mercredi 17 avril 2019 - par olivier cabanel

Leurs pierres valent plus que nos vies

En une seule journée, près d’un milliard d’euros ont été récoltés pour reconstruire Notre Dame... et pendant ce temps, des centaines de sans-abris, Quasimodos de notre temps, meurent dans l’indifférence quasi générale.

Les milliardaires du pays ont tiré les premiers, et dans une quasi surenchère, des dizaines de millions affluent pour sauver le monument historique...

Notre Dame d’Alep, témoins de 1300 ans d’histoire n’a pas eu cette chance, détruite sous un tapis de bombes, dont certaines étaient probablement françaises,...et ne sera probablement jamais reconstruite.

Les Pinault, Arnault, et autres Bettencourt ont déjà débloqué un demi-milliard d’euros, suivis par d’autres grands industriels...lien

Sauf que finalement, c’est l’état qui fait une mauvaise opération, puisque les généreux donateurs vont pouvoir déduire  70% de leurs dons des impôts dont ils devaient s’acquitter, faisant finalement une bonne affaire au détriment de l’état. lien

D’autant qu’un ex ministre de la culture, Jean-Jacques Aillagon en l’occurrence, demandait à ce que cette déduction aille jusqu’à 90%, et que l’état fasse voter de toute urgence une loi allant dans ce sens. lien

Il est revenu sur sa demande, découvrant que les dons avoisinent déjà le milliard d’euros, somme déjà suffisante. lien

Mais, dans les rues avoisinantes, et depuis des dizaines d’années, de pauvres bougres meurent chaque année dans l’indifférence de nombreux nantis.

Pourtant Macron avait promis que, dès la 1ère année de son mandat, plus personne ne vivrait dans la rue. lien

Rien que pour la capitale, 3622 SDF ont été dénombrés en février 2019... alors que l’année vient tout juste de commencer...ils étaient 3035 en 2018, terrible augmentation donc, qui ne laisse augurer rien de bon pour la suite... lien

Ajoutons que sur ces 3622 SDF, 566 sont morts dans la rue en 2018. lien

Encore une promesse qu’il faudra donc ranger dans le tiroir des déceptions...

Une autre promesse qui fait débat, c’est celle que vient de faire Macron, au sujet de la reconstruction de la cathédrale dévastée : tout doit être fini pour les jeux olympiques, donc dans moins de 5 ans.

En effet, au-delà des affirmations optimistes qui assurent que l’essentiel a été sauvé, d’autres, plus sérieusement, s’inquiètent de l’état actuel du bâtiment, affirmant que certains secteurs ont été sérieusement dégradés, et menacent de s’effondrer, entrainant dans leur chute, d’autres parties du bâtiment.

Pour de nombreux experts, c’est mission impossible...à commencer par Alexandre Gady, historien du patrimoine qui a déclaré : « 5 ans, c’est un temps politique, ce n’est pas très sérieux...  ».

François Jouanneau, architecte des bâtiments de France enfonce le clou, en déclarant « avec l’eau et la chaleur, la structure a été fragilisée (...) avant tout, il faut prendre des mesures d’urgence pour protéger et conserver l’ensemble de l’édifice. C’est indispensable pour éviter que le désastre ne s’étende pas davantage. (...) une fois l’ensemble sec et stabilisé, il faudra diagnostiquer point par point toute la structure et la maçonnerie, les pierres et le mortier ».

Philippe Bélaval, président du centre des monuments nationaux, y va de son grain de sel : « avant de déterminer le programme des travaux, ce sera la phase la plus longue : s’assurer de la stabilité du monument ». lien

Selon François Govent, inspecteur général des monuments historiques, rien que pour la définition du projet et l’établissement du programme des travaux, il faut compter jusqu’à deux ans.

Rappelons que cette étape ne pourra s’enclencher que lorsque la stabilisation de l’ensemble du bâtiment aura été faite.

