpérois de polars s’en est inspiré pour "Le seigneur de l’île Tristan".



La légende la plus belle est peut-être celle des amours de Tristan et Yseult. Une légende de la mythologie celtique bretonne raconte que Tristan, neveu du roi de Cornouaille, Marc’h (= cheval en breton), tomba amoureux d’Iseult, la fiancée du roi et dut se cacher toute sa vie pour fuir la colère royale et vivre sa passion avec sa belle, selon certaines versions. L’île abriterait encore la tombe des deux toutereaux, à condition qu’on la trouve : elle serait dissimulée sous deux arbres enlacés. Une autre légende prétend que l’île serait la partie émergée de la légendaire cité d’Ys, cité celtique engloutie par l’océan.

Lors de la Guerre de Succession de Bretagne (1341-1365), l’île est le théâtre d’un combat mettant en scène des personnages historiques également acteurs du Combat des Trente  : Charles de Blois, Jeanne de Penthièvre...Après la défaite de Mauron, les partisans de Charles de Blois pensent qu’il leur faut traiter avec le roi d’Angleterre Edouard III pour obtenir la délivrance de leur duc. Les Etats de Bretagne, réunis à Dinan en novembre 1352, conseillent à son épouse, Jeanne de Penthièvre, de nommer une ambassade. Charles de Blois part pour la Bretagne après Pâques, laissant ses trois enfants en otages. Il va chercher l’argent pour la rançon et obtenir les dispenses matrimoniales. Il débarque à l’Île Tristan, dans la baie de Douarnenez, tenue par les Anglais. Il revient à Londres mais quelques jours plus tard, un courrier apprend la nouvelle du massacre total des 300 soldats de la garnison de l’île Tristan. La négociation est rompue et Charles de Blois ne sera finalement libéré que bien plus tard et contre 700 000 florins. Les raisons du massacre de l’île Tristan restent un mystère.



Légende  : repaire du brigand Guy Eder de La Fontenelle.

Au 16ème siècle, le brigand Guy Eder de la Fontenelle choisit ce site. A la tête d’une petite armée de mercenaires, il profite des troubles occasionnés par les guerres de la Ligue pour mettre à sac les campagnes. Il aime se réserver des abris bien protégés d’où il lance des raids ravageurs. Il n’hésite pas à démolir une partie de la ville voisine de Douarnenez pour bâtir sa forteresse.

XIXème siècle. Le propriétaire, monsieur de Pennanros, ne veut pas lâcher son île malgré une décision ministérielle du 28 décembre 1854 d’établir un fanal sur l’île Tristan, en face du port de Douarnenez. Il fallut se résoudre à l’expropriation qui se fît par décret de l’Empereur le 19 avril 1856.

Les Anglais qui avaient occupé l’île pendant la Guerre de Cent Ans (voir ci-dessus), veulent reprendre ce bout de terre bretonne. C’est ce que nous révèle le journal Le Télégramme le 12 janvier 2009. La fondation anglaise Landmark-Trust veut l’acquérir pour aménager des gîtes voire des chambres d’hôtes dans la maison de maître. En Bretagne, beaucoup s’opposent à ce projet toursitique et commercial.

En attendant, le conservatoire du littoral en est toujours le propriétaire et offre sur son site une visite virtuelle qui permet de se rendre compte de la richesse botanique et animalière de l’île.

Les photos du week end sur l’île prises par Le Télégramme sont visibles ici. .

Visites : renseignements pratiques.


 



29 réactions


  • La Taverne des Poètes 31 mars 2009 10:10

    A l’équipe d’Agoravox : cet article n’est pas le bon. Il s’agit du brouillon que j’ai envoyé par erreur en cliquant par maladresse sur le bouton "envoyer" au lieu de "modifier". Je vous ai envoyé la version définitive quelques minutes après et c’est celle-là qu’il faut publier. Merci de votre compréhension.


  • Fergus fergus 31 mars 2009 10:14

    Bravo pour cet article très bien documenté, La Taverne. Dommage que l’on ne puisse mettre le pied sur l’île et que l’on doive se contenter d’une visite virtuelle. Je ne vois pas en quoi le site serait mis en péril s’il était ouvert hors saison d’été uniquement sur le sentier qui en fait le tour et sous le contrôle des gardes. 