D’ailleurs selon Franck Riester, l’actuel ministre de la culture, la reconstruction pourrait s’échelonner entre 10 et 15 ans...Stéphane Bern est encore moins optimiste, envisageant de 10 à 20 ans.

D’abord parce que l’expérience prouve que, pour des cas similaires, il a fallu bien plus de temps pour reconstruire des bâtiments dévastés de ce genre.

Alexandre Gady tente une comparaison avec le plus grand chantier d’Europe, celui du château de Lunéville, lequel a subi un incendie, rappelant qu’il a été lancé en 2003, et n'est toujours pas achevé...16 ans donc. lien

Et puis, est-ce bien sérieux de baser la durée de reconstruction sur la tenue des jeux olympiques ?...vitesse et précipitation ne font pas bon ménage.

Il semble bien que la promesse lancée avec gravité par Macron manque donc sérieusement de discernement.

Il en ira peut-être tout autant pour les résultats du « grand débat »... dont on sait déjà le contenu, puisque même si le Président a retardé son allocution, le texte de celle-ci avait déjà été envoyé aux médias.

On sait déjà que le fameux RIC, demande prioritaire des débatteurs, a été retoqué, puisqu’il serait limité aux seules localités, et en tout cas pas à l’ensemble du pays. lien

En bref on peut déjà conclure que les revendications des Gilets Jaunes ont tout simplement été occultées. lien

En ces temps de graves incendies, est-ce bien sérieux de remettre de l’huile sur le feu ?

Mais revenons à Notre Dame.

Sans tomber dans une théorie du complot, un homme s’interroge sur cet incendie, et cet homme n’est pas n’importe qui, puisqu’il s’agit de l’architecte Benjamin Mouton, ancien architecte en chef de Notre Dame de Paris qui a œuvré sur le chantier de la cathédrale pendant 13 ans, afin de la mettre aux normes sécuritaires.

Interrogé par Pujadas sur la chaîne LCI, il se perd en conjecture et à la question : « est-ce que vous avez été surpris que ce feu se soit propagé si rapidement  »...il répond : « tout à fait, incompréhensible !, c’est du très vieux chêne, et il a brûlé comme une allumette, comme si c’était une autre essence !, je ne comprends pas ! la propagation est extrêmement curieuse... des chênes vieux de 800 ans, ça ne brûle pas si facilement (...) toute l’installation électrique avait été remise aux normes, et la question d’un court-circuit doit être tout à fait écartée (...) des alarmes incendies ont été installées, reliées directement aux pompiers (...) deux hommes étaient présents en permanence, jour et nuit, pour aller voir dès qu’il y a une alerte, prévenant les pompiers dès que le doute est levé (...) je suis quand même assez stupéfait  ». lien

Or on se souvient qu’une première alarme avait été entendue vers 18h 30... inquiétant le prêtre qui prêchait à ce moment, demandant aux fidèles de sortir, puis se reprenant en les rappelant, convaincu apparemment que c’était une fausse alarme... car les agents de sécurité n’avaient pas constaté de fumée... alarme qui allait de nouveau se déclencher 23 minutes après, provoquant la fuite de tous les fidèles. lien

Quelqu’un lèvera-t-il un jour ces zones d’ombre ?

On ne peut pas réécrire l’histoire, mais que ce serait-il passé si la 1ère alarme avait été prise au sérieux ?

L’incendie aurait-il pu être stoppé ?

Car comme dit mon vieil ami africain : « le sage n’arrache pas ce que le sot a planté  ».

Le dessin illustrant l’article est de Lacombe

Merci aux internautes pour leur aide précieuse

Olivier Cabanel

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219 réactions


    • Xenozoid 20 avril 2019 16:37

      @lloreen

      le monde est dangeureux car l’homme est omni« présent »...

      les gens ne laisse pas faire,ils ont leurs priorités


  • lloreen 19 avril 2019 17:41

    Un rôle souvent méconnu est celui des Jésuites, un ordre militaire dont le but est le contrôle mondial.

    https://www.youtube.com/watch?v=ZX4uXey30dw


  • pipiou2 19 avril 2019 18:37

    Allez un petit coup de complotisme, ça mange pas de pain et ça bourre le crâne des enfants de conneries.