    Il reste à Douarnenez la visite des vestiges de ce beau projet didactique qu’a été Port-Rhu, celle du sentier côtier de Tréboul et celle du très joli site des Plomac’h d’où l’on a une superbe vue sur le port et ses quais de granite et où voisinent les vestiges gallo-romains et les anciennes maisons de pêcheurs.


  • zelectron zelectron 31 mars 2009 10:43

    "La fondation anglaise Landmark-Trust veut acquérir l’île Tristan pour aménager des gîtes voire des chambres d’hôtes dans la maison de maître. En Bretagne, beaucoup s’opposent à ce projet toursitique et commercial."

    Ah, bon ? et si on l’échangeait contre Chaussey, Jersey et Gernesay et quelques autres... !
    Article sympa.


  • Francis, agnotologue JL 31 mars 2009 11:16

    Merci Taverne, pour cet article, ces liens et ces infos. Je me souviens, il y a 50 ans, les propriétaires d’alors, les Richepins ? avaient une voiture amphibie, très bruyante, et qui ne passait pas inaperçue. Comme on peut le voir sur les photos, des cales et des digues y sont aménagées.

    Qu’y a-t-il aujourd’hui dans les batiments ?


  • JoëlP JoëlP 31 mars 2009 12:00

    La Taverne, retons polis, on dit "perfides anglais !"
    Excellent article très vivifiant comme l’air de la Bretagne.


  • Gül 31 mars 2009 12:19

    Merci pour cet article, Taverne.

    Je ne connaissais pas ce lieu, j’imagine que la vue sur la baie de Douarnenez doit être magnifique, et ce parfum de mystère me donne bien envie d’aller y faire un tour à l’occasion.

    A Douarnenez, il faut aussi absolument visiter le Musée, les enfants adorent, en particulier les visites des différents bateaux !

    Un bon bol d’air iodé en pleine semaine, c’est bien agréable, merci encore.


    • La Taverne des Poètes 31 mars 2009 12:41

      Autre vue superbe de la baie de Douarnenez : à partir des hauteurs du Menez Hom (prononcer "Méné hom"). Par temps clair, c’est mieux et gaffe au vent !

      A Douarnenez bien sûr le port-musée (le Port Rhu) avec ses bateaux nombreux.
      Et, comme il est dit plus haut, le magnifique chemin côtier qui part de Treboul (le port en face de Douarnenez et confondu avec ce port) et longe la côte.


    • Gül 31 mars 2009 12:57

      Ho oui ! Le Menez Hom et le regard qui plonge ! Du coup ça me fait penser au Menez Bré qui vaut aussi le détour pour la vue sur la lande, à la recherche des korrigans.... smiley

      Vivement bientôt, que j’y remette enfin les pieds dans cette foutue Bretagne qui me manque tant quand je n’y suis pas !


    • La Taverne des Poètes 31 mars 2009 13:03

      Et la plage du Riz vue des hauteurs de la route : sublime ! Je n’aii ici que la photo ici vue du ras du riz : http://www.photos-de-bretagne.com/17-10-07c.php

      Tiens cadeau : plein de vues anciennes en cartes postales de Douarnenez :
      http://www.habitants.fr/cartes_postales_1900_douarnenez_29046.html

      Car Douarnenez, c’est aussi très historique. Cela mériterait peut-être un article un de ces quatre...


    • Gül 31 mars 2009 13:23

      Bonne idée !

      Tu pourrais même faire une série sur les villes historiques bretonnes en cheminant par les sentiers côtiers...


    • La Taverne des Poètes 31 mars 2009 13:52

      Houla ! Il y en a beaucoup ! Quimper, Dinan, Locronan, Vannes, Nantes... La Bretagne est un sujet inépuisable mais cela finirait par lasser les frustrés qui ne peuvent pas se payer des vacances (c’est la crise !). Les personnages, pareil, j’en ai un tas qui m’inspirent. Mais il faut attendre le lien avec l’actualité immédiate. C’était le cas pour cet article.


    • Gül 31 mars 2009 16:15

      Lasser qui ????

      Quand on connait depuis longtemps et qu’on aime, on est aussi aimé, et on trouve toujours un moyen de se loger quelque part...