    Et puis quand Cabanel découvre le mécénat je suis mort de rire.

    Tant qu’il y aura un SDF dans la rue, pas un centime ne devra être donné aux artistes : comment peut-on acheter un disque, un livre ou un tableau alors que le même argent pourrait aider un nécessiteux ? Ce serait criminel.

    les cathédrales s’effondrent, la pensée humaine également.


  • ETTORE ETTORE 19 avril 2019 20:43

    Mais de toute façon...ils sont prisonniers des mots (maux) !

    L’architecte des BF, qui pour lui, de facto : « c’est criminel »

    Ben oui ! pour lui en tant que responsable du chantier.... vaut mieux !

    Les artisans : tout le monde « était parti.... »

    Ben oui ! électricité neuve, pompiers de service aux étages.....vaut mieux

    L’état, merdias et consorts : c’est accidentel....vaux mieux !

    Ben oui, c’est ça, ou on recommence les croisades avec mosquées et synagogues

    qui partent en fumée, clocher contre minaret et étoile de David.

    JAMAIS on ne sauras, SAUF ce qu’ils veulent QU’ON SACHE.

    C’est ça être RESPONSABLE mais pas COUPABLE.

    Quand on entend LE CASTANER faire la leçon aux GJ....

    et quand on voit avec quelle indécence de moyens, ce grouverneMENT, s’occupe du « patrimoine » on est en droit de leur dire de LA FERMER !


  • eric 21 avril 2019 12:39

    L’état au sens le plus large, dépense 57% de ce que nous produisons chaque année. Dans une très large mesure, en frais de fonctionnement. Même quand il redistribue, il se garde au passage à peu prêt la moitié du fric. D’après Todd, un euro redistribué, coûte un euro de salaire de fonctionnaire et frais afférents. Sans parler des retraites, prises plus tôt, à un meilleur tôt, elles sont en tendance le double de celle du privé a travail équivalent. Ils auraient juste 50% de plus que tous le monde, et il n’y aurait effectivement plus de SDF à la rue, et des trucs anti incendie à notre dame...

    Ce n’est pas le cas. Alors, ils désignent des machins qui devrait relever du service public, et disent aux gens, « vous mettez tant, nous, on complète ». Mais n’est l’etat qui décide. Ce sont des fonctionnaires qui désignent les causes vraiment méritantes... Alors le type qui a déjà payé 1,7 milliard d’IS, payés propres impôts, plus des dizaines de milliers d’emplois directs et indirects, plus rééquilibré notre balance des payements, plus récupéré 90% de ce fric à l’étranger, à la fin, il donne vraiment en plus, pour une grande cause de service public désignée par un État trop dispendieux pour assumer ses responsabilités, plus de son propre argent.

    Pendant ce temps, si on parle à l’appareil étatique, de faire 10% de productivité sur 5 ans, c’est à dire de réunir plus de fric au doigt mouillé, qu’en nationalisant tous les dividendes privés, ou d’aller vers l’égalité des cotisations et des prestations, c’est la grève générale.

    La gauche macronienne sociologique, laisse crever les SDF dans la rue avec les plus importantes ressources du monde en part de richesse. Elle montre du doigt les mecs qui donnent massivement de leur argent pour les grandes causes. C’est très, très nauséabond.


    • olivier cabanel olivier cabanel 21 avril 2019 18:58

      @eric
      au delà de votre commentaire que partage globalement, je vous signale tout de même que des alarmes incendies étaient opérationnelles à Notre Dame...comme je le signale dans l’article, puisqu’il y a eu deux alarmes successives, dont la première a hélas été ignorée...pour quelle raison ? c’est une des questions qu’il faut se poser.


  • Gilbert Spagnolo dit P@py Gilbert Spagnolo dit P@py 21 avril 2019 18:20

    La question du jour :E. Macon et E. Philippe étaient-ils « hilares » devant Notre-Dame ?


    Pour faire votre opinion, reportage avec vidéo :Ici.


    @+ P@py


    • olivier cabanel olivier cabanel 21 avril 2019 18:54

      @Gilbert Spagnolo dit P@py
      oui, j’ai vu cette curieuse vidéo... quitte à passer pour un dangereux adepte de la théorie du complot, c’est quand même étrange : que pouvaient-ils bien se dire en se rendant vers la cathédrale dévastée... ?


    • Gilbert Spagnolo dit P@py Gilbert Spagnolo dit P@py 21 avril 2019 20:17

      @olivier cabanel

      Je pense n’être pas le seul à s’interroger,... et comme je n’ai pas la réponse des intéressés, ben chépakaodire !!!!!!


      @+ P@py


    • olivier cabanel olivier cabanel 21 avril 2019 22:16

      @Gilbert Spagnolo dit P@py
      ça m’intrigue tant que je vais donner une suite à mon article, et merci de tes pistes !


  • baldis30 21 avril 2019 19:50

    bonsoir,

    J’ai regardé la vidéo plusieurs fois avec ses deux flashs ... et les déplacements !

    Pas clair, pas clair, ou très clair... Le premier flash n’est visiblement pas orienté et ressemblerait à quelqu’un qui a allumé sa lampe dans une situation courbée ou en train de monter ... le deuxième très bien orienté serait-il un signal vers l’extérieur ?

     Vidéo curieuse ... curieuse !


  • lloreen 21 avril 2019 20:30

    L’incendie tombe à pic pour certains projets...

    https://www.boursedescredits.com/actualite-ile-cite-coeur-paris-refait-beaute-2300.php

    Si cela se trouve, les « généreux mécènes » étaient partie prenante dans les travaux...


  • lloreen 21 avril 2019 20:47

    "

    Frères et soeurs,

    Hier, Notre-Dame de Paris a brûlé. En son temps, le Christ nous a donné l’exemple en chassant les marchands du temple. Tous les vrais chrétiens doivent, aujourd’hui, chasser les marchands de temples du temple de leur cœur. Sans quoi ils succomberont aux manoeuvres obscènes des spéculateurs en tout genre, politiciens, fraudeurs du fisc, grenouilles de bénitier, incultes en quête de racines, ou groupes pollueurs, hâtifs de tirer la couverture à eux. Qu’on rappelle aux mains qui ne deviennent généreuses qu’à la mesure de la gloire qu’elles en tirent, ces mots de vérité : “Vous ne pouvez pas servir Dieu et l’argent” (Mt 6:24).

    Quel contraste entre ce sombre manège, et le spectacle solennel que les rues de Paris offraient hier soir : l’antique passion du feu nous réunissait, et le silence du recueillement planait sur la ville, un silence de feu qui me rappelait celui des extases pascaliennes, un silence que nul faste, nulle cagnotte, nul don défiscalisé n’achètera jamais. Nous avons vécu la grandeur d’un moment de temps pur et chacun, pour peu qu’il participât à cette grande communion, jusqu’au plus indécent preneur de selfie, ne pouvait tout à fait en sortir indemne.

    Cependant, frères et sœurs, je vous le dis : il est moins urgent de reconstruire la cathédrale de pierre que de sauver la cathédrale du cœur. Je m’étonne de constater que ceux qui chassent leurs prochains comme des vauriens en leur répétant à l’envi qu’ils n’ont pas un centime à leur consacrer, laissent ainsi ruisseler des flots d’or quand il en va de l’image d’une capitale que peuple l’égoïsme, la cupidité, les logements vides, la chasse aux pauvres et à l’étranger, les divertissements frivoles. Je m’étonne aussi de cet activisme effréné qui les a saisis, passée la nouvelle, là où le Roi David aurait couvert des semaines durant sa face de cendres, là où l’Empereur de Chine se serait astreint à trois jours de bains d’eau lustrale. Ceux qui nous gouvernent ne se sont-ils pas demandé quelle main les avait frappés ? Sont-ils à ce point orgueilleux que même la catastrophe la plus inattendue ne puisse prendre à leurs yeux la figure d’un présage ?