      Mais bon, tu pourrais te contenter de la côte Finistère-sud et du Morbihan, dans un premier temps. smiley


    • La Taverne des Poètes 31 mars 2009 16:54

      La Bretagne est vaste et pleine de replis secrets. Il faudrait vivre 200 ans pour la connaître vraiment.

      Mais allez ! je vais écrire demain un article encore sur la Bretagne qui parlera aussi de Georges Brassens, l’ami Georges étant apprécié ici et pas seulement de moi...et puis j’ai la guitare qui me démange alors...


    • Coat nonz 31 mars 2009 17:29

      Il n’y a plus un seul Korrigan autour et sur le Menez Brez.. Le dernier a été mangé il y a quelques années, il était gras et tendre et nous a régalé. Un peu d’hydromel ?


    • Fergus fergus 31 mars 2009 17:47

      La vue de la baie est également magnifique du cap de la Chèvre à Crozon ou de la superbe et méconnue pointe du Guern (ou de Treboul) entre Morgat et Telgruc, un lieu magique !


    • Gül 1er avril 2009 08:42

      Bonjour à tous,

      Manger le dernier des Korrigans ???? Le pôôvre, il avait fait trop de malices ? smiley

      A ce propos, Taverne, pourquoi pas aussi un ou plusieurs billets sur les légendes et les différents personnages mythiques de Bretagne ?

      Bonne journée.

      Kenavo.


    • Fergus fergus 1er avril 2009 09:09

      Petite tape sur les doigts de La Taverne qui, en réponse à Gül, a oublié de citer Morlaix qui fut pourtant la principale place corsaire de Bretagne avant Saint-Malo et qui conserve de son glorieux passé nombre de maisons médiévales, dont les (uniques au monde) maisons à pondalez sur lesquelles j’envisage d’écrire un prochain article. Morlaix dans la campagne de laquelle j’ai habité durant dix ans une petite fermette en granite de la fin du 18e siècle. 


    • Coat nonz 1er avril 2009 12:55

      Euh les enfants, savez-vous que la Bretagne ne se limite pas aux frontières du département dans lequel finit la terre ? Ma Bretagne d’origine est celle dans laquelle se trouvent le Menez Bin et le Coat-nonz (d’où mon pseudo). J’y avais la terre dans le dos , les yeux sur la mer, le nez dans le vent et le crachin.

      Allez, je vous laisse pour manger des crêpes et boire du cidre...

      Kenavo !


  • La Taverne des Poètes 31 mars 2009 12:56

    Voulez-vous l’île Tristan en fon d’écran ? Deux images superbes proposées sur ces deux sites :

    http://sophie-g.net/photo/wallpaper.php?id=13&res=1280

    http://goodies.pcastuces.com/fond_ecran-772-ile_tristan_a_douarnenez.htm

    4 photos prises par un ami de l’association "Paroles d’artsites" de Pont-Aven dont je fais aussi partie (sur son site photos-de-bretagne) :

    http://www.photos-de-bretagne.com/14-01-08.php

    http://www.photos-de-bretagne.com/17-07-06c.php

    http://www.photos-de-bretagne.com/17-07-06c.php

    http://www.photos-de-bretagne.com/25-07-06.php


  • Georges Yang 31 mars 2009 15:03

    Pour moi, l’île des pirates serait plutôt Tristan da Cunha. Mais l’article vaut tout de même le détour !


    • Fergus fergus 31 mars 2009 17:51

      A propos de Tristan da Cunha, je recommande à ceux qui ne le connaissent pas le superbe roman de Robert Merle intitulé "L’île" et dont le sujet a clairement été inspiré par les révoltés du Bounty


  • tsukinosushi 18 décembre 2009 11:37

    Bonjour,
    j’aurai aimé souligner quelques détails...quelques peu imparfaits...L’île tristan fait 6 hectares..le jardin botanique ne peux donc pas en faire 7..d’ailleur il fait à peine 1000 m²...autrement le nom de « île tristan » est incertain, on SUPPOSE que ce serais l’ile de la légende de Tristan et Yseult, mais certains voient également dans cette ile la partie submergée de la ville d’Ys ^^ et enfin il est tout à fait possible de visiter l’ile il suffit d’aller à l’office du tourisme pour avoir des billets :)

    ceci dit c’est un bon article, tres interressant ! ^^


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