    La vérité, frères et sœurs, est que le Royaume des cieux est plus proche, aujourd’hui, des habitants délogés de Notre-Dame-des-Landes que des touristes encombrant le parvis de Notre-Dame-de Paris par la grâce d’Airbnb. Victor Hugo disait de la cathédrale qu’elle était un art magnifique produit par des vandales : les merveilles du monde ont toutes d’abord été cabanes. Le Christ n’est-il pas né dans une étable ?

    Notre monde souffre d’un mal et d’un orgueil inextirpable, celui du refus de rien laisser mourir, de rien laisser changer. L’histoire a pour nous le rythme de la rénovation. Mais les replâtrages successifs n’ont pour seul sens que de figer le véritable mouvement, d’empêcher tout renouvellement et toute conversion. Victor Hugo ajoutait que l’art oublié des cathédrales, l’académisme l’avait tué. Or, le péril qui nous guette aujourd’hui n’est plus celui des pédants férus de latin ou de grec. Il est plus grave et plus pressant. Il a à son service une armée de preneurs de sons et de cameramen, déchaîne des tempêtes de flashs et les sirènes des convois spéciaux, réunit les puissants, les riches et les maîtres du spectacle dans une lugubre conspiration. Je veux parler de la pulsion tétanique à conserver qui saisit les âmes, sidérées par l’évidence éblouissante de la catastrophe. En somme, il ne faut surtout pas que quoi que ce soit puisse se produire, le triomphe du sinistre Viollet-le-Duc, maître de l’architecture en toc, se doit d’être éternel !

    Frères et soeurs, ce qu’incarne vraiment pour nous la cathédrale de Paris, qui hier enfin nous a été rendue, c’est la possibilité de penser et d’habiter ce monde, une possibilité dont ceux qui nous gouvernent sont du tout au tout dépourvus. Hier, la cathédrale a pour nous cessé d’être cette vague masse architecturale qui se découpe parfois au coin des rues, cette énième vieillerie muséifiée inscrite au “patrimoine de l’humanité”, qu’on ne visite qu’à travers son téléphone. Si les coeurs de tous les Parisiens se sont étranglés au spectacle de l’incendie, ce n’est pas de contempler impuissants la disparition d’un fleuron du tourisme français, mais de n’avoir jamais habité ni vécu avec la cathédrale qu’ils frôlaient tous les jours. Chaque coeur murmurait : “Eh quoi ! voilà qu’on nous enlève cette bâtisse majestueuse, cette maison abandonnée de Dieu, ce legs des âges livré à la plus basse exploitation par des pillards endimanchés, avant même qu’elle ait pu nous appartenir, avant même que nous n’y ayions prêté la moindre attention, alors même que nous n’avions pas pu en faire usage !”. Ce dont on nous avait privé, en proie aux flammes, redevenait commun, l’objet d’une commune déploration et d’une commune colère.

    Tandis que j’arpentais les ruelles du quartier de la Huchette, les vastes trottoirs du pont de la Tournelle, je sinuais entre la foule arrêtée par l’éclat du brasier. J’entendis une voix s’exclamer : « c’est beau ». Et une autre : « j’aimerais qu’ils ne reconstruisent jamais. » Je ne suis pas loin de leur donner raison. Le cœur a quelquefois besoin de retrouver l’âpreté d’un désert. Cet édifice ne serait-il pas plus vivant de voir le bois incendié de son transept servir d’engrais à la poussée des chèvrefeuilles, l’Île Saint-Louis de vivre un peu moins au rythme des touristes, les êtres de se rassembler vraiment sur son parvis pour y parler de leur condition, tandis que les cœurs secs des fantassins de la mission sentinelle s’en éloigneraient un peu et que ces lieux, alors, retrouveraient peut-être quelque chose de sacré ? Notre-Dame, enfin arrachée à ses profanateurs par le brasier, pourrait alors revenir au peuple, qui en ferait usage pour abriter les pauvres et les exilés, prendre soin des malades et des malheureux, servir les saines révoltes et les dignes fureurs, en somme, rétablir un semblant de justice divine en ce monde.

    Les ruines de la cathédrale, rendues à l’usage populaire, nous rappelleraient que les choses passent, expliqueraient aux puissants, si imposant ou ridicule que soit leur règne, que celui-ci touche à sa fin, et que leur monde finira dans un embrasement sans cri ni gémissement, un évanouissement qui réjouira les cœurs à la façon d’un feu de joie.

    Si la cathédrale nous émeut, mes frères et sœurs, c’est aussi qu’elle nous rappelle que la pensée, la vie, et le travail n’ont pas toujours été choses distinctes, qu’il fut un temps où les ruines qu’on produisait n’étaient pas parkings souterrains, canettes en aluminium millénaires et boyaux de métropolitains. Comme le dit Victor Hugo, l’intelligence humaine a peut-être un jour quitté l’architecture pour l’imprimerie, ceci a tué cela. Mais, pour ceux qui pensaient déjà hier à tirer parti du désastre alors que le feu n’avait pas encore accompli son œuvre, le livre est depuis longtemps un espace de vacuité, toute intelligence a cessé d’exister, tandis qu’une vaine Ambition sert de Bible. La cathédrale n’appelle pas un sauvetage patrimonial digne d’un Sisyphe, voué à finir lacéré par la tartufferie de ses mécènes, mais témoigne de l’urgence de réapprendre à penser et vivre par nos propres moyens, pour quitter la prison d’informations et d’images qui nous séparent et retrouver le pouvoir expressif d’une production collective, manuelle et durable."

    Un curé de campagne en visite à Paris


  • Gilbert Spagnolo dit P@py Gilbert Spagnolo dit P@py 21 avril 2019 21:00

    La Macronie un ramassis de neuneus la preuve :


    Nombres « bon soldats » de la Macronie sont à classer dans le registre des « gens foutres » . La preuve c’est Benjamin Grivaux qui avec son pote Castaner, se marraient comme des bossus pendant l’hommage au colonel Beltrame. Pour vous en rendre compte,, rien de plus facile, il vous suffit de regarder ces : photos et cette vidéo.,.. vous remarquerez nettement la moue hautement désapprobatrice de Jean-Yves le Drian quand il entend les éclats de rire des deux « neuneus ».. Néanmoins, selon France Info, ces scènes n’ont pas eu lieu « pendant la cérémonie [et le discours d’Emmanuel Macron], mais plusieurs minutes avant. » ouf !juste avant, pour certains, à cet instant la situation n’était pas solennelle, :..alors il était de bon ton de raconter sans honte ...la dernière blagounette grivoise !) 


    @+ P@py


  • Beretman 22 avril 2019 03:48

    Les dons de ces grands patrons me rappellent les indulgences que leurs « prédécesseurs » du moyen-âge achetaient à l’église qui en contrepartie priait pour eux afin de leur garantir le paradis (ou un purgatoire « allégé »)

    Merci Olivier. C’est toujours un plaisir de te lire


    • olivier cabanel olivier cabanel 22 avril 2019 21:33

      @Beretman
      merci... c’est sympa.
      je prépare une suite de l’article...
      la thèse accidentelle a du plomb dans l’aile...
      toutes les pistes de réflexion sont les bienvenues... 
      j’ai bien l’impression que nous sommes l’objet d’un enfumage de taille.
       smiley


